Les sanctuaires des provinces orientales aux époques hellénistique et romaine CM6 LA PALESTINE À L’ÉPOQUE ROMAINE : LE CAS DU JUDAISME Introduction • Contexte géographique • Problématique • Plan général du cours Carte de la Palestine au Ier siècle ap.r J.-C. Contexte géographique Une plaine côtière avec quelques ports importants : Ptolemaïs (Acre), Césarée (fondée par Hérode à la fin du Ier siècle av. J.-C.), Gaza. Des collines au relief marqué et au climat méditerranéen : du nord au sud la Galilée, la Samarie, la Judée et l’Idumée. Un fossé tectonique très marqué (lac de Tibériade, vallée du Jourdain, mer Morte) dont le fond est d’altitude très basse (400 m au-dessous du niveau de la mer pour la mer Morte) et dont les flancs sont très abrupts et désertiques (désert de Judée entre Jérusalem et la basse vallée du Jourdain ou la mer Morte). Contexte géographique A l’est du Jourdain, en bordure de la Syrie au nord, de l’Arabie au sud : région appelée «Décapole» (deca : dix ; polis : cité) à partir des conquêtes de Pompée. Région fortement hellénisée organisée autour d’une dizaine de villes : Scythopolis à l’ouest du Jourdain et Gadara, Gerasa, Philadelphia à l ’est. Décapole = des villes en Palestine, Arabie et Syrie. Contexte géographique La population de la Palestine est très mêlée = processus de peuplement complexe - Sur la côte nord : des Phéniciens - Au sud : des Philistins - Dans la Décapole : des Grecs - Des groupes sémitiques variés dans l’intérieur : les Iduméens (convertis au judaïsme à la fin du IIème siècle av. J.-C.) - Des Juifs en grand nombre, mais principalement concentrés en deux zones : la Judée et la Galilée - En Samarie : les Samaritains Problématiques • Quels sont les préceptes de base de la religion juive à cette époque ? • Quelles sont les sources à notre disposition ? Plan du cours • I/ LA PENSEE JUIVE • II/ LE TEMPLE DE JERUSALEM • III/ LES SYNAGOGUES I/ LA PENSEE JUIVE On a généralement connaissance pour toute l’Antiquité, toutes périodes et toutes régions confondues de religions à sanctuaires multiples et à divinités multiples. Le cas du judaïsme est différent : Un dieu unique, exclusif (qui n’a ni rivaux, ni parèdres), que l’on ne peut pas représenter, et que d’ailleurs on ne peut pas « nommer » Le dieu a un sanctuaire unique situé à Jérusalem mais unique dans tout son territoire (la Judée) et même unique pour tous les Juifs qui vivent en diaspora (mot qui se traduit plus ou moins par : «dispersion») en dehors de ce territoire. Ce principe est logique : un sanctuaire car il n’y a qu’un dieu des Juifs. Vue aérienne de la vieille ville de Jérusalem, vue vers le sud I/ LA PENSEE JUIVE Constat majeur dans le judaïsme de Judée : principe d’unicité - Lutte contre le polythéisme, contre le culte des Baal-s (en hébreu, les dieux– «seigneurs») - Lutte pour l’élimination des bâmot (pluriel de bâmah) = sortes d’autels surélevés, en plein air, établis sur le sommet des hautes collines, et où l’on sacrifiait à un Baal ou parfois à Yahweh lui-même. Les rédacteurs de l’Ancien Testament (rédigé du VIIe siècle av. J.-C. jusqu’à l’époque hellénistique) ont lutté contre ces bâmot car le polythéisme risquait la remise en cause du rôle central et unique du sanctuaire de Jérusalem. I/ LA PENSEE JUIVE IIIe siècle av. J.-C. : traduction grecque du Pentateuque ou Torah (les cinq premiers livres de l’Ancien Testament : la Loi), pour la communauté juive d’Alexandrie d’Egypte. Cette traduction se fait, d’après la tradition qui en est rapportée par l’historien juif Flavius Josèphe (fin du Ier siècle apr. J.