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La technologie moderne a apporté une dimension nouvelle dans les fonctions et la
sécurité des appareils de dialyse. De nos jours, les incidents et accidents de dialyse
rapportés à la matériovigilance sont devenus exceptionnels. Les appareils de dialyse
sont d’une fiabilité et d’une sécurité qui frôlent l’absolu. Cela dit, tout utilisateur d’un
appareil de dialyse doit demeurer conscient que le risque zéro n’existe pas, et que
les dispositifs de sécurité et d’alarme installés par le fabricant ne doivent en aucun
cas être court-circuités. Un parallélisme peut être fait avec l’aéronautique. Dans les
accidents de dialyse rapportés, l’erreur humaine (erreur de manipulation, erreur
d’interprétation, défaut de surveillance…) est toujours beaucoup plus fréquente
que celle liée à la défaillance mécanique ou technique d’un des composants de
l’appareillage.
EFFICACITÉ DU TRAITEMENT DE SUPPLÉANCE
L’efficacité du traitement de suppléance est un critère essentiel pour réduire la morbi-
mortalité des patients dialysés. Sans vouloir reprendre ici les critères qui permettent
de juger la bonne efficacité d’une séance de dialyse, il est intéressant de souligner
que le matériel de dialyse aide le clinicien au quotidien en facilitant son évaluation.
Les performances des hémodialyseurs se sont considérablement accrues au
cours de ces dernières années. Les membranes à haute perméabilité qui équipent
actuellement les dialyseurs capillaires offrent des capacités d’épuration sur l’ensemble
du spectre moléculaire des toxines urémiques qui ont été multipliées par un facteur
de deux pour les petites molécules (urée, créatinine...) et par un facteur de cinq
à dix pour les moyennes molécules (béta2-microglobuline). Cela est naturellement
obtenu grâce à des débits optimisés notamment du débit sanguin (300 à 400 ml/min)
et du débit dialysat (500 à 700 ml/min). Le renforcement du débit d’ultrafiltration
(exemple, hémodiafiltration) permet de majorer de façon notable la part convective
de l’épuration et les clairances des toxines de hauts poids moléculaire élevés. Dans
ce cas, le facteur limitant l’épuration n’est plus le dialyseur, mais le patient lui-même
qui offre une résistance interne élevée et présente ainsi une clairance corporelle
inférieure à celle du dialyseur. Seule l’augmentation de la durée des séances (séances
prolongées ou fréquence accrue) est en mesure de surmonter ces résistances aux
transferts de solutés à cinétique corporelle réduite 5.
La mesure extemporanée des performances des séances de dialyse est désormais
possible et proposée sur la majorité des machines de dialyse modernes. Elle repose
habituellement sur la mesure de la dialysance ionique, équivalente à la clairance de
l’urée, réalisée en ligne et automatiquement par le moniteur de dialyse 6 7. D’autres
biosenseurs plus spécifiques existent, certains ont été validés et d’autres sont en
cours d’évaluation, ils évaluent de façon directe ou indirecte la concentration de l’urée
(uréase, absorptiométrie…), dans le dialysat ou l’eau plasmatique (ultrafiltrat) 8 9.
Ces derniers permettent d’évaluer la masse d’urée soustraite au cours d’une séance
et d’en déduire la quantité équivalente de protéines catabolisée dans l’intervalle