Le guidage par l’imagerie est un des
fondements en radiologie interventionnelle.
Des avancées technologiques considérables ont
eu lieu dans tous les domaines de l’imagerie
interventionnelle ou thérapeutique, notamment
dans le domaine du matériel et des dispositifs
médicaux implantables, parallèlement au
développement des techniques d’imagerie
diagnostique. Ces derniers ont amélioré le
diagnostic et le bilan anatomique et lésionnel
des patients. Plus récemment, l’amélioration
de la qualité de l’imagerie et l’accès à la multi-
modalité en salle d’interventionnel a amélioré
la qualité et la précision du geste et a permis
un nombre croissant d’interventions. Les
thérapeutiques guidées par l’image deviennent
de plus en plus des traitements de choix
dans beaucoup de domaines, permettant de
se substituer à la chirurgie classique tout
en diminuant la morbi-mortalité. Grâce à
l’apparition de la technologie des capteurs plans
associés à un arceau mobile, l’angiographie
rotationnelle en 3D a pris une place centrale
en salle de radiologie interventionnelle.
Plus récemment, le cone-beam computed
tomography (CBCT), permettant l’acquisition
d’images volumiques de type scanner, complète
l’angiographie habituelle en 2 dimensions
(2D). De nos jours, un large choix de modalités
d’images, encore sous-exploitées, est offert
aux radiologues interventionnels pour une
grande variété d’interventions. Ces modalités
d’images permettent trois étapes indispensables
en radiologie interventionnelle, que sont : voir
et planifier, guider et atteindre, et enfin traiter
et contrôler. Les différents types de nouvelles
modalités d’imagerie disponibles pour chacune
de ces étapes vont être détaillés ci-dessous pour
différents types d’interventions.
Voir et planifier
En plus de l’habituelle fluoroscopie 2D
et de l’échographie en salle de radiologie
interventionnelle, les images de CBCT, pouvant
être acquises sans et avec injection de produit
de contraste, offrent des images volumiques des
tissus mous et des structures osseuses de haute
qualité. Ces images représentent un volume de
25 × 25 × 19 cm avec une taille de pixel d’un
millimètre. Elles permettent entre autres de
visualiser la cible et de planifier l’intervention.
Ces images peuvent être une « baseline
prétraitement » qui servira à confronter les
images initiales aux images finales. Ainsi, les
images de CBCT avant chimioembolisation
des tumeurs hépatiques, par exemple, peuvent
être acquises avec une injection intra-artérielle
rendant les carcinomes hépatocellulaires
quasiment aussi bien visibles en CBCT qu’en
imagerie par résonance magnétique (IRM), le
gold standard.
Atteindre la cible pour les abords
transcutanés
Les gestes en radiologie interventionnelle par
abord transcutané, comme les ponctions, biopsies,
drainages et ablations, sont classiquement
réalisés en utilisant des modalités d’imagerie
diagnostique (échographie, tomodensitométrie,
IRM). Certaines de ces interventions sont
difficiles, longues, voire impossibles à réaliser
par ces moyens de repérage mobilisant
personnel et matériel non dédiés à la radiologie
interventionnelle. Les possibilités d’acquisition
d’images de CBCT permettent de simplifier la
planification du geste en créant une cartographie
3D avec les marquages du point d’entrée, du
trajet de ponction et de la distance à la cible.
La fluoroscopie en temps réel est alors projetée
sur la cartographie 3D et synchronisée
aux mouvements de l’arceau. Cette
technologie offre la possibilité de
réduire le temps d’intervention et la
dose d’exposition aux rayons X avec
des positions ergonomiques optimales
du patient et de l’opérateur. Ces types
de modalités d’imagerie offrent de
larges applications, en particulier
pour les pathologies ostéoarticulaires,
oncologiques et digestives.
Guider lors des cathétérismes et
cibler l’embolisation
Les gestes d’embolisation sont courants
en radiologie interventionnelle,
et notamment en oncologie
(chimioembolisations hépatiques,
embolisations de tumeurs rénales et
osseuses) et en vasculaire (embolisations
d’anévrysmes viscéraux). Celles-ci
sont de plus en plus sélectives afin de
préserver les tissus sains adjacents. La
fluoroscopie présente des limites dans
le cas d’artères tortueuses et dans le
repérage des lésions et des artères
nourricières. Celle-ci nécessite des
injections de produit de contraste
répétées responsables de l’effet néphrotoxique
connu. L’intérêt des acquisitions 3D des
images de CBCT et de la fusion d’images
permet de faciliter les repérages des lésions
cibles et la navigation endovasculaire. La
fusion d’image consiste en l’obtention d’une
cartographie artérielle 3D sur la fluoroscopie
suite à la projection de « l’arbre » artériel
3D de l’angioscanner ou de l’angio-IRM
pré-intervention sur la fluoroscopie en utilisant
les images de CBCT sans injection pour pouvoir
calquer les images. L’intervention est ainsi
facilitée et offre la possibilité de contrôle 3D en
temps réel. Cette cartographie est synchronisée
aux mouvements de l’arceau, permettant un
choix approprié de positionnement du capteur
plan. En cas de mouvement du patient ou de
« déformation » des artères liée au matériel
introduit, la cartographie 3D peut être
manuellement ajustée.
