2 DEUXIEME PARTIE : ANALYSE SECTORIELLE ET

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2 DEUXIEME PARTIE : ANALYSE SECTORIELLE ET LOCALISEE
Dans cette partie, l’analyse détaillera les 140 activités qui ont été retenues pour
l’approfondissement de l’étude. Le parti pris a été de les regrouper par secteur d’activité de
façon à constituer des ensembles et sous-ensembles présentant a priori une homogénéité
favorable à l’analyse. Ainsi, ils n’obéissent pas toujours aux regroupements habituels des
nomenclatures d’activité. Par exemple, on a constitué un ensemble des services rendus à
l’agriculture qui regroupe des activités relevant de l’artisanat, du commerce de gros et des
services aux entreprises ; ou bien des services de santé, des services liés à l’automobile,
etc. En outre, ces regroupements ont été organisés de façon à pouvoir appuyer l’analyse sur
des éléments d’explication issus de la littérature que nous avons pu exploiter. Ainsi de
l’artisanat, du commerce de détail, des services de santé.
Les regroupements d’activité étudiés sont les suivants :
-
Artisanat alimentaire
Artisanat du Bâtiment
Artisanat de fabrication
Artisanat de services et de réparation
Services de Santé
Activités liées à l’automobile
Tabacs et débits de boisson
Autres services aux particuliers
Commerce de détail
Commerce de gros
Commerces et services à l’agriculture
Services aux entreprises
La base systématique des analyses est constituée par la démographie départementalisée
des entreprises. On a vu que c’est l’indicateur qui marque le plus fortement la variation de
densité des TPE. Sa modulation par la taille des entreprises (indicateur de la valeur ajoutée)
est exploitée lorsqu’elle est apparue la plus significative, par exemple pour l’artisanat du
bâtiment et le commerce de détail.
La représentation cartographique des densités s’appuie sur la mise en exergue des déciles
supérieurs des départements présentant les plus fortes densités, souvent aussi du décile
inférieur, de façon à arrêter l’analyse sur les faits les plus saillants. Elle est précédée de la
présentation d’un certain nombre d’indicateurs concernant la démographie des entreprises
constituant l’ensemble étudié : les stocks, les flux et leur évolution ; la densité calculée par
écart inter-décile à la médiane, et son évolution.
Rapport Final – Etude sur la densité régionale des TPE–- DCASPL – GATE –ESiloe 2006
42
2.1
Chapitre 1 : Artisanat
L’artisanat est, le seul secteur des TPE qui ait fait l’objet d’une étude antérieure sur sa
répartition géographique nationale. L’étude de Paul Bachelard20, réalisée essentiellement à
partir des données du répertoire des métiers de 1980 et du recensement de la population de
1975 offre un point de comparaison précieux à partir d’une période où l’artisanat présente
encore des traits accusés de son ancrage dans des modes de production et des modes de
vie fortement ancrés dans la ruralité. Nous utiliserons donc ponctuellement ses observations,
tout en réservant ses hypothèses les plus globales pour la troisième partie de l’étude.
20
« L’artisanat dans l’espace rural », P. Bachelard, Masson, 1982.
Rapport Final – Etude sur la densité régionale des TPE–- DCASPL – GATE –ESiloe 2006
43
2.1.1 Artisanat alimentaire
Artisanat Alimentaire
Commerce de détail de poissons,
Cuisson de produits de boulangerie
Pâtisserie
Charcuterie
Commerce de détail de viandes
Boulangerie et boulangerie-pâtisserie
APEN
522E
158B
158D
151F
522C
158C
Nb TPE
2002
2 554
4 787
5 007
7 876
17 388
31 967
% croissance
1994-2002
-29,3%
294,6%
-29,3%
-40,6%
-19,6%
-6,0%
Cumul création Cumul reprise
1994-2001
1994-2001
1 069
5 216
747
1 338
3 207
2 845
953
1 543
1 926
2 126
6 954
16 695
Moyenne
Densité TPE 2002
Ecart interdécile à la
médiane
3,3
2,6
1,4
1,2
0,9
0,7
1,7
Le % de croissance concerne l’évolution du nombre de TPE entre 1994 et 2002
L’artisanat alimentaire regroupe des activités dont la densité sur le territoire obéit à des
logiques distinctes. Malgré leur diminution, l’observation de Paul Bachelard reste largement
vraie : « le boucher forme avec le boulanger le noyau de base des services quotidiens », ces
activités présentant les plus faibles écarts de densité. Les charcutiers et poissonniers sont
traditionnellement inscrits dans une géographie plus étroite, les uns dans un axe qui va de la
Normandie au nord du Massif Central, les autres sur les côtés à proximité de la ressource.
