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utiliser les mêmes voies synaptiques, jusqu’à ce que la répéti-
tion laisse une trace organisée ; par analogie, le promeneur
dans la campagne aura tendance à emprunter un chemin déjà
tracé par d’autres et l’agrandira. Les interventions psychothé-
rapeutiques, en mettant en jeu les circuits neuronaux de l’in-
teraction, ne permettraient-ils pas que des zones cérébrales qui
ne sont pas activées en raison de troubles neurologiques se
mettent en marche ? Nous pourrions faire l’hypothèse qu’il est
possible de prévenir l’inscription cérébrale d’un dysfonction-
nement interactif en stimulant cette interaction.
Prenons le cas des bébés porteurs du syndrome de West (épi-
lepsie précoce apparaissant dans la première année de vie) qui
présentent dans 10 à 30 % des cas des troubles graves de la
communication de type autistique. Ces enfants présentent
souvent des foyers occipitaux, et de probables agnosies visuelles.
Du fait de leurs troubles du tonus, neurovisuels, des spasmes,
des difficultés liées aux médicaments, ils ont une interaction
particulière : ils ont un tonus altéré, sont peu interactifs, fati-
gués. Ces bébés et leurs parents ont beaucoup de mal à intera-
gir, parce que les bébés sont peu disponibles et les parents
désemparés ou épuisés. On peut penser que ce n’est pas seule-
ment la lésion cérébrale qui provoque ces troubles autistiques.
Les conséquences de la lésion cérébrale sur l’interaction
feraient que les circuits neuronaux de l’interaction ne sont pas
activés et deviennent par conséquent cérébralement peu actifs.
L’implication clinique est importante. Il serait souhaitable de
travailler très précocement cette interaction dans les CAMSP
ou dans nos consultations en aidant les parents, non pas parce
qu’ils ne sont pas compétents, mais parce que leur bébé n’est
pas dans un schéma d’interaction usuel.
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Les patients traumatisés crâniens avec troubles fronto-tempo-
raux présentent souvent un frein associatif, un manque de
flexibilité et de cohérence dans leur discours, des troubles
pragmatiques de la communication…
Le pari est de soigner ces troubles de la communication par la
communication, ce qui peut apparaître comme un paradoxe.
Voyons ce qui se passe entre un patient et un psychanalyste
lors d’une séance. Il existe entre eux trois niveaux de commu-
nication :
-
la communication informative :
ce qu’ils vont se construire
comme monde commun ;
-
la communication interactive :
ce qui se passe dans la com-
munication ou l’interaction présente ;
-
la communication d’insight,
ou communication des repré-
sentations selon des lois associatives, en processus primaires ;
elle est particulière à la situation analytique.
Comment cette communication va passer d’un inconscient à
un autre ? Il existe peu d’indicateurs pour le savoir, hormis
l’associativité et les représentations du thérapeute, c’est-à-dire
ce qui, de manière inconsciente, va lui faire penser à telle
chose quand le patient lui dit cela ou quand il ne dit rien.
Avec les patients traumatisés crâniens, ces trois types de com-
munications sont marqués par les troubles cognitifs que nous
avons évoqués. Le patient et l’analyste ne partagent pas les
mêmes inférences. Lorsque je demande à un patient « comment
avez-vous dormi ? », il me répond « en pyjama ». Ce n’est pas la
réponse que vous attendez. Cela veut dire que vous ne partagez
pas les mêmes inférences, mais cependant nous faisons le pari
que le travail sur les formations inconscientes reste possible.
Il existe trois niveaux chez le psychanalyste permettant d’ap-
préhender ce qui se passe dans la tête du patient.
- Sur le plan conscient, il a ce que Daniel Widlocher appelle
la
co-pensée
, c’est-à-dire les inférences, construites par l’ap-
pareil cognitif.
- Sur le plan inconscient, il existe le
contre-transfert
propre-
ment dit. Ce contre-transfert se caractérise par trois niveaux :
l’associativité, c’est-à-dire la manière dont les pensées s’agen-
cent l’une avec l’autre ; ce qui appartient à l’analyste : son
histoire, son monde interne, sa formation théorique, etc. ;
enfin la part de réalité, que l’on oublie très souvent : la mala-
die, le trauma crânien…
- Enfin, un troisième niveau, avec les personnes qui ne parlent
pas ou qui ont des troubles sévères de la communication :
c’est la
co-présence
. Relève-t-elle de l’empathie, de l’inaction ?
Les indices et éprouvés corporels (bâillements, endormisse-
ment, gargouillis…) ou émotionnels sont des indicateurs très
précieux, formes de représentations métaphoriques, corpo-
relles : « j’ai les boules », « les bras m’en tombent… »
Avec les patients traumatisés crâniens, contre-transfert et co-
pensée vont être marqués par les troubles cognitifs des patients,
qui se répercutent sur vous : il a des blancs, vous avez des blancs ;
vous avez dû mal à associer parce qu’il a dû mal à associer ; vos
inférences sont pauvres. Cela se communique, peut-être par le
système des neurones miroirs. Plutôt que de vous dire que vous
êtes un mauvais thérapeute, dites-vous que ce sont des indica-
teurs extrêmement précieux sur la manière dont marche l’appa-
reil à penser de ce patient, et notamment pour différencier la
valeur d’un symptôme. Est-ce une expression pulsionnelle, une
défense ou un symptôme organique, selon le fait que vous allez
sentir chez vous à tel moment plutôt des difficultés dans votre
associativité, c’est-à-dire la qualité de votre capacité à penser, ou
au niveau de votre co-pensée : selon ce que vous allez construire
comme contenus de pensée, inférences, ou au niveau de la co-
présence : selon le fait que vous allez plutôt penser en images,
en gargouillis, en métaphores corporelles ? Cela va vous permet-
tre à tel moment de travailler plus sur le trouble cognitif ou,
plutôt, sur une dimension intrapsychique.
Un patient de trente ans présente une schizophrénie après un
trauma crânien. Lors d’une séance, il ne dit rien pendant dix
minutes, et je lui dis :