Guider lors de la navigation et cibler le
traitement en pathologies vasculaires
Les techniques endovasculaires des
pathologies anévrysmales ou athéromateuses
se complexifient et impliquent des temps
d’intervention longs, de grandes quantités de
produit de contraste injectées et une exposition
prolongée aux rayons X. Les endoprothèses
aortiques fenêtrées, branchées sont des
alternatives récentes au traitement chirurgical
des anévrismes aortiques thoraco-abdominaux.
L’utilisation de techniques d’imagerie modernes
(CBCT, angiographie rotationnelle 3D, fusion
d’images d’angioscanner ou d’angio-IRM
pré-intervention) permet d’obtenir une
cartographie artérielle 3D sans injection de
produit de contraste. La fluoroscopie est ensuite
projetée sur les reconstructions artérielles 3D
des images d’angioscanner ou d’angio-IRM
per-intervention. Ces reconstructions sont
synchronisées aux mouvements de la table et de
l’arceau ; ceci permettant un contrôle continu
du cathétérisme en fluoroscopie du volume
sélectionné, et ce sans nécessiter d’injection de
produit de contraste (Fig. 1). Cette technique,
comparée à un traitement conventionnel
utilisant l’angiographie 2D, permet de réduire
l’exposition aux rayons X et le volume de
produit de contraste injecté sans augmenter la
durée opératoire. La fusion d’image trouve des
applications multiples comme les angioplasties
de sténoses athéromateuses artérielles iliaques,
rénales, mésentériques....
Contrôle per-intervention du succès
thérapeutique
Le contrôle du succès de la procédure est le
point clé de toute intervention. Le contrôle
angiographique 2D et l’imagerie CT-like de
CBCT offrent la possibilité d’évaluer en salle
d’angiographie l’efficacité thérapeutique et
l’absence de complication immédiate, et ce pour
beaucoup de types d’intervention : en radiologie
interventionnelle vasculaire (par exemple :
endoprothèse perméable, sans fuite péri-
prothétique), mais aussi en oncologie (résultats
immédiats prédictifs du contrôle par IRM en fin
de chimioembolisation).
Beaucoup de ces applications sont encore des
voies de recherche pour encore mieux améliorer
leurs performances en termes d’amélioration des
3 étapes en radiologie interventionnelle : mieux
voir et cibler, mieux traiter, mieux contrôler.
Références
1. Hakime A, Deschamps F, De Carvalho EG, Teriitehau C,
Auperin A, De Baere T. Clinical evaluation of spatial accuracy
of a fusion imaging technique combining previously acquired
computed tomography and real-time ultrasound for imaging
of liver metastases. Cardiovasc Intervent Radiol. 2011;34:338-
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2. Racadio JM, Babic D, Homan R, et al. Live 3D guidance in
the interventional radiology suite. AJR Am J Roentgenol
2007;189:W357-64.
3. Kobeiter H, Nahum J, Becquemin JP. Zero-contrast thoracic
endovascular aortic repair using image fusion. Circulation
2011;124:e280-2.
4. Loroy R, Lin M, Rao P, et al. Comparing the detectability
of hepatocellular carcinoma by C-arm dual-phase cone-beam
computed tomography during hepatic arteriography with
conventional contrast-enhanced magnetic resonance imaging.
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5. Loroy R, Lin M, Yenokyan G, et al. Intra-procedural C-arm
dual-phase cone beam CT imaging to predict response to
drug-eluting beads transcatheter arterial chemoembolization in
patients with hepatocellular carcinoma. Radiology. 2012; In Press.
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volumetric EASL and RECIST: Feasibility of a semi-automated
soware method to assess tumor response aer transcatheter
arterial chemoembolization (TACE). J Vasc Intervent Radiol.
