2 LE PROGRAMME RENFORCEMENT DES SYSTÈMES PHARMACEUTIQUES
Impact de la sécurité des médicaments
De nombreuses études ont révélé l’impact considérable sur les soins en général
et sur la santé des patients en particulier, de produits de mauvaise qualité, des
réactions adverses aux médicaments et des erreurs de médication ; cependant,
la plupart des cas n’étant pas détectés, il est quasiment impossible d’évaluer
l’ampleur réelle de ce problème. La plupart des preuves documentées disponibles
sur la qualité des médicaments et leurs réactions adverses viennent des pays
industrialisés ; par exemple, dans son inuent rapport de 1999, l’Institut
Américain de Médecine estime que près de 98000personnes meurent chaque
année dans les hôpitaux américains à la suite d’erreurs de médication, pour
un coût pouvant atteindre 29milliards de dollars par an (Kohn et al. 1999).
Les auteurs d’une méta-analyse ont estimé que les réactions adverses à elles
seules, à l’exclusion des erreurs de médication, ont été responsables du décès
de plus de 100000personnes en 1994 et qu’ils constituaient entre la quatrième
et la sixième cause principale de décès aux États-Unis (Lazarou et al. 1998).
Selon les estimations d’une étude similaire, plus de 70pour cent des réactions
adverses entraînant une hospitalisation au Royaume-Uni auraient pu être évités
(Pirmohamed et al. 2007). Les eets indésirables des médicaments sont également
coûteux en termes de perte de conance des patients dans le système de soins.
Les coûts en vies humaines et en charge nancière sont importants dans les pays
à revenus élevés, mais la situation est probablement plus alarmante dans les pays à
revenus moyens et faibles, en raison de conditions plus précaires des infrastructures
des systèmes de santé, du manque de abilité de l’approvisionnement et de la qualité
des médicaments et de la carence en personnels de soins de santé correctement
formés. De nombreux pays en développement reconnaissent à présent la nécessité
de mettre en place des systèmes de surveillance de la sécurité des médicaments
récemment introduits, comme les CTA et les ARV, mais ils manquent souvent de
ressources, notamment d’expertise locale, pour concevoir et instaurer de toutes
pièces un système de pharmacovigilance. En prêtant à la pharmacovigilance
l’attention qu’elle mérite, en tant que composante à part entière de la gestion
rationnelle des produits pharmaceutiques, il est cependant possible de réduire
considérablement de tels événements indésirables évitables et de contribuer à des
évidences valables sur lesquelles peuvent se baser les évaluations risques/avantages.
Qu’est-ce que la pharmacovigilance?
De façon sommaire, la pharmacovigilance est un système de surveillance de
l’innocuité et de l’ecacité des médicaments et autres produits pharmaceutiques.
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) dénit la pharmacovigilance
comme « la science et les activités relatives à la détection, à l’évaluation, à la
compréhension et à la prévention des eets indésirables ou de tout autre problème
lié aux médicaments » (WHO 2002). Un système de pharmacovigilance doit
comprendre toutes les entités et ressources qui protègent le public des préjudices
liés aux médicaments, qu’il s’agisse de soins personnels ou de services de santé
publique. Le système de pharmacovigilance vise à atteindre cette protection grâce
à l’identication, au recueil et à l’évaluation des eets indésirables de manière
ecace et opportune et par la communication des avantages et des risques liés aux
médicaments an de faciliter la prise de décision à diérents niveaux du système
de santé.