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L’introducteur principal de l’agoraphobie en France va être Legrand du Saulle qui présenta
une communication intitulée « De la peur des espaces » et justifie le nom par le fait que le trouble
survient aussi bien au théâtre, dans une voiture publique, dans une barque ou sur un pont.
«En 1895, Freud (cité par Rouillon, 2010) publie son célèbre article intitulé: Qu’il est justifié
de séparer de la neurasthénie, un certain complexe symptomatique sous le nom de névrose
d’angoisse».
Rouillon (2010) précise que la séméiologie, telle que nous la connaissons aujourd’hui et telle
qu’elle est reprise dans la critériologie du DSM, y était déjà mentionnée, que ce soit les signes
somatiques, l’hyperesthésie, l’attente anxieuse, les manifestations neuropsychiques,
l’insomnie…..Freud insistait en outre sur l’évolution possible vers l’agoraphobie à la faveur d’une
répétition des crises et de l’appréhension de leur réapparition (anxiété anticipatoire).Au-delà de
l’observation clinique, Freud élaborait sa théorie explicative de l’angoisse où la frustration sexuelle
tient une place centrale.
Avec les thèses de Freud, au début du XXe siècle, les phobies devinrent pour les
psychanalystes les symptômes apparents d’un conflit inconscient, et le résultat de mécanismes de
défense destinés à protéger le moi». (André, 2005, chap.2)
C’est Klein, psychiatre au Hillside Hospital qui substitue au terme habituel d’attaque
d’angoisse le terme attaque de panique et l’isole comme entité spécifique.
Le DSM-II ne se référait qu’à la névrose d’angoisse et, en 1980, le DSM-III décrit comme
une entité diagnostique le trouble panique catégorisé de façon spécifique sous l’égide du groupe de
travail de Robert Spitzer. Les relations entre le trouble panique et l’agoraphobie sont soulignées par
la création de la catégorie agoraphobie avec attaques de panique.
Plusieurs remaniements successifs quant à la définition et les critères du trouble panique
s’effectueront ensuite à travers le DSM-III-R, puis le DSM-IV, mettant en évidence l’existence
d’interrogations et de controverses. Parallèlement, l’essor théorique et thérapeutique du modèle
comportemental et cognitif a permis un important enrichissement et a joué un rôle significatif dans la
conceptualisation des troubles anxieux.
La thèse de la phobie comme comportement appris est née suite aux travaux expérimentaux
de Watson en 1920, et constitue le point de départ des conceptions comportementales puis cognitives
de la phobie qui sont, de nos jours, extrêmement développées. Ces théories mettent l’accent sur le
conditionnement, les croyances et les schémas de pensée. (Pedinielli & Bertagne, 2010).