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Energie: dire la vérité aux français et mener une politique ambitieuse
Energie -2050
(Ce groupe est composé de professionnels de l’énergie)
Energie-2050@orange.fr
octobre 2011
La question de l'énergie, de la politique énergétique à mener, a surgi à l’occasion des débats actuels préparatoires à
l'élection présidentielle. Chacun peut s'en féliciter comme un progrès du débat démocratique.
Pourtant, avant même que la question ne soit complètement posée dans toutes ses dimensions, avant même que ce débat
sur l'énergie ait eu lieu, ce qui suppose que soient formulées les différentes alternatives, qu'elles soient étudiées puis
comparées, pour proposer aux français des choix argumentés, certains veulent nous faire mettre la charrue avant les
boeufs et donnent déjà la réponse: sortir du nucléaire, voilà la solution.
Mais peut-on donner une telle réponse en masquant aux citoyens ses conséquences sur leur vie et celle de leurs enfants
au moment les prix de l'énergie s'envolent et où les conséquences du réchauffement climatique sont de plus en plus
négatives pour la planète, aujourd'hui et demain? Peut-on accepter le retour aux promesses mirifiques qui ne peuvent
être tenues en raison de leur coût et de leurs autres conséquences inacceptables alors que tant d'autres priorités ne sont
pas satisfaites, emploi, logement, santé, éducation, pouvoir d'achat, justice, solidarité, ... ?
Dans ce contexte, en matière d'énergie, le groupe Energie – 2050 estime qu'il est nécessaire de formuler des questions et
d'apporter son point de vue. Un vrai débat ouvert doit avoir lieu. Pour que la gauche gagne, il lui faut dire la vérité aux
Français et s'engager à mener une politique énergétique ambitieuse.
L'énergie est un besoin vital pour nos concitoyens !
Sachons pondre à leurs besoins en servant l'intérêt général, au meilleur prix et en garantissant au mieux
l'avenir de la planète et donc celui de nos enfants.
Une position de vérité et de courage sur ces questions ne peut qu'emporter la confiance des citoyens et leur
appui.
Cette note comprend deux parties.
Dans une première partie, nous essayons ici d'énoncer quelques questions et quelques vérités en matière d'énergie qui
ont été trop masquées récemment et qui le demeurent au moment les citoyens vont avoir à se prononcer sur le choix
d'un Président de la République et d’une nouvelle Assemblée Nationale.
Dans une seconde partie, nous montrerons que le courage et la vérité nécessitent, dans l'énergie, de bien identifier les
faits dans le champ politique et politicien pour comprendre les vrais enjeux et les vrais défis qui, pour la France et pour
l'Europe, sont aussi géopolitiques et planétaires
«Le courage, c'est de chercher la vérité et de la dire»
Jean Jaurès
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Première partie: Quelques questions, quelques vérités, une politique ambitieuse:
Quelle est la vraie question: Sortir du Nucléaire ou sortir du réchauffement climatique?
Quelles sont les urgences: urgence climatique ou fermer les centrales nucléaires?
Pourquoi une telle campagne contre le nucléaire en France?
Pourquoi masque-t-on aux citoyens les conséquences de la sortie du nucléaire?
Oui, un développement massif des ENR est possible mais il faut suivre une autre voie!
Les candidats de gauche à la Présidence doivent avoir le courage de dire la vérité aux citoyens sur ces sujets
1. Pourquoi une telle campagne pour «sortir du nucléaire», relayée dans la plupart des médias ?
2. Le bel exemple allemand !
3. Et si la France sortait du nucléaire ?
4. Oui au développement massif des ENR en France en refusant la voie allemande et sarkoziennne du business
écologique aux dépens des classes populaires et des classes moyennes.
Seconde partie:
Bien identifier les faits dans le champ politique et politicien pour comprendre les
vrais enjeux et les vrais défis qui, pour la France et l'Europe, sont aussi
géopolitiques et planétaires
1. En France, les antinucléaires radicaux avaient toujours été une petite minorité par rapport aux écologistes.
2. Ce thème antinucléaire chez les écologistes est cependant régulièrement mis en avant par M. Cohn Bendit qui
est pleinement lié à ce qui se passe en Allemagne.
