ARCHITECTURE FONCTIONNELLE DES SYSTEMES NOCICEPTIFS (Chapitre 1, « Biologie de la Douleur », Bouhassira, D., Calvino, B. (eds.) Arnette/Dion, 2008. Jean-François BERNARD et Luis VILLANUEVA UMR677 INSERM-UPMC, Faculté de Médecine Pitié-Salpêtrière, Université Pierre et Marie Curie, Paris, France I) INTRODUCTION La douleur est définie par l’Association Internationale pour l’Etude de la Douleur (IASP) comme "une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable, associée à une lésion tissulaire réelle ou potentielle, ou décrite en ces termes". La nociception concerne les mécanismes qui génèrent la douleur en réponse à un stimulus nociceptif, ou décrit comme tel par des sujets normaux. Le terme nociception est souvent assimilé à tort au terme douleur. En effet, la nociception concerne la transmission et l'intégration des stimulus nociceptifs qui ne donnent pas nécessairement lieu à une expérience douloureuse. Réciproquement, la douleur est une expérience beaucoup plus riche, qui peut survenir en l'absence de stimulus nociceptif, par exemple lors de douleurs chroniques ou centrales liées à une pathologie neurologique. Dans ce chapitre, l'étude de la nociception commence au niveau des tissus somatiques (peau, tissus sous-cutanés, muscles, os) et des viscères, à la périphérie du système nerveux, par la question : Comment les stimulus nociceptifs activent-ils les fibres nerveuses périphériques ? et comment les messages nociceptifs sont-ils acheminés vers le système nerveux central (moelle épinière et complexe trigéminal) ? Elle se poursuit par une deuxième question : comment les messages nociceptifs sont-ils intégrés au niveau de la corne dorsale de la moelle épinière (nociception du tronc et des membres) et du complexe trigéminal (nociception orofaciale et méningée) ? Elle se termine par une troisième question : comment les messages nociceptifs sont-ils acheminés de la corne dorsale et du complexe trigéminal au cerveau afin de générer une douleur ? II) NOCICEPTEURS ET FIBRES AFFERENTES PRIMAIRES 1) Description générale Au début du XXe siècle, Sherrington concluait que la nociception était un processus spécifique et que les stimulus nocifs activaient des fibres nerveuses appelées nocicepteurs (Sherrington, 1906). Toutefois, ce n'est qu'au milieu du XXe siècle que Burgess et Perl (1967) puis Bessou et Perl (1969) enregistrèrent l'activité électrique de fibres fines myélinisées (fibres A∂) et de fibres très fines nonmyélinisées (fibres C) qui déchargeaient sous forme de potentiels d'action uniquement en présence d'un stimulus nociceptif (Perl, 2007). Ainsi, dans la peau, les nocicepteurs sont essentiellement des -2fibres fines A∂ et C, tandis que les récepteurs tactiles sont des fibres myélinisées de gros diamètre (fibre Aß, diamètre ≈ 6 à 12 µm; conduction rapide 30 - 70 m/s). Les fibres C (diamètre ≈ 0,5 µm) ont une vitesse de conduction très lente (0,4 - 2 m/s), tandis que les fibres A∂ (diamètre ≈ 1 à 5 µm) ont une vitesse de conduction lente (4 - 30 m/s) mais plus rapide que celle des fibres C. En appliquant un stimulus nociceptif très bref (électrique ou laser) il est possible de distinguer les signaux en provenance de chacun de ces contingents de fibres en mesurant leur latence respective. Ainsi, un faisceau laser qui porte la température cutanée à plus de 50°C pendant un temps très bref (20 ms) produit deux sensations douloureuses séparées dans le temps. Le sujet stimulé ressent presque immédiatement une première douleur qui ressemble à une piqûre très brève; une à deux secondes plus tard il perçoit une seconde douleur qui correspond à une sensation de brûlure plus diffuse et plus durable. La première sensation correspond à l'arrivée rapide des messages véhiculés par les fibres A∂ au niveau du cerveau; la seconde sensation est provoquée par l'arrivée plus tardive des messages véhiculés par les fibres C. Depuis les travaux de Burgess et Perl (1967) de très nombreux types de nocicepteurs A∂ et C ont été décrits. Nous ne mentionnerons ici que ceux qui semblent les plus abondants et sont l'objet d'un relatif consensus. Ainsi, il y a deux classes de nocicepteurs A∂ : ils répondent tous les deux fortement à des stimulus mécaniques intenses mais certains répondent à une température élevée tandis que les autres sont sensibilisés par une lésion tissulaire. Les nocicepteurs C sont pour la plupart polymodaux : ils répondent à des stimulus thermiques et mécaniques. D'autres nocicepteurs C répondent spécifiquement à la température nociceptive. Un petit contingent de nocicepteurs C répond également au froid intense; ces nocicepteurs pourraient être responsables de la sensation de brûlure paradoxale provoquée par un stimulus très froid. La plupart des nocicepteurs C répondent aussi à des stimulus chimiques comme l'acide ou la capsaïcine, le composant actif du piment. Enfin certains nocicepteurs "silencieux" ne répondent que quand ils sont sensibilisés par une lésion tissulaire ou une inflammation (Perl, 2007). Il est important de noter que certaines fibres A∂ et C ne sont pas des nocicepteurs mais des thermorécepteurs responsables de la perception du froid (plutôt les fibres A∂) et du chaud (plutôt les fibres C) non nociceptif. D’autres fibres C répondent aux stimulus tactiles liés sur le plan psychophysique à une sensation agréable (« limbic touch », Olausson et al., 2002). Les nocicepteurs et les thermorécepteurs A∂ et C correspondent à des terminaisons libres très fines sans différenciation histologique visible en microscopie optique. Au contraire, les fibres Aß, qui constituent essentiellement des mécanorécepteurs tactiles, forment des structures histologiquement différenciées (corpuscules superficiels de Merkel et Meissner, et profonds de Meissner et Pacini). En revanche, 2) Récepteurs membranaires des nocicepteurs impliqués dans la sensibilité thermique et mécanique Jusqu'à la fin du XXe siècle, il était impossible de répondre à la question : comment les terminaisons libres transforment-elles les stimulus thermiques et nociceptifs en potentiels d'action sous la forme d'un codage précis de ces informations (opération de transduction). La réponse à cette question débuta avec la découverte, fondée sur l’enregistrement électrophysiologique de petits neurones de ganglion spinal en culture, d'un récepteur vanilloïde (VR1) situé dans la membrane du neurone et sensible à la fois à la capsaïcine et à la chaleur (Caterina et al., 1997, 1999). Le récepteur VR1, aussi appelé "transient receptor potential vanilloid 1" – TRPV1, est situé sur les fibres C (Figure -31). Ce récepteur canalaire cationique non-spécifique est sensible à la température nociceptive, avec un seuil de 43 °C, ainsi qu’à la capsaïcine, le principe actif du piment. Ainsi, le récepteur TRPV1 pourrait être le principal responsable de la sensibilité nociceptive thermique des nocicepteurs C, et à un degré de plus, de la sensation de brûlure. En fait, les souris mutantes VR1–/– déficientes en ce récepteur ont un comportement normal aux températures proches du seuil de VR1, mais répondent moins fort aux températures élevées (>50 °C). Avec la mise en évidence des récepteurs TRPV2 (seuil 53 °C), TRPV3 (seuil 32 °C) et TRPV4 (seuil 24 °C), dont la spécificité est liée à un domaine Cterminal particulier, il apparaît, sans trop de surprise, que la sensation de douleur thermique comme celle de chaleur est plus complexe que prévue initialement. En effet, non seulement la nociception thermique est codée par un ensemble de récepteurs membranaires, mais, de plus, les fibres nociceptives sont souvent polymodales indiquant qu’elles sont porteuses de plusieurs types de récepteur. Ainsi, malgré une spécificité indéniable au niveau moléculaire, la sensation douloureuse nécessite un certain niveau de décodage des messages arrivant dans le système nerveux central. Au final, les données actuelles laissent à penser que les récepteurs TRPV1 des fibres C codent les sensations de brûlure modérée à moyenne et de chaleur forte. Les récepteurs TRPV2 des fibres A∂ complètent le codage dans le cas de la nociception thermique la plus intense; ils sont toutefois aussi sensibles aux stimulations mécaniques nociceptives. Les récepteurs TRPV3 et TRPV4 des fibres C seraient responsables des sensations thermiques chaudes non-nociceptives (Julius et Basbaum, 2001; Pedersen et al., 2005; Woolf et Ma, 2007) (Figure 1). Plus récemment, des progrès ont également été effectués dans la recherche des récepteurs au froid nociceptif. Il y a aujourd'hui un consensus pour estimer que les stimulus froids non-nociceptifs et nociceptifs modérés sont codés par le récepteur canalaire TRPM8 (seuil 28°C, plage de codage 8 – 28°C), également sensible au menthol (substance qui provoque une sensation de froid intense). Ces récepteurs semblent se situer principalement sur les fibres A∂ (Bautista et al., 2007; Colburn et al., 2007; Dhaka et al., 2007). Toutefois les stimulus froids nociceptifs intenses seraient codés par un canal TRP1A sensible au Ca2+ et porté par les fibres C. Le canal sodique TTX-R Nav1.8 pourrait également jouer un rôle dans la perception du froid intense qui produit une sensation de brûlure (activation des fibres C par le froid intense) (Figure 1). La transduction de la nociception mécanique est encore mal comprise. Plusieurs candidats qui incluent les récepteurs TRP1A, TRPV2, TRPV4, TRPC1, TRPP2 et ASIC3 ont été proposés mais aucun ne répond à tous les critères requis pour être un récepteur mécanique à haut seuil. Récemment, la "stomatin-like" protéine 3 (SLP3) a été proposée, avec des arguments convaincants, pour jouer un rôle dans la sensibilité mécanique à bas seuil des fibres Aß et à haut seuil des fibres A∂ (Woolf et Ma, 2007). 3) Récepteurs membranaires des nocicepteurs impliqués dans la sensibilité chimique et la sensibilisation. Les récepteurs TRP sont également sensibles à de nombreuses substances chimiques exogènes irritantes qui peuvent-être considérées comme plaisantes ou aversives voire douloureuses selon leurs concentrations. Le piment (capsaïcine) induit une activation du récepteur TRPV1. Le seuil thermique des nocicepteurs s'en trouve abaissé, ce qui entraîne une sensation de brûlure pour une température normalement non-nociceptive. L'acidité (ion H+) et certains venins d'araignées produisent un effet similaire en modifiant la conformation du récepteur et en abaissant son seuil d'activation thermique. -4Le récepteur TRPA1 est également un important intégrateur de stimulus chimiques irritants comme la moutarde, la bradykinine, le raifort, l'acroléine et l'anandamide. L'huile de moutarde induit une activation du récepteur TRPA1 en modifiant de façon réversible la conformation de la cystine du domaine N-terminal du canal. La bradykinine active le récepteur B2 qui agit sur le récepteur TRPA1 et, au final, permet une entrée de calcium. Enfin le récepteur TRPM8 est très sensible à l'essence de menthe qui induit une sensation de froid intense avec une douleur modérée. La sensibilisation aux molécules produites par la lésion tissulaire et l'inflammation est un phénomène très important dans la nociception. En effet, une stimulation nociceptive est presque toujours associée à une lésion tissulaire qui libère des facteurs sensibilisants, une dégranulation des mastocytes et une activation des leucocytes à l'origine d'un processus inflammatoire. Il en résulte globalement une sensibilisation progressive des nocicepteurs qui répondent plus fort pour une même stimulation douloureuse (phénomène d'hyperalgésie) et qui peuvent répondre à des stimulus normalement non-nociceptifs (phénomène d'allodynie). A un degré de plus, des récepteurs normalement silencieux deviennent actifs. La "soupe" inflammatoire contient un grand nombre de molécules sensibilisantes dont les plus connues sont : les neuromédiateurs (histamine, sérotonine), les kinines (bradykinine), les prostaglandines (PGE2, dont la synthèse est liée à l'activation de la cyclooxygénase-2, une enzyme clée de l'inflammation), les chémokines (CCL3), les cytokines (IL1), les neurotrophines (NGF), les ions H+ et l'ATP. Récemment de nouveaux facteurs, le TNF , le TNF , la prokinéticine et le GDNF ont été ajoutés à cette soupe. Ces substances agissent en se fixant sur les récepteurs membranaires des nocicepteurs, par exemple, la sérotonine sur les récepteurs 5-HT2A/2C et 5-HT3, la bradykinine sur le récepteur B2, les prostaglandines sur des récepteurs EP2 et directement sur le récepteur TPRV1, le NGF sur le récepteur Trk A et les ions acides sur les récepteurs ASIC et aussi TRPV1 (Figure 1B). L'action de ces substances est soit directe lorsqu'elles agissent sur des canaux ioniques, soit souvent indirecte via une cascade de transduction chimique intracellulaire qui inclut de nombreuses kinases (PKC, PKA, PI3K, MAP kinase, ERK, p38 et JNK). Cette cascade aboutit principalement à une phosphorylation des canaux TRP (TRPV1, TRPA1) et sodiques voltage-dépendants (tétrodotoxinesensible : Nav1.7 et résistants : Nav1.8 et Nav1.9). La phosphorylation de ces canaux a une importance considérable dans les phénomènes de sensibilisation périphérique. 