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Puissances et tensions dans le monde
Ce texte est constitué d’extraits du discours prononcé par George Bush au Congrès
américain, formé par le Sénat et la Chambre des représentants, le 6 mars 1991.
Successeur de Ronald Reagan, dont il a été le vice-président dès 1981, et républicain
comme lui, il est élu président des États-Unis en novembre 1988. Sa politique
intérieure poursuit celle de son prédécesseur, et ses succès les plus indéniables
concernent la politique étrangère. En effet, son unique mandat s’inscrit dans le
contexte de la fin de la guerre froide, l’obligeant à redéfinir le rôle des États-Unis,
qui, avec l’effondrement du bloc soviétique, restent alors la seule superpuissance
en lice. Il se heurte également à la question de l’instabilité du Moyen-Orient,
qui lui permet d’illustrer la mission de paix que sa nation s’est assignée dans le
monde.
Les circonstances dans lesquelles George Bush prononce ce discours sont ici
très particulières, puisqu’il s’agit de justifier l’intervention américaine en Irak. En
effet, le 2août 1990, les forces irakiennes avaient envahi le Koweït, notamment pour
s’emparer de ses richesses en hydrocarbures et parce que l’Irak n’a jamais reconnu
l’indépendance, en 1961, de ce micro-État. Celui-ci, de surcroît, refusait d’annuler
la dette colossale contractée par l’Irak dans les années 1980, au moment de la guerre
contre l’Iran. Ne pouvant tolérer l’émergence d’une puissance régionale dominante
dans cette région pétrolière stratégique, les États-Unis décident d’intervenir, à la
tête d’une coalition de 30pays et avec l’accord de l’ONU. Le 17janvier 1991 est
lancée l’opération «Tempête du désert», qui marque le début de la première guerre
du Golfe, laquelle s’achève victorieusement six semaines plus tard. George Bush
veut en faire l’illustration du «nouvel ordre international» qu’il souhaite. Il s’agit
d’étudier la mise en place de ce nouveau contexte international, puis de définir ce que
le président américain qualifie de «nouvel ordre mondial» et enfin de montrer que
ce système va subir de fortes contestations.
George Bush déclare que les Nations unies sont «libérées de l’impasse de la
guerre froide», alors que le bloc soviétique achève de s’effondrer. Après la chute du
Mur de Berlin le 9novembre 1989, les démocraties populaires d’Europe de l’Est se
détachent de la tutelle soviétique, puis, en 1990, les Républiques baltes reprennent
leur indépendance. En mars 1991, l’URSS est à l’agonie, sur le point d’éclater: le
Conseil d’assistance économique mutuelle, ainsi que le pacte de Varsovie vont être
dissous respectivement le 28 juin et le 1erjuillet; il ne reste quasiment plus qu’à
enterrer officiellement l’URSS, ce qui sera fait en décembre. Dans ce contexte,
l’opposition entre les États-Unis et l’URSS fait place au rapprochement, d’autant
plus que cette dernière compte sur l’aide étrangère pour assurer sa transition vers
l’économie de marché. Dès le mois de décembre 1989, George Bush et Mikhaïl
Gorbatchev annoncent à Malte l’avènement d’une «ère nouvelle» dans les relations
internationales.
Mikhaïl Gorbatchev cherche désormais la conciliation avec les États-Unis, et,
dès le 17 août 1990, Moscou proteste contre la « perfidie » de son ancien allié
Saddam Hussein. Par la suite, des diplomates soviétiques vont tenter de faciliter les
négociations, mais surtout Moscou vote en faveur de toutes les résolutions des Nations
unies contre l’Irak: la guerre froide a bien pris fin. L’Irak ne peut plus compter sur
la rivalité des deux Grands, et l’ONU n’est désormais plus l’otage des droits de