Les terminaux de cuisson sont une activité nouvelle née dans le contexte particulier des
espaces les plus touristiques et très faiblement présents sur le reste du territoire.
Sur densités des TPEde l'artisanat alimentaire en 2002
Artisanat alimentaire
Surdensités :
Boulangeries
et terminaux de cuisson
Charcuteries
Poissonneries
Boucheries
Départements classés dans le décile des plus fortes densités.
Données INSEE Sirene – DCASPL A1
Rapport Final – Etude sur la densité régionale des TPE–- DCASPL – GATE –ESiloe 2006
44
Il est intéressant d’observer les dynamiques d’évolution de ces densités qui sont révélatrices
du jeu entre démographie des entreprises et territoires.
Evolution du nombre de TPE entre 1994 et 2002
Boulangerie
Pâtisserie
Boucherie
Charcuterie
Poissonnerie
Terminaux
Dans le 1er décile
- 43
- 21
- 76
- 63
- 7
+ 20
Dans le dernier décile
- 8
- 24
- 11
- 37
- 26
+ 223
La boulangerie, la boucherie et la charcuterie connaissent des baisses de densité nettement
plus importantes dans les départements de plus forte densité du 1er décile. La baisse est
équivalente en pâtisserie. A l’inverse, les poissonneries se maintiennent mieux dans leurs
zones côtières de prédilection. Les terminaux de cuisson augmentent peu en densité dans
les départements qui les ont vu naître, mais leur taux de croissance est élevé là où ils
n’étaient que peu présents.
On peut en tirer quelques hypothèses généralisables : une tendance à l’homogénéisation
des densités pour des activités au départ très dispersées sur le territoire dont la baisse
affecte prioritairement les zones de plus forte densité ; une meilleure résistance des activités
« à places fortes » ; une tendance à l’essaimage de nouvelles activités en fort
développement à partir de leur territoire de naissance. La tendance dominante de ces
mouvements contradictoires confirme l’analyse du premier chapitre sur la résorption des
différentiels de densité.
Chiffre d’affaires moyen
des Boulangeries en 1967
Chiffre d'affaires des boulangeries
et pâtisseries par établissement
(en milliers de F) en 1967
210 et plus
190-210
160-190
130-160
moyenne 126
L’effet d’homogénéisation est confirmé
par l’étude réalisée sur la base du
recensement de la distribution de 1967
par Michel Coquery*. Elle montrait que,
au nord d’une ligne allant de la HauteNormandie au Jura, les chiffres d’affaires
de la boulangerie étaient sensiblement
plus élevés que dans le sud et ceci de
manière très homogène. On ne retrouve
plus cette opposition en 2002. Les
valeurs
les
plus
importantes
n’apparaissent qu’à l’état de traces dans
l’Est et à Paris, mais se distribuent aussi
bien dans le Massif Central qu’en
Bretagne ou dans les Alpes. Les
politiques professionnelles et meunières
ont déployé des modèles de plus en plus
nationaux qui tendent à calibrer les
boulangeries à la manière de la franchise.
Source : Michel Coquery
* « Mutations et structure du commerce de détail en France, étude géographique », Michel Coquery, 1978
Rapport Final – Etude sur la densité régionale des TPE–- DCASPL – GATE –ESiloe 2006
45
La monographie sur la boulangerie/pâtisserie/terminaux de cuisson21 permet d’approfondir
l’analyse. Elle invite notamment à quelques hypothèses pour mieux comprendre comment
joue le processus territorialisé de concurrence/complémentarité entre les terminaux de
cuisson et les activités de l’artisanat alimentaire traditionnel.