4) Innervation et nociception viscérales L'innervation viscérale présente une différence majeure par rapport à l'innervation cutanée : elle n'inclut aucune innervation tactile. Ainsi, il n'y a pas de fibres Aß au niveau viscéral. Les viscères sont innervés uniquement par des fibres C et A∂; les fibres C sont beaucoup plus abondantes que les fibres A∂, la proportion de fibres C variant de 80 à 100% selon les viscères considérés. La conséquence de cette absence d'innervation tactile viscérale est que la stimulation non-nocive ou le simple contact avec les viscères n'engendre aucune sensation. Les stimulus thermiques non-nociceptifs n'engendrent également aucune sensation dans la plupart des viscères à l'exception de l'œsophage et du rectum qui sont proches des muqueuses possédant une innervation tactile (Cervero et Laird, 1999). De plus, l'innervation spécifiquement nociceptive des viscères est différente de celle de la peau. Ainsi, certains organes comme le foie et les reins n'engendrent aucune sensation quel que soit le stimulus nocif (brûlure, coupure) appliqué sur leurs parenchymes. Au niveau digestif ou urinaire ce sont essentiellement les organes creux (oesophage, estomac, intestins, rectum, voies biliaires, -5uretères, vessie) qui engendrent une sensation, souvent douloureuse, lors de la distension ou de stimulations chimiques spécifiques. Mais même dans le cas des viscères creux, certaines stimulations franchement nocives (brûlure ou coupure de l'intestin) ne produisent aucune sensation. Enfin le coeur semble produire une perception nociceptive seulement en réponse à l'ischémie. En conséquence, dans le cas de la douleur viscérale, on distingue clairement les stimulus nocifs, qui lèsent directement ou potentiellement les organes sans engendrer nécessairement une sensation, des stimulus nociceptifs qui produisent une sensation désagréable ou franchement douloureuse. Un dernier cas intéressant de douleur viscérale est la douleur méningée (céphalées) avec une sensibilité mécanique et une sensibilisation des nocicepteurs par la sérotonine via les récepteurs membranaires 5-HT2A/2C et 5-HT3. Notons que les triptans ont, au contraire, une action inhibitrice sur les nocicepteurs, via les récepteurs 5-HT1B/D (Levy et al., 2004). Au total, les viscères ont peu de sensibilité thermique nociceptive. Ils ont une sensibilité nociceptive mécanique à la distension et surtout une sensibilité chimique et une capacité de sensibilisation (ischémie, inflammation) très importante. La sensation douloureuse induite par une stimulation ou une pathologie viscérale est souvent peu spécifique, sourde, diffuse et mal localisée. Elle est souvent accompagnée de manifestations pseudo-affectives intenses et d'irradiations somatiques. 5) Le nocicepteur, une partie du neurone ganglionnaire Les terminaisons nociceptives libres A∂ (faiblement myélinisées) et C (non-myélinisées) ont donc un seuil élevé et répondent seulement à des stimulus dont l'énergie est assez grande pour endommager les tissus qu'elles innervent. Ces nocicepteurs appartiennent à des neurones somatosensoriels en T (Figure 1A) dont le corps cellulaire est localisé dans le ganglion de la racine dorsale de la moelle ou dans le ganglion de Gasser pour le complexe trigéminal (Figure 3). Ainsi, le neurone nociceptif primaire a, comme tous les neurones somatosensoriels primaires, quatre parties : 1) la terminaison périphérique qui "transforme" le signal nociceptif en potentiel d'action, 2) un long axone périphérique qui conduit les potentiels d'action vers le ganglion, 3) un corps cellulaire dans le ganglion qui contrôle le phénotype et l'intégrité du neurone, et 4) un court axone central qui conduit les potentiels d'action du ganglion à l'élément présynaptique au contact du neurone somatosensoriel central, situé dans la corne dorsale de la moelle (ou du noyau spinal du trijumeau) (Woolf et Ma, 2007). La projection centrale des nocicepteurs est localisée dans la région superficielle de la corne dorsale où elle transmet les influx synaptiques aux neurones de second ordre de cette région. Les récepteurs membranaires présynaptiques localisés à ce niveau ressemblent à ceux que l'on trouve dans sa branche périphérique. En particulier, le rôle des récepteurs TRPA1 et TRPV1 spinaux semble très important pour moduler la transmission synaptique à ce niveau (Figure 1B). Les études neurochimiques et électrophysiologiques ont mis en évidence deux classes de nocicepteurs C qui se terminent dans deux régions distinctes des couches superficielles I et II de la corne dorsale. La population peptidergique, qui exprime la substance P, le "peptide associé au gène de la calcitonine" (CGRP) et le récepteur-kinase TrkA, termine quasi exclusivement dans les couches I et IIo de la corne dorsale dont les neurones projettent à distance sur l'aire parabrachiale et le thalamus. En revanche, la population non-peptidergique, qui fixe l'isolectine-ß4 et exprime le facteur Ret, -6termine principalement dans la couche IIi dont les neurones envoient des projections locales sur les couches IV et V de la corne dorsale (Julius et Basbaum, 2001; Braz et al., 2005). 6) Projection des fibres afférentes primaires sur la corne dorsale Les fibres afférentes primaires pénètrent dans le système nerveux central par les racines postérieures. Au niveau de la jonction radiculo-médullaire, les fibres fines (A∂ et C) se séparent des grosses fibres, pour occuper la partie ventrolatérale des racines postérieures, ce qui a amené à léser sélectivement cette région pour soulager certaines douleurs (Sindou et al., 1974). Ensuite, avant d'entrer dans la substance grise de la corne dorsale, les fibres fines se divisent en collatérales ascendantes et descendantes qui cheminent dans la substance blanche coiffant la corne dorsale (faisceau de Lissauer) et vont contacter plusieurs segments médullaires, pour se terminer massivement dans les couches superficielles (I et II) de la corne dorsale (Figure 2). Notons que l'étalement des projections nociceptives sur plusieurs segments spinaux pourrait être responsable d'une certaine difficulté à localiser l'origine d'un stimulus nociceptif en particulier, lors des phénomènes de sensibilisation des nocicepteurs. Les neurones des couches I et II reçoivent donc essentiellement des influx monosynaptiques des nocicepteurs A∂ et C (Cervero et Connel, 1984; Sugiura et Perl, 1986; Mizumura et al., 1993). Les neurones de la couche I constituent la principale sortie de ces couches superficielles vers le tronc cérébral et le thalamus, et ils sont pour la plupart "nociceptifs spécifiques" (voir ci-dessous). Les fibres A∂ et les fibres C envoient également quelques collatérales dans les couches profondes V - VI de la corne dorsale. Il faut de plus noter que cette région reçoit aussi de nombreuses projections des fibres tactiles Aß (Figure 2). Les neurones de ces couches sont majoritairement "nociceptifs non-spécifiques" avec une large gamme de réponses (voir ci-dessous). Le lien de ces couches avec les afférences nociceptives A∂ et C n'est pas très clair. Les collatérales venant des fibres A∂ et C ne semblent pas suffisantes pour expliquer la remarquable sensibilité de ces neurones à la mise en jeu de ces fibres. En fait, il semble probable que l'essentiel des messages nociceptifs arrivant sur ces couches profondes serait acheminé indirectement par l'intermédiaire des couches superficielles (Braz et al. 2005). L'innervation de cette région par un contingent appréciable de fibres tactiles pourrait rendre compte de la remarquable capacité de ces neurones à coder les stimulus mécaniques. III) LES NEURONES DE LA CORNE DORSALE DE LA MOELLE EPINIERE ET DU NOYAU SPINAL DU TRIJUMEAU 1) Les couches superficielles: le premier relais central des messages nociceptifs Ce sont les couches I et II qui reçoivent les messages nociceptifs. Toutefois, les neurones de la couche I constituent également le relais essentiel des informations thermiques (ces deux modalités sont l'une comme l'autre véhiculées par les fibres fines A∂ et C qui projettent sur les couches superficielles) car ce sont essentiellement eux et non les neurones de la couche II qui projettent vers les centres supérieurs du cerveau. Les neurones de la couche I sont essentiellement nociceptifs, une majorité d'entre eux sont "nociceptifs spécifiques", une petite proportion sont "nociceptifs non-spécifiques" (Christensen et -7Perl, 1970; Le Bars et al., 1986; Besson et Chaouch, 1987; Willis et Coggeshall, 1991; Bester et al., 2000). Ces neurones sont activés par des fibres A∂ et C et ils répondent fortement, et souvent de façon tonique, à des stimulus nociceptifs thermiques et mécaniques. Ils reçoivent des afférences aussi bien somatiques que viscérales et ils constituent ainsi un lieu de convergence viscéro-somatique. Leurs champs récepteurs de taille restreinte et leur organisation somatotopique laissent à penser qu'ils pourraient signaler les caractéristiques spatio-temporelles d’un stimulus nociceptif. Il a été démontré aussi bien chez l'animal anesthésié qu'éveillé, que les neurones nociceptifs spécifiques de la couche I sont capables de coder l’intensité des stimulus thermiques et mécaniques, avec une gamme de réponse toutefois plus restreinte que celle des neurones nociceptifs non-spécifiques de la même couche et surtout des couches profondes de la corne dorsale (Bushnell et al., 1984; Dubner et al., 1989; Bester et al., 2000). Enfin, un nombre non négligeable de neurones de la couche I répondent de façon spécifique à des stimulus thermiques (froids et chauds) non nociceptifs (Light et al., 1993; Craig, 1996, 2002; Craig et Krout, 2001). Le neuromédiateur des fibres périphériques nociceptives est essentiellement le glutamate. Toutefois, les fibres peptidergiques utilisent des neuropeptides (SP, CGRP), des protéines (BDNF), des chémokines (CCL3) et du NO comme neuromodulateurs. Leurs potentiels d'action ont une grande capacité de sommation temporelle et spatiale. La libération des molécules neuroactives est sous le contrôle des opioïdes endogènes, qui agissent sur les récepteurs opiacés µ et ∂, du GABA, qui agit sur les récepteurs GABAB, et des cannabinoïdes endogènes qui agissent sur les récepteurs CB1. La densité des récepteurs change de façon dynamique; elle augmente après une inflammation (Puehler et al., 2004) et diminue après une lésion axonale (Kohno et al., 2005). La libération des molécules neuroactives est aussi régulée par de nombreux facteurs qui agissent sur la concentration du calcium présynaptique. Le canal calcique voltage dépendant présynaptique le plus important est le Cav2.2. Les bloquants des canaux calciques de type N, notamment les conotoxines comme le ziconatide, produisent une analgésie, mais leurs effets secondaires par voie systémique sont tels qu'il est nécessaire de les administrer en intrathécal. La lésion axonale produit aussi des chémokines qui activent la microglie dans la corne dorsale. Cette réaction locale contribue à modifier la transmission sensorielle dans la moelle épinière (Verges et al., 2004; Tozaki-Saitoh et al., 2008). 