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2. Le bel exemple allemand !
L'Allemagne? Là aussi parlons clair, les données sont accessibles mais qui parle de cette question CO2 et électricité en
Allemagne?
Emissions de CO2 par habitant 2008 dues à l'énergie (dernière année connue pour ces comparaisons) :
Allemagne: 9,8 tCO2/habitant ; France 5,7 tCO2/habitant, soit +72% par rapport à la France (pour mémoire,
UE 7,7; USA 18,4; Chine 4,9)
Prix moyen de l'électricité pour les ménages 2008 (source Eurostat)
Allemagne: 20,9 c€/kWh et France: 11,5 c€/kWh, soit +82% par rapport à la France.
La question du climat et du CO2 ne serait pas d'actualité ? Pourtant 2010, juste après 2005, a été la deuxième année la
plus chaude pour la planète depuis 1880, première année enregistrée, et les émissions mondiales de CO2 dues à
l'énergie ont atteint un niveau record en 2010.
L'Allemagne est un pays très pollueur, malgré ses vitrines éoliennes : elle produisait en gros 25% de l'électricité à
partir de charbon, 25% à partir de son lignite, mauvais charbon très polluant, 25% avec le nucléaire, 15% avec des ENR
et le reste avec le gaz. C'est une véritable escroquerie de la part des allemands antinucléaires et de leurs relais en France
que de présenter l'Allemagne comme pays phare en matière d'environnement en Europe depuis la décision de sortir du
nucléaire en développant des ENR alors que la vraie question prioritaire serait : quand et comment l'Allemagne va-t-elle
sortir du charbon et du lignite qui polluent plus que tout, notamment par les quantités énormes de C02 produites ?
En matière d'éoliennes, ce pays a déjà de très gros problèmes, parce que celles-ci sont situées dans le nord ouest du
pays, loin des centres de consommation. Ces éoliennes ont été citées comme étant à l'origine de la très grande panne
allemande, du 4 novembre 2006. Cette panne est devenue européenne, en concernant d’autres pays européens voisins,
dont la France. Les allemands ont, chez eux, de très graves problèmes de stabilité de réseau chez eux : leurs lignes de
grand transport (THT) ne permettent pas les transits suffisants de l'énergie des éoliennes sans risques, et ils ne peuvent
imposer de nouvelles lignes aux populations qu'elles traversent (comme partout). Dès lors, en cas d'incident grave de
stabilité de réseau chez eux, ils entraînent dans la panne les pays limitrophes européens comme dans un château de
carte. Avec le plan Merkel, cette situation va s'aggraver car les lignes promises et associées à ce plan, n'ont aucune
chance d'être construites en quantité suffisante et selon le calendrier prévu.
Mais ce n'est pas tout !
Quel sera alors le «mix énergétique» allemand en 2022, si aucun revirement n’est intervenu d’ici là ? Une chose est
sûre: le nucléaire ne pourra avoir été substitué en totalité par des EnR. La raison en simple, même si les écologistes
feignent de l’ignorer ! Les EnR produisent pendant environ 2300 heures, soit un quart de l’année, et qui plus est, de
façon intermittente. Pour assurer une production plus longue ou pour combler les «trous» dus à l’intermittence, il ne
sera plus possible d’avoir recours, en Allemagne, à des centrales nucléaires, qui ne produisent pas de CO². Seuls deux
moyens seront accessibles. Soit, importer massivement de l’électricité nucléaire d’origine française, directement ou
transitant par des pays voisins, Suisse, … Soit, faire appel à des centrales thermiques classiques, alimentées au gaz ou
au charbon, émettrices de CO2. C'est-à-dire, essentiellement importer du charbon polonais ou de l’électricité produite
en Pologne. De plus, une question demeure: comment sortir de l’utilisation du charbon et surtout du lignite, qui est
connu pour être un mauvais combustible, sale et polluant ?
C’est cela le merveilleux modèle énergétique allemand ! C’est cela le beau modèle allemand de développement
«durable», mot souvent utilisé pour dire le «bien», face au nucléaire qui représente parfois, pour certains écologistes, le
«mal» ! La perspective allemande de sortie du nucléaire en 2022 n’est pas tenable face à l’impératif de sortir du
réchauffement climatique; elle ne saurait donc être érigée en modèle ! Seul un recours simultané aux EnR et au
nucléaire, dès lors que sa sûreté est assurée de façon satisfaisante, permettra de lutter efficacement contre le
réchauffement climatique ! Citation de la note d’Energie – 2050, de juillet 2011.
Nombreux sont les spécialistes qui considèrent que l'Allemagne sans nucléaire ne pourra faire face à ses engagements
en matière de réduction de sa production de CO2. Déjà est menée en sous main, une offensive de remise en cause des
engagements européens avec, en tête d'affiche publique, la Pologne, présidente tournante, qui défend son charbon sale,
élément central de sa production d'électricité, pour elle même et … pour ses exportations d'électricité en très forte
progression vers ... l'Allemagne (et qui ne rentrent pas dans le calcul de la production allemande de CO2!).