-C.), par 72 sages (six pour chacun des douze tribus d’Israël), envoyés spécialement de Jérusalem à Alexandrie, qui traduisent, de façon parfaite et définitive. Cette traduction des «Septante» (LXX) n’est donc pas une nouvelle Torah, ou une approximation, c’est la même, simplement «transposée» en grec. I/ LA PENSEE JUIVE Unicité fragile du judaïsme : La dispersion des Juifs sur un grand territoire Existence d’un sanctuaire rival : le sanctuaire du mont Garizim des Samaritains A ces réserves près, l’unicité du sanctuaire, dont celle du culte, existe I/ LA PENSEE JUIVE Deux conséquences importantes Nécessité pour les Juifs qui sont loin de Jérusalem de recourir à d’autres types de bâtiments religieux, pour se réunir, lire les textes sacrés et prier, mais non pour sacrifier : ce sont les synagogues. Incompréhension des non-Juifs : système où tout un peuple, dispersé de Rome à la Mésopotamie, n’a qu’un sanctuaire et qu’un dieu. I/ LA PENSEE JUIVE • Cette incompréhension des non-juifs s’est traduite par différents évènements : En 169 av. J.-C. : le roi séleucide Antiochos IV installe un culte de Zeus Olympien dans le sanctuaire de Jérusalem = Révolte des Maccabées, rapidement victorieuse. 70 apr. J.-C. : l’empereur Titus vainqueur de la grande révolte juive contre Rome, fait intégralement raser le sanctuaire de Jérusalem, de façon à éradiquer un sanctuaire impossible à intégrer dans le monde romain. I/ LA PENSEE JUIVE • CONCLUSION • La destruction du Temple de Jérusalem donne au judaïsme sa configuration définitive: – Une religion sans sanctuaire, sans sacrifice – Une religion qui garde le Sanctuaire disparu comme référence centrale – Une religion qui fonctionne au quotidien avec un rituel de lectures, récitations et prières, dans les synagogues dispersées à travers le monde juif. LE CONTEXTE HISTORIQUE Xème s. av. J.-C. : Salomon(?). «Premier Temple» de Jérusalem. 587 av. J.-C. : Destruction du Premier Temple par les NéoBabyloniens. Exil de la population juive de Judée à Babylone. 539 : Édit de Cyrus, souverain perse achéménide. Retour d’Exil. Reconstruction des remparts et du («Second») Temple de Jérusalem. 312-301 :Conquêtes de Ptolémée Ier en Judée (dont prise de Jérusalem) et plus largement en Palestine. Début de la période lagide en Syrie-et-Phénicie. Vers 280-250 : Traduction grecque du Pentateuque à Alexandrie (date et lieu conventionnels : selon Flavius Josèphe). 200 : Bataille de Panion (Banyas, sud-ouest du Golan), victoire d’Antiochos III. Début de la période séleucide en Coelè-Syrie-et-Phénicie. LE CONTEXTE HISTORIQUE après 200 : Reconnaissance des droits (religieux + exemptions fiscales) des Juifs de Judée par Antiochos III («charte séleucide de Jérusalem»). 169 : Répression menée par Antiochos IV à Jérusalem, pillage du Temple. 167-134 : Révolte maccabéenne (conduite successivement par Judas, Jonathan, Simon, les «Maccabées», trois frères). 164 : purification du Temple de Jérusalem. 152 : Jonathan reconnu comme grandprêtre par le roi séleucide Alexandre Balas. 134-40 : Dynastie hasmonéenne (Jean-Hyrcan, Alexandre Jannée, etc. : les successeurs des Maccabées). Guerres de conquête. Fréquents travaux au Temple. LE CONTEXTE HISTORIQUE 63-62 : Siège et prise de Jérusalem par Pompée. Le Temple est pillé un peu plus tard par Crassus. Ascension de l’Iduméen Antipatros, père d’Hérode. 40 : Hérode, est reconnu roi des Juifs par le Sénat à Rome. Il concrétise sa victoire sur le terrain en 37. 40-4av. J.-C. : Règne d’Hérode. Grands travaux, en particulier au Temple. 4 av.- 66apr. J.-C. : Successeurs d’Hérode puis administration directe par Rome de la province de Judée. 66-73 : Grande révolte juive et répression romaine. Prise de Jérusalem par Titus et destruction du Temple. Prise de Massada en 73. 132-135 : «Seconde révolte» juive contre Rome, conduite par Bar-Kochba, qui se proclame «prince d’Israël». Création de la nouvelle ville de Jérusalem par Hadrien : Aelia Capitolina. II/ LE TEMPLE DE JERUSALEM Le Mont du Temple : permanence d’un lieu de culte majeur, du Xème s. av. J.-C. à nos jours. CHRONOLOGIE DU « MONT DU TEMPLE » Le «Premier Temple» : celui du roi Salomon : Xe-VIe siècles av. J.-C. dont il ne reste rien. Le «Second Temple» phase A : bâti à partir de la fin du VIe siècle par Zorobabel, et plusieurs fois agrandi et remanié, jusqu’à l’époque hellénistique incluse. Le «Second Temple» phase B : bâti par Hérode à partir de 18 av . J.-C. et resté debout jusqu’à sa destruction par Titus en 70 apr. J.