2012; Accepted. ■
Le Quotidien des JFR • Mardi 23 octobre 2012
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Le Quotidien des JFR • Mardi 23 octobre 2012
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P J Valette •
CHU Lyon
Les métastases hépatiques : données actuelles pour une prise
en charge multidisciplinaire
Le bilan radiologique des métastases hépatiques conduit schématiquement à répondre à trois types de questions : 1) la détection
et la caractérisation de la maladie métastatique, 2) le bilan d’extension hépatique en vue d’une éventuelle hépatectomie ou
d’une résection locale, 3) la mise en œuvre d’une méthode de suivi standardisé en cours de chimiothérapie.
La détection et la caractérisation lésionnelle
Ces deux points indissociables font appel à l’en-
semble des techniques d’imagerie : le scanner et
l’IRM qui doivent être réalisés selon des proto-
coles d’injection adaptés au type de métastase
recherchée, éventuellement l’échographie avec
injection de contraste.
L’IRM tend néanmoins à s’imposer dès lors
qu’il est question de s’assurer de la détection
et de la caractérisation de toutes les lésions,
avant chirurgie notamment. Ainsi, en présence
de lésions hypodenses infracentimétriques
non spécifiques au scanner par exemple, les
séquences T2 et les séquences de diffusion
permettent de faire la part des banals petits
kystes et des micrométastases. Ces séquences
améliorent également la détection des lésions
indiscernables au scanner parce qu'isodenses
au foie, en cas de stéatose notamment. La
confirmation diagnostique par des biopsies
dirigées reste enfin de règle avant la mise en
œuvre de toute chimiothérapie.
Le bilan préopératoire des métastases
hépatiques
La chirurgie de résection hépatique répond
à des règles précises fondées sur la segmenta-
tion anatomique du foie selon Couinaud (Fig.
1). Le volume global de la résection est égale-
ment un point essentiel, toute réduction du
volume du foie à moins de 30% du volume fonc-
tionnel initial exposant le patient à un risque
d’insuffisance hépatocellulaire postopératoire.
Les conditions de réalisation des métastasecto-
mies et des gestes d’ablation tumorale doivent
également faire l’objet d’une analyse précise
en termes de calcul des marges de résection
péri-lésionnelle nécessaires pour éviter les
récidives locales, à proximité de structures vascu-
laires ou biliaires qui doivent être épargnées, et
enfin de choix du matériel et des paramètres de
traitement en cas d’utilisation de la RF ou des
micro-ondes.
La réponse à ces questions est maintenant
apportée par la mise en œuvre de logiciels
permettant d’identifier les limites des segments
hépatiques, de calculer leurs volumes, et de
localiser ainsi de manière précise chaque métas-
tase selon ses rapports vasculaires et selon son
volume réel au sein de chaque segment. Toutes
ces données morphologiques peuvent faire l’objet
de représentations 3D associant contours du
foie, segments, structures veineuses hépatiques
et tumeurs. Ces outils permettent également de
simuler les conséquences anatomiques et volu-
métriques de toute forme d’hépatectomie ou de
résection locale, pouvant ainsi être utiles pour
établir la faisabilité de gestes extrêmes.
L’approche multidisciplinaire
Il faut rappeler que, quelle que soit l’efficacité
toujours meilleure des chimiothérapies et des
traitements anti-angiogéniques, la guérison
définitive ne peut être obtenue que par l’exérèse
de toutes les lésions. Cette approche, qui peut
donc être chirurgicale et/ou percutanée, ne se
conçoit toutefois maintenant qu’en association
avec le traitement médical. La chimiothérapie,
lorsqu’elle est efficace, permet de diminuer le
volume des lésions, rendant ainsi accessibles
à la résection des cas jugés inopérables en
première instance. Mais il a surtout été montré
pour les métastases des cancers colorectaux que
l’efficacité de la chimiothérapie néoadjuvante
s’accompagnait de meilleurs résultats à moyen
terme par la diminution des
récidives après chirurgie. Cette
stratégie permet ainsi de sélec-
tionner les patients répondeurs
avant une chirurgie extensive. Elle
peut aussi comporter une emboli-
sation portale préopératoire qui
permet d’envisager des hépatecto-
mies élargies après hypertrophie
compensatrice du foie opposé
non tumoral. La pose de clips
de repérage par ponction percu-
tanée de lésions susceptibles de
disparaître sous chimiothérapie
peut enfin être envisagée, ceci afin
de pouvoir en assurer la résec-
tion de principe dès lors qu’elles
sont situées dans des segments
hépatiques ne relevant pas d’une
hépatectomie réglée à venir.