3. Peu à peu, est développée en France, par M. Cohn Bendit mais aussi par d'autres, l'idée que les Verts français
doivent suivre une évolution parallèle à celle des Verts allemands pour devenir une formation politique qui
gagne en influence électorale et en élus de toutes sortes avec accès au pouvoir politique.
4. C'est alors que se produisent au Japon, le 11 mars 2011, le séisme magnitude 9, le tsunami puis l'accident de la
centrale nucléaire de Fukushima.
5. Les objectifs ne s'arrêtaient pas là d'ailleurs.
6. En temps ordinaire tout cela n'aurait pas pour autant conduit le système médiatique sarkozien à donner tant
de place aux Ecolos.
7. C'est alors que Mme Merkel, très affaiblie politiquement, annonce sa décision de faire sortir l'Allemagne du
nucléaire.
8. Cependant le leurre allemand a aussi une autre dimension que nous avons indiquée précédemment: faire
oublier que l'Allemagne est un pays gros producteur de CO2 et de GES …
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9. Par ailleurs quelques spécialistes, en Allemagne notamment, sont en train de montrer que la solution avancée,
consistant à développer des centrales gaz en Allemagne à la place du nucléaire arrêté, comporte des
inconvénients trop sous estimés.
10. Dès lors qu'un pays décide d'arrêter ses centrales nucléaires et de ne plus en construire, alors que les besoins
d'électricité en base restent importants, cas de l'Allemagne, ses fournisseurs en gaz n'ont plus de limite pour
faire monter leur prix en dehors de celle du prix du pétrole
11. Souvenons-nous. Il y a deux ans, la communauté internationale commençait sérieusement à se préoccuper des
effets du changement climatique …
12. De longue date en Europe les lobbys pétroliers ont fait un travail en sous-main considérable.
13. Depuis cette époque, régulièrement, le nucléaire français, et ses entreprises EDF et Framatome/Areva ont
été régulièrement l'objet de campagnes antinucléaires ayant pour origine des lobbys et officines américaines,
avec effets de leviers médiatiques préparés et coordonnés en Europe et en France.
14. En Chine, dès le départ, la filière française a été une référence et elle a été l'objet d'accords importants de
construction et de transferts de technologie et de savoirs faire, avec programmes importants de formation en
maints domaines.
15. Ces deux pays, la Chine et l'Inde savent qu'ils sont de gigantesques producteurs-consommateurs de charbon
et donc de CO2 et ils veulent changer radicalement cette situation qui affecte aussi leurs climats et leurs
populations
16. Avec l'Asie, les lobbys pétrogaziers, antinucléaires et anti-urgence climatique vont avoir beaucoup de mal, ils
le savent. Mais ils savent aussi que, dans les négociations Climat c'étaient les Européens qui étaient les plus
sûrs alliés des pays du Sud, Chine Inde Brésil en particulier.
17. Si en 2012 l'opposition gagnait avec un PS qui aurait cédé aux Ecolos et annoncé son accord pour sortir du
nucléaire, même à terme, toutes les conséquences que nous avons énoncées précédemment ne manqueraient
pas de s'enchaîner.
18. A l'inverse, une position de vérité et de courage sur ces questions ne peut que rapporter la confiance des
citoyens et leur appui.
19. En conclusion,
L'énergie est un besoin vital pour nos concitoyens !
Sachons pondre à leurs besoins en servant l'intérêt général, au meilleur prix et en garantissant au mieux
l'avenir de la planète et donc celui de nos enfants.
Une position de vérité et de courage sur ces questions ne peut qu'emporter la confiance des citoyens et leur
appui
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Première partie: Quelques questions, quelques vérités, une politique ambitieuse:
1. Pourquoi une telle campagne pour «sortir du nucléaire», relayée dans la plupart des médias ?
Un fait est certain : pendant que s'est déchainée cette campagne, une réalité majeure d'aujourd'hui est devenue
absente, comme par enchantement : il s'agit du réchauffement climatique du aux activités humaines et à la
production de gaz à effet de serre, de ses effets actuels et futurs. Et ce n'est pas rien en termes de catastrophes !