2) Les couches profondes de la corne dorsale : un lieu de convergence nociceptive très riche Après les couches superficielles I et II, on trouve des neurones nociceptifs essentiellement au niveau des couches profondes V et VI de la corne dorsale de la moelle. Cette région inclut également des parties adjacentes des couches IV et VII. Le terme "couche V" correspond en réalité, comme dans beaucoup de revues, à un raccourci commode pour désigner cette seconde région nociceptive. De nombreuses études électrophysiologiques ont montré que cette région contient un grand nombre de neurones nociceptifs qui sont activés non seulement par des fibres fines, A∂ et C mais aussi par des fibres de plus gros calibre, Aß. La majorité des neurones nociceptifs de cette région ont une large gamme de réponses. De fait, ils codent les messages nociceptifs dans une gamme d'intensité plus étendue que les neurones de la couche I, à partir d'une énergie de stimulation même très basse, clairement non nociceptive. L'innervation de cette région par un contingent appréciable de fibres Aß pourrait rendre compte de la remarquable capacité de ces neurones à coder les stimulus mécaniques. -8En réalité, ils répondent à une très grande variété de stimulus : mécaniques, thermiques (nociceptifs et non-nociceptifs), chimiques, et présentent une grande convergence viscéro-somatique. Leurs champs récepteurs sont plus larges que ceux des neurones nociceptifs spécifiques. Ils constituent un important contingent de neurones impliqués dans plusieurs systèmes nociceptifs ascendants. (Le Bars et al., 1986; Besson et Chaouch, 1987; Willis et Coggeshall, 1991; Craig, 1996). Enfin, il faut noter que d’autres neurones activés par des stimulus nociceptifs cutanés et viscéraux ont été enregistrés plus profondément au niveau des couches VII et X. Ils ont des caractéristiques complexes et souvent des champs récepteurs étendus. 3) Le complexe sensitif du trijumeau : un lieu d’intégration nociceptive orofaciale et méningée Le complexe trigéminal possède des structures spécialisées comme la pulpe dentaire, la cornée ou les méninges, qui sont essentiellement innervées par des fibres fines A∂ et C (Byers et Burgess, 2001). La stimulation de ces tissus permet donc de recruter un groupe homogène de fibres afférentes. La douleur est quasiment la seule sensation évoquée par la stimulation de ces tissus. D'un point de vue clinique, la douleur dentaire s'apparente à la douleur viscérale par son caractère sourd et difficile à localiser. Le patient est souvent incapable de distinguer parmi plusieurs dents celle qui est à l'origine de la douleur, et il n'est même pas rare qu'il soit incapable de décider s'il s'agit d'une dent maxillaire ou mandibulaire. La douleur dentaire irradie souvent vers des régions comme le cou et la face, alors que des douleurs musculaires cervicales, d'origine auriculaire ou même cardiaque, peuvent se projeter vers des territoires oro-faciaux. Ces douleurs projetées ont parfois été expliquées par l'existence de ramifications de fibres périphériques s'étendant sur plusieurs territoires oro-faciaux. Le substrat neurophysiologique principal des douleurs projetées se trouve plus probablement au niveau central. En effet, un même neurone du complexe sensitif du trijumeau ou de la moelle cervicale supérieure reçoit de multiples afférences primaires trigéminales ayant des origines périphériques diverses. Par ailleurs, avant d'entrer dans le complexe sensitif du trijumeau, les fibres fines se divisent en collatérales qui cheminent dans la substance blanche et vont contacter plusieurs neurones. Ces phénomènes de divergence pourraient contribuer également à un certain "brouillage" dans la localisation de l'origine du message nociceptif notamment suite à des phénomènes inflammatoires aigus intenses, comme lors des pulpites (Mumford et Bowsher, 1976 ; Sharav, 1994). La sensibilité somatique de la face, des cavités buccale, nasale et des méninges est assurée pour l’essentiel, par les trois branches du nerf trijumeau (Figure 3). Les corps cellulaires des afférences primaires (neurones de premier ordre) constituent le ganglion de Gasser. Le nerf trijumeau pénètre dans le système nerveux central au niveau du tronc cérébral, par deux racines : une racine motrice, médiale et une racine sensitive, latérale, de taille beaucoup plus importante. Les fibres nerveuses issues de l’ensemble des régions trigéminales innervent le complexe sensitif du trijumeau qui constitue donc le premier relais du système nerveux central pour les informations nociceptives orales et crânio-faciales (Dallel et al. 2003 ; Sessle, 2005). Ce complexe s’étend à travers le tronc cérébral des premiers segments cervicaux de la moelle jusqu’à la limite caudale du mésencéphale. Il a été divisé en deux noyaux : rostralement, le noyau principal et caudalement, le noyau spinal, luimême subdivisé en noyaux oral, interpolaire et caudal dans le sens rostrocaudal. La racine sensitive du trijumeau se sépare précocement en une racine ascendante qui se rend au noyau principal, et une -9racine descendante plus longue, qui se poursuit jusqu’au pôle caudal du bulbe. Tout au long de son trajet, elle émet des collatérales, médialement, en direction du noyau spinal auquel elle est accolée. Comme les neurones de la corne dorsale, les neurones du complexe sensitif du trijumeau transmettent les messages nociceptifs au cortex cérébral par l'intermédiaire de relais situés dans le tronc cérébral et le thalamus (Figures 3 - 5). Les premières données concernant l’organisation fonctionnelle du complexe sensitif trigéminal ont été fournies dès le début du vingtième siècle par la clinique neurologique. Ces observations ont permis de conclure que le noyau spinal jouait un rôle prépondérant dans la transmission des informations thermiques et algiques oro-faciales alors que le noyau principal était le maillon essentiel de la transmission des messages tactiles vers les centres supérieurs. L'idée d'une division fonctionnelle du complexe trigéminal a été confortée tout d’abord par des données neurochirurgicales montrant qu'une transection de la racine descendante du trijumeau - tractotomie réalisée au niveau de l'obex - qui entraîne la désafférentation du seul sous-noyau caudal, était capable de produire une anesthésie thermo-algique du côté lésé sans modification notable de la sensation tactile. Des travaux plus récents indiquent que les noyaux caudal et oral ont un rôle prédominant dans la transmission et l'intégration de la nociception orofaciale (Dallel et al. 2003 ; Sessle, 2005) et méningée (Noseda et al., 2008). Ces noyaux contiennent des neurones nociceptifs spécifiques et des neurones nociceptifs non-spécifiques plus nombreux, qui ont les mêmes propriétés que ceux de la corne dorsale spinale (voir ci-dessus). Les sous-noyaux caudal et oral du trijumeau reproduisent de façon verticale l’organisation horizontale de la moelle épinière, où les fibres C se terminent dans les couches superficielles à partir desquelles le relais vers la couche V est assuré par des interneurones (voir Braz et al., 2005). Le noyau oral apparaît donc comme un équivalent des couches profondes de la corne dorsale de la moelle épinière dans la mesure où les neurones nociceptifs de ce noyau seraient activés indirectement par les fibres C qui contactent les neurones des couches superficielles au niveau du sous-noyau caudal du complexe trigéminal. 4) Le quadrant ventrolatéral (QVL) et le faisceau extralemniscal (FEL) : faisceaux des axones des neurones nociceptifs de la moelle et du complexe trigéminal Nous insisterons ici sur la description du trajet spinal des fibres "nociceptives" qui est très important d'un point de vue clinique. Les axones issus des neurones de la couche I (après un croisement massif près de leur segment d'origine), et ceux issus de la couche V de la corne dorsale (après un croisement partiel) cheminent, respectivement, en position dorsale et ventrale, dans le QVL controlatéral de la moelle épinière. Ce quadrant regroupe donc une grande partie des fibres ascendantes qui véhiculent des messages nociceptifs et des messages thermiques non-nociceptifs. Il faut noter que, seule une partie des fibres (une minorité chez le rat) issues de la couche V croise avant de rejoindre le QVL controlatéral à la région du corps innervé (Figure 4). Les autres axones issus de la couche V montent par le QVL homolatéral. Au niveau du bulbe rachidien, les axones du QVL se regroupent avec les axones de la couche I du noyau caudal du complexe trigéminal pour former le faisceau extralemniscal qui abandonne dorsalement des fibres au niveau de l'aire parabrachiale et de la substance grise périaqueducale, avant de se finir dans le thalamus en passant à travers la région réticulaire mesencéphalique. Chez l'homme, l'interruption du QVL par une cordotomie induit une incapacité du patient à ressentir la douleur du côté controlatéral à la lésion (Nathan et Smith, 1979; Lahuerta et al., 1994; Villanueva et Nathan, 2000). Il faut également souligner que les lésions du QVL provoquent - 10 simultanément une analgésie et une perte de la sensation thermique au niveau où l’analgésie est observée. Malgré quelques controverses, l’existence d’un faisceau spinal localisé dans le QVL et véhiculant l’information nociceptive a été également démontrée chez l’animal à partir d'études électrophysiologiques et comportementales (voir réfs dans Vierck et al 1986). Avant d'aller plus loin dans la description d'autres effets plus subtils de la lésion du QVL, "le faisceau de la nociception", il est important de faire le point sur une polémique concernant le trajet des axones issus de la couche I de la moelle. En effet, certains auteurs ont suggéré, chez plusieurs espèces d'animaux, qu'un nombre important d'axones ascendants, issus des neurones de la couche I de la corne dorsale de la moelle, étaient localisés dans le quadrant dorsolatéral (McMahon et Wall, 1988), région qui reste intacte lorsque l'on réalise une section du QVL (Nathan, 1990). Une telle observation était de nature à exclure les neurones de la couche I comme acteurs d'un processus nociceptif conscient puisqu'ils n'appartiendraient pas au QVL. En fait, il semble clair maintenant que l'existence d'une voie nociceptive ascendante "dorsolatérale" relevait plutôt d'un problème d'ordre sémantique : les lésions dites "du quadrant dorsolatéral" étaient en fait assez larges et incluaient en pratique presque toujours la partie dorsale du QVL (qui a une position beaucoup plus dorsale chez l'animal que chez l'homme). Ce sont les études de traçage anatomiques et électrophysiologiques à haute résolution qui ont permis de clore ce débat. Ces études montrent en effet que les axones ascendants des neurones de la couche I ne passent pas par le quadrant dorsolatéral proprement dit, mais ont une localisation latérale, assez dispersée, qui correspond sans ambiguïté à la partie dorsale du QVL (Craig, 1991, 2000; Zhang et al. 2000). Il est donc clair aujourd'hui que le cordon dorsolatéral proprement dit ne contient essentiellement que les axones descendants responsables de la modulation des influx nociceptifs médullaires (voir réfs dans Villanueva et al., 1986). Bien que les sensations douloureuses soient abolies par des lésions du QVL, certaines observations montrent que des stimulus nociceptifs peuvent parfois encore déclencher des réactions. Ainsi, si l’on applique des stimulations thermiques nociceptives répétitives au niveau des régions corporelles rendues analgésiques par la cordotomie, on peut provoquer des sueurs et des