général et de la CEMAC en particulier. En conclusion, nous esquisserons comment, dans le
cadre de la CEMAC, en quelle direction la reprise de cette question d’intégration régionale
pourrait s’orienter et quels modèles institutionnels pourraient rendre effectifs les processus
pris en compte dans la réalité à laquelle ce concept est appliqué pour le développement
intégral des pays africains.
I. Une mise en perspective de l’intégration régionale africaine
Ce terme recouvre des sens multiples, il est doté d’une forte connotation idéologique,
il évolue, se construit en permanence et fait référence à des choses différentes selon les
disciplines qui l’abordent. Tenter de définir un concept aussi large et usité que celui de
l’intégration régionale n’est donc pas chose aisée.
Nous allons essayer ici d’aborder ce thème de manière assez large, sans chercher à
définir précisément ce que tout le monde entend par l’intégration régionale. Nous nous
restreindrons à un tour d’horizon, non exhaustif, des perceptions, commentaires et analyses
les plus fréquemment rencontrés de ce phénomène.
1. D’où provient ce concept et quels phénomènes décrit-il ?
Le concept intégration régionale est défini au terme de « regroupement, plus ou moins
formalisé au plan institutionnel, de plusieurs États appartenant à une aire géographique
délimitée, à des fins de coopération économique et/ou politique à long terme.
» C’est un
concept qui a émergé il y a environ 24 ans aujourd’hui pour décrire des évènements et
phénomènes nouveaux de par leur ampleur. Parmi les ouvrages nouveaux qui viennent d’être
sortis, il est fait mention d’une liste de faits ou d’évènements décrivant ce que l’on peut
appeler l’intégration régionale. On assiste donc depuis 24 ans à : Les États (conception
volontariste) à l'intégration par le marché (conception libérale), l'intégration liée aux règles
(conception institutionnelle), l'intégration suscitée par les acteurs en position asymétrique et
liée à des dynamiques territoriales (conception territoriale) et l'intégration politique.
2. La conception volontariste de l'intégration
Selon la conception volontariste, l'intégration régionale est un processus de
déconnexion qui vise à protéger les économies de la mondialisation. Elle suppose une
protection, des politiques d'aménagement du territoire, la construction d'un système productif
plus ou moins déconnecter du système de prix mondiaux. Le cadre d'analyse est celui de
sociétés dépendantes, extraverties et désarticulées qui ne peuvent construire leur industrie
dans le cadre national. L'intégration régionale vise alors à réduire l'extraversion, à accroître
les capacités de coalition, à créer un marché, à compenser les déséquilibres territoriaux. Les
principaux instruments renvoient à l'économie administrée, à la forte protection des industries
régionales. Cette conception a été longtemps défendue par les organisations du Sud telle la
CEPAL ou la CEA (plan de Lagos, 1980). Ce plan visait à éviter les duplications, à élaborer
des industries lourdes industrialisantes, à lever les goulets d'étranglement telles que les
infrastructures.
3. La conception libérale de l'intégration
Selon la conception libérale, l'intégration commerciale est assimilée à la libéralisation
des échanges et des facteurs de production ; elle est analysée au regard de l'intégration
mondiale. La théorie statique met en relief les créations et détours de trafic et l'optimum de
second rang. La théorie dynamique met en relief la concurrence, les économies d'échelle et les
changements de termes de l'échange. Intégrer, c'est réduire les distorsions des politiques
nationales et déplacer les frontières nationales en se rapprochant du marché international.
Franck Petiteville, « Les processus d'intégration régionale, vecteurs de structuration du système international?»,
dans http://id.erudit.org/iderudit/703774ar , p512.