Car le réchauffement climatique tue plus de 300 000 personnes par an.
Inondations, coulées de boue, intensité des tornades, cyclones typhon, sécheresses, canicules, baisse des
productions agricoles dans les régions sèches, famines, malnutrition, ravages accentués de maladies … Oui, il y a
urgence climatique et nous allons de découvertes en découvertes à propos de cette urgence (1) Cf. note page 6.
Sortir du réchauffement climatique, c'est là la vraie question qui nous est posée !
Citons ici ce que disait à ce sujet M. Koffi Annan en 2009 (ex secrétaire général des Nations Unies) « Le changement
climatique affecte principalement les 325 millions de personnes les plus pauvres de la planète. Selon un rapport sur les
conséquences humaines du changement climatique publié par le Forum humanitaire global le 29 mai dernier, 99% des
victimes du réchauffement climatique vivent dans les pays en voie de développement. Or, les 50 pays les moins avancés
contribuent à moins de 1% des émissions mondiales de CO2. Par ailleurs, ce rapport indique que le chauffement
climatique tue plus de 300 000 personnes par an, soit l’équivalent du tsunami de 2004. De plus, ce nombre pourrait
atteindre un demi-million en 2030».
Et voilà ! Quel magnifique tour de passe passe avec «sortir du nucléaire» devenu sujet central ! Exit l'urgence
climatique, la production de CO2, les responsabilités des pays du Nord et donc les nôtres dans cette situation! Merci à
ces messieurs-dames partisan de «sortir du nucléaire» et aux médias qui leur donnent tant de place !
Bien sûr, ces faits relatifs aux effets du changement climatique a été énoncés avant les échecs des conférences Climat de
Copenhague et Cancun. Avant l'offensive et les manipulations destinée à discréditer les scientifiques mondiaux du
Climat unis dans le GIEC. Ajoutons qu'il y a eu depuis les échecs du Grenelle Environnement, du pouvoir sarkozien
et aussi celui des Verts et écologistes français sur ce sujet, lesquels s'étaient mis, à juste titre, en campagne sur la
question climatique et se sont finalement retrouvés comme auteurs intellectuels de la taxe sur le CO2 et donc des
surtaxes sur les carburants payés par les citoyens obligés de rouler en voiture sans solution de rechange. Beaucoup plus
facile pour ces messieurs-dames de se refaire un public en jouant sur la peur et de faire de l'objectif «sortir du
nucléaire» une condition de leur accord avec le PS !
Bien sûr, la campagne antinucléaire orchestrée depuis des mois évite soigneusement de parler des conséquences qu'un
choix de sortir du nucléaire aurait en France et dans le monde. Bien relayés dans certains médias, écologistes,
antinucléaires. Beaucoup de journalistes nous citent en exemple l'Allemagne et la décision Mme Merkel. (Le Monde,
entre autres, publie régulièrement de nombreux points de vue, interviews, etc., de responsables allemands faisant la
propagande du choix Mme Merkel)
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2. Le bel exemple allemand !
L'Allemagne? aussi parlons clair, les données sont accessibles mais qui parle de cette question CO2 et électricité en
Allemagne?
Emissions de CO2 par habitant 2008 dues à l'énergie (dernière année connue pour ces comparaisons) :
Allemagne: 9,8 tCO2/habitant ; France 5,7 tCO2/habitant, soit +72% par rapport à la France (pour mémoire,
UE 7,7; USA 18,4; Chine 4,9)
Prix moyen de l'électricité pour les ménages 2008 (source Eurostat)
Allemagne: 20,9 c€/kWh et France: 11,5 c€/kWh, soit +82% par rapport à la France.
La question du climat et du CO2 ne serait pas d'actualité ? Pourtant 2010, juste après 2005, a été la deuxième année la
plus chaude pour la planète depuis 1880, première année enregistrée, et les émissions mondiales de CO2 dues à
l'énergie ont atteint un niveau record en 2010.