nausées, ce qui suggère que ces stimulus nociceptifs activent des centres végétatifs par l'intermédiaire de voies qui ne cheminent pas par le QVL. Cette efficacité incomplète de la section unilatérale du QVL pourrait être expliquée par le fait que le QVL intact du côté opposé à la lésion laisse encore passer des messages nociceptifs (diffus) véhiculés par faisceau spinoréticulaire (voir ci-dessus). La sensation de nature "sensori-discriminative" consciente issue de la couche I et passant par le QVL lésé, controlatéral au stimulus nociceptif, est supprimée mais il persiste une excitation diffuse passant par le QVL intact, homolatéral au stimulus nociceptif. Lorsque le QVL est lésé, des douleurs spontanées peuvent également se produire. A l'origine, Holmes (1919) les a nommées « douleurs d’origine centrale ». De telles douleurs surviennent rarement dès la destruction du QVL, mais peuvent apparaître spontanément au bout de quelques semaines ou quelques mois, voire des années après la lésion. En outre, Holmes ne décrivait pas toujours ces sensations comme des douleurs, mais comme « le plus grand désagrément », et les patients précisent souvent que « ce n’est pas une douleur, mais c’est pire qu’une douleur ». Il s'agit donc de sensations inhabituelles, de type dysesthésie, que les patients ont du mal à décrire en termes adéquats. Elles n'ont pas de localisation précise et peuvent être ressenties dans tout un hémicorps. Peter Nathan a rapporté qu’une anesthésie intrathécale pouvait d’éliminer ces sensations, ce qui - 11 suggère qu’elles peuvent être provoquées par des influx dont l’origine se trouve au niveau de la moelle épinière. En général, la nociception et les sensations thermiques réapparaissent quelques mois voire quelques années après une lésion du QVL, même lorsque le faisceau a été totalement lésé. Ce retour de la sensibilité n’est probablement pas dû à une reprise de conduction des influx par des faisceaux autres que le QVL, car ces sensations présentent des caractéristiques normales. White (1966) a rapporté qu’une deuxième cordotomie effectuée 14 ans après la première, et du même côté, permettait de supprimer à nouveau la douleur. Ces observations amènent plusieurs remarques. En premier lieu, pour ressentir une douleur "normale", il faut que les faisceaux cheminant dans le QVL soient intacts. En second lieu, des dysesthésies ne se produisent pas lorsque ces faisceaux sont intacts ; dans des conditions physiologiques, des influx véhiculés par ces voies seraient donc capables d’inhiber ceux transmis par d’autres faisceaux, qui donnent lieu à ces sensations anormales. Enfin, si la cordotomie rend analgésique une partie du corps seulement, des dysesthésies surviendront uniquement dans la région du corps rendue analgésique, mais jamais dans la zone encore connectée au QVL. 5) Les cordons postérieurs : un rôle possible dans les douleurs viscérales L'implication des cordons postérieurs dans la transmission des influx nociceptifs viscéraux a également été suggérée. Des travaux effectués chez le rat ont en effet proposé l'existence d'une voie nociceptive viscérale passant par la partie médiane des colonnes dorsales et activant les neurones du noyau somatosensoriel gracilis puis les neurones du noyau thalamique ventropostérolatéral (VPL), cibles des projections du noyau gracilis (Al-Chaer et al., 1996; Willis et al., 1999). En effet, chez cette espèce, la réponse des neurones du noyau VPL, observée lors d'une distension colo-rectale, est réduite par la lésion des colonnes dorsales et non par celle du QVL. Ce dernier aurait, dans cette hypothèse, un rôle prédominant dans la transmission des messages nociceptifs d'origine cutanée. D'ailleurs, des données cliniques font état d'un soulagement des douleurs après lésions de la partie médiane des cordons postérieurs, chez des patients souffrant de cancers pelviens (Willis et al., 1999). Toutefois, ces observations cliniques sont peu compatibles avec les données plus classiques concernant l'efficacité immédiate de la section du QVL chez des patients souffrant de douleur viscérale (Nathan et Smith, 1951; 1956). En outre, il convient de rappeler que la distension colorectale met aussi en jeu des afférences de type tactile. Cette innervation mixte de l'ampoule rectale rend difficile l'interprétation des expériences effectuées chez le rat puisque les neurones du VPL répondent très bien à des stimulus non-nociceptifs de type tactile. De surcroît, une commissurotomie médiane profonde et étendue peut léser des fibres "nociceptives" qui vont croiser la ligne médiane avant de rejoindre le QVL. IV) PROJECTIONS DES NEURONES NOCICEPTIFS SUR LE TRONC CÉRÉBRAL ET LE CERVEAU 1) Projection des neurones de la couche I Comme le montre la Figure 4, les neurones de la couche I de la corne dorsale et du noyau spinal du trijumeau se terminent essentiellement dans trois régions du système nerveux central: au niveau du - 12 tronc cérébral, l'aire parabrachiale latérale (PBl) (cible de 50% des neurones de la couche I) et la substance grise périaqueducale ventrolatérale (PAG) (cible de 25% des neurones de la couche I), et au niveau de l'encéphale, le thalamus latéral (cible de 15% des neurones de la couche I) (Bernard et al., 1995, 1996; Gauriau et Bernard 2004). Ces trois régions jouent un rôle important, respectivement, dans l'homéostasie neurovégétative et émotionnelle, la réaction de défense et la discrimination somatosensorielle. Au niveau du PBl une très grande proportion de neurones est activée par la mise en jeu des fibres A∂ et C. Ces neurones répondent spécifiquement à des stimulus nociceptifs et leur fréquence de décharge code l'intensité des stimulus cutanés dans une gamme nociceptive. Les neurones nociceptifs du PBl projettent sur le noyau central de l’amygdale et celui du lit de la strie terminale (Figure 4). Ces deux régions sont impliquées dans des réactions de peur, d’anxiété et de stress, ainsi que sur le noyau ventromédian de l’hypothalamus, qui participe à des comportements de défense, d'agressivité et à la régulation du métabolisme énergétique. Le PBl est également innervé par le noyau du faisceau solitaire, ce qui suggère un rôle de cette région dans les régulations végétatives et certains aspects de la douleur viscérale. Lorsque l’on stimule les colonnes latérales et ventrolatérales de la PAG, qui reçoivent des projections des neurones de la couche I, on peut déclencher des réactions cardiovasculaires et défensives spécifiques. Cette réponse comprend une diminution de la pression artérielle, une hyporéactivité motrice, des réactions d’évitement, une vocalisation et des effets antinociceptifs, qui semblent médiés par les connexions de cette structure avec la région bulbaire rostroventrale (Depaulis et Bandler, 1991). Le faisceau spino-PAG pourrait donc participer à des mécanismes de rétrocontrôle impliqués dans le stress, les réactions de défense et l'antinociception déclenchées par une stimulation nociceptive. Les régions latérales et postérieures du thalamus sont innervées par les neurones de la couche I de la corne dorsale. Chez le singe, ces régions incluent les noyaux ventromédian postérieur (VMpo), ventro-postéro-inférieur (VPI), ventro-postéro-latéral (VPL) et ventro-postéro-median (VPM) (Craig, 1995, 2002, 2004). Les régions analogues chez le rat sont le complexe postérieur (Po), la partie triangulaire du complexe postérieur (PoT), le VPL et le VPM (Figure 4). Toutes ces régions codent précisément l'intensité d’une stimulation nociceptive (Gauriau et Bernard, 2004). Des différences significatives ont cependant été mises en évidence entre ces régions thalamiques en particulier chez le singe. Les neurones du VMpo répondent de façon spécifique à une stimulation nociceptive ou thermique avec des champs récepteurs de taille variable (Bushnell, 1995). Ces neurones semblent être impliqués dans des réponses liées à l’aspect affectif-émotionnel de la douleur. Cette hypothèse est étayée par l’analyse des projections corticales des neurones du VMpo et par les résultats d'études utilisant la tomographie par émission de positons (TEP). En effet, les neurones du VMpo projettent dans la partie médio-antérieure du cortex insulaire, région activée par des stimulus nociceptifs et non-nociceptifs chez l’homme (Casey, 1999; Treede et al., 1999; Laurent et al., 2000), et semblent impliqués dans la reconnaissance de l'algosité du stimulus nociceptif (c.a.d. son caractère spécifiquement désagréable et aversif). Chez l'homme, de nombreux neurones activés par des stimulus nociceptifs ont été mis en évidence à partir d'enregistrements multi-unitaires dans une région ventro-caudale du thalamus qui pourrait être l'équivalent du VMPo. En outre, la stimulation de cette même région pourrait induire des sensations thermiques et/ou douloureuses (Lenz et Dougherty, 1997). Il est cependant difficile de savoir si cette région correspond chez le singe au - 13 VMpo et/ou au VPI, zone thalamique contenant des neurones répondant à des stimulus nociceptifs cutanés et viscéraux (Apkarian, 1995). Chez le rat, le PoT pourrait constituer un équivalent du VMpo du primate. Ce noyau a été étudié récemment dans notre laboratoire. Il contient de nombreux neurones nociceptifs spécifiques et non-spécifiques avec des champs récepteurs relativement larges. Ces neurones nociceptifs projettent sur les aires corticales insulaire et somatosensorielle secondaire (S2). Les noyaux VPL et VPM contiennent essentiellement des neurones nociceptifs nonspécifiques, dont les champs récepteurs ne sont pas modifiés par le comportement de l’animal (Bushnell, 1995). Ces régions pourraient participer à la discrimination spatiale : en effet, chez le singe, des lésions bilatérales du cortex somatosensoriel primaire (SI), cible préférentielle de ces régions, réduisent considérablement la capacité à discriminer les intensités des stimulus thermiques nociceptifs. Il a également été démontré, sur la base de données obtenues en imagerie cérébrale, que des stimulus nociceptifs et non-nociceptifs activaient de façon similaire le cortex SI controlatéral, soulignant ainsi le rôle important de cette région dans la représentation tactile et son implication dans les composantes sensori-discriminatives de la nociception (Duncan et Albanese, 2003). Des études récentes chez le rat ont montré l’existence de relations réciproques très étroites entre les projections du VPL au sein de S1 et les projections en retour de S1 sur les neurones du VPL. En effet, cette boucle de rétroaction VPL/S1 participe à la discrimination des modalités sensorielles (nociceptives et tactiles) par l’intermédiaire de systèmes GABAergiques et glutamatergiques (Monconduit el al., 2006). 