les retraitants des Exercices, chacun à leur manière, franchissent la clô-
ture linguistique du texte biblique pour aller jusqu’à la “chose” même :
ils connaissent comme par intuition la portée ontologique des mots. Ne
rappelleraient-ils pas les exégètes à leur vocation théologique, celle
d’une “exégèse intégrale” ? » (p. 13). Et si l’on peut regretter, avec C. Theo-
bald, le fait que la Constitution Dei Verbum n’a pas suffisamment pensé
le statut culturel de la Bible, on peut aussi s’accorder avec lui pour dire
que la sécularisation du texte biblique et la démocratisation de son
accès sont tout de même une opportunité pour n’importe quel lecteur
con temporain de parcourir l’itinéraire qui va d’un texte inspirant à la
découverte de la Parole de Dieu.
Tout juste un an avant sa mort (avril 2001), Paul Beauchamp publiait
son dernier ouvrage (Cinquante portraits bibliques, avec des dessins de
P. Grassignoux ; voir VC 72, 2000, p. 351). De cette galerie de portraits
émergeait la figure de cinq femmes seulement (Rahab, Ruth, Eve, Es-
ther, Judith). Dans la même veine et dans un aussi beau livre que celui
de l’exégète jésuite, André Wénin et Camille Focant, tous deux profes-
seurs d’exégèse à l’Université catholique de Louvain, réparent cette «in-
justice » et complètent la collection avec vingt-deux portraits de femmes
de la Bible (d’Eve à Marie : 16 femmes pour l’Ancien Testament, 6 pour
le Nouveau)2. Le livre est illustré par les encres de Marte Sonnet, artiste
belge. Dans sa postface, Sylvie Germain, philosophe et femme de lettres
trouve les mots justes pour nous convaincre de l’intérêt qu’il y a à fré-
quenter assidûment ces femmes : même si c’est parfois de manière bien
surprenante — voir Tamar et Rahab, parmi beaucoup d’autres —, elles
se trouvent souvent du côté de la transmission de la vie.
Alors que, depuis plusieurs années, les études allemandes et surtout
anglo-saxonnes sur l’homosexualité dans la Bible abondent, peu de
choses existaient jusque-là en français sur ce sujet sensible. Deux ou-
vrages sont venus récemment combler ce vide. Tout d’abord, celui de
T. Römer et L. Bonjour (L’homosexualité dans le Proche-Orient ancien et
la Bible, Genève, 2005) et maintenant celui de I. Himbaza, A. Schenker
et J.-B. Edart que je recense ici3. Les auteurs se sont répartis la tâche de
la manière suivante : à Himbaza, les récits de l’Ancien Testament (Gn
19, Jg 19, 1S 18 ; 20 ; 2S 1), à Schenker, les lois (Lv 18 et 20), à Edart, les
textes du Nouveau Testament (1Co 6, 9-10 ; 1Tim 1, 10 ; Rm 1, 18-32 ; Lc
7, 1-10 ; le « disciple bien-aimé »). Comme son titre l’indique, l’ouvrage
Didier Luciani
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2. A. WÉNIN, C. FOCANT, Vives, femmes de la Bible, coll. « Le livre et le rouleau » 29,
Bruxelles, Lessius, 2007, 16 × 18 cm, 152 p., 18,00 €.
3. I. HIMBAZA, A. SCHENKER, J.-B. EDART, Clarifications sur l’homosexualité dans la Bible,
coll. « Lire la Bible » 147, Paris, Cerf, 2007, 13,5 × 21,5 cm, 141 p., 15,00 €. Pour être com-
plet, il faudrait encore citer la traduction française d’un ouvrage anglais : D. HELMI-
NIAK, Ce que la Bible dit vraiment de l’homosexualité, Paris, 2005.