Sélectionner la relève : un moyen pour améliorer la rentabilité

septembre 2011 Le producteur de Lait québécois
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génétique
ducteurs n’effectuent aucune sélection
ou très peu. En 2010 et 2011, le ratio
taures/vaches oscille autour de 0,82 à
0,85. Pourtant, lorsqu’on fait le calcul
pour un troupeau type, le ratio taures/
vaches optimal devrait se situer autour
de 0,65, avec un taux de remplacement
de 28 %, des taures qui vêlent à 26 mois
et en incluant une marge de sécurité,
c’est-à-dire un supplément de sujets
pour faire face aux imprévus, de 5 %.
Il existe donc un potentiel de gains
d’efficacité avec un nombre de sujets
de remplacement optimal. Mais com-
ment y arriver?
UN OUTIL INCONTOURNABLE :
LES INDICES GÉNÉTIQUES
DES FEMELLES DE VOTRE
TROUPEAU
Pour établir les objectifs d’élevage,
il faut d’abord bien connaître son
troupeau, notamment les informations
génotypiques (les indices génétiques)
et phénotypiques (les performances
réalisées) des sujets. Le processus
commence par l’évaluation des forces
et des faiblesses. L’indice global de
sélection le plus utilisé au Canada
est l’indice de profit à vie (IPV), qui
tient compte des critères d’importance
économique au Canada selon une
pondération déterminée. Une étude
du Réseau laitier canadien, réalisée
en 2006, démontre qu’une différence
de 100 points d’IPV entre deux sujets
équivaut à 50 $ de profit additionnel
par vache par année. Pour vous aider à
évaluer le potentiel génétique de votre
troupeau, il est possible d’utiliser l’in-
Dans une entreprise laitière, il y a
une multitude de secteurs il est pos-
sible de faire des gains. À ce titre, la
sélection des sujets de remplacement
est souvent mise de côté. Il s’agit pour-
tant d’un secteur il serait possible
d’économiser des milliers de dollars.
Selon les statistiques de Valacta, la
proportion des sujets d’élevage dans
les entreprises suggère que les pro-
Voici quelques trucs pour bien sélectionner vos sujets
d’élevage et établir une stratégie de remplacement
économique maximisant la productivité et les gains
génétiques de votre troupeau.
Par GUILLAUME MÉNARD, agronome,
conseiller à l’expertise en génétique, CIAQ
Sélectionner la
relève : un moyen
pour améliorer
la rentabilité
dOssier
Bien gérer Le
rempLacement
septembre 2011 Le producteur de Lait québécois 19
peau. La recommandation demeure
la même, il faut faire un classement
selon l’IPV ou selon votre nouvel indice
et réévaluer quelques sujets selon la
catégorie de la mère, le père, la famille
et l’apparence phénotypique. De cette
manière, le potentiel de chaque nisse
est bien identifié et de meilleures déci-
sions sont prises en matière de gestion,
par exemple, en ce qui a trait à la caté-
gorie de taureaux utilisée. Également,
le transfert d’embryons pourrait être
envisaet on pourrait me identifier
des porteuses d’embryons.
LE GÉNOTYPAGE POUR
PRÉCISER LE CLASSEMENT
DES FEMELLES DU TROUPEAU
Comme il n’y a pas beaucoup d’in-
formation disponible sur les jeunes
sujets, la génomique pourrait inter-
venir dans votre sélection. Le principe
est de faire tester certains sujets ou
l’ensemble de ceux-ci pour définir ou
reclasser les femelles à partir de leur
nouvel IPV génomique.
produire du lait. Cette portion peut
compter de 15 % à 30 % des vaches en
lactation. On peut alors avoir recours à
une semence à bon prix, car les veaux
seront vendus à un jeune âge. Divisez
ensuite le reste du troupeau selon la
stratégie d’utilisation des taureaux
que vous aurez adoptée, par exemple,
dans le groupe 2 (intermédiaire), soit
25 % à 30 % des vaches qui seront
inséminées par des jeunes taureaux et
des taureaux à haut profil génomique
et dans le groupe 1 (supérieur), soit
40 % à 50 % des vaches qui seront
inséminées par des taureaux éprouvés
d’élite ou à haut profil génomique.