2) Projections des neurones nociceptifs de la couche V Les projections ascendantes des neurones de la couche V sont moins bien connues que celles de la couche I. La plupart des études récentes indiquent que ces projections, bien que relativement diffuses, sont très abondantes au niveau des structures réticulaires du tronc cérébral et tout particulièrement dans le bulbe rachidien. Il faut rappeler que le rôle de la formation réticulaire bulbaire dans la nociception a été suggéré de longue date. En effet, les anciennes études anatomiques de dégénérescence avaient déjà montré que la très grande majorité des fibres cheminant dans le QVL se terminaient au niveau du bulbe rachidien. Des projections beaucoup plus éparses atteignent le thalamus, l'hypothalamus ainsi que d'autres noyaux gris centraux. Comme le montre la Figure 5, au niveau du tronc cérébral, les neurones de la couche V projettent densément sur quatre sites : le noyau réticulaire latéral (LRt), le subnucleus reticularis dorsalis (SRD), le noyau réticulaire gigantocellulaire (Gi) et le noyau parabrachial interne latéral (PBil). Le LRt est un noyau réticulaire étroitement lié au cervelet. Il pourrait être directement impliqué dans les réactions motrices en réponse à des stimulus nociceptifs et proprioceptifs en provenance des neurones de la couche V. Le Gi a été considéré comme le candidat le plus probable pour véhiculer les messages nociceptifs de la couche V vers les noyaux intralaminaires du thalamus. En effet, de nombreux neurones du Gi répondent à des stimulus nociceptifs, et une stimulation appliquée dans le Gi induit un comportement d'échappement (Bowsher, 1976; Casey, 1971). Cependant, les réponses des neurones réticulaires du Gi aux stimulus périphériques ne sont spécifiquement liées à la nociception : elles sont parfois très irrégulières et d'autres modalités sensorielles sont souvent capables d'activer ces neurones. De plus, les études d'anatomie utilisant un traceur antérograde montrent que la couche V projette - 14 surtout sur la portion caudale du Gi, qui, à son tour, ne projette que très faiblement sur le thalamus médian. En conséquence, il semble exclu que le Gi ait un rôle important dans la transmission des messages nociceptifs des couches profondes de la moelle épinière au thalamus médian. En revanche, le Gi envoie une grande densité de projections sur le locus cœruleus, le noyau du faisceau solitaire, les noyaux moteurs du bulbe et la corne ventrale de la moelle épinière (Martin et al., 1985; Ohtake, 1992; Luppi et al., 1995). Il apparaît donc clair que le Gi joue certainement un rôle notable dans les aspects moteurs, végétatifs, ainsi que dans l'éveil et l'état d'alerte relatif à une stimulation nociceptive. De nombreux travaux ont été menés sur une région caudale du bulbe nommée Subnucleus Reticularis Dorsalis (SRD) (Villanueva et al., 1996). Les neurones du SRD jouent un rôle sélectif dans le traitement de l’information nociceptive car ils ne répondent pas à des stimulus visuels, auditifs, ou proprioceptifs, mais sont fortement et régulièrement activés depuis n’importe quel territoire corporel par la stimulation des fibres A∂ et C. Ils codent l’intensité d’une stimulation cutanée ou viscérale dans une gamme nociceptive et sont activés par des messages empruntant des voies médullaires ascendantes cheminant dans le QVL. Le SRD reçoit des afférences provenant de la couche V de tous les segments de la moelle épinière, et en retour, ces segments spinaux reçoivent des projections du SRD. En effet, de telles connexions réciproques constituent des boucles de rétroaction spino-réticulo-spinales qui modulent les influx nociceptifs au niveau spinal (Le Bars et al., 1995). Le SRD envoie aussi de nombreuses projections sur l'olive inférieure (une région spécifiquement liée au cervelet qui contrôle la motricité) et sur les noyaux moteurs du bulbe et de la moelle épinière (Bernard et al., 1990; Villanueva et al., 1995). Le SRD envoie surtout une projection massive sur deux structures du thalamus médian : la partie latérale du noyau ventro-medial (VMl), et à un moindre degré le noyau parafasciculaire (Pf) (Villanueva et al., 1998). Les neurones du VMl véhiculent les influx nociceptifs issus de l’ensemble de la surface corporelle vers la couche superficielle du cortex préfrontal et frontal dorsolatéral (Figure 5) (Monconduit et al., 1999; Desbois et Villanueva, 2001). Ils pourraient participer à la diffusion des rythmes corticaux, dont les changements induiraient une augmentation de l’attention et de la préparation de mouvements programmés lors d’une stimulation nociceptive. A cet égard, on notera que des études utilisant la TEP chez l’homme ont décrit une activation bilatérale des régions motrices et pré-motrices du cortex antérieur lors de stimulations nociceptives (Derbyshire et al., 1997). Les neurones du Pf véhiculent aussi des influx nociceptifs cutanés et viscéraux vers le cortex pré-moteur antérieur, le striatum dorsolatéral et le subthalamus latéral. Ils pourraient également contribuer à certaines réactions émotionnelles et motrices lors d'une stimulation nociceptive. Ainsi, le circuit couche V – SRD – VMl/Pf – cortex frontal induirait une excitation corticale diffuse subliminaire, et aurait ainsi un rôle d'éveil et d'amplification des composantes sensorimotrices et émotionnelles de la nociception. Le PBil est le sous-noyau interne latéral de la région PB. Il ne reçoit pas de projection de la couche I de la corne dorsale (contrairement au PBl) mais il reçoit spécifiquement une projection dense de la couche V de la moelle en particulier de la région réticulaire de cette couche (Bernard et al., 1995). Le PBil projette principalement sur le noyau paracentral du thalamus et, dans une moindre mesure, sur le noyau parafasciculaire (Fulwiler et Saper, 1984; Bester et al., 1999), ces deux noyaux envoyant à leur tour des projections diffuses sur le cortex préfrontal, le cortex cingulaire (Figure 5) et les compartiments correspondants du striatum (noyau caudé et putamen) (Berendse et Groenewegen, 1991). Les études électrophysiologiques montrent l'implication des neurones PBil-thalamiques dans - 15 les processus nociceptifs. En effet, la plupart des neurones du PBil répondent à des stimulus nociceptifs mais avec une réponse maximale dans le milieu de la gamme nociceptive (48°C et 16 N/cm2). La décharge des neurones du PBil est fortement augmentée par des stimulations électriques répétitives (phénomène du "wind up"), et leur réponse à des stimulus nociceptifs naturels comprend une très longue post-décharge. Cette réponse est déprimée par l'administration systémique de morphine (Bourgeais et al., 2001). Le circuit couche V – PBil – PC/Pf – cortex préfrontal pourrait participer à la mise en alerte de l'individu au cours du processus nociceptif. Au niveau du cerveau, les neurones de la couche V projettent modérément sur le thalamus, l'hypothalamus, le globus pallidus, la substantia innominata et l'amygdale. Dans le thalamus, chez le rat comme chez le primate, la projection la plus dense et la plus constante de la couche V aboutit au noyau intralaminaire central latéral (CL) (Figure 5). Des projections plus éparses atteignent également d'autres noyaux intralaminaires comme le Pf ou paralaminaire comme le VMl. Si l'on excepte le CL, ces projections directes de la couche V sur le thalamus médian sont relativement modestes. En réalité, les informations nociceptives de la couche V atteignent de façon beaucoup plus massive le thalamus médian par l'intermédiaire du tronc en cheminant par les voies SRD-VM/Pf et PBil – PC/Pf, que par des projections directes de type spinothalamique. Chez le singe, les champs récepteurs des neurones nociceptifs de ces régions thalamiques médianes et intralaminaires sont souvent très larges. Par ailleurs, la réponse de ces neurones peut-être modulée en fonction du comportement (attente, mouvement vers une cible) chez un animale effectuant une épreuve visuelle (neurones du Pf, Bushnell, 1995). Les aires corticales cingulaire et frontale/préfrontale reçoivent des projections diffuses du thalamus médian (Berendse et Groenewegen, 1991; voir aussi Glenn et Steriade, 1982). Bien que le cortex cingulaire ne semble pas seulement impliqué dans le traitement des informations nociceptives, il contient des neurones qui répondent de façon sélective à des stimulus nociceptifs (Casey, 1999; Treede et al., 1999; Laurent et al., 2000). D'ailleurs, cette aire corticale pourrait participer à la genèse de certains aspects émotionnels/motivationnels de la nociception. Il faut rappeler en effet que le cortex cingulaire est impliqué dans des fonctions multiples comme l'évaluation de l'intensité des stimulus, l’attention, les émotions et les réponses végétatives ainsi que les comportements qui en découlent (Hutchison et al., 1999; Vogt, 2005). Ainsi, le thalamus médian pourrait être responsable de la genèse de certains aspects de la nociception comme l'alerte, l'attention en relation avec certaines composantes émotionnelles et motrices de la nociception en induisant une excitation diffuse mais globale des régions corticales, cingulaire, frontale et préfrontale. Chez le rat, les projections de la couche V sur le thalamus latéral (VPL, VPM, Po) sont quasi inexistantes et seule la couche I projette significativement sur ces régions qui ont un rôle de relais somatosensoriel (Figure 5). La seule exception à ce tableau est constituée par une région très postérieure du thalamus latéral, le PoT, qui, en plus d'un fort contingent de projections de la couche I, reçoit une projection modérée mais significative de la couche V. Chez le primate, les projections de la couche V sur le thalamus latéral semblent un peu plus denses. Les projections extrathalamiques de la couche V sur l'hypothalamus latéral, le globus pallidus, la substantia innominata et l'amygdale, bien que modestes, sont d'un intérêt considérable. En effet ces projections décrites, chez le rongeur comme chez le primate, sont d'une importance similaire aux projections thalamiques. Elles innervent des régions connues pour leur implication dans la nociception : la région concernée de l'hypothalamus latéral contient des neurones à hypocrétines qui - 16 sont importants pour le maintien de l'éveil. Le globus pallidus, la substantia innominata et l'amygdale centrale contiennent des neurones nociceptifs non-spécifiques qui sont importants pour les composantes attentionnelles et émotionnelles de la nociception. Ces donnés soulignent une fois de plus que le faisceau spino-thalamique est loin d'être représentatif, voire de résumer les faisceaux de la nociception. 3) Résumé – Systèmes et structures du cerveau directement impliqués dans la nociception Les études anatomiques et électrophysiologiques montrent donc l'existence de deux systèmes qui véhiculent les messages nociceptifs de la corne dorsale aux centres supérieurs du cerveau. Dans ces deux systèmes, le tronc cérébral a un rôle prédominant par rapport à la voie spino-thalamique directe. Ces voies nociceptives peuvent être schématisées de la façon suivante: I - Un premier système est centré sur les neurones de la couche I (Figure 4). Il inclut trois soussystèmes en parallèle : 1) Le système couche I – PB, qui contribuerait principalement aux aspects émotionnels et végétatifs de la nociception. En effet, après un traitement dans le PB, les informations nociceptives sont distribuées directement au complexe amygdalien qui déclenche l'apprentissage émotionnel des affects nociceptifs et à l'hypothalamus qui traite les aspects végétatifs et motivationnels de la nociception. 2) Le système couche I – PAG, qui contribuerait à la genèse de la réaction de défense active ou passive accompagnant une stimulation nociceptive. 3) Le système couche I – thalamus latéral, qui serait essentiellement responsable de la discrimination somatosensorielle assurant, en quelque sorte, un prolongement du sens tactile par l'intermédiaire des projections sur les aires corticales somatosensorielles S1 et S2. Les projections sur le cortex insulaire auraient un rôle plus spécifique dans la perception de l'"algosité" du stimulus nociceptif (voir ci-dessous). II - Un second système est centré sur les neurones de la couche V (Figure 5). Il inclut deux sous-systèmes convergents : 1) Le système couche V – SRD/PBil – thalamus médian. 