L'Allemagne est un pays très pollueur, malgré ses vitrines éoliennes : elle produisait en gros 25% de l'électricité à
partir de charbon, 25% à partir de son lignite, mauvais charbon très polluant, 25% avec le nucléaire, 15% avec des ENR
et le reste avec le gaz. C'est une véritable escroquerie de la part des allemands antinucléaires et de leurs relais en France
que de présenter l'Allemagne comme pays phare en matière d'environnement en Europe depuis la décision de sortir du
nucléaire en développant des ENR alors que la vraie question prioritaire serait : quand et comment l'Allemagne va-t-elle
sortir du charbon et du lignite qui polluent plus que tout, notamment par les quantités énormes de C02 produites ?
En matière d'éoliennes, ce pays a déjà de très gros problèmes, parce que celles-ci sont situées dans le nord ouest du
pays, loin des centres de consommation. Ces éoliennes ont été citées comme étant à l'origine de la très grande panne
allemande, du 4 novembre 2006. Cette panne est devenue européenne, en concernant d’autres pays européens voisins,
dont la France. Les allemands ont, chez eux, de très graves problèmes de stabilité de réseau chez eux : leurs lignes de
grand transport (THT) ne permettent pas les transits suffisants de l'énergie des éoliennes sans risques, et ils ne peuvent
imposer de nouvelles lignes aux populations qu'elles traversent (comme partout). s lors, en cas d'incident grave de
stabilité de réseau chez eux, ils entraînent dans la panne les pays limitrophes européens comme dans un château de
carte. Avec le plan Merkel, cette situation va s'aggraver car les lignes promises et associées à ce plan, n'ont aucune
chance d'être construites en quantité suffisante et selon le calendrier prévu.
Mais ce n'est pas tout !
Quel sera alors le «mix énergétique» allemand en 2022, si aucun revirement n’est intervenu d’ici ? Une chose est
sûre: le nucléaire ne pourra avoir été substitué en totalité par des EnR. La raison en simple, même si les écologistes
feignent de l’ignorer ! Les EnR produisent pendant environ 2300 heures, soit un quart de l’année, et qui plus est, de
façon intermittente. Pour assurer une production plus longue ou pour combler les «trous» dus à l’intermittence, il ne
sera plus possible d’avoir recours, en Allemagne, à des centrales nucléaires, qui ne produisent pas de CO². Seuls deux
moyens seront accessibles. Soit, importer massivement de l’électricité nucléaire d’origine française, directement ou
transitant par des pays voisins, Suisse, Soit, faire appel à des centrales thermiques classiques, alimentées au gaz ou
au charbon, émettrices de CO2. C'est-à-dire, essentiellement importer du charbon polonais ou de l’électricité produite
en Pologne. De plus, une question demeure: comment sortir de l’utilisation du charbon et surtout du lignite, qui est
connu pour être un mauvais combustible, sale et polluant ?
C’est cela le merveilleux modèle énergétique allemand ! C’est cela le beau modèle allemand de développement
«durable», mot souvent utilisé pour dire le «bien», face au nucléaire qui représente parfois, pour certains écologistes, le
«mal» ! La perspective allemande de sortie du nucléaire en 2022 n’est pas tenable face à l’impératif de sortir du
réchauffement climatique; elle ne saurait donc être érigée en modèle ! Seul un recours simultané aux EnR et au
nucléaire, dès lors que sa sûreté est assurée de façon satisfaisante, permettra de lutter efficacement contre le
réchauffement climatique ! Citation de la note d’Energie – 2050, de juillet 2011.
Nombreux sont les spécialistes qui considèrent que l'Allemagne sans nucléaire ne pourra faire face à ses engagements
en matière de réduction de sa production de CO2. Déjà est menée en sous main, une offensive de remise en cause des
engagements européens avec, en tête d'affiche publique, la Pologne, présidente tournante, qui défend son charbon sale,
élément central de sa production d'électricité, pour elle même et pour ses exportations d'électricité en très forte
progression vers ... l'Allemagne (et qui ne rentrent pas dans le calcul de la production allemande de CO2!).
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