La surdensité des terminaux de cuisson dans les départements de la façade
méditerranéenne est nette. Elle va jusqu’à 3,21 entre terminaux de cuisson pour 10.000
habitants dans les Pyrénées Orientales. Dans l’ensemble des départements du LanguedocRoussillon, on compte en 2002 en moyenne un terminal de cuisson pour deux boulangeries.
Les départements de la Bretagne maritime se distinguent aussi. A l’inverse, les plus faibles
densités s’observent en Alsace, dans des départements ruraux du Centre et du Nord (les
Ardennes ont la plus faible densité avec 0,10) et à Paris. L’écart de densité s’accroît avec
des taux multipliés par 3 ou 4 dans certains départements de Languedoc-Roussillon. Mais il
faut noter aussi l’émergence de départements où les terminaux étaient presque absents en
1994 comme la Corrèze, l’Eure, l’Allier, le Jura où leur taux est multiplié par 10.
La géographie de la boulangerie artisanale présente de son côté des traits fortement
enracinés dans un passé qui sait se renouveler. Sa place forte est certes le Massif Central
où l’on se rapproche souvent d’une boulangerie pour 1.000 habitants. Dans ces
départements ruraux, elle s’est souvent diversifiée dans le multiservices, ce qui fait qu’un
département comme la Lozère, le plus dense en boulangeries, en perd très peu entre 1994
et 2002. En même temps, on constate un maillage fort de l’ensemble du territoire : à part la
Région parisienne, certains départements de l’Est et les grandes villes, on descend peu au
dessous d’une boulangerie pour 2.000 habitants.
L’autre trait à relever est le relatif déplacement des fortes densités d’emplois salariés au
bénéfice des régions frontalières de l’Est, d’Alsace-Moselle jusqu’aux Savoies. On retrouve
là l’influence du modèle germanique et suisse d’un artisanat fortement structuré proche de la
PME. L’analyse de la valeur ajoutée va naturellement dans le même sens, et fait apparaître
en plus Paris comme l’un des départements où la boulangerie présente la plus forte valeur
ajoutée par habitant (de même la boucherie).
Le très fort développement des terminaux de cuisson sur la façade méditerranéenne est
évidemment lié à l’activité touristique. Cependant, il est intéressant de noter qu’un
département très touristique comme la Vendée conserve un taux modeste de terminaux de
cuisson (0,85). Il faut sans doute rechercher une part d’explication dans une identité de
métier plus forte dans sa boulangerie artisanale, connue pour ses innovations commerciales
et industrielles22. En PACA et Languedoc-Roussillon, les taux de syndicalisation sont bas ; la
résistance au développement des terminaux de cuisson plus faible. C’est un trait assez
commun à l’ensemble des métiers artisanaux et qui peut donc expliquer plus généralement à
la fois l’instabilité du tissu des TPE (beaucoup de créations/disparitions) et l’ouverture de cet
espace aux nouvelles activités (cf. informatique).
21
CF Deuxième rapport intermédiaire
Voir à ce sujet l’ouvrage de S. Kaplan « le retour du bon pain », Perrin 2002, et ses développements sur « la
révolution du pain blanc ourdie dans les fournils de Vendée ».
22
Rapport Final – Etude sur la densité régionale des TPE–- DCASPL – GATE –ESiloe 2006
46
2.1.2
Artisanat du bâtiment
Artisanat Bâtiment
Travaux de charpente
Réalisation de couvertures par éléments
Fabrication de charpentes et de menuiseries
Construction de maisons individuelles
Plâtrerie
Travaux de maçonnerie générale
Travaux de finition n.c.a.
Construction de bâtiments divers
Terrassements divers, démolition
Menuiserie bois et matières plastiques
Revêtement des sols et des murs
Installation d'équipements thermiques et de clim.
