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Introduction
REMY Morgane_2008 5
font un récit, la rendent intelligible et, ainsi, lui donnent corps voire, parfois, l’amplifient par
les réactions « en chaîne » qu’ils provoquent. À l’instar d’un documentaire, il y a un préjugé
de non-fiction.
Pourtant, le récit médiatique est scénarisé avec des acteurs, une narration dramatique
des faits et des scenarii prévisionnels sont développés. La médiation serait alors une sorte
de fiction basée sur des événements réels qui auraient eux-mêmes une rétroaction sur
l’économie. En effet, le domaine financier, par son côté irrationnel et émotionnel, est un
lieu très réceptif à la fiction. Les places financières sont très sensibles à la confiance
des investisseurs qui sont bercés par tout un imaginaire. On peut donner alors le célèbre
exemple de Nathan Rothschild qui a fondé sa fortune sur un mensonge :
Le 20 juin 1815, au lendemain de la bataille de Waterloo, Nathan Rothschild accomplit
un « coup de bourse » remarquable. Informé de la défaite napoléonienne bien avant les
autorités, il se rend à la Bourse de Londres et pleure la perte de son fils, mort lors de la
déroute anglaise de Waterloo. Beaucoup croient alors que Napoléon est sorti victorieux du
combat et, gagnés par la panique, vendent leurs titres. Les actions chutent à une vitesse
folle. Rothschild attend la dernière minute puis les rachète et assoit ainsi la fortune familiale.
Dans ce cas-là, la réalité a découlé d’une fiction.
Hypothèse
Mon hypothèse contient donc deux volets :
Le premier volet de mon hypothèse est de prouver que la scénarisation d’un événement
cadre la crise. Il ne s’agit plus du discours d’économie mais d’un discours bien plus large
sur l’économie et autour de la finance. Ce nouveau discours est plus que la traduction par
les médias des dires des économistes. Le discours est construit par une grande diversité de
communautés (économistes, politiques, associations de petits porteurs, les industriels, les
médiateurs) selon un rapport de pouvoir. Selon la même logique que l’écriture de l’Histoire,
le discours dominant est imposé comme une réalité alors que ce n’est que celui qui a pu
s’imposer au détriment des autres.
Le deuxième volet de l’hypothèse est que le discours dominant qui s’impose est d’autant
plus important qu’il influe sur l’événement. Il le cadre. Il a, dans le cas d’espèce, un effet
déterminant sur les places financières où la confiance joue un rôle clef. Une spirale vicieuse
s’est créée sur la base rationnelle d’indicateurs économiques d’une part et sur la base
émotionnelle de croyances et mythes d’autre part.
Le but de ce mémoire est de faire une analyse de discours, de confronter les opinions
de membres des communautés économiques, politique et médiatique pour confirmer ou
infirmer cette hypothèse.
Choix du corpus et sa catégorisation