Le Courrier de la Transplantation - Volume V - n
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1 - janvier-février-mars 2005
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Congrès
réunion
être réservée aux patients pour lesquels
l’enquête étiologique exhaustive
demeure négative.
VALIDATION DE L’ALGORITHME :
ÉTUDE DIDACT
Cet algorithme a été utilisé chez
108 patients inclus dans l’étude DIDACT,
dont les résultats ont été présentés lors du
dernier congrès de la SFT. DIDACT
(Diarrhea Diagnosis Aid and Clinical
Treatment) est une étude observationnelle
prospective réalisée chez des patients
transplantés rénaux présentant une diar-
rhée (plus de 3 selles par jour pendant une
période supérieure à une semaine). Le but
de cette étude était de recueillir, de manière
prospective, des données concernant le
diagnostic et la prise en charge thérapeu-
tique de la diarrhée survenant chez des
patients transplantés rénaux, indépendam-
ment du schéma immunosuppresseur et
en utilisant une définition uniforme de la
diarrhée.
Une approche par paliers a été appliquée
pour rechercher les infections et les ano-
malies morphologiques du tractus gastro-
intestinal et pour documenter les modifi-
cations du traitement immunosuppres-
seur. Au total, 108 patients (61 hommes
et 47 femmes, 48,6 ± 13,2 ans à 4,02 ±
4,78 ans de la greffe) présentant une fré-
quence moyenne de 5,4 ± 2,5 selles par
jour (3-15) pendant 20 jours (7-100) en
moyenne et recevant divers schémas
immunosuppresseurs ont été enrôlés dans
neuf centres. À l’inclusion, le protocole
immunosuppresseur comportait tacroli-
mus/MMF/corticoïde dans 41 % des cas,
la bithérapie tacrolimus + MMF dans
15% des cas et la trithérapie ciclosporine
+MMF + corticoïde dans 16 % des cas.
Un total de 89 % des patients recevait du
MMF. Chez 6,5 % des patients, la diar-
rhée a cessé après l’arrêt des médica-
ments concomitants non immunosup-
presseurs, potentiellement responsables
d’une telle symptomatologie. Chez
40,7 % des sujets, une cause infectieuse a
été documentée, avec disparition de la
diarrhée dans 80 % des cas après traite-
ment adapté. L’examen microbiologique
des selles s’est révélé positif chez
22 sujets ; 8 infections à CMV ont été
diagnostiquées et une pullulation micro-
bienne a été évoquée chez 14 patients. En
l’absence de diagnostic infectieux, une
modification du traitement immunosup-
presseur (essentiellement une diminution
ou l’arrêt du MMF) s’est traduite par une
rémission (c’est-à-dire moins de 3 selles
par jour) dans 23,1 % des cas. Parmi les
patients présentant des lésions inflamma-
toires à la biopsie du côlon (13/17), 12 %
ont guéri après adaptation du traitement
immunosuppresseur. Sur les 20 patients
restants, 11 ont constaté un soulagement
de leurs symptômes en utilisant des médi-
caments antidiarrhéiques ou des régula-
teurs de la flore. En conclusion, à la fin de
cette évaluation prospective, seuls
17 patients (15,7 %) n’ont pas obtenu
de diagnostic ni de rémission de leur
diarrhée.
Cette étude présente l’intérêt unique
d’avoir évalué de façon prospective la
prise en charge de la diarrhée chronique
post-transplantation. Elle confirme les
résultats antérieurs de Maes et al. en
montrant que la diarrhée peut fréquem-
ment être rapportée à un médicament
non immunosuppresseur ou à une infec-
tion. Elle montre aussi qu’elle n’est pas
l’apanage des patients traités par tacro-
limus et MMF, mais qu’elle peut surve-
nir quel que soit le protocole immuno-
suppresseur.
RISQUES DE LA RÉDUCTION
DE L’IMMUNOSUPPRESSION
En raison de l’hétérogénéité physiopa-
thologique des diarrhées survenant chez
le transplanté, il paraît évident qu’une
attitude se limitant à réduire l’immuno-
suppression semble inadaptée, une
réduction inappropriée des immunosup-
presseurs pouvant conduire à une majo-
ration du risque immunologique pour le
greffon (5). Un travail rapporté par
Schnitzler et al. au cours du dernier
congrès de l’ASN évalue ce risque.
Cette étude a estimé le risque de perte
du greffon rénal après réduction de la
dose ou arrêt du MMF en raison d’effets
indésirables gastro-intestinaux sur un
très grand nombre de patients issus du
registre de l’USRDS entre 1995 et
2001. Cette étude a été menée sur un
total de 3 675 transplantés rénaux ayant
présenté un effet indésirable gastro-
intestinal. La dose médiane de MMF
était de 2 g/j au moment de la survenue
de l’effet indésirable. Le risque relatif
de perte de greffon au cours des
périodes de réduction de dose de MMF
était de 1,9 (p = 0,06) si la dose avait été
réduite de moins de 50 % par rapport à
la dose initiale et de 2,5 (p = 0,0008) si
la diminution de dose dépassait 50 %
par rapport à la dose initiale, lors de la
survenue de l’effet gastro-intestinal. Le
risque relatif de perte de greffon aug-
mentait de 3,7 (p < 0,0001) en cas d’ar-
rêt du MMF. La réduction de dose ou
l’arrêt du MMF après diagnostic d’un
effet indésirable gastro-intestinal étaient
donc associés à une augmentation du
risque de perte de greffon chez des
transplantés rénaux. Ce type d’analyse
ne permet pas d’établir une relation de
cause à effet, mais a montré une relation
dans le temps entre la réduction du
MMF et la perte du greffon, et prouve
que ces patients sont à haut risque de
complication.
LES PISTES POUR AMÉLIORER
LA TOLÉRANCE GASTRO-INTESTINALE
DES IMMUNOSUPPRESSEURS
Le souhait d’une amélioration de la
tolérance gastro-intestinale du MMF est
à la base du développement du myco-
réunion