La Croix, no. 39107
France, mardi 25 octobre 2011
L'HISTOIRE.
Vivre auprès des antennes-relais.
Mi-octobre, deux médecins ont rendu visite aux habitants de la cité aixoise de la Pinette. Plusieurs d'entre eux disent souffrir de
troubles qu'ils attribuent aux douze antennes-relais implantées au sommet d'un bâtiment.
BOYER Corinne
En ce samedi matin d'automne, deux médecins membres de l'Association santé environnement France (Asef) sont venus voir les
habitants de la cité HLM aixoise de la Pinette. Patrice Halimi et Catherine Begnis se sont munis d'une centaine de questionnaires.
La première antenne-relais a été installée ici il y a une dizaine d'années, au sommet du bâtiment A. Aujourd'hui, il y en a douze.
« Notre enquête cherche à savoir si les habitants sont plus exposés que d'autres à certaines pathologies », explique Patrice
Halimi, secrétaire général de l'Asef.
Locataire depuis deux mois au troisième étage du bâtiment A, Cherifa, 34 ans, a constaté depuis une intensification de
sifflements dans la tête qu'elle ressentait déjà. « Ma vision se trouble parfois, nous sommes fatigués sans raison et mon fils a mal
à la tête, ce qui n'était pas le cas dans notre ancien logement », constate cette mère au foyer de quatre enfants de 3 à 9 ans.
Zolera Ouggad, qui vit dans un bâtiment proche de l'immeuble A, dit quant à elle ressentir « une compression permanente dans
la tête ». « J'entends un bourdonnement sourd continu et des sifflements intermittents. Parfois je prends jusqu'à six Efferalgan
par jour pour que ça se calme », raconte cette auxiliaire de vie de 47 ans. Yacine, un fonctionnaire de 38 ans qui vit à moins de
vingt mètres des antennes-relais, aligne les symptômes : maux de tête, troubles de la mémoire, fatigue, sifflements auditifs. «
J'ai ça depuis deux ans, alors que j'ai toujours été en bonne santé ». Déjà inquiet de voir grandir ses deux filles de 1 an 1/2 et 3
ans dans cet environnement, Yacine se dit prêt à déménager. Kadhija, 61 ans, ancienne secrétaire, souffre pour sa part depuis
trois ans de vertiges et de maux de tête permanents. Elle a effectué un électroencéphalogramme et un scanner cérébral qui n'ont
« rien démontré d'anormal », mais ne peut s'empêcher de faire le lien avec les antennes-relais.
À 13 heures, les deux médecins repartent avec 16 questionnaires recensant en majorité des maux de tête, des bourdonnements
auditifs, une irritabilité accrue. « Nombre d'habitants affirment que ces troubles disparaissent lorsqu'ils quittent leur logement. Ce
n'est pas une preuve, mais on peut suspecter un lien », indique Patrice Halimi.
L'enquête d'Asef « donne de l'espoir » à Zolera Ouggad, présidente des locataires de la Pinette, qui voudraient obliger le bailleur
social 13 Habitat à retirer les antennes. Comme l'a déjà réclamé, en mai dernier, une pétition qui a recueilli 400 signatures. Le 25
juillet, son directeur général leur a répondu. « Les antennes-relais sont reconnues par toutes les autorités sanitaires ainsi que
l'organisation mondiale de la santé comme ne présentant pas de danger pour la santé des riverains ». Affaire à suivre, donc.
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