psaume et psalmodie - Paroisse Sainte

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PSAUME ET PSALMODIE
Rechercher PLUS une IMPRESSION, plutôt qu’une EXPRESSION !
A - Qu’est-ce que le psaume ?
Le mot Psaume vient du grec psalmos, qui provient de l’hébreu mizmo. Il signifie: « Poème
chanté avec accompagnement sur un instrument à cordes pincées (comme la lyre, mais pas le
violon qui est à cordes frottés).»
La psalmodie, c’est « le dire en rythme ». Une cantillation.
Les paroles du psaume ont été écrites, il y a 3000 ans. Mais ils sont toujours d’actualité, car ils
résonnent du cri de l’humanité en quête de lumière, de bonheur. Les psaumes conjuguent en
même temps : la détresse, la misère, la souffrance, la confiance, l’espérance et les bonheurs de
l’humanité. Ils expriment les sentiments de la vie humaine.
Chouraqui dit que « les psaumes sont le miroir de nos révoltes et nos infidélités ».
Toutes les nuits depuis les origines du Christianisme et dans le monde entier, moines et
moniales, se lèvent pour chanter ensemble la louange de Dieu par les Psaumes. Parole de
Dieu, qui met ses mots en notre bouche et notre cœur.
Paroles d’Homme, qui parle à Dieu en lui confiant par la parole ou par le cri, ses joies et ses
révoltes.
Cette prière n’est pas réservée au monastère comme on le croit encore trop. Les prêtres prient
aussi avec la prière des Heures (appelée autrefois le bréviaire).
Des laïcs baptisés découvrent ou redécouvrent ses 150 prières, et prient à leur tour la liturgie
des Heures, par une mise en œuvre appropriée à leur vie.
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Vous pouvez penser que le psaume est parfois bien compliqué à comprendre…c’est normal : le
psaume relève d’une civilisation de l’oral, bien différente de la nôtre !
De toute façon, avons-nous à le comprendre ?...
Dans « comprendre », il y a « prendre », mettre la main dessus, l’enfermer….N’est-ce pas à lui
de nous « com-prendre », de nous prendre avec lui, de nous saisir… ? Car il est écrit dans la
PGLH :
« Celui qui chante les psaumes saisit leur importance pour la vie humaine des croyants
».
Personnellement, j’ai eu, depuis mon enfance, la possibilité de fréquenter parfois les
monastères. Et je me sentais saisie, en entendant ces paroles et saisie par la façon de la
mettre en œuvre… (Je dis cela en relisant mon parcours).
Saisie par ces psaumes, qui sont proches et lointains, à la fois :
- Lointains car ils ont 3000 ans, écriture en poème, poème d’une autre culture, mais aussi parce
qu’ils disent et chantent le Tout Autre. Et cela nous dépasse. C’est cela aussi vivre la liturgie :
vivre une expérience qui nous dépasse et qu’on ne peut saisir, puisque c’est elle qui nous saisit
! La liturgie nous prend aux « tripes », car son enjeu est de permettre la rencontre de l’homme
avec son Créateur! Elle prend tout l’être. Ce n’est pas rien !!!
- proches, car en les entendant, en les lisant, ils conjuguent tous nos sentiments, qui passent
de la douceur de vivre à la violence de nos sentiments, voir de nos actes ou paroles ! Aucun
compositeur moderne n’aurait l’audace d’en faire autant !
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Proches, car Le psalmiste est quelqu’un qui se laisse interroger par le monde, et ce à travers
toutes les époques traversées. Les psaumes sont de toutes les actualités. (on peut lire ici la
prière/psaume d’un prisonnier dans « célébrer n° 321, p.15)
L’histoire dit qu’au monastère de Tibhirine , immédiatement après la 1ere visite nocturne
des « frères de la montagne » , un des moines avait interrogé le prieur de la communauté
encore traumatisée : « Et maintenant, que fait-on ? » Christian de Chergé avait répondu tout
naturellement : « C’est l’heure de l’office. ».Ils sont allés chanter les psaumes. Pour eux, les
psaumes qui disent le combat toujours actuel des pauvres contre l’injustice, qui disent le
combat, jusqu’à la fin du monde, du Christ contre les puissances du mal, chantaient mieux que
tout « la foi en Dieu, sa révélation et sa rédemption », dans cette terrible actualité.
B - L’usage du psaume pendant la liturgie dominicale.
Pourquoi mettre en œuvre le psaume ?
- il est parti intégrante de la Parole de Dieu.
Comme nous l’avons vu rapidement auparavant, il est saisissant de constater que cette Parole
de Dieu est fortement aussi parole d’Homme ! Entre deux lectures, Dieu nous donne la parole,
sa Parole, pour lui répondre. Notre parole est sa Parole !Notre parole d’homme devient Parole
de Dieu !