Cette stratégie permettra de tirer un
maximum de gains génétiques.
En ce qui concerne les génisses, la
sélection est plus difficile, car celles-ci
n’ont pas encore réalisé de perfor-
mances. Toutefois, la catégorisation
demeure aussi importante et même
davantage, car elles sont la future né-
ration et présentent normalement le
meilleur potentiel génétique du trou-
ventaire génétique, disponible auprès
de Valacta ou le fichier des tendances
génétiques du troupeau, accessible
par l’entremise de votre représentant
du CIAQ.
Établir des objectifs d’élevage et
des critères de sélection sera utile à
la fois pour la sélection des génisses
qui seront élevées et pour effectuer
des choix de taureaux quant à l’insé-
mination. Ces objectifs détermineront
le profil de vaches recherché : élevage
équilibré, production élevée, confor-
mation élevée, santé et fertilité, etc.
Ainsi, lorsqu’on aura décidé du type de
vaches, on pourra identifier les critères
de sélection propres à l’entreprise et,
si on le désire, déterminer une pondé-
ration différente de l’IPV.
LE CLASSEMENT DES
FEMELLES, UNE PREMIÈRE
ÉTAPE VERS LA SÉLECTION
Après avoir établi les critères de
sélection, il est maintenant temps de
choisir. La meilleure thode proposée
est de grouper les sujets par catégorie
de potentiel génétique, c’est-à-dire
de classer les femelles du troupeau
pour faire de meilleurs choix : choix
des sujets à élever et choix d’investis-
sement en semence de taureaux. En
d’autres mots, faire la catégorisation
de chacune des femelles permettra de
bien situer l’animal dans votre troupeau
selon son potentiel génétique, d’identi-
fier les mères de la prochaine généra-
tion et d’aider à la sélection immédiate
dans l’inventaire actuel des taures.
L’évaluation des vaches du troupeau
est la première étape de la sélection
afin de les grouper selon leur potentiel
génétique. Le meilleur moment pour
la sélection est sans doute celui de la
saillie de l’animal pour optimiser l’in-
vestissement en semence. Le premier
classement se fait à partir de l’indice
génétique (IPV) ou selon l’indice que
vous avez établi. Le troupeau est divisé
en trois groupes : groupe 1 (supérieur),
groupe 2 (intermédiaire) et groupe 3
(inférieur). Après le classement selon
les indices, différents critères peuvent
influencer la catégorie de l’animal,
comme la classification, l’appréciation
générale phénotypique et l’évaluation
de la famille. L’important est d’iden-
tifier les sujets du groupe 3 dont on
n’élèvera pas la progéniture et qui
seront en gestation seulement pour
STRATÉGIE D’UTILISATION DE LA SEMENCE CHEZ LES TAURES
SELON LEUR POTENTIEL GÉNÉTIQUE
MPG : moyenne de parents génomiques
bien choisir ses sujets
La sélection génétique peut s’avérer un aspect important à considérer
en matière de gains d’efficacité dans votre troupeau. Un élevage
rationnel, c’est-à-dire en investissant dans un nombre optimal de
sujets de remplacement sélectionnés rigoureusement avec les outils
appropriés, apportera des gains génétiques favorisant la rentabilité
de votre entreprise, par des performances supérieures des vaches et
par une réduction des frais d’élevage.
septembre 2011 Le producteur de Lait québécois
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le bon choix parmi les sœurs propres
issues d’une surovulation.
