CAS
CLINIQUE
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- Face au refus de traitement, quelle(s) autre(s) forme(s) de prise en
charge pouvez-vous proposer ?
Dans le cadre de la prise en charge gériatrique, l’équipe cherche avec Monsieur C. quelles activités
pourraient lui faire plaisir, le stimuler. Monsieur C., féru de la langue française, se plaint de difficultés
à trouver ses mots malgré des résultats normaux aux tests effectués. Une prise en charge orthophonique
avec des exercices de mémoire lui est donc proposée. De plus, Monsieur C. ayant toujours apprécié
la danse, il lui est proposé d’aller danser 2 fois par semaine dans un club de danse. Pendant un an,
l’humeur de Monsieur C. s’améliore nettement. Il est heureux d’aller danser, et précise qu’il y va
seul, sans son épouse qui "ne sait pas danser, qui n’est pas intéressée par cela". De même, il apprécie
les séances hebdomadaires avec l’orthophoniste. Il dit "avoir enfin quelqu’un d’intelligent à qui parler,
une femme au langage précis, riche, pas comme ma femme qui ne sait pas aligner trois mots
correctement, qui n’a jamais fait les papiers à la maison car elle fait trop de fautes d’orthographe,
qui emploie un mot à la place d’un autre et ne fait pas attention. J’ai essayé toute ma vie de la changer,
mais elle ne veut pas, elle est têtue et elle m’énerve". Ses idées fixes sur l’ignorance de son épouse
sont de plus en plus prégnantes. Il dit ne se sentir bien qu’avec l’orthophoniste et quand il danse.
Le reste du temps, il préfère dormir pour ne pas entendre sa femme et ne porte plus son sonotone
à la maison. Alors qu’il aimait manger, les repas ne le satisfont plus. "Elle ne sait pas cuisiner, c’est
gras, c’est toujours la même chose, elle ne connaît rien à la diététique, comme sa mère, comme sa
sœur qui sont des analphabètes, comme toute la famille d’ailleurs. Ils ont voulu la marier vite de
peur qu’elle ne se marie pas, pour s’en débarrasser". Une deuxième tentative de prise en charge
psychiatrique se solde par un nouvel échec après seulement deux séances. Monsieur C. refuse d’aller
en consultation géronto-psychiatrique. Lors de l’avant dernière consultation de gériatrie, il montre
un manque de respect inhabituel avec le médecin, qui lui en fait la remarque. Il quitte la consultation
en s’excusant, en larmes. Un troisième essai et nouvel échec avec cette fois une psychiatre femme
dont il dit "qu’elle est comme les autres". Monsieur C. ne se rendra qu’à une seule consultation.
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- Estimez-vous que l’état de Monsieur C. s’améliore ou s’aggrave ? Faut-il
envisager un autre diagnostic ?
Lors de la dernière consultation de gériatrie, Monsieur C. ne se plaint d’aucune douleur et l’examen
clinique ne retrouve aucune anomalie physique. Par contre, il dit se méfier de ce que lui donne son
épouse à manger "des fois qu’elle essaie de m’empoisonner". Il exprime des idées noires sur l’absence
d’avenir confortable pour lui, il est toujours plus exaspéré par son épouse "heureusement qu’il y a
ma fille, c’est la seule avec laquelle je puisse parler". En fin de consultation, il dit"de toute façon, j’ai
mis depuis quelques temps une corde dans la poche de mon pantalon, je ne peux pas vous la montrer
car j’ai mis un pantalon propre pour venir à la consultation. Comme ça, si j’ai le courage…".
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- Estimez-vous qu’il existe un risque suicidaire ? Quelle attitude adoptez-
vous ?
Le gériatre demande aussitôt à voir la fille de Monsieur C., aidante principale, pour lui exprimer son
inquiétude. Elle dit commencer à être épuisée par les propos de son père, les disputes permanentes
entre ses parents, les refus de soin de son père, etc. Elle raconte alors la tragédie familiale. Alors
que Monsieur C. avait 11 ans, son père s’est pendu après avoir assassiné sa belle-fille, femme perçue
par la famille comme une personne insupportable.
Après discussions et avec son consentement, Monsieur C. est finalement hospitalisé en clinique
psychiatrique pour syndrome dépressif majeur avec idées suicidaires.
CAS CLINIQUE N°1 Dépression
CHEZ LA PERSONNE ÂGÉE