Nous devons DEVENIR UN PSAUME. Le psalmiste est un ministère. C’est pourquoi, il n’est
pas obligé que l’animateur de chants psalmodie, mais le psalmiste…
A une époque, on a eu tendance a le remplacer par un cantique moderne (car on les prétendait
trop vieux…trop éloigné de notre culture…), qui n’a en rien le charisme d’un psaume, et sa
Puissance !
- Le psaume est la prière de L’Eglise,
Mais aussi la prière du peuple de la Bible, Et surtout celle du Christ lui-même. Jésus–Christ a
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prié les psaumes, par les Psaumes, avec les Psaumes !
Et à notre tour, en priant les psaumes, nous redisons ses Paroles, nous prions en Lui! Par Lui,
avec Lui et en Lui. Quelle merveille !
Les psaumes s’expriment parfois en « je ». Il y a donc trois « je » :
1. celui du Christ,
2. celui de l’Eglise,
3. celui du priant lui-même uni à ses frères.
P. Claudel dit : « ne prie pas : laisse Dieu prier avec toi ». Appliquons tout cela à la prière
des psaumes.
La prière, ce n’est pas « faire des prières », c’est :
1. une parole
2. une relation
3. une parole personnelle, certes, mais dans un collectif. Car pour preuve, lorsqu’on
demande à Jésus comment prier, il répond « dites :
NOTRE Père…. »
Prier, c’est entrer dans la prière du Christ.
La prière du psaume nous permet d’entre dans ce lieu qu’est la prière. Lorsque nous n’avons
pas de mots, ils nous en donnent…et c’est le Saint Esprit qui vient alors nous visiter. Laissons
le entrer… C’est l’Esprit saint qui nous anime. (c’est la même chose lorsque nous effectuons ce
service « d’animateur de chants » : ce n’est pas nous qui animons, c’est l’Esprit Saint, sinon
cela n’a pas de sens….)
- Le psaume n’est donc pas seulement la prière du croyant, c’est une prière liturgique.
Il ne prie pas en son nom propre, mais comme « délégué », « serviteur » de l’Eglise et de toute
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l’humanité. Il se peut qu’à tel moment, tel chrétien n’ait aucune raison de se plaindre, ou au
contraire aucune raison de rendre grâce: or le psaume l’invite à l’une ou l’autre de ses attitudes
spirituelles.
Et le psaume entre en celui qui prie, l’associant, l’unissant aux autres Hommes de la terre qui
vivent ces sentiments exprimés dans le psaume. Ainsi le psaume nous décentre de nous
même. Il est une prière qui nous emmène aux extrémités du monde. Ce n’est pas manquer à la
sincérité que d’agir comme membre du corps du Christ!
Même si l’on prie un psaume dans le secret de sa chambre, vous aurez compris que nous ne
sommes jamais seuls ! Solitaire s’abstenir !!!
:
- Le Psaume est l’un des moyens par lesquels l’assemblée rend le Seigneur présent en elle
« Il est là présent lorsque l’Eglise prie et chante les psaumes, lui qui l’a promis : « là où deux ou
trois sont rassemblés en mon nom, je suis là au milieu d’eux » (Mt 18,20) » (CSL n°7).
Cela ne signifie pas qu’il est absent si l’on chante un cantique, cela signifie que sa présence
est alors moins clairement manifestée.
La place du psaume dans la liturgie.
Nous avons vu le lien étroit entre les psaumes et le Christ. Le lien est si étroit que l’on peut dire
: « ignorer les psaumes, c’est ignorer le Christ ».
C’est pourquoi il est essentiel de mettre en œuvre les psaumes pour les faire entrer dans notre
mémoire ! (Petite anecdote : qui se souviendrait de « à la claire fontaine », ou « auprès de ma
blonde », si ces phrases n’étaient portées par leur mélodie ?)…
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C’est ce qui arrive avec « je mets mon espoir dans le seigneur »ou « le seigneur est ma lumière
et mon salut »…
L’enjeu du psaume se saisit bien : il nourrit la foi du croyant comme Parole de Dieu structurant.
Grâce à la musique, c’est tout l’être du croyant qui est concerné, et non pas seulement son
intelligence. C’est une prière profondément humaine, qui embarque notre être croyant, par la
musique, mais aussi grâce au vocabulaire des psaumes.
Apprenez à y faire attention. C’est une façon aussi pour qu’ils nous « comprennent », qu’ils
nous saisissent. Vocabulaire qui parle du corps (langue, mains, pieds), verbes d’action. Preuve
qu’ils rejoignent donc l’expérience humaine.