On voit ainsi se mettre en place
une approche multidisciplinaire
de la prise en charge des métas-
tases hépatiques nécessitant la
coordination de différents spécia-
listes. Chaque lésion doit notamment faire
l’objet d’une décision concernant le moment
et la technique de résection envisagés. De fait,
elle doit aussi être identifiée sans ambiguïté
sur les images radiologiques afin d’éviter toute
erreur de ciblage, notamment lors des gestes
percutanés préopératoires. Idéalement, le projet
thérapeutique ainsi défini en RCP oncologique
doit être accessible à tout intervenant pendant
toute la durée de prise en charge du patient, ce
qui suppose la mise à disposition d’outils logi-
ciels adaptés à cette description structurée,
documentée et séquencée de chaque phase du
traitement.
Le suivi sous chimiothérapie
L’évaluation objective et reproductible de la
réponse à une chimiothérapie ou à un traitement
ciblé devient un objectif majeur des explora-
tions radiologiques réalisées dans le cadre du
suivi des métastases hépatiques. Elle se conçoit
actuellement selon 3 approches différentes :
1) les méthodes purement dimensionnelles,
de type RECIST, qui se sont déjà imposées
en recherche pharmaceutique et qui seront de
plus en plus demandées en pratique clinique, 2)
les méthodes fondées sur une estimation de la
nécrose tumorale après injection de contraste,
3) les méthodes fonctionnelles qui recherchent
des modifications métaboliques, tissulaires ou
microvasculaires précoces permettant d’anti-
ciper l’issue d’un traitement.
Alors que le concept du suivi RECIST est rela-
tivement simple, son application en routine se
heurte à de nombreux problèmes pratiques :
repérage difficile a posteriori des scanners de
référence (baseline, nadir) parmi les nombreux
examens présents sur le PACS, identification
ambiguë des cibles choisies pour établir les
variations de volume lésionnel, règles de calcul
et algorithme permettant d’obtenir la réponse au
traitement pas toujours connus des radiologues.
Dans ce domaine, là encore, la généralisation et
la qualité des suivis RECIST ne seront possibles
que par la mise à disposition de logiciels spéci-
fiquement dédiés à cette activité, comme en
proposent maintenant plusieurs fournisseurs.
Les méthodes cherchant à estimer la réponse
au traitement par la mesure de la nécrose
tumorale tendent à s’imposer devant le constat
de l’inadaptation des critères RECIST au
suivi des tumeurs hypervasculaires, notam-
ment sous traitement antiangiogénique. Les
critères m-RECIST, comme ceux proposés
par l’EASL ou encore Choi, permettent en
effet de retenir une réponse positive en cas de
diminution du rehaussement lésionnel après
injection de contraste traduisant une nécrose
totale ou partielle, alors que le volume tumoral
reste inchangé, voire augmenté. Différentes
études montrent que ces critères sont effective-
ment mieux corrélés à l’évolution secondaire des
lésions concernées, mais leur utilisation pratique
reste problématique en raison de la difficulté
à mesurer dans le volume les proportions de
tumeur résiduelle encore active à la périphérie
des lésions.
Les méthodes fonctionnelles cherchent à anti-
ciper la réponse tumorale de manière aussi
précoce que possible. L’enjeu est celui des
nouveaux traitements ciblés, et notamment des
antiangiogéniques dont l’efficacité peut être
remarquable mais qui posent en même temps
le problème de leur coût et de possibles effets
collatéraux négatifs. L’imagerie de perfusion
par scanner ou par IRM est ainsi proposée. Les
variations précoces du flux sanguin tumoral
selon différents paramètres de quantification
sont à l’étude avec des résultats prometteurs. La
complexité de la double vascularisation hépa-
tique et l’absence de standardisation des modèles
de perfusion étudiés nécessitent toutefois de
poursuivre les recherches dans ce domaine. ■
Fig. 1. - Vue axiale et 3D d’un foie comportant plusieurs métastases avec représentation
de la segmentation de Couinaud et tableau des volumes segmentaires.
Nouvelles techniques d’imagerie en radiologie interventionnelle
(angiographie 3D, fusion…)
H Kobeiter, V Tacher •
CHU Henri Mondor, Créteil
Fig.1 - Pose d’une endoprothèse aortique abdominale en utilisant
la recontruction 3D en volume rendering (VR) de l’angio-MR pré-
intervention après l’avoir fusionné grâce à une console de traitement avec
le CBCT sans injection de contraste réalisé en salle d’angiographie. Ce
VR 3D est utilisé comme repérage des artères rénales en remplacement
de l’angiographie traditionnelle 2D lors du positionnement de
l’endoprothèse an d’éviter les injections répétées de produit de
contraste.
Séance
thématique
Nouvelle imagerie
vasculaire
(3D, fusion…)
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