Installation d'eau et de gaz
Travaux d'installation électrique
Peinture
Menuiserie métallique ; serrurerie
APEN
452L
452J
203Z
452A
454A
452V
454M
452B
451A
454C
454F
453F
453E
453A
454J
454D
Nb TPE
2002
4 691
10 709
1 897
12 671
11 520
61 919
6 619
3 766
11 086
30 210
13 107
11 316
26 661
33 969
40 762
11 266
% croissance
1994-2002
77,0%
18,5%
8,3%
233,4%
2,8%
-6,4%
-14,6%
3,3%
-21,7%
-1,3%
9,2%
13,0%
-3,2%
9,0%
4,8%
-1,8%
Cumul création Cumul reprise
1994-2001
1994-2001
2 606
5 491
1 254
16 412
6 626
41 519
4 876
3 335
4 418
12 942
7 816
5 751
11 223
19 643
23 690
5 637
646
1 115
293
748
861
5 195
343
281
1 047
2 836
868
1 059
2 443
2 793
2 409
1 392
Moyenne
Densité TPE 2002
Ecart interdécile à la
médiane
3,6
2,6
2,5
2,2
1,9
1,8
1,6
1,6
1,2
1,2
1,0
1,0
0,9
0,8
0,8
0,7
1,6
Le % de croissance concerne l’évolution du nombre de TPE entre 1994 et 2002
L’artisanat du bâtiment est un marqueur puissant de la géographie des TPE du fait de son
poids dans la démographie de l’artisanat (40 %) et des TPE en général (13,7 %). La
statistique de densité relative des activités qui le composent montre que les écarts sont
généralement limités, hors quelques activités, et que l’artisanat du bâtiment a donc un effet
global d’homogénéisation des densités.
La carte suivant présente, pour 16 activités retenues dans l’étude, quels sont les
départements qui présentent les plus fréquentes occurrences dans le décile supérieur (surdensité), et dans le décile inférieur (sous-densité).
Sur densités et sous densités des TPE du bâtiment en 2002
Artisanat du bâtiment
Surdensités :
8 - 10 occurences
2 - 4 occurences
Sous-densités :
8 - 10 occurences
5 - 7 occurences
2 - 4 occurences
Données INSEE Sirene – DCASPL A1
Rapport Final – Etude sur la densité régionale des TPE–- DCASPL – GATE –ESiloe 2006
47
L’opposition entre le Nord et les grandes agglomérations, moins denses, et le Sud avait été
notée par P. Bachelard il y a trente ans dans ces termes : « Dans la moitié nord de la France
et dans les grandes métropoles telles que Lyon et Marseille, les grandes entreprises et leurs
filiales se sont développées à une telle échelle qu’elles ont réduit notablement le champ
d’action de l’artisanat ». La carte de 2002 confirme aussi que « la bordure sud du Massif
Central détient des records en nombre d’entreprises par rapport à une population dont les
revenus sont relativement modestes…. multitude de petites entreprises dont la productivité
est faible ». C’est effectivement dans les départements comme le Cantal, l’Ariège, la HauteCorse que l’on atteint des pourcentages d’entreprises du bâtiment au régime micro-fiscal les
plus élevés, de l’ordre de 15 à 20 %.
L’Est de la région PACA et la Corse sont aussi des zones de forte concentration d’artisans
du bâtiment qui s’est renforcée depuis les observations réalisées par P. Bachelard. Les
maçons y sont particulièrement nombreux. P. Bachelard expliquait la forte présence des
maçons dans le sud de la France par une plus faible pénétration de la construction
industrialisée. « Dans tout le midi, les traditions donnent une place plus grande au maçon
dans l’aménagement intérieur de la maison ».
La carte de la démographie des entreprises est nuancée par celle du poids économique
mesuré par la valeur ajoutée. C’est dans le bâtiment que le facteur modifie le plus la
répartition géographique des densités : les départements des Alpes du Nord et de la Vendée
se détachent nettement. Apparaissent aussi la Bretagne et l’Est de la région parisienne. A
l’inverse, dans le midi méditerranéen, des départements confirment par le poids économique
leur faible démographie (Bouches-du-Rhône) ou mixent des activités fortes et faibles (par ex.
menuiserie bois, plâtrerie, couverture) en Corse et Alpes Maritimes. Alpes du Nord, Grand
Ouest, Est de la région parisienne sont donc caractérisés par des entreprises plus
structurées, faiblement concurrencées par les grandes entreprises dans les deux premiers
cas, et portées par le dynamisme de ces marchés d’habitat principal et secondaire. L’autre
phénomène notable est le quasi-effacement du Massif Central des fortes densités, pour les
raisons exposées précédemment.