C’est pour cela que j’aime intituler cet atelier « le psaume : une impression, plus qu’une
expression », car c’est en saisissant son enjeu que nous l’exprimerons d’autant mieux. Il ne faut
pas se crisper sur la mise en oeuvre technique du psaume : « tout cela nous est donné par
surcroît ! ».
Faut-il chanter les psaumes ?
Comme nous l’avons vu, il est de la nature même du psaume de le chanter. Par sa définition.
Par son enjeu. Il se rythme, il se chante, se « lit tout haut ».Le psaume est fait d’expressions
poétiques hébraïques, diffèrents de notre poésie à 12 pieds.
Quand un fidèle l’énonce ou le chante, il dit une Parole qui n’est pas de lui, vous le comprenez
maintenant. Je le répète encore : les fidèles cherchent moins à s’exprimer qu’à laisser
S’IMPRIMER en eux la prière du peuple de Dieu, et celle de Jésus-Christ lui-même.
La cantillation des psaumes est l’outil qui permet de créer cette disposition d’esprit et de cœur
mieux que le ferait la simple lecture. Elle donne à la prière des psaumes une certaine «
objectivité », rendue grâce au ton psalmique.
Mais attention, je tiens aussi à dire que la mise en œuvre du psaume est un travail, et donc
nécessite une certaine exigence. Cela n’est pas forcément réalisable tout de suite…..
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En attendant que le psaume soit cantillé, du moins peut-être pourrons-nous chanter une
antienne entre les strophes lues, et lire ses strophes comme un texte poétique, et non comme
une lecture prosaïque de plus.
Il va sans dire… qu’un « bon » lecteur de la 1ere ou 2e lecture n’est pas forcément un bon
lecteur du psaume, et que la lecture-récitation psalmique devra être davantage préparée que
les autres ; c’est à dire en rythme (car on ne parle pas tous les jours ainsi !).
Cela reste donc un travail liturgique = un ministère liturgique.
On peut aussi le mettre en oeuvre de la façon suivante: l’assemblée lit les strophes,
entrecoupées par l’antienne. Cela peut revêtir une grande intensité d’expression de la foi.
Tout cela pour dire que s’il n’y a pas de « psalmiste » ou de chantre, le psaume peut être mis
en œuvre de belle et simple façon (« avec une belle et noble simplicité » CSL). Nous allons
revoir cela dans la mise en œuvre qui suit cette « introduction ».
A quel moment chanter les psaumes ?
L’Eglise prie avec les psaumes chaque fois qu’elle célèbre l’eucharistie et les autres
sacrements, ainsi que les funérailles. On peut les chanter à l’ouverture de la célébration, à la
communion. C’est traditionnel, mais nous l’oublions souvent, ns qui avons systématiquement
recours aux cantiques. Par contre, s’il est concevable de programmer des cantiques à
l’ouverture et à la communion à la place des psaumes, cela ne l’est pas dans le cadre de la
liturgie de la Parole de Dieu.
Les psaumes – qui sont paroles de Dieu - sont donnés aux fidèles pour qu’ils répondent à la
Parole de Dieu entendue dans la lecture.
En nous donnant les psaumes, Dieu nous dit comment Il aime que nous répondions à sa parole
!! Il nous donne des clés pour rentrer dans sa vie divine, pour vivre le Salut aujourd’hui.
Le psaume est donc un élément constitutif de la liturgie de la Parole ; il n’est pas un simple
chant de méditation remplaçable par un cantique.
En conclusion de ce topo, écoutez encore ( !) ce que disait le cardinal Garonne à propos des
psaumes :
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« Ils sont comme la rosace de la cathédrale de chartres. A l’extérieure, elle est moche, triste.
Mais rentrez à l’intérieur, et là, elle s’illumine devants vos yeux. Avec le psautier, c’est pareil : il
faut faire l’effort de passer le porche! ».
Alors, passons ensemble, en Eglise, le porche…
Passons le porche du psautier, pour que soit alors illuminés par l’intérieur, nos interrogations,
notre espérance, nos désirs, nos déceptions, nos joies profondes, nos souffrances…
Marie-Pierre Huré . (Membre de la Pastorale Liturgique et Sacramentelle du diocèse de Chartres Janv. 2008)
Biblio :
« Célébrer : chanter en assemblée et du bon usage de la liturgie »
« La prière des heures avec l’Eglise » Centre National de Pastorale Liturgique »
« Présentation Générale de la Liturgie des Heures »
« Constitution sur la sainte Liturgie » Vatican II
à partir de conférences du Frère Patrick Prétot, moine de l’abbaye de la Pierre-qui-Vire , et
directeur de l’Institut Supérieur de Liturgie.
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