2) La projection couche V - thalamus médian. Ces deux sous-systèmes seraient impliqués dans l'alerte, l'éveil et les composantes motrices et émotionnelles de la nociception par l'intermédiaire de projections sur les aires corticales cingulaire, frontale motrice et préfrontale médiale. Au niveau cérébral, les structures impliquées directement dans la nociception sont rappelées dans le résumé précédent. Deux grandes catégories de structures peuvent être différenciées: 1) Les structures corticales en relation directe avec le thalamus postérieur, qui joue donc un rôle clé dans la nociception "consciente" (même si le faisceau spino-thalamique direct n'est pas, et de loin, le plus important). On distingue le cortex somatosensoriel S1, qui traite les stimulus nociceptifs comme des messages tactiles, le cortex S2 qui, distingue des messages dont l'intensité est potentiellement dangereuse, et le cortex insulaire, qui pourrait générer la sensation d'algosité. Ces informations sont transmises au cortex cingulaire et au cortex préfrontal qui complètent l'analyse en termes cognitifs et émotionnels de survie et d'intégrité. Le thalamus médian jouerait surtout un rôle d'alerte et d'amplification. Il faut, de plus, souligner que toutes ces aires corticales ont été clairement - 17 mises en évidence par l'imagerie cérébrale lors de processus nociceptifs (Figure 6) (Apkarian et al., 2005). En clinique humaine, de rares lésions touchant les aires corticales S2 et insulaires (et probablement les faisceaux associatifs avec le thalamus, l'amygdale et le cortex cingulaire) permettent d'observer un tableau de type "asymbolie à la douleur" (Danziger, 2006). Celui-ci se caractérise par une absence totale ou une diminution radicale des réactions motrices et affectives à des stimulations nociceptives, alors que les capacités de discrimination de ces stimuli et les réponses végétatives qui leur sont associées demeurent intactes. Un tel tableau est associé à une hyporéactivité émotionnelle du patient (Schilder et Stengel, 1932; Berthier et al., 1988). Par ailleurs, une lésion restreinte, incluant la représentation de la main au niveau de S1 et S2 du côté droit, peut provoquer une incapacité à décrire la qualité, la localisation et l’intensité des stimulus thermiques et nociceptifs appliqués sur la main gauche. Cependant, le patient ressent une sensation clairement désagréable, qu’il souhaite éviter lorsque les stimulus deviennent nociceptifs (Ploner et al., 1999). Cette modification sélective de l’aspect sensori-discriminatif de la douleur associée à une lésion du cortex somatosensoriel renforce l’idée d’une spécialisation fonctionnelle de cette région. Un autre type de lésion aux conséquences bien différentes est la lobotomie préfrontale. Dans ce cas, la douleur ne dérange plus le patient alors qu'elle n'a pas disparu, et que son intensité n'a pas été modifiée. 2) Les structures profondes comme l'amygdale, l'hypothalamus, le globus pallidus, la PAG, le PB, la formation réticulaire et le cervelet, qui joueraient un rôle éloigné de la conscience immédiate pour générer un éveil et une attention généralisée, des réactions émotionnelles (aversion, évitement), des comportements défensifs, actifs ou passifs, une adaptation des paramètres végétatifs et des réactions motrices réflexes. V) CONCLUSIONS Les voies et plus encore les structures impliquées dans la nociception sont multiples. Devant une telle complexité, on peut se poser la question de savoir s'il n'y aurait pas, malgré tout, un système "simplifié" qui rend compte plus "spécifiquement" de l'essentiel de la nociception. Tout le monde sait qu'une anesthésie tronculaire peut supprimer la douleur d'une région donnée pendant quelques heures. Dans ce chapitre, nous avons également indiqué que la section d'une partie des racines dorsales ou la section du QVL de la moelle épinière pouvait même abolir de façon spécifique la sensation nociceptive sans altérer de façon majeure la perception tactile mécanique. Par ailleurs, la mise en évidence récente de récepteurs spécifiques de certaines modalités nociceptives semble montrer que certains mécanismes de la nociception seraient "plus simples" et relèveraient d'une spécialisation fonctionnelle. Cependant, la notion de simplicité est très relative, car elle se limite à une seule observation : l'interruption massive (chimique ou mécanique) des fibres nociceptives périphériques supprime la perception des stimulus nociceptifs. Mais dès que l'on explore un peu plus le système, la complexité est bien présente. La mise en évidence d'un récepteur TRPV1 avait fait espérer que la sensation de brûlure pourrait se résumer à la mise en jeu de ce seul récepteur canalaire. En fait, il est très vite apparu que le nombre et la complexité des récepteurs membranaires étaient bien plus grands. La mise - 18 en évidence de neurones nociceptifs spécifiques dans la moelle avait pu faire croire, qu'au moins à ce niveau, les choses étaient simples. En fait, loin d'être un cordon de transmission des messages nociceptifs, la moelle est un lieu d'intégration très complexe des messages nociceptifs qui comprend des centaines de neuromodulateurs et un nombre presque infini de possibilités de traitement et de modulation des informations nociceptives. La notion de spécificité est certainement plus intéressante. Il est clair que si l'on se limite à la nociception au sens strict, un individu sain reconnaît sans hésitation un stimulus nociceptif brûlant. Il est également clair maintenant qu'il existe un système de récepteurs et de fibres périphériques capables de répondre quasi-spécifiquement à ce stimulus. Il y a donc manifestement un aspect spécifique propre à la nociception. Il serait donc tentant de poursuivre la corrélation : perception spécifique = activation d'un groupe spécifique de neurones, et cela à chaque niveau du système nerveux, de la moelle au cortex. Ainsi, pour être plus précis, le stimulus brûlant activerait un groupe spécifique de neurones dans la corne dorsale, qui se projetterait par le faisceau spino-thalamique directement au centre thalamique de la nociception pour se terminer quelque part dans un centre cortical de la nociception. Comme nous l'avons montré ci-dessus, un tel schéma, qui n'a pour lui que la simplicité, doit être définitivement abandonné car il ne correspond à aucune réalité, ni neurophysiologique ni neuroanatomique. Il n'existe pas de centre bien individualisé ni de voie unique de la nociception, et encore moins une "représentation précise" de la douleur dans le cerveau. A propos du faisceau spino-thalamique, une question revient souvent : comment pourrait-il ne pas avoir un rôle essentiel et spécifique, alors qu'il est bien connu que la section du faisceau spino-thalamique dans la moelle (c'est-à-dire la section du QVL) supprime quasi-spécifiquement la nociception ? La réponse à cette question est très simple, le QVL ne correspond absolument pas au faisceau spinothalamique. Le QVL contient sans doute un petit nombre d'axones spino-thalamiques, mais il contient, aussi et surtout, beaucoup plus d'axones spino-bulbaires et spino-parabrachiaux, ainsi que des axones spino-hypothalamiques, spino-amygdaliens, pour ne citer que les plus marquants. La démonstration de ce fait neuroanatomique apparaît déjà clairement dans des publications datant de plus de 50 ans. Depuis, les traceurs neuroanatomiques à haute résolution l'ont toujours confirmé en évitant de recourir à la section du QVL dont la lecture histologique est trop souvent ambiguë. En fait, les très nombreuses données expérimentales dans le domaine de la nociception indiquent que le stimulus brûlant active plusieurs populations neuronales dés le niveau spinal. Dans le tronc cérébral, ce sont sans doute au moins plusieurs dizaines de régions qui sont activées par ce stimulus, et au niveau du cerveau, plusieurs centaines de groupes neuronaux (incluant de nombreux noyaux du thalamus, de l'hypothalamus, de l'amygdale, de l'hippocampe, du striatum et du cortex) qui sont activés en parallèle. En définitive, c'est probablement l'activation quasi-simultanée de toutes ces structures qui signe le corrélat neuronal nociceptif. Le grand nombre de structures impliquées dans la nociception n'est que le reflet de la complexité de cette sensation. En effet, la nociception n'est pas une simple variante d'une sensation tactile, c'est aussi un état émotionnel très particulier accompagné de modifications profondes de l'homéostasie végétative et de réponses motrices, comportementales et cognitives très importantes, dont le but évident est d'échapper ou de minimiser les conséquences du stimulus nociceptif. Malgré toutes ces composantes, plusieurs auteurs ont observé que la sensation issue de la nociception, la douleur, possédait une qualité qui lui est propre et lui permet d’être perçue de façon univoque. Etant donné l'existence de sensations désagréables non douloureuses, on a proposé de - 19 décrire sous le terme d’« algosité » la propriété psychophysique d’une expérience somesthésique lui permettant d’être identifiée précisément comme une douleur (Fields, 1999). On peut se demander si cette "algosité" est le résultat du traitement de l’information par un sous-ensemble neuronal qui inclurait des neurones « algoceptifs » ? Dans ce chapitre, nous avons traité uniquement la nociception et les systèmes nociceptifs qui génèrent une sensation douloureuse aiguë en réponse immédiate à un stimulus nociceptif transitoire. On peut se demander s'il est pertinent d'étudier la nociception, qui correspond en fait à une sensation protectrice très utile, alors que la recherche médicale s'intéresse surtout aux douleurs chroniques ou centrales, qui apparaissent découplées d'un stimulus nociceptif. En effet, il n'y a pas nécessairement un lien de causalité entre stimulus nociceptif et douleur. Le stimulus nociceptif met en jeu des processus périphériques qui engendrent une douleur. Cependant, la douleur correspond à un état du cerveau qui n'est ni obligatoirement lié à un stimulus nociceptif, ni même à la mise en jeu du système nerveux périphérique ou de la moelle épinière. Ainsi, une lésion d'un nerf périphérique peut engendrer une douleur survenant en réponse à une stimulation non-nociceptive. A un degré de plus, une lésion thalamique ou un membre amputé peut provoquer, sans mise en jeu des niveaux spinaux ou périphériques, des douleurs dites "centrales", qui sont atroces. En tout état de cause, il nous semble cependant essentiel d'avoir une vision holistique du système nociceptif "physiologique" dans toute sa complexité, en vue d'appréhender la physiopathologie des douleurs chroniques qui sont certainement sous-tendues par des dérèglements multiples du système nociceptif. - 20 Figure 1 Schéma du neurone nocicepteur. A - Le neurone périphérique comprend : 1) une fibre terminale périphérique (nocicepteur proprement dit) qui innerve le tissu concerné et transforme le stimulus nociceptif en potentiels d'action (phénomène de transduction), 2) une fibre (axone) dans un nerf qui conduit les potentiels d'action de la périphérie au système nerveux central, 3) un corps cellulaire dans un ganglion de la racine dorsale, et 4) une projection centrale (spinale ou trigéminale) où l'information est transférée au neurone de second ordre par une terminaison centrale (synapse). B – La transduction est réalisée par des récepteurs-canaux ioniques, transducteurs à haut seuil, qui dépolarisent le nocicepteur (terminaison libre périphérique) et activent ainsi les canaux sodiques voltage-dépendants, générant finalement des potentiels d'action. Après propagation, ces potentiels d'action provoquent une entrée de calcium dans la terminaison centrale. Le calcium libère le glutamate ainsi que de nombreux modulateurs et molécules de signalisation dans la fente synaptique. Cette terminaison reçoit de multiples influences excitatrices et inhibitrices. Schéma modifié à partir de Woolf et Ma (2007). 