Valeur ajoutée des TPE du Bâtiment : sur-densités et sous-densités
La valeur ajoutée des TPE du BTP
Surdensités :
7à9
4à6
2 et 3
Sous-densités :
7 à 10
4à6
Données INSEE FICUS – DCASPL A1
Rapport Final – Etude sur la densité régionale des TPE–- DCASPL – GATE –ESiloe 2006
48
La prise en compte de la population saisonnière atténue bien sûr les fortes polarisations
sans les bousculer : au regard de la population moyenne, la Haute-Savoie et la Vendée sont
les départements qui apparaissent le plus souvent dans les activités à forte valeur ajoutée.
Les observations précédentes globalisent les 16 activités du bâtiment retenues qui tendent à
s’inscrire de manière homogène sur le territoire. Cependant, deux activités présentent une
géographie particulière marquée par des écarts de densité très élevés, la charpente et la
couverture. Ces activités, qui sont souvent ailleurs associées à d’autres corps d’état,
menuiserie dans le premier cas, plomberie dans le second, s’affirment dans certains
territoires en fonction des traditions de construction. Le métier de charpentier est
caractéristique des Alpes du Nord et du Sud-ouest ; le métier de couvreur s’impose en
Normandie, en Bretagne et dans le Sud-ouest du Massif Central, régions de toits d’ardoise
qui imposent une technicité confirmée.
Sur-densités des couvreurs, des charpentiers et des menuisiers en 2002
Zones de surdensité des couvreurs
et charpentiers
Couvreurs
Menuiserie bois et métal
Surdensités :
Charpentiers
Menuiserie bois
Menuiserie métallique
Données INSEE Sirene – DCASPL A1
D’autres activités ont une géographie moins contrastée tout en présentant des spécificités
régionales. Ainsi, la menuiserie bois continue de s’imposer dans le Massif Central et les
Alpes du Nord, alors que la menuiserie métallique domine sur la façade méditerranéenne.
Rapport Final – Etude sur la densité régionale des TPE–- DCASPL – GATE –ESiloe 2006
49
Les amorces d’analyse explicative avancées jusqu’ici mettent en avant des caractéristiques
de la demande locale ou des rapports de concurrence différents entre TPE et grandes
entreprises pour expliquer les différentiels de densité artisanale.
Le secteur du bâtiment étant particulièrement sensible à l’évolution démographique, on
pourrait penser que les sur-densités ne font qu’accompagner les déplacements de
population. La vérification a été recherchée par les auteurs de l’Atlas de France23 par la mise
en rapport du nombre d’artisans et du dynamisme démographique. Le constat est qu’ils ne
sont que médiocrement liés.
Sur-concentration et sous-concentration des artisans du BTP en 1990 en fonction du solde
migratoire 1975-1990
Artisans du BTP en 1990
fonction du solde migratoire
1975-1990
surconcentration forte
surconcentration faible
sous-concentration forte
sous-concentration faible
Source : Atlas de France – Documentation Française
La sur-concentration d’artisans sur les côtes et en région lyonnaise, au-delà d’une
croissance démographique généralement forte, s’oppose à une sous-concentration en zones
de démographie forte (région parisienne, Alsace) ou faible (Nord, Est) semblant indiquer que
les régions de tradition artisanale ont tendance à se renforcer au-delà du seul mouvement
démographique, et inversement. D’autres facteurs que le volume de la demande expliquent
donc la croissance du nombre d’artisans.