-C. Il est le seul dont nous possédons quelques vestiges et des descriptions. La ville d’Hadrien : Aelia Capitolina, est interdite d’accès aux Juifs sauf un jour par an. A partir du IVe siècle, les chrétiens se désintéressent de cet emplacement et à partir de l’époque omeyyade (fin du VIIe siècle/début VIIIème) : construction de deux grands lieux saints de l’islam : le «Dôme du rocher» (691) et la mosquée al-Aqsa (705-715). -vallée du Kidron (Cédron) à l’est -vallée du Tyropéon à l’ouest LE TEMPLE DE JERUSALEM Résultat de modifications, de reconstructions, sur une longue période Il y a le premier sanctuaire, celui attribué par la tradition biblique à Salomon. Il est détruit par ordre de Nabuchodonozor II en 586. Il n’en reste rien. Ce qu’on appelle «Second Temple» = période (du retour d’Exil à la nouvelle destruction du temple par Titus). En 3 phases : La reconstruction d’époque perse achéménide (Zorobabel, Esdras, Néhémie) : un édifice certainement d’assez petite taille. Une seconde, de réaménagements et agrandissements importants à l’époque des Hasmonéens. Une troisième, plus monumentale, en très grand appareil, qui est celle d’Hérode (durée de la construction : 46 ans). Début de construction en 18 av. J.-C. HERODE LE GRAND A demi Juif et allié de Rome, en particulier de César, puis de MarcAntoine, puis d’Octave-Auguste. Le sanctuaire à Jérusalem est sa réalisation la plus luxueuse, construite dans un appareil colossal. Connaissance du fonctionnement religieux par les textes (Flavius Josèphe à la fin du Ier siècle apr. J.-C. puis par les écrits rabbiniques) mais sur le plan archéologique nous ne connaissons plus que quelques éléments du péribole. Tunnel du mur des lamentations Mur des lamentations LES DOCUMENTS POUR LA CONNAISSANCE DE CE SANCTUAIRE : LES MONNAIES Représentation de la façade stylisée du porche du Temple, sur des monnaies émises par les insurgés lors de la révolte de Bar Kochba. Monnayage juif : respect de l’interdiction de représenter Dieu, des dieux ou des souverains. Symboles : exemple de l’un des cratères d’or faisant partie du mobilier cultuel du Temple. LES SOURCES POUR LA CONNAISSANCE DE CE SANCTUAIRE : LA MISHNA Recueil de traités rabbiniques postérieurs à la destruction du sanctuaire en 70, traité Middot (littéralement : les «Dimensions» [du sanctuaire]). Plan du sanctuaire hérodien proposé par l’archéologue israélien Joseph Patrich d’après ce traité. LES SOURCES POUR LA CONNAISSANCE DE CE SANCTUAIRE FLAVIUS JOSEPHE • Deux très longues descriptions en grec dans sa Guerre des Juifs puis dans ses Antiquités juives. • Très important car il écrit à Rome entre 70 et la fin du siècle, a très bien connu le sanctuaire dans sa jeunesse. LE ROULEAU DU TEMPLE Un des documents de Qumran (les «manuscrits de la mer Morte»). Restitution du sanctuaire (Rachel Hachlili) Restitution du sanctuaire (Rachel Hachlili) ORGANISATION SPATIALE DU SANCTUAIRE Organisation en parvis emboités. Le parvis extérieur est ouvert à tous, et sa fonction n’est pas seulement religieuse : lieu de rassemblement et de commerce. Le parvis intérieur : strictement réservé aux Juifs (cf. inscription). Maquette du Temple, (Musée d’Israël, Jérusalem) ORGANISATION SPATIALE DU SANCTUAIRE LA DESCRIPTION DU TEMPLE DANS LE TRAITÉ DE MIDDOT DE LA MISHNA Texte rabbinique datable des années 200 apr. J.-C., mais rédigé sur la base d'informations qui remontent à une date antérieure à 70. Description fonctionnelle et ‘métrique’. Middot = «les mensurations» : celles du Sanctuaire avant sa destruction en 70 (mesures très précises car les architectes d’Hérode ont respecté les prescriptions des textes sacrés, quant aux proportions). Mont du Temple = carré de 500 coudées (1 coudée = 50 cm) Restitution proposée par J. Patrich LE ROULEAU DU TEMPLE (QUMRAN) L'un des textes majeurs de Qumran (saisi en 1967 chez un marchand d'antiquités de Bethléem) Le plus long document de Qumran : 8,15 m en 19 parchemins cousus Document essénien : Un groupe minoritaire du judaïsme (schisme sacerdotal, survenu en 152 av. J.-C.) Forme de loi utopique si les Esséniens étaient au pouvoir. Le texte original date la fin du IIe ou du début du Ier siècle av. J.