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1. Introduction 
Pour certains, être altermondialiste tient de l’évidence. Pour d’autres, l’identité « alter » est 
loin d’être un puits de lumière. Évidemment, nous croyons tous qu’un autre monde est 
possible, nous pensons même que celui-ci est indispensable. Mais si la question du 
« pourquoi » ne se pose plus, celle du « comment » est beaucoup moins évidente. Face à 
l’hégémonie capitaliste et libérale, face à la « mondialisation des inégalités », la première 
réaction des citoyens alertes et des mouvements sociaux fut tout naturellement marquée 
par l’opposition, la critique et la confrontation. Mais, bien vite, cette première génération 
d’antimondialistes a compris que son rôle dans le champ politique et idéologique ne 
pouvait se cantonner à un rôle négatif d’opposition, et que l’avenir du mouvement se 
jouait dans sa capacité à présenter une image positive, des propositions, des alternatives. 
 
Ce serait malhonnête de dire que ce pas n’a pas été franchi : la pensée altermondialiste 
regorge de propositions, d’alternatives en tout genre, et ce dans de nombreux domaines. 
On ne compte pas le nombre d’articles, de livres ou de sites internet mettant en cause la 
mondialisation néolibérale. Des mouvements comme ATTAC, La Via Campesina ou les 
multiples ONG spécialisées (dans les droits humains, l’environnement, le développement, 
le féminisme, etc.) ont contribué à développer un « corpus altermondialiste », certes 
relativement hétérogène, mais très fourni et original. 
 
Cependant, il est un domaine pour lequel « penser des alternatives » se révèle plus 
compliqué que pour d’autres: il s’agit de la question du commerce international. Bien sûr, 
face à la dématérialisation de l’économie, les initiatives visant à donner un « visage » à 
l’économie, à lui redonner du « sens », ont le vent en poupe. On pense bien sûr au 
commerce équitable (qui concerne surtout les échanges Nord-Sud), les circuits locaux 
(surtout en matière de produits agricoles), l’économie sociale, les systèmes d’échange 
locaux (SEL) ou les réseaux de troc (surtout en vogue dans les pays du Sud). Mais ces 
initiatives, si elles grandissent en nombre et en « professionnalisme » (osons le terme !), 
restent encore souvent limitées à des secteurs particuliers de l’économie ou à des échanges 
locaux. Lorsqu’il s’agit de remettre en cause le système commercial mondial, la tâche est 
moins aisée et les alternatives parfois contradictoires. 
 
Je voudrais ici m’intéresser à ces fameuses « alternatives », mais avant cela, il est bon de 
revenir sur ce qui rassemble les divers mouvements revendiquant une mondialisation plus 
juste. Pourquoi, à un moment donné, tous ces mouvements se sont-ils mis en marche 
contre une certaine marche du monde ? Sur quelles bases ?1 
 
 
2. Convergences idéologiques 
L’une de ces constances idéologiques, me semble-t-il, est l’affirmation de la dimension 
fondamentalement politique de l’économie. Si l’économie est certes transnationale, 
financiarisée, dépersonnalisée, désincarnée ou abstractisée, elle n’en reste pas moins 
guidée par des acteurs, eux, bien réels, mus par une certaine conception philosophique de 
l’économie et poursuivant des intérêts de pouvoir. Selon les mouvements 
altermondialistes, la « main invisible » du marché est un pur mythe ultralibéral : les 
marchés ne sont faits que de rapports de force, et de décisions foncièrement politiques, 
privilégiant certains intérêts ou groupes sociaux par rapport à d’autres. Le commerce 
international n’est qu’une grande course aux marchés, et tous les moyens sont bons pour 
                                                 
1 Nous nous intéresserons ici exclusivement aux mouvements des pays du Nord.