23
« Atlas de France – services et commerce », Reclus, Documentation Française, 1999
Rapport Final – Etude sur la densité régionale des TPE–- DCASPL – GATE –ESiloe 2006
50
2.1.3
L’artisanat de fabrication
Artisanat Production
Fabrication de vêtements de dessus pour femmes
Bijouterie, joaillerie, orfèvrerie
Mécanique générale
Fabrication de meubles meublants
Chaudronnerie-tuyauterie
Fabrication d'appareils médicochirurgicaux
Autres activités graphiques
Industries connexes de l'ameublement
Autre imprimerie (labeur)
APEN
182E
362C
285D
361G
283C
331B
222J
361K
222C
Nb TPE
2002
4 852
2 681
8 335
7 477
4 810
7 131
4 672
6 679
6 790
% croissance
1994-2002
11,4%
2,8%
-6,9%
-22,7%
4,0%
2,7%
22,7%
53,5%
-18,3%
Cumul création Cumul reprise
1994-2001
1994-2001
7 534
1 136
3 205
2 254
2 840
2 468
3 591
3 746
2 733
595
376
1 175
721
704
935
343
623
1 040
Moyenne
Densité TPE 2002
Ecart interdécile à la
médiane
3,0
2,0
1,6
1,5
1,2
1,1
1,1
0,8
0,8
1,4
Le % de croissance concerne l’évolution du nombre de TPE entre 1994 et 2002
L’artisanat de production délimite des zones spécifiques héritières d’une protoindustrialisation dont les effets se sont effacés dans d’autres régions. Dans ces zones se
sont réalisées durablement les conditions de passage à l’industrie dont la transition suppose
la création d’ateliers pour tirer les avantages de productivité des inventions mécaniques, des
réserves de capital suffisantes, une expérience du négoce, une main-d’œuvre d’artisans
qualifiés. De l’Auvergne et du Limousin à la Haute-Savoie, à l’Ain et au Jura, subsistent ainsi
à la fin des années 70 un artisanat vivace de transformation du bois et des métaux, et même
un artisanat du textile dans le Centre et le Sud Ouest. A cette époque, P. Bachelard constate
que « cet artisanat traditionnel disparaît progressivement » et tente de discerner dans quelle
mesure la sous-traitance serait à même de lui donner un second souffle. Son pronostic est
pessimiste, car « la concurrence des entreprises plus importantes et la nécessité du
renouvellement et de l’amortissement du matériel sont ressenties avec une acuité plus forte.
L’évolution rapide des techniques laisse en fait bien peu de place pour l’artisan qui travaille
pour l’industrie ».
Trente ans plus tard, on observe qu’il reste des traces significatives de l’artisanat des métaux
au Nord de Rhône-Alpes, en Franche Comté et dans la vallée de la Seine, et un artisanat de
meuble typique du sud du Massif Central. Surtout, apparaissent des phénomènes nouveaux.
L’artisanat de l’habillement, jadis dispersé sur le territoire avec les couturières et tailleurs, se
concentre désormais à Paris et dans la région parisienne (à un moindre degré à Nice et
Marseille) et se recentre sur la fabrication de vêtements de courte série non délocalisée. Il
est investi massivement par des populations différentes, d’immigration récente organisée en
filières professionnelles et communautaires. C’est une illustration de l’ethnic business qui
caractérise de plus en plus les polarisations urbaines occidentales.
Rapport Final – Etude sur la densité régionale des TPE–- DCASPL – GATE –ESiloe 2006
51
A l’inverse pourrait-on dire, on voit émerger un pôle régional de la fabrication de menuiseries
et charpentes autour du massif forestier aquitain. La dissociation fabrication/pose, amorcée
depuis la fin des années 60, a ainsi produit un phénomène de polarisation nouveau de la
fabrication proche de la ressource forestière, de type filière bois régionale où l’artisanat
trouve sa place.