-C. (la copie dont nous disposons est de la première moitié du Ier siècle apr. J.C.) : fort antérieur au sanctuaire hérodien. Description du temple et précisions sur les sacrifices : holocauste de deux agneaux âgés d'un an tous les jours, un le matin, un au crépuscule, dans les deux cas avec libation de vin tous les shabbath (samedis), deux agneaux supplémentaires au début de chaque mois, deux taurillons, un bélier, sept agneaux d'un an. LA DESCRIPTION DE FLAVIUS JOSÈPHE Guerre des Juifs V, 184-24 L’histoire de la Guerre des Juifs est rédigée à Rome par Josèphe vers 80. Témoin oculaire qui a cherché à rendre sa description compréhensible pour un public de non-Juifs de l’époque. F. Josèphe : aristocrate juif intéressé par les questions religieuses, a été l’un des chefs de la révolte juive de 66 ; rapidement arrêté, puis transféré à Rome, il est entré dans l’entourage des empereurs ; il écrit en grec. La description du sanctuaire intervient avant le récit du siège de Jérusalem. LA DESCRIPTION DE FLAVIUS JOSÈPHE Guerre des Juifs V, 184-24 LA DESCRIPTION DE FLAVIUS JOSÈPHE Guerre des Juifs V, 184-224 Description qui illustre la splendeur (technique, matérielle, financière) du sanctuaire. L’ordre de description retenu est l’ordre "logique" : de l'extérieur vers l'intérieur. La splendeur est soulignée par l'insistance sur les matériaux : Le Temple étincelle aux yeux de tous : or, argent, marbre blanc Des étoffes babyloniennes de lin constituent les tentures de l'intérieur du hikhal Des flèches d'or disposées partout empêchent les oiseaux de se poser, donc de souiller l'espace sacré. Attention : le fer est proscrit de toute la construction. LA DESCRIPTION DE FLAVIUS JOSÈPHE Guerre des Juifs V, 184-24 Il conclut sur la phase hérodienne : «Les pierres utilisées pour la construction étaient grandes de 40 coudées ; en effet, l'abondance des fonds et l'enthousiasme du peuple poussaient à des entreprises au-delà de toute expression, et ce dont on désespérait de voir la fin, à force de persévérance et de temps, se trouva achevé». C’est le cas des blocs utilisés pour la base du péribole ouest (blocs d’environ 20 m de long). LA DESCRIPTION DE FLAVIUS JOSÈPHE Guerre des Juifs V, 184-24 Le Temple : deux parties consécutives. Attention : « seule la première était exposée aux regards, sur toute sa hauteur, sans interruption » : un chandelier (à sept branches, cf. les sept planètes) ; une table d’offrande (où sont posés douze pains, symbolisant les mois de l’année et les signes du zodiaque) et un autel à encens où l'on brûle treize parfums. Le Saint des Saints est séparé du reste par un voile : interdit à tous. CONCLUSION SUR LE TEMPLE DE JERUSALEM Beaucoup à comprendre, par l’archéologie, sur le sanctuaire hérodien et ses prédécesseurs d’époque perse et hellénistique. Mais emplacement où l’archéologie est condamnée à l’inaction. Insistance sur ce sanctuaire de Jérusalem (monothéisme ; interdiction absolue de la représentation de Dieu) : Peu de vestiges archéologiques connus Informations textuelles très riches Situation inverse de celle que nous rencontrons habituellement : des vestiges archéologiques mais une absence d’informations sur leur sens. III/ LES SYNAGOGUES Ces édifices n’ont rien à voir avec des sanctuaires. Ce sont des lieux de réunion religieuse communautaire, des maisons de prière. • Ces bâtiments sont nombreux et bien conservés, aux IVe-VIIe siècles, et au-delà, dans le nord d’Israël (Galilée) et dans le Golan : une région où le peuplement juif et le judaïsme étaient très dynamiques à cette époque. • Synagogues plus anciennes comme celle de DouraEuropos : détruite en 256 de notre ère. Toutefois, il ne faut pas croire que les synagogues soient apparues uniquement après la destruction de Jérusalem et du Sanctuaire en 70, pour «pallier» la disparition du lieu de culte normal. III/ LES SYNAGOGUES Les premières synagogues en diaspora sont connues par des textes seulement et sous le nom de proseuchai, « maisons de prière ». Nous connaissons ainsi un décret d’Halicarnasse (fin du IIe siècle av. J.