Vénérable Maha Samyos - Chak Riya Chhuor Le bonheur selon le bouddhisme © Vénérable Maha Samyos - Chak Riya Chhuor, 2016 ISBN numérique : 979-10-262-0826-6 Courriel : [email protected] Internet : www.librinova.com Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle. AVANT-PROPOS Comment est née l’idée de ce livre ? Le dimanche 18 septembre 2016, à la pagode bouddhiste à Bagneux, j’ai rencontré le Vénérable Maha Samyos, qui allait se révéler un point d’inspiration pour cet ouvrage. Quand on ne croit pas au hasard, et c’est mon cas, on sent plus facilement pourquoi certaines rencontres prennent une grande importance… Pour la première fois, je me trouvais en face de quelqu’un dont tous les aspects semblaient en harmonie les uns avec les autres. C’était simplement une présence profonde, forte et tranquille. Et bien que je sois restée seulement une heure avec lui ce jour-là, je suis ressortie de cette entrevue forte du sentiment que je venais de rencontrer un être absolument chaleureux. J’ai la conviction que le Vénérable Maha Samyos a appris à vivre dans une plénitude et une très grande sérénité. C’est cela qui m’a donné l’envie de cerner les principes qui lui ont permis d’y parvenir. À mesure que mes liens avec le Vénérable Maha Samyos se sont resserrés, j’ai pu apprécier toutes ses qualités : une intelligence clairvoyante, une bienveillance, et un grand sens de l’humour. Vénérable Maha Samyos est né en 1963 à Koh Kong, une province du Cambodge. Il devient moine bouddhiste à l’âge de 17 ans. Actuellement, il dirige la pagode Marseille-Nice. Il est également le Président de l’Ordre des moines khmers en France. Ce livre est le fruit de nombreux entretiens que j’ai eus avec le Vénérable Maha Samyos. Il m’a gentiment laissé toute liberté de transmettre au mieux ses idées. Peu à peu, j’ai pu retenir les grands principes qui font ses convictions : - la sagesse, - la tolérance, - la compassion, - le but de la vie, - le droit au bonheur… Ce qui m’a fasciné le plus, tout au long de ces entretiens, c’est son expression de joie lumineuse. Vénérable Maha Samyos serait-il heureux ? Je décide donc de lui demander : — Êtes-vous heureux ? — Oui, je suis heureux et me contente de mon bonheur d’être utile pour autrui. J’aime mon devoir… Sa voix, ses yeux et son visage reflètent une sincérité limpide qui ne laisse aucune place au doute. — Nous vivons à une époque où les actes ordinaires semblent difficiles à accomplir : prendre le temps de regarder le lever du soleil, partager le petit-déjeuner en famille tout en étant heureux de la présence de chacun… Ces moments sont si rares de nos jours. Dans le monde actuel, le bonheur est resté une notion floue et presque insaisissable. Au sein de sociétés pourtant très développées, beaucoup de gens ne sont pas heureux. Sous une aisance superficielle se cache une espèce de frustration, de malaise, qui mène à l’alcoolisme, à la drogue et parfois même au suicide… dis-je. Assis en face de moi, le Vénérable Maha Samyos me regarde et m’écoute. Il est calme et attentif. Je complète ma question : — Est-il réellement possible d’atteindre le bonheur ? — Oui, on peut atteindre le bonheur par l’exercice de l’esprit. Vénérable Maha Samyos et moi-même, avons décidé de rédiger ce livre sous forme de Manuel du Bonheur en suivant les enseignements de Bouddha. 1ère PARTIE Bouddhisme « La Voie des Anciens » Le Theravâda « Puissé-je être pour les malades le remède, le médecin, l’infirmier, jusqu’à la disparition de la maladie ! » « Puissé-je être pour les pauvres un trésor inépuisable, être prêt à leur rendre tous les services qu’ils désirent ! » La prise de la pensée de la BODHI ENTRETIENS DU BOUDDHA « Sûttânta » Chapitre 1 Histoire du Bouddha Le Bouddha, dont le nom personnel était Siddhartha et le nom de famille Gautama, eut pour parents la reine Mahâ Mâyâ et le roi Shuddhodana, du clan des Câkyas. Son père régnait sur Kapilavastu, petite principauté située sur le versant indien de l’Himalaya. La légende raconte que c’est sous la forme d’un petit éléphant blanc que le Bouddha entra dans le sein de sa mère. Sa naissance eut lieu au parc de Lumbinî, près de Kapilavastu. La reine Mâyâ resta debout en s’appuyant à une branche de figuier alors qu’un dieu recueillait sur un linge l’enfant qui sortait de son flanc, et que les divinités brahmaniques faisaient