
d’atteindre ces résultats. À côté de la transplantation pan-
créatique, la greffe d’îlots pancréatiques est apparuecomme
un traitement potentiel du diabète de type 1 du fait de sa
faible morbidité et de la possibilité d’étendre la source de
recueil d’îlots. Dix ans après les premiers résultats du groupe
d’Edmonton rapportant une insulino-indépendance consé-
cutive à un an chez des diabétiques de type 1 instables [3],
quels sont les résultats actuels de la greffe d’îlots, sa place
dans l’arsenal thérapeutique diabétologique et, enfin, quel-
les sont les perspectives d’avenir qu’ouvrent ces nouveaux
traitements ?
À côté de la solution biologique, le pancréas artificiel
implantable s’est heurté aux difficultés de développement
des systèmes sanguins d’analyse en continu de la glycémie
et de stabilisation de l’insuline dans les pompes implantées [4].
Toutefois, les avancées biotechnologiques ont permis le
développement de systèmes de contrôle en continu du
glucose interstitiel couplés à des pompes à insuline externe
permettant de mettre « le pied à l’étrier » d’un pancréas
artificiel externe miniaturisé. Quelle est la place actuelle
de ces dispositifs dans le traitement du diabète de type
1 et leur évolution potentielle ? L’approche technologique
du traitement du diabète de type 1 fera l’objet de la partie II
de cet article dans une revue spécifique.
L’allogreffe d’îlots pancréatiques
Pour la première fois en 2000, le groupe canadien
d’Edmonton montre chez 7 diabétiques de type 1 que la
greffe d’îlots pancréatiques permet d’obtenir un parfait
contrôle glycémique en l’absence d’injection d’insuline [3].
Depuis cette date, de nombreux groupes américains
et européens ont réalisé des greffes d’îlots pancréatiques
afin de reproduire ces résultats [5-8]. Dix ans plus tard,
quelle est la place de la greffe d’îlots pancréatiques dans
le traitement diabète de type 1, quelles sont ses avantages
et limites et enfin quelles perspectives d’avenir ouvrent
cette nouvelle thérapeutique ?
Technique de greffe d’îlots pancréatiques
chez l’homme
La greffe d’îlots comprend deux étapes : la première
est réalisée au laboratoire où sont pratiqués l’isolement,
la purification, puis la culture des îlots pancréatiques.
La seconde est une étape hospitalière où est réalisée la
greffe chez le patient diabétique. Après prélèvement du
pancréas humain dans le cadre d’un prélèvement multi-
organe chez un patient en état de mort cérébrale, le
pancréas est acheminé au laboratoire dans un délai
inférieur à 8 heures. La qualité du prélèvement du pan-
créas, et notamment la préservation de la capsule péri-
pancréatique, sont des facteurs pronostiques importants
qui vont conditionner les étapes ultérieures d’isolement
et de purification des îlots.
La première étape au laboratoire consiste à réaliser
l’isolement des îlots pancréatiques, c’est-à-dire la sépara-
tion des îlots pancréatiques du tissu pancréatique exo-
crine par une technique semi-automatique faisant appel
à une digestion enzymatique (libérase) du pancréas [9].
Une des limites actuelles de la technique d’isolement
d’îlots est sa faible prédictibilité du fait des variations
importantes d’activité de la libérase observées aux diffé-
rents lots. Après digestion pancréatique, les îlots pancréa-
tiques sont isolés des acini exocrines par séparation selon
un gradient de densité. Il est possible d’obtenir, à partir
d’un pancréas humain qui comprend environ un million
d’îlots, 200 000 à 400 000 îlots pancréatiques avec un
niveau de pureté de 60 à 70 % (présence de 40 à 30 %
de tissu exocrine) ; l’ensemble de la préparation d’îlots
représentant un volume total de 2 à 4 mL de tissu. Les îlots
sont ensuite cultivés dans l’attente de la greffe. Cette
période de culture, qui permet de réaliser l’ensemble
des tests microbiologiques et fonctionnels des îlots, a
montré son efficacité sur le plan immunologique en amé-
liorant la tolérance immunologique de la greffe. Toutefois,
cette période de culture ne doit pas excéder 48 heures
car au-delà de cette période elle conduit à une lyse des
cellules (figure 1).
L’étape hospitalière va consister à réaliser la greffe
d’îlots pancréatiques chez le patient diabétique sous
anesthésie locale ou générale par injection intraportale
de la suspension des îlots au moyen d’un cathétérisme
transhépatique réalisé sous contrôle échographique.
La suspension d’îlots (200 000 à 400 000 îlots) est diluée
dans 250 mL de sérum physiologique, puis conditionnée
sous poche de transfusion avant d’être injectée par gravité
dans le foie sous surveillance de la pression veineuse por-
tale (figure 2). Certaines équipes réalisent l’injection des
îlots chirurgicalement par cathétérisation d’une veine épi-
ploïque au décours d’une incision de Mc Burney. Son
avantage réside dans un meilleur contrôle des incidents
hémorragiques mais au prix de la morbidité plus élevée
du geste chirurgical.
Modalités de la greffe d’îlots pancréatiques
Depuis les dix dernières années, les progrès réalisés
dans les techniques d’isolement d’îlots ont constitué une
avancée importante permettant de greffer un plus grand
nombre d’îlots chez le patient diabétique. Les données
récentes des groupes nord-américains rapportent que la
greffe d’îlots nécessite pour un patient l’injection de
10 000 îlots/kg de receveur nécessitant, compte tenu
du rendement de la procédure d’isolement d’îlots,
l’injection d’un nombre équivalent en îlots provenant
aumoinsdedeuxpancréashumains(figure 3).Deux
injections itératives d’îlots au minimum seront pratiquées
à trois mois d’intervalle chez un même patient. Comme
pour toute greffe, la greffe d’îlots est réalisée en compati-
mt, vol. 16, n° 2, avril-mai-juin 2010
Dossier : Diabètes
88