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Maladies rénales et accidents cardiovasculaires
La constatation d’une surmortalité cardiovasculaire des patients insuffisants rénaux remonte aux
premières années des traitements par dialyse chronique (1). Les maladies cardiovasculaires
représentent plus de la moitié des causes de décès chez ces patients, qui sont exposés à un risque
jusqu’à 20 fois plus élevé que la population générale (2). Sont en cause les facteurs de risque
cardiovasculaire classiques, auxquels s’ajoutent des facteurs propres à la maladie rénale chronique.
Tous les patients atteints de maladie rénale chronique sont exposés à ces facteurs de risque, à des
degrés divers selon le stade de l’insuffisance rénale, mais en fait dès que la fonction rénale est réduite
de 50% ce qui correspond souvent à un taux sanguin de créatinine encore dans les limites de la
normale. L’importance de la maladie rénale chronique comme facteur indépendant de risque
cardiovasculaire a été prouvée par différentes études réalisées en France (3), en Europe (4), et aux USA
(5). De fait, les patients atteints de maladie rénale chronique à un stade précoce sont plus exposés au
risque d’évènement cardiovasculaire qu’au risque d’arriver en dialyse. Par exemple, dans un article
récent (4) rapportant le suivi pendant 8 ans d’une cohorte de 3069 malades norvégiens ayant une
insuffisance rénale chronique (débit de filtration glomérulaire < 60 ml / min), les auteurs ont observé
que 38 malades (1,2%) seulement sont arrivés au stade d’insuffisance rénale terminale. Au contraire,
ils ont constaté une mortalité élevée par accidents cardiovasculaires s’accroissant en même temps que
la fonction rénale diminuait : 3,5 – 7,4 et 10,1% des sujets ayant des débits de filtration glomérulaire
de 45-59, 30-44 et < 30 ml / min, respectivement.
Cette incidence accrue des accidents cardiovasculaires chez les malades en insuffisance rénale est
unanimement admise (6, 7). Plusieurs points méritent d’être soulignés :
1- L’existence d’une maladie rénale se traduisant par une simple protéinurie, même sans
insuffisance fonctionnelle, est également un facteur de risque (6).
2- Le risque est accru chez les malades dialysés et est présent après une transplantation rénale,
même réussie (8)
3- La notion de maladie rénale est un facteur de risque indépendant des autres facteurs connus et
pouvant s’ajouter à eux (5, 6).
4- Une maladie rénale est également un facteur de risque au long cours dans les suites d’un
accident cardiaque (9)
Quel est le mécanisme de cet effet délétère ? Les maladies rénales sont associées à divers processus
pathologiques dont chacun peut intervenir dans la genèse des accidents cardiovasculaires :
concentration accrue de facteurs proinflammatoires (cytokines, chimiokines), d’apoliprotéines et de
facteurs procoagulants, anémie, calcifications et rigidité artérielles, dysfonction endothéliale. Les
altérations de la paroi vasculaire sont au centre des processus pathologiques (10). Une place
particulière a été faite à l’hyperhomocystéinémie dont les concentrations sont élevées au cours de
l’insuffisance rénale et qui a été impliquée dans l’athérosclérose et les thromboses vasculaires (11,12).
Quelles conséquences doit-on en tirer ? La première est de rechercher systématiquement une maladie
rénale chez tous les patients porteurs d’une affection cardiovasculaire (13) ou susceptible d’en
développer une (sujets âgés, malades hypertendus ou diabétiques). La deuxième est de traiter la
maladie rénale et de tenter de diminuer la protéinurie. Les inhibiteurs du système rénine angiotensine
occupent une place de choix à cet égard.