THÈME 4 – UNE RÉGULATION DES ÉCHANGES INTERNATIONAUX EST-ELLE NÉCESSAIRE ?
CHAPITRE 2 – DES PRATIQUES D’ÉCHANGES DIVERGENTES
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L’intensification des échanges internationaux s’est appuyée sur une libéralisation progressive du
commerce au niveau mondial. Pourtant, certaines pratiques protectionnismes continuent d’exister et
les pays semblent s’orienter vers la création de zones plus réduites d’échanges privilégiés.
I. POURQUOI PRATIQUER LE LIBRE-ÉCHANGE ?
Manuel page 126 et 127
Le libre-échange s’appuie sur les travaux d’Adam Smith qui, dès le XVIII
e
siècle, a démontré l’intérêt
des nations à échanger entre elles pour s’enrichir.
Le libre-échange est une doctrine et une politique économique commerciale prônant la liberté de
circulation de tous les biens économiques (biens, services, capitaux, monnaie) entre les pays et se
traduisant par la réduction puis l’élimination des obstacles (tarifaires et/ou non tarifaires) aux
échanges internationaux de ces biens.
Ainsi, Adam Smith, à la fin du
XVIII
e
siècle, explique que chaque pays a intérêt à participer à l’échange
international en se spécialisant dans les productions pour lesquelles ses coûts de production sont
inférieurs à ceux de tous les autres pays (avantage absolu). Il importera alors les productions qu’il ne
sait pas produire ou celles dont les coûts de production sont supérieurs à leur prix à l’importation.
L’application de ce principe permet en effet une spécialisation des pays dans la production où ils sont
le plus efficace et donc des gains de productivité, source de croissance économique.
Pour les consommateurs, l’augmentation de la concurrence qui résulte de l’apparition de produits
étrangers oblige les entreprises à adapter leurs stratégies en baissant leurs prix et/ou en innovant et
en améliorant la qualité de leur offre. Le consommateur a alors plus de choix et de pouvoir d’achat.
Ce qui stimule la consommation et donc la croissance.
Pour les entreprises, le libre-échange permet l’accès à de nouveaux marchés et /ou à de nouvelles
sources d’approvisionnement et donc à une réduction des coûts de production par la réalisation
d’économie d’échelle (baisse du coût de production unitaire lorsque les quantités produites
augmentent).
II. POURQUOI ET COMMENT PROTEGER L’ÉCONOMIE D’UN PAYS ?
Manuel page 128 à 130
A. Pourquoi se protéger ?
Même si le libre-échange procure de nombreux avantages, son application peut aussi être
problématique. La trop grande concurrence sur les marchés peut fragiliser certains secteurs de
l’économie, trop peu compétitifs.
Les délocalisations menées pour bénéficier de conditions de production plus avantageuses peuvent
entraîner des disparitions d’emplois.
Un pays peut donc chercher à échapper au libre-échange en protégeant en partie son marché, soit
pour soutenir des industries naissantes, soit pour des raisons de curité, de santé publique ou de
respect de l’environnement.
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B. La protection du marché par les barrières tarifaires et non
tarifaires
Le protectionnisme est l’ensemble des règles mises en place par une nation afin de protéger son
marché contre la concurrence extérieure.
Ces barrières peuvent être :
o tarifaires : on applique une taxe sur le produit importé afin d’augmenter son prix de
vente final et donc le rendre moins compétitif ;
o non tarifaires : le pays cherche à restreindre la quantité de marchandises importées
par l’application de quotas ou de normes plus contraignantes en termes de sécurité
ou de qualité. Il peut aussi rendre les produits nationaux plus compétitifs sur les
marchés en les subventionnant.
Les risques de rétorsion de la part des pays qui subissent des mesures protectionnistes sont
importants. C’est pourquoi de plus en plus de pays préfèrent utiliser les normes règlementaires de
santé ou de sécurité pour restreindre l’accès de certains produits.
On parle de protectionnisme déguisé.
III. LA REGIONALISATION RESPECTE-T-ELLE LES PRINCIPES
DU LIBRE-ECHANGE ?
A. Les principes de la régionalisