
Rapport Final – Etude sur la densité régionale des TPE–- DCASPL – GATE –ESiloe 2006 46
La monographie sur la boulangerie/pâtisserie/terminaux de cuisson21 permet d’approfondir
l’analyse. Elle invite notamment à quelques hypothèses pour mieux comprendre comment
joue le processus territorialisé de concurrence/complémentarité entre les terminaux de
cuisson et les activités de l’artisanat alimentaire traditionnel.
La surdensité des terminaux de cuisson dans les départements de la façade
méditerranéenne est nette. Elle va jusqu’à 3,21 entre terminaux de cuisson pour 10.000
habitants dans les Pyrénées Orientales. Dans l’ensemble des départements du Languedoc-
Roussillon, on compte en 2002 en moyenne un terminal de cuisson pour deux boulangeries.
Les départements de la Bretagne maritime se distinguent aussi. A l’inverse, les plus faibles
densités s’observent en Alsace, dans des départements ruraux du Centre et du Nord (les
Ardennes ont la plus faible densité avec 0,10) et à Paris. L’écart de densité s’accroît avec
des taux multipliés par 3 ou 4 dans certains départements de Languedoc-Roussillon. Mais il
faut noter aussi l’émergence de départements où les terminaux étaient presque absents en
1994 comme la Corrèze, l’Eure, l’Allier, le Jura où leur taux est multiplié par 10.
La géographie de la boulangerie artisanale présente de son côté des traits fortement
enracinés dans un passé qui sait se renouveler. Sa place forte est certes le Massif Central
où l’on se rapproche souvent d’une boulangerie pour 1.000 habitants. Dans ces
départements ruraux, elle s’est souvent diversifiée dans le multiservices, ce qui fait qu’un
département comme la Lozère, le plus dense en boulangeries, en perd très peu entre 1994
et 2002. En même temps, on constate un maillage fort de l’ensemble du territoire : à part la
Région parisienne, certains départements de l’Est et les grandes villes, on descend peu au
dessous d’une boulangerie pour 2.000 habitants.
L’autre trait à relever est le relatif déplacement des fortes densités d’emplois salariés au
bénéfice des régions frontalières de l’Est, d’Alsace-Moselle jusqu’aux Savoies. On retrouve
là l’influence du modèle germanique et suisse d’un artisanat fortement structuré proche de la
PME. L’analyse de la valeur ajoutée va naturellement dans le même sens, et fait apparaître
en plus Paris comme l’un des départements où la boulangerie présente la plus forte valeur
ajoutée par habitant (de même la boucherie).
Le très fort développement des terminaux de cuisson sur la façade méditerranéenne est
évidemment lié à l’activité touristique. Cependant, il est intéressant de noter qu’un
département très touristique comme la Vendée conserve un taux modeste de terminaux de
cuisson (0,85). Il faut sans doute rechercher une part d’explication dans une identité de
métier plus forte dans sa boulangerie artisanale, connue pour ses innovations commerciales
et industrielles22. En PACA et Languedoc-Roussillon, les taux de syndicalisation sont bas ; la
résistance au développement des terminaux de cuisson plus faible. C’est un trait assez
commun à l’ensemble des métiers artisanaux et qui peut donc expliquer plus généralement à
la fois l’instabilité du tissu des TPE (beaucoup de créations/disparitions) et l’ouverture de cet
espace aux nouvelles activités (cf. informatique).
21 CF Deuxième rapport intermédiaire
22 Voir à ce sujet l’ouvrage de S. Kaplan « le retour du bon pain », Perrin 2002, et ses développements sur « la
révolution du pain blanc ourdie dans les fournils de Vendée ».