Sur-densités de certaines activités de l’artisanat de production en 2002
Artisanat de fabrication
Vêtements féminins
Charpentes menuiseries
Mécaniques
Chaudronneries
Meubles
Données INSEE Sirene – DCASPL A1
Rapport Final – Etude sur la densité régionale des TPE–- DCASPL – GATE –ESiloe 2006
52
2.1.5 Vue d’ensemble de l’évolution des densités artisanales
L’étude de Paul Bachelard permet une mise en perspective globale de l’évolution des
densités artisanales sur une période de plus de 20 ans ; ses observations calées sur le
recensement de la population de 1975 et le Répertoire des métiers de 1980 montrent alors
une forte amplitude de variations de densité départementale qui varie de plus du simple au
double. « Globalement, la France du Sud correspond à une zone de densités supérieures à
la moyenne. Le Lot détient le record avec 270 entreprises pour 10.000 habitants, un groupe
d’une dizaine de départements présentant un ratio supérieur à 200 ». Des Alpes au Jura
s’étend aussi une zone de forte densité séparée du Massif Central par un espace de plus
faible densité couvrant la vallée de la Saône et du Rhône. L’axe Le Havre – Belfort sépare
au Nord – Nord Est une zone de faible densité, particulièrement accusée en Lorraine, dans
le Bassin parisien et le Nord Pas-de-Calais, la vallée de la Seine. Paul Bachelard distingue
finalement trois espaces régionaux, le Nord et le Sud étant séparés par une zone
intermédiaire couvrant les Pays de Loire, le sud du Bassin parisien, la Bourgogne et la vallée
du Rhône.
Densité des entreprises artisanales en 1980 et en 2002
Densité de l'artisanat en 2002
Nombre d'entreprises pour 10 000 hab
Densité de l'artisanat en 1980
Nombre d'entreprises pour 10 000 hab
+190
+190
171 - 190
171 - 190
151 - 170
151 - 170
131 - 150
131 - 150
130 et moins
130 et moins
Source : DCASPL -Sirene
Source : d'aprèsBachelard 1982)
En 2002, la même carte de la densité des entreprises artisanales démontre à la fois des
constantes et des déplacements des sur-densités et sous-densités. Entre temps, les
grandeurs comparées et leur contenu ont évolué. La population a cru de 10 % pendant que
le nombre d’artisans a aussi légèrement augmenté. La répartition des métiers s’est modifiée
au bénéfice des services et, surtout, par mutation interne aux grands secteurs (exemple de
la boulangerie/pâtisserie/terminaux de cuisson ; baisse du gros œuvre au bénéfice du
second œuvre dans le bâtiment…).
Même si tout a bougé, l’allure générale de la carte présente les mêmes polarisations dans le
Massif Central et les Alpes. Par contre, s’est accentuée la forte densité artisanale de Corse
et Alpes Maritimes. L’axe Le Havre – Belfort apparaît avec moins de netteté. Les densités
moyennement élevées allant de Bretagne jusqu’au Centre se sont atténuées. La Vendée a
quitté la catégorie des densités les plus élevées. Il semble que, dans ces régions, se
confirme ainsi ce qui était observé dans le rapport démographie/valeur ajoutée des
entreprises artisanales du bâtiment : des entreprises qui ont gagné en structuration dans un
espace moins concurrencé par les grandes entreprises.
Rapport Final – Etude sur la densité régionale des TPE–- DCASPL – GATE –ESiloe 2006
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2.2
Chapitre 2 : Services aux particuliers et commerce de détail
Les services aux particuliers et le commerce de détail sont caractérisés par l’homogénéité de
leur marché constitué par les ménages. La notion de TPE est dominante dans la structure
d’offre des services, alors qu’elle est minoritaire dans celle du commerce de détail.
L’exposition sectorielle est introduite par les services de santé. D’une part, elle rassemble
parmi les effectifs les plus nombreux de TPE, d’autre part, elle peut être analysée de
manière plus approfondie que les autres groupes d’activités grâce à l’appareil mis en place
par l’observatoire national des professions de santé. On a choisi de distinguer ensuite
l’ensemble cohérent des activités liées à l’automobile, des tabacs et débits de boissons qui
avaient fait l’objet d’une monographie antérieure. Parmi les autres services aux particuliers,
la focalisation a été portée sur les activités liées au tourisme.
La géographie du commerce de détail peut s’appuyer sur l’étude de Michel Coquery, déjà
citée, pour une analyse en profondeur historique et sur les travaux du Comité « géographie »
du Comité national géographique du CNRS, notamment pour apprécier l’évolution du petit
commerce dans la modernisation de la distribution.
Rapport Final – Etude sur la densité régionale des TPE–- DCASPL – GATE –ESiloe 2006
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