5-HTRs : récepteurs sérotoninergiques R : récepteur alpha-2 adrénergique ASICs : récepteur canalaire ionique, sensible à l'acide B2 : récepteur à la bradykinine 2 BDNF : Facteur neurotrophique d'origine cérébrale CaV2.2 : canal calcique voltage dépendant 2.2 CB1 : récepteur au cannabis 1 CCL3 : cytokine chimiotactique (chémokine) ligant 3 CGRP : peptide associé au gène de la calcitonine DOR : récepteur opiacé delta EP : récepteur aux prostaglandines GABAA/B : récepteurs GABAergiques, A et B MOR : récepteur opiacé mu Nav 1.6, 1.7 & 1.8 : cannaux sodiques 1.6, 1.7 & 1.8 Nav 1.7, 1.8 & 1.9 : cannaux sodiques 1.6, 1.7 & 1.8 NO : monoxide d'azote P2X3 : récepteur cationique de l'ATP, 3 TASK : récepteur à potentiel transitoire, sensible à l'acide, canal K+ TRPM8 : récepteur à potentiel transitoire melastatin, 8 TREK : récepteur sensible à la chaleur, canal K+ TRPA1 : récepteur à potentiel transitoire, sensible à l'acide, 1 TRPV1-4 : récepteurs à potentiel transitoire, sensibles aux vanilloïdes, 1-4 Figure 2 Innervation nociceptive de la corne dorsale de la moelle épinière. Les neurones des couches I et II reçoivent une projection massive de fibres nociceptives A∂ et C. Les neurones de la couche V reçoivent seulement une projection modeste des fibres A∂ et C; en revanche, ils reçoivent une projection dense des neurones des couches I et II. Ils reçoivent aussi une importante projection des fibres tactiles Aß. I – VI : couches I à VI de la corne dorsale de la moelle épinière; VII : couche VII de la région intermédiaire de la substance grise de la moelle épinière. - 21 Figure 3 Schéma de l'organisation du complexe trigéminal. Les afférences de la tête sont divisées en trois branches. La branche ophtalmique (V1) innerve le globe oculaire, le front, la partie supérieure du crâne et les méninges. La branche maxillaire supérieure (ou infraorbitaire) (V2) innerve la partie supérieure de la cavité orale, le nez et la région cutanée correspondante. La branche maxillaire inférieure (V3) (ou mandibulaire) innerve la partie inférieure de la cavité orale et la région cutanée correspondante. Ces trois branches se rejoignent dans le ganglion trigéminal de Gasser où se situent les corps cellulaires de tous les neurones somatosensoriels périphériques innervant la face. Ensuite les fibres A∂ projettent sur les sous-noyaux, oral (Sp5O) et caudal (Sp5C), du noyau spinal (ce dernier est sous-divisé en trois sous-noyaux, oral, interpolaire et caudal). Le noyau principal, le plus rostral, traite quasi exclusivement les informations tactiles provenant de la face. Les fibres C projettent quasi-exclusivement sur les couches I et II du noyau spinal caudal du trijumeau ou Sp5C (qui envoie des projections sur le Sp5O). La coupe ou Sp5C montre la localisation des projections des territoires correspondants aux branches V1, V2 et V3. Il faut noter que seul le Sp5C a une organisation en couches, similaire à celle de la corne dorsale de la moelle. Figure 4 Les voies nociceptives issues de la couche I Les axones des neurones de la couche I de la corne dorsale de la moelle et du noyau caudal du trijumeau (Sp5C) croisent la ligne médiane au niveau de leur origine segmentaire. Les axones spinaux se regroupent dans la partie dorsale du quadrant ventrolatéral de la moelle (QVL) pour monter vers le bulbe où ils sont rejoints par les axones homologues du Sp5C. Ces neurones projettent essentiellement sur le noyau parabrachial latéral (PBl), la substance grise périaqueducale (PAG) et le thalamus latéral. Le PB projette à son tour sur l'amygdale et l'hypothalamus. Le thalamus latéral projette sur les aires corticales somatosensorielles, primaire (S1), secondaire (S2) et insulaire ainsi que sur l'amygdale. L'épaisseur des traits représente la densité et l'importance des faisceaux véhiculant les messages nociceptifs. AStr : transition avec le striatum (amygdale); CeLC : noyau central, partie latérale capsulaire (amygdale); Gi : noyau réticulaire gigantocellulaire; IL : noyau intralaminaire (thalamus médian); LH : région latérale (hypothalamus); LI : couche I de la corne dorsale; LV : couche V de la corne dorsale; LRt : noyau réticulaire latéral; Po : complexe postérieur (thalamus latéral); POH : région préoptique (hypothalamus); PVH : noyau paraventriculaire (hypothalamus); Sp5C: noyau caudal du trijumeau; Sp5O : noyau oral du trijumeau; SRD : sous-noyau réticulaire dorsal du bulbe; VMH : noyau ventromédian (hypothalamus); VMl : noyau ventromédial latéral (thalamus médian); VPI* : noyau ventropostéroinférieur (thalamus latéral), l'astérisque indique que ce noyau contient ou est très proche du VMpo; VPL : noyau ventropostérolatéral (thalamus latéral); VPM : noyau ventropostéromédian (thalamus latéral). Figure 5 Les voies nociceptives issues de la couche V - 22 Les axones des neurones de la couche V de la corne dorsale de la moelle et des noyaux caudal (Sp5C) et oral (Sp5O) du trijumeau restent en majorité homolatéraux au niveau de leur origine segmentaire. Les axones issus de la couche V de la moelle se regroupent dans la partie dorsale du quadrant ventrolatéral de la moelle (QVL) pour monter vers le bulbe où ils sont rejoints par les axones homologues du Sp5C et Sp5O. Ces neurones projettent essentiellement sur les noyaux réticulaires latéral (LRt), gigantocellulaire (Gi) et dorsal (SRD) ainsi que sur le sous-noyau parabrachial latéral interne (PBil) et sur le thalamus médian (noyaux intralaminaires [IL] et ventromédial latéral [VMl]). Le thalamus médian projette à son tour sur les aires corticales cingulaires et préfrontales. L'épaisseur des traits représente la densité et l'importance des faisceaux véhiculant les messages nociceptifs. Autres abréviations: voir Figure 4. Figure 6 Imagerie cérébrale fonctionnelle du cerveau et nociception Régions corticales et sous-corticales impliquées dans la perception de la douleur avec leurs interconnexions. La localisation des aires cérébrales nociceptives illustrée dans un schéma et dans un exemple d'imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf). A: Schéma sagittal montrant les régions qui sont impliquées dans les processus nociceptifs. B: Coupe frontale montrant en gris clair et gris foncé les aires du cerveau humain qui sont significativement activées en réponse à des stimulus nociceptifs. Les six aires qui ressortent d'une méta-analyse des études d'IRMf sont les aires corticales somatosensorielles primaire et secondaire (S1 et S2), insulaire (Ins), cingulaire antérieure (ACC), préfrontales (PF) et le thalamus caudal (Thalamus). Les régions en gris foncé sont les régions dont l'activation serait le plus directement en relation avec la perception de l'algosité de la nociception, les autres sont en gris clair. D'autres régions sont aussi impliquées dans la nociception comme les aires corticales motrices (M1- gris clair, et SMA), pariétale postérieure (PPC), cingulaire postérieure (PCC), les ganglions de la base (BG – gris clair), l'hypothalamus (HT), l'amygdale (AMG), le noyau parabrachial (PB), la substance grise périaqueducale (PAG) et les aires réticulaires du tronc (Ret). Les afférences nociceptives proviennent des neurones des couches I (I) et V (V) de la corne dorsale de la moelle et du complexe trigéminal. Schéma modifié à partir de Apkarian et al. (2005) - 23 Références Al-Chaer, ED, Lawand, NB, Westlund, KN and Willis, WD. (1996). Visceral nociceptive input into the ventral posterolateral nucleus of the thalamus: a new function for the dorsal column pathway. J Neurophysiol. 76:2661-2274. Apkarian, AV, Bushnell, MC, Treede, RD and Zubieta JK. (2005) Human brain mechanisms of pain perception and regulation in health and disease. Eur J Pain. 9 :463-484. Apkarian, AV. (1995). Thalamic anatomy and physiology of pain perception. In Besson JM, Guilbaud G, Ollat H. (eds): Forebrain areas involved in pain processing, John Libbey Eurotext, Paris, pp 93118 Bautista, DM, Siemens, J, Glazer, JM, Tsuruda, PR, Basbaum, AI, Stucky, CL, Jordt, SE, and Julius, D. (2007). The menthol receptor TRPM8 is the principal detector of environmental cold. Nature 448: 204–208. Berendse, HW and Groenewegen, HJ. (1991). Restricted cortical termination fields of the midline and intralaminar thalamic nuclei in the rat. Neuroscience 42: 73-102. Bernard, JF, Bester, H and Besson, JM. (1996). Involvement of the spino-parabrachio-amygdaloid and -hypothalamic pathways in the autonomic and affective emotional aspects of pain. In: Holstege G, Bandler R, Saper CB. (eds). The emotional motor system. Prog. Brain Res. Elsevier, Amsterdam, pp 243-255. Bernard, JF, Dallel, R, Raboisson, P, Villanueva, L and Le Bars, D. (1995). Organization of the efferent projections from the spinal cervical enlargement to the parabrachial area and periaqueductal gray: a PHA-L study in the rat. J Comp Neurol. 353: 480-505. Bernard, JF, Villanueva, L, Carroue, J and Le Bars, D. (1990). Efferent projections from the subnucleus reticularis dorsalis (SRD): A Phaseoleus Vulgaris leucoagglutinin study in the rat. Neurosci Lett. 122: 257-262. Berthier, M, Starkstein, S and Leiguarda, R. (1988). Asymbolia for pain : a sensory-limbic disconnection syndrome. Ann. Neurol. 24:41-9. Besson, JM and Chaouch, A (1987). Peripheral and spinal mechanisms of nociception. Physiol Rev. 67 :67-186. Bessou, P and Perl, ER (1969). Response of cutaneous sensory units with unmyelinated fibers to noxious stimuli. J. Neurophysiol. 32: 1025–1043. Bester, H, Chapman, V, Besson, JM and Bernard, JF. (2000). Physiological properties of the lamina I spinoparabrachial neurons in the rat. J Neurophysiol. 83:2239-2259. Bester, H, Bourgeais, L, Villanueva ,L, Besson, JM and Bernard, JF. (1999) Differential projections to the intralaminar and gustatory thalamus from the parabrachial area: A PHA-L study in the rat. J Comp Neurol. 405: 421-449. Bourgeais, L, Monconduit, L, Villanueva, L and Bernard, JF. (2001). Parabrachial internal lateral neurons convey nociceptive messages from the deep laminas of the dorsal horn to the intralaminar thalamus. J Neurosci. 21: 2159-2165. Bowsher, D. (1976). Role of the reticular formation in responses to noxious stimulation. Pain 2:361378. Braz, J.M., Nassar, M.A., Wood, J.N., and Basbaum, A.I. (2005). Parallel ‘‘pain’’ pathways arise from subpopulations of primary afferent nociceptor. Neuron 47: 787–793. Burgess, PR and Perl, ER (1967). Myelinated afferent fibres responding specifically to noxious stimulation of the skin. J. Physiol. 190: 541–562. Bushnell, MC, Duncan, GH, Dubner, R, and He, LF (1984). Activity of trigeminothalamic neurons in medullary dorsal horn of awake monkeys trained in a thermal discrimination task. J. Neurophysiol. 52: 170–187. - 24 Bushnell, MC. (1995). Thalamic processing of sensory-discriminative and affective-motivational dimensions of pain. In Besson JM, Guilbaud G, Ollat H. (eds): Forebrain areas involved in pain processing, John Libbey Eurotext, Paris, pp 63-77. Byers, MR and Burgess, JA. (2001). Pain of dental and intraoral origin. In : Loeser, JD, Butler, SH, Chapman, CR and Turk, DC (Eds.) Bonica’s management of pain, 3rd ed., Lippincot Williams & Wilkins, Philadelphia. pp. 909-924. Casey, KL. (1971). Somatosensory responses of bulboreticular units in awake cat: relation to escapeproducing stimuli. Science 173:77-80. Casey, KL. (1999) Forebrain mechanisms of nociception and pain: analysis through imaging. Proc Natl Acad Sci USA, 96: 7668-7674. Caterina, MJ, Schumacher, MA, Tominaga, M, Rosen, TA, Levine, JD and Julius, D. (1997). The capsaicin receptor: a heat-activated ion channel in the pain pathway. Nature 389: 816–824. Caterina, MJ, Rosen, TA, Tominaga, M, Brake, A.J and Julius, D. (1999) A capsaicin-receptor homologue with a high threshold for noxious heat. Nature 398: 436–441. Cervero, F and Connell, LA. (1984) Distribution of somatic and visceral primary afferent fibres within the thoracic spinal cord of the cat. J Comp Neurol. 230: 88-98. Cervero, F and Laird, JM. (1999). Visceral pain. Lancet. 353:2145-2148. Christensen, BN and Perl, ER. (1970). Spinal neurons specifically excited by noxious or thermal stimuli: marginal zone of the dorsal horn. J Neurophysiol. 33:293-307. Colburn, RW, Lubin, ML, Stone, DJ, Jr, Wang, Y, Lawrence, D, D’Andrea, MR, Brandt, MR, Liu, Y, Flores, CM, and Qin, N. (2007). Attenuated cold sensitivity in TRPM8 null mice. Neuron 54: 379– 386. Craig, AD, Krout, K and Andrew D. (2001). Quantitative response characteristics of thermoreceptive and nociceptive lamina I spinothalamic neurons in the cat. J Neurophysiol. 