-C.) reproduit par Flavius Josèphe, Antiquités juives, livre XIV : « Attendu que nous avons à cœur, en toute circonstance, de nous montrer pieux et respectueux envers la divinité, nous conformant à l’exemple du peuple romain bienfaiteur de tous les hommes et à ce qu’il a écrit à notre cité à propos de l’amitié et de l’alliance avec les Juifs, afin qu'ils puissent servir leur dieu, célébrer les fêtes coutumières et se réunir : Plaise à nous aussi que, parmi les Juifs, les hommes et les femmes qui le voudront observent le sabbat et accomplissent les rites selon les lois juives ; qu’en outre ils établissent leurs lieux de prière près de la mer, conformément à leur usage ancestral. Si quelqu’un, magistrat ou particulier, les en empêche, qu’il soit redevable de l’amende indiquée et qu’il la paie à la cité. » « Usage ancestral » et lieu de réunion communautaire : on y prie Dieu et célèbre les fêtes du judaïsme, à distance du Sanctuaire (+ collecte de la dîme pour le Sanctuaire). La synagogue de Jéricho Archéologue israélien : Ehud Netzer Synagogue de Jéricho (époque hasmonéenne) 3 phases : de 80 à 50 av. J-C. -hall couvert avec portique périphérique ; -triclinium; -geniza: rangement de la Torah ; -mikweh : bains rituels Bâtiment prototypal. LES MIKWEH Exemple de mikweh sur le site de Qumran Mikweh : espace destiné aux bains rituels Concept de pureté et d’impureté Beaucoup de mikweh mis au jour, datant du tournant de l’ère chrétienne. Immersion : avant l’époque hasmonéenne, dans une source, un lac ou une rivière. Eau du mikweh = ne doit pas être souillée par la main de l’homme : eau de pluie ou eau de source acheminée par un conduit. Les objets étaient aussi purifiés, par immersion. Quelques synagogues tardives Exemples de synagogues tardives : Beth Alpha Sepphoris BETH ALPHA BETH ALPHA • VIe siècle. • Mise au jour et fouillée en 1929 par E. L. Sukenik, de l’Université hébraïque de Jérusalem. Abside orientée vers Jérusalem. • 2 inscriptions : • une en grec : mention des deux mosaïstes : Marianos et son fils Hanina • une en araméen disant que la mosaïque avait été posée durant le règne de Justin Ier le Grand (entre 517 et 528). BETH ALPHA SEPPHORIS Construction aux VIeVIIe siècles. Orientée vers l’ouest et non pas vers Jérusalem. Longue et étroite pièce (20 x 8,6m) qui est divisée en 2 secteurs par une rangée de 5 colonnes. SEPPHORIS Lions flanquant une couronne centrale = protection de la synagogue et de la communauté. Au centre : bâtiment avec 6 colonnes en façade = l’Arche. Chandeliers à 7 branches = menorah. SEPPHORIS Aux angles : les quatre saisons, personnifiées par des femmes. Les signes zodiacaux sont soit personnifiés, soit définis par leur symbole mais sont à lire dans le sens contraire des aiguilles d’une montre. Au centre = char dirigé par le Soleil lui-même. L’image centrale est certainement à mettre en lien avec le pouvoir divin, le Maître de la Création, alors que les saisons, les mois et les corps célestes entourant le chariot se référent à l’ordre divin de la nature et de l’univers, qui marque donc le passage du temps. Les synagogues en résumé Lieu de prière pour l’assemblée de croyants. Synagogues datant du Ier siècle av. J.-C. = relais pour le Temple. Une grande majorité mise au jour : période romaine tardive et période byzantine : en Galilée = plan basilical à 3 nefs + abside (Arche sainte contenant les rouleaux de la Torah). Lieu d’enseignement pour les enfants. Repas communautaires lors des fêtes. Souvent seul bâtiment public dans le village : rôle de centre administratif et de cour de justice. CONCLUSION Il ne faut cependant pas oublier la double composante de la société (entre le Ier siècle av. J.-C. et le IIIe siècle) en Palestine à l’époque romaine : Le judaïsme avec son Temple et des synagogues Des cultes païens : Césarée, Samarie, Banyas, Beth-Shean. BIBLIOGRAPHIE • Caroline Arnould-Béhar, La Palestine à l'époque romaine, Paris, Les Belles Lettres, 2007. • Francis Schmidt, La pensée du Temple, de Jérusalem à Qumran : identité et lien social dans le judaïsme ancien, Paris, Seuil, 1994. • Flavius Josèphe, Guerre des Juifs. • Flavius Josèphe, Antiquités juives.