des degrés très divers, la dimension économique demeure avec le
constat renforcé des effets de la déscolarisation des jeunes qui là
aussi touche fortement les quartiers populaires. Dans son étude sur
le supportérisme violent, Dominique Bodin montre bien également
le poids des origines populaires des hooligans, utilisant la violence
comme « expression d’une frustration sociale de la part de jeunes
déshérités, en situation de crise économique grave ».
Au delà de l’économie, la question démographique a également son
importance. Élise Féron a pu montrer le rôle important du différen-
tiel démographique entre communautés suscitant, en Ulster, mais on
pourrait dire la même chose aux frontières de l’Europe en Bosnie
ou au Kosovo, des sentiments de peur vis-à-vis de l’autre dénoncé
comme menaçant car envahissant. La pression démographique dans
certaines familles originaires d’Afrique sub-saharienne en France,
couplée avec l’absence de ressources économiques et un habitat de
petite taille, conduit également les jeunes enfants mâles à occuper
l’espace de la rue, favorisant des phénomènes de bande où la sociali-
sation à la violence peut être importante.
2 - Les facteurs culturels
De nombreux participants au colloque ont insisté sur les facteurs cul-
turels qui alimentent les phénomènes de violence politique. Lorsque
l’on parle de facteurs culturels, il faut plus penser aux produits des
cultures professionnelles ou locales qu’à une trame historico-cul-
turelle qui déterminerait les actes des violents. C’est ainsi que Xavier
Crettiez refuse toute explication sur la violence politique en Corse
en terme d’héritage historique, faisant de la violence à prétention in-
dépendantiste, le reet contemporain d’une tradition de banditisme
politique ou la réactivation du rejet des troupes françaises au XVIIIe
siècle. Si la violence politique en Corse peut bien sûr compter sur
une culture locale qui fait grand cas du port des armes, des logiques
d’honneur et du phénomène clanique, sa pérennité s’explique avant
tout par l’imposition contemporaine d’une culture de la violence
devenue un mode naturalisé d’expression politique dans une île qui
depuis trente ans à connu près de 10 000 attentats à l’explosif.
Parmi les facteurs culturels, de nombreux intervenants ont souligné
les effets en termes de socialisation à la violence au sein de groupes
plus ou moins fermés qui développent une culture de la force et de
la confrontation, à la fois physique et verbale. Si Crettiez le souligne
à propos des nationalistes corses, dont plus rien ne les distingue des
forces politiques institutionnelles de l’île, si ce n’est le maintien
d’une violence devenue facteur d’identité, Élise Féron ou Alfonso
Perez Agote afrment les mêmes conclusions concernant l’Ulster ou
le Pays Basque. En Euskadi, Agote montre bien le rôle socialisa-
teur de pratiques culturelles comme le poteo (la tournée des bars)
qui va se radicaliser ces dernières années en ne fréquentant que des
bars nationalistes : l’enfermement de toute une jeunesse basque dans