Le deuxième objectif spécifique est
la précision des décisions en matière
de gestion économique de l’élevage :
diminution du nombre de taures en
inventaire ou meilleures cisions d’éle-
vage. Il est toujours plus avantageux
de prendre des décisions à partir de
groupes plutôt qu’à partir de quel-
ques individus. Un nombre plus grand
de sujets testés permet d’améliorer
l’analyse et d’augmenter l’impact éco-
génétiQue
nomique des décisions. Le génoty-
page permettra également un choix
de taureaux plus précis dans le pro-
gramme d’accouplement ProGen et de
meilleures décisions d’investissement
de semence. Par exemple, le recours à
une semence sexée pourrait être envi-
sagé pour les meilleurs sujets, combiné
à l’utilisation d’une forte proportion de
taureaux éprouvés d’élite. Le graphique
(p. 19) illustre une stratégie d’utilisation
de la semence en fonction du potentiel
génétique des taures. n
On peut regrouper en deux objectifs
spécifiques les besoins des éleveurs en
ce qui a trait à l’utilisation du génoty-
page des femelles. Le premier objectif
consiste à préciser les évaluations des
meilleurs sujets du troupeau (femelles
d’élite préidentifiées). Cette précision
permet d’intensifier la sélection des
mères influentes de la prochaine géné-
ration, de reclasser ou de confirmer
le potentiel des meilleures familles et
de spécifier les indices des sujets à
surovuler. Elle permet aussi de faire
N
OS
D’IDENTIFICATION RANG RANG
DES GÉNISSES IPVG IPV DIFF. IPVG IPV
1 1 907 1 665 242 1 1
2 1 802 1 625 177 2 2
3 1 761 1 454 307 3 4
4 1 639 718 921 4 26
5 1 584 1 568 16 5 3
6 1 405 1 236 169 6 5
7 1 255 1 007 248 7 12
8 1 198 1 183 15 8 8
9 1 195 1 023 172 9 11
10 1 182 673 509 10 29
11 1 152 652 500 11 31
12 1 123 878 245 12 18
13 1 112 263 849 13 38
14 1 102 1 207 -105 14 6
15 1 063 836 227 15 19
16 1 017 650 367 16 32
17 999 1 153 -154 17 9
18 996 783 213 18 22
19 964 1 095 -131 19 10
20 921 930 -9 20 16
21 920 818 102 21 20
22 876 734 142 22 25
23 875 999 -124 23 13
24 872 1 197 -325 24 7
25 846 962 -116 25 14
26 813 667 146 26 30
27 773 795 -22 27 21
28 719 548 171 28 34
29 712 767 -55 29 24
30 697 694 3 30 28
31 655 305 350 31 37
32 598 711 -113 32 27
33 496 446 50 33 35
34 493 770 -277 34 23
35 492 942 -450 35 15
36 305 187 118 36 40
37 158 597 -439 37 33
38 125 893 -768 38 17
39 123 419 -296 39 36
40 -12 86 -98 40 41
41 -98 209 -307 41 39
cas réel
On pourrait penser que le génotypage ne
s’adresse qu’aux élevages d’élite. Voici
l’exemple d’un troupeau réel pour lequel
on a utilisé cette nouvelle technologie.
L’objectif de l’exercice était de génotyper
41 génisses, âgées de 1 à 12 mois, dans le
but d’en éliminer 12. Ayant investi
1 927 $ dans les tests, l’éleveur espérait,
d’une part, récupérer son investissement
par une meilleure sélection et, d’autre
part, obtenir une meilleure précision
de l’évaluation génétique, donc plus de
précision dans les accouplements. Dans
le tableau ci-contre, on constate qu’il y
a sept génisses (en orange) qui devaient
être éliminées selon l’IPV et que la
décision demeure la même après utilisa-
tion de la génomique. Cinq génisses (en
vert) devaient être éliminées selon l’IPV,
mais la génomique (IPVG) a fait en sorte
qu’elles soient épargnées. Le plus impor-
tant à noter est que les cinq génisses (en
bleu) qui ne se retrouvaient pas dans la
liste d’élimination avant la génomique
s’y retrouvent maintenant! C’est là que la
génomique peut faire la plus grande diffé-
rence dans le classement. Pour obtenir
une sélection plus précise, il faut bien sûr
faire une analyse de la conformation des
génisses ainsi que de leur généalogie.
Fait à noter, quand on compare l’appa-
rence physique des génisses à leur indice
de conformation selon la génomique, on
s’aperçoit que les chiffres sont près de
la réalité. Donc, si la génomique s’avère
aussi précise, autant pour les critères
visibles que pour ceux que l’on ne voit
pas (cellules somatiques, kg de gras, kg
de protéine, système mammaire), elle
constitue sûrement un outil de sélection
qui vaut l’investissement.
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Sélectionner la relève : un moyen pour améliorer la rentabilité

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