86:1459-1480. Craig, AD. (1991) Spinal distribution of ascending lamina I axons anterogradely labeled with phaseolus vulgaris leucoagglutinin (PHA-L) in the cat. J Comp Neurol 313: 377–393. Craig, AD. (1995) Supraspinal projections of lamina I neurons. In: Forebrain areas involved in pain processing, eds. Besson JM, Guilbaud G, Ollat H, Paris: John Libbey Eurotext, pp 13-25. Craig, AD. (1996). An ascending general homeostatic afferent pathway originating in lamina I. In Holstege G, Bandler R, Saper CB. (eds): The emotional motor system, Progress in Brain Research, Elsevier, Amsterdam, pp 225-242. Craig, AD. (2000) Spinal location of ascending lamina I axons in the macaque monkey. J Pain 1: 33– 45. Craig, AD. (2002) How do you feel? Interoception: the sense of the physiological condition of the body. Nat Rev Neurosci. 3:655-666. Craig, AD. (2004).Distribution of trigeminothalamic and spinothalamic lamina I terminations in the macaque monkey. J Comp Neurol. 477:119-148. Dallel, R., Villanueva, L., Woda, A. and Voisin, D. (2003). Neurobiologie de la douleur trigéminale. Med Sci 19: 567-574. Danziger N. (2006) Mise au point. Bases neurologiques de l'affect douloureux. Rev Neurol. (Paris) 162: 395-399. Depaulis, A and Bandler, R. (eds). (1991). The midbrain periaqueductal gray matter. Functional, anatomical, and neurochemical organization, NATO ASI Series A: Life Sciences, Vol. 213, Plenum, New York, 1991. - 25 Derbyshire, SWG., Jones, AKP, Gyulai, F, Clark, S, Townsend, D and Firestone, LL. (1997). Pain processing during three levels of noxious stimulation produces differential patterns of central activity. Pain 73: 431-445. Desbois, C and Villanueva, L. (2001). The organization of lateral ventromedial thalamic connections in the rat: A link for the distribution of nociceptive signals to widespread cortical regions. Neuroscience. 102: 885-898. Dhaka, A, Murray, AN, Mathur, J, Earley, TJ, Petrus, MJ, and Patapoutian, A. (2007). TRPM8 is required for cold sensation in mice. Neuron 54: 371–378. Dubner, R, Kenshalo, DRJ, Maixner, W, Bushnell, MC, and Oliveras, JL (1989). The correlation of monkey medullary dorsal horn neuronal activity and the perceived intensity of noxious heat stimuli. J. Neurophysiol. 62: 450–457. Duncan, GH and Albanese MC. (2003). Is there a role for parietal lobes in the perception of pain ? Adv. Neurol. 93: 69-86. Fields, HL. (1999) Pain: an unpleasant topic. Pain, Suppl 6 S61-S69. Fulwiler, CE and Saper, CB. (1984) Subnuclear organization of the efferent connections of the parabrachial nucleus in the rat. Brain Res. 319: 229-259. Gauriau, C and Bernard, JF. (2004). A Comparative reappraisal of projections from the superficial laminae of the dorsal horn in the rat: the forebrain. J Comp Neurol. 468: 24-56. Glenn, LL and Steriade, M. (1982). Discharge rate and excitability of cortically projecting intralaminar thalamic neurons during waking and sleep states. J Neurosci. 2:1387-1404. Holmes G. (1919). Pain of central origin. Cont Med Biol Res. 1: 235-246. Hutchison, WD, Davis, KD, Lozano, AM, Tasker, RR and Dostrovsky, JO. (1999). Pain-related neurons in the human cingulate cortex. Nat Neurosci. 2:403-405. Julius, D and Basbaum, AI. (2001). Molecular mechanisms of nociception. Nature. 413: 203-210. Kohno, T, Ji, RR, Ito, N, Allchorne, AJ, Befort, K, Karchewski, LA and Woolf, CJ. (2005). Peripheral axonal injury results in reduced mu opioid receptor pre- and post-synaptic action in the spinal cord. Pain 117: 77–87. Lahuerta, J, Bowsher, D, Lipton, S and Buxton, PH. (1994) Percutaneous cervical cordotomy: A review of 181 operations on 146 patients with a study on the location of ''pain fibers'' in the C-2 spinal cord segment of 29 cases. J Neurosurg. 80: 975-985. Laurent, B, Peyron, R, Garcia Larrea, L and Mauguière, F. (2000). La tomographie par émission de positons comme moyen d’étude de l’intégration centrale de la douleur. Rev Neurol, 156: 341-351. Le Bars, D, Bouhassira, D and Villanueva, L. (1995). Opioids and Diffuse Noxious Inhibitory Controls in the rat. In B. Bromm, J. E. Desmedt (eds) : "Pain and the brain: from nociceptor to cortical activity", Advances in pain research and therapy, vol 22, Raven Press, , pp 517-539. Le Bars, D, Dickenson, AH, Besson, JM and Villanueva, L. (1986). Aspects of sensory processing through convergent neurons. In Yaksh, TL (ed): Spinal afferent processing, Plenum, New York, pp 467-504. Lenz, FA and Dougherty, PM. (1997). Pain processing in the human thalamus. In Steriade M, Jones EG, McCormick DA (eds): Thalamus: experimental and clinical aspects, Elsevier, New York, pp 617-651. Levy, D, Jakubowski, M and Burstein, R. (2004). Disruption of communication between peripheral and central trigeminovascular neurons mediates the antimigraine action of 5HT 1B/1D receptor agonists. Proc Natl Acad Sci USA 101: 4274-4279. Light, AR, Sedivec, MJ, Casale, EJ and Jones, SL. (1993). Physiological and morphological characteristics of spinal neurons projecting to the parabrachial region of the cat. Somatosens Mot - 26 Res. 10:309-325. Luppi, PH, Aston-Jones, G, Akaoka, H, Chouvet, G and Jouvet, M. (1995) Afferent projections to the rat locus coeruleus demonstrated by retrograde and anterograde tracing with cholera-toxin B subunit and Phaseolus vulgaris leucoagglutinin. Neuroscience. 65:119-160. Martin, GF, Vertes, RP and Waltzer R. (1985). Spinal projections of the gigantocellular reticular formation in the rat. Evidence for projections from different areas to laminae I and II and lamina IX. Exp Brain Res. 58:154-162. McMahon, SB and Wall PD. (1988). The significance of plastic changes in lamina I systems. In: Cervero F., Bennett G.J., Headley, P.M. (eds) : Processing of sensory information in the superficial dorsal horn of the spinal cord, NATO ASI Series A: Life Sciences, Plenum, New York, pp 249271. Mizumura, K, Sugiura, Y and Kumazawa, T. (1993). Spinal termination patterns of canine identified A-delta and C spermatic polymodal receptors traced by intracellular labeling with Phaseolus vulgaris-leucoagglutinin. J Comp Neurol. 335: 460-468. Monconduit L, Lopez-Avila A, Molat, JL, Chalus, M and Villanueva, L. (2006). Corticothalamic feedback selectively modulates innocuous and noxious inputs in the rat spinothalamic system. J Neurosci. 26: 8441-8450. Monconduit, L, Bourgeais, L, Bernard, JF, Le Bars, D, and Villanueva, L. (1999). Ventromedial thalamic neurons convey nociceptive signals from the whole body surface to the dorsolateral neocortex. J Neurosci, 19: 9063-9072. Mumford, J. M. and Bowsher, D. (1976). Pain and protopathic sensibility. A review with particular reference to the teeth. Pain 2: 223-243. Nathan, PW. (1990). Comments on 'a dorsolateral spinothalamic tract in macaque monkey' by Apkarian and Hodge. Pain 40: 239-240. Nathan, PW and Smith, MC. (1951). The centripetal pathway from the bladder and urethra within the spinal cord. J Neurol Neurosurg Psychiat. 14: 262-280. Nathan, PW and Smith M.C. (1956). Spinal pathways subserving defaecation and sensation from the lower bowel. J Neurol Neurosurg Psychiat.16: 245-256. Nathan, PW and Smith, MC. (1979). Clinico-anatomical correlation in anterolateral cordotomy. In Bonica JJ, Liebeskind JC, Albe-Fessard DG (eds): Advances in pain research and therapy, Raven, New York, pp 921-926. Noseda, R, Monconduit, L, Constandil, L, Chalus, M and Villanueva, L (2008). Central nervous system networks involved in the processing of meningeal and cutaneous inputs from the ophthalmic branch of the trigeminal nerve in the rat. Cephalalgia, 28: 813-824. Ohtake, T. (1992). Ascending projections from the gigantocellular reticular and dorsal paragigantocellular nuclei of the medulla oblongata in the rat: an anterograde PHA-L tracing study. Neurosci Res. 14: 96-116. Olausson, H, Lamarre, Y, Backlund, H, Morin, C, Wallin, BG, Starck, G, Ekholm, S, Strigo, I, Worsley, K, Vallbo, AB and Bushnell MC. (2002) Unmyelinated tactile afferents signal touch and project to insular cortex. Nat Neurosci. 5: 900-904. Pedersen, SF, Owsianik, G and Nilius, B. (2005). TRP channels: an overview. Cell Calcium 38: 233252. Perl, ER. (2007) Ideas about pain, a historical view. Nat Rev Neurosci. 8:71-80. Ploner, M, Freund, HJ and Schnitzler, A. (1999) Pain affect without pain sensation in a patient with a postcentral lesion. Pain 81: 211-214. - 27 Puehler, W, Zollner, C, Brack, A, Shaqura, MA, Krause, H, Schafer, M, and Stein, C. (2004). Rapid upregulation of mu opioid receptor mRNA in dorsal root ganglia in response to peripheral inflammation depends on neuronal conduction. Neuroscience 129: 473–479. Schilder, P and Stengel, E. Asymbolia for pain. (1932). Arch Neurol Psychiatry 25:598-600. Sessle, B.J. (2005). Peripheral and central mechanisms of orofacial pain and their clinical correlates. Minerva Anesthesiol. 71: 117-136. Sharav, Y (1989). Orofacial pain. In P. D. Wall and R. Melzack (eds.) :“Textbook of Pain”, Churchill Livingstone, Edinburgh, pp 441-454. Sherrington, CS (1906). The integrative action of the nervous system (New York: Scribner). Sindou, M, Quoex, C and Baleydier, C. (1974). Fiber organization at the posterior spinal cord-rootlet junction in man. J Comp Neurol 153: 15-26. Sugiura, Y, Lee, CL and Perl, ER. (1986) Central projections of identified, unmyelinated (C) afferent fibers innervating mammalian skin. Science 234:358-361. Tozaki-Saitoh H, Tsuda M, Miyata H, Ueda K, Kohsaka S, Inoue K. (2008). P2Y12 receptors in spinal microglia are required for neuropathic pain after peripheral nerve injury. J Neurosci. 28: 4949-4956. Treede, RD, Kenshalo, DR, Gracely, RH and Jones, AK. (1999). The cortical representation of pain. Pain 79: 105-111. Verge, GM, Milligan, ED, Maier, SF, Watkins, LR, Naeve, GS and Foster, AC. (2004). Fractalkine (CX3CL1) and fractalkine receptor (CX3CR1) distribution in spinal cord and dorsal root ganglia under basal and neuropathic pain conditions. Eur J Neurosci. 20: 1150–1160. Vierck, CJ, Greenspan, JD, Ritz, LA and Yeomans, DC. (1986). The spinal pathways contributing to the ascending conduction and the descending modulation of pain sensations and reactions, In Yaksh, TL (ed): Spinal afferent processing, Plenum, New York, pp 275-329. Villanueva, L, Bernard, JF and Le Bars, D. (1995) Distribution of spinal cord projections from the medullary subnucleus reticularis dorsalis and the adjacent cuneate nucleus: a phaseolus vulgaris leucoagglutinin (PHA-L) study in the rat. J Comp Neurol. 352: 11-32. Villanueva, L, Bouhassira, D and Le Bars, D. (1996). The medullary subnucleus reticularis dorsalis (SRD) as a key link in both the transmission and modulation of pain signals. Pain 67: 231-240. Villanueva, L, Chitour, D. and Le Bars, D. (1986). Involvement of the dorsolateral funiculus in the descending spinal projections responsible for diffuse noxious inhibitory controls in the rat. J Neurophysiol. 56: 1185-1195. Villanueva, L, Desbois, C, Le Bars, D and Bernard, JF. (1998) Organization of diencephalic projections from the medullary subnucleus reticularis dorsalis and the adjacent cuneate nucleus: A retrograde and anterograde tracer study in the rat. J Comp Neurol. 390:133-160. Villanueva, L and Nathan, PW. (2000). Multiple pain pathways. In Proceedings of the 9 th World Congress on Pain. (Devor M, Rowbotham MC, Wiesendfeld-Hallin Z, (eds), Seattle, IASP Press, pp 371-386. Vogt, BA (2005) Pain and emotion interactions in subregions of the cingulate gyrus. Nat Rev Neurosci 6: 533-544. White, J.C. (1966). Cordotomy. Assessment of its effectiveness and suggestions for its improvement. Clin Neurosurg. 15: 1-19. Willis, WD, Al-Chaer, ED, Quast, MJ and Westlund, KN. (1999). A visceral pain pathway in the dorsal column of the spinal cord. Proc Natl Acad Sci USA. 96: 7675-7679. Willis, WD and Coggeshall, RE. (1991). Sensory mechanisms of the spinal cord, 2nd. ed. Plenum Press, New York. - 28 Woolf, CJ and Ma, Q. (2007). Nociceptors - noxious stimulus detectors. Neuron. 55: 353-364. Zhang, X, Honda, CN and Giesler, Jr GJ. (2000) Position of spinothalamic tract axons in upper cervical spinal cord of monkeys. J Neurophysiol. 84: 1180–1185. - 29 - - 30 - - 31 - - 32 - - 33 -