pleuvoir des pétales de lotus. Sitôt né, l’enfant se mit debout, se tourna vers les points cardinaux de l’Univers et fit sept pas vers le nord en poussant « le rugissement du lion ». Sa mère étant morte peu après sa naissance, le petit prince fut élevé par la sœur de celle-ci, Mahâprajâpatî. Son père l’aimait tendrement et s’efforçait d’écarter de sa vie tout ce qui pourrait en obscurcir le bonheur. Sur son ordre, le spectacle de la souffrance humaine fut banni de la cour et, lorsque le jeune prince sortait de son palais, le roi exigeait qu’on épargne à ses yeux toutes les choses tristes et désagréables. Il veillait à ce que son fils passe sa jeunesse dans l’opulence, car il craignait qu’il ne renonce au trône pour devenir moine, ainsi que l’avait prédit un devin. Quant au prince Siddhartha, il était intelligent et possédait une force surnaturelle. Il étudiait les lettres, les sciences, les langues, et s’initiait à la philosophie hindoue auprès d’un brahmane. Un officier lui apprenait à monter à cheval, à tirer à l’arc, à combattre avec la lance, le sabre et l’épée. Les soirées étaient consacrées à la musique et à la danse. À seize ans, il remporta une victoire lors d’un concours de tir à l’arc où sa flèche transperça sept arbres. Plus tard, il épousa sa cousine Yashodarâ. Les nouveaux époux emménagèrent dans trois petits palais : un de bois de cèdre pour l’hiver, un de marbre pour l’été et un de brique pour la saison des pluies. Soudain, cette vie tranquille et heureuse cessa. Siddhartha Gautama reçut la révélation de la Mâyâ que le bonheur sans nuages dont il jouissait était trompeur et illusoire. Peu après, il fit atteler son char pour aller se promener et sortit par la porte orientale de la ville. Il vit alors un vieillard aux cheveux blancs, au dos courbé, qui, appuyé sur une canne, marchait difficilement. Il demanda à son cocher : — Qui est cet homme ? — C’est un vieillard, répondit celui-ci. — Qu’appelle-t-on un vieillard ? insista le prince. — C’est un homme qui a vécu de nombreuses années. Ses facultés déclinent, son aspect se détériore, son teint s’altère et se ride. Quand il est assis, il lui est pénible de se lever, il se déplace difficilement, il se fatigue vite et il lui reste très peu de vitalité. C’est pourquoi on l’appelle un vieillard. — Échapperai-je moi-même à ce sort ? murmura Siddhartha. — Non, prince, nous naissons, nous vieillissons, c’est la loi de la nature, déclara prudemment le cocher. Le prince fit faire demi-tour à l’attelage et revint au palais. En pensant à la loi de la vieillesse, il devint triste et n’éprouva plus aucun plaisir. Le jour suivant, Siddhartha Gautama ordonna à son cocher d’atteler son char pour aller se promener et sortit par la porte méridionale de la ville. Cette fois-ci, il vit un malade dont le corps était très maigre, faible et le visage très pâle. Ce dernier était appuyé contre une porte, toussait et respirait péniblement. — Qui est cet homme ? demanda le prince. — C’est un malade. — Qu’appelle-t-on un malade ? — Quelqu’un en mauvaise condition, qui éprouve quelques altérations dans sa santé. Il ne peut plus ni boire ni manger. Son souffle est faible, sa vitalité est diminuée par les impuretés qui se trouvent en lui. C’est pourquoi on l’appelle malade. — Échapperai-je moi-même à ce sort ? — Prince, la maladie ne prévient pas. Cette fois encore, il fit faire demi-tour à l’attelage et revint au palais. Pensant qu’il n’était pas encore libéré de la vieillesse et de la maladie, il devint plus triste. Plus tard, Siddhartha ordonna de nouveau à son cocher d’atteler un char pour aller se promener et sortit par la porte occidentale de la ville. Il vit par hasard un mort qui, porté par des hommes, était suivi par ses parents, sa femme et son petit garçon, affligés, pleurants et gémissants. — Qui est cet homme ? demanda-t-il à son cocher. — C’est un mort. — Qu’appelle-t-on un mort ? — Un homme dont la respiration a cessé, qui a perdu connaissance. Son esprit s’en est allé et a abandonné son corps. Il est à jamais séparé de ses parents, de sa femme et de son fils. C’est pourquoi on l’appelle mort. — La mort est réservée seulement à cette personne ou à tout le monde ? demanda le prince. — Prince, personne n’échappe à la mort. Nous mourons tous. Pensant qu’il n’était pas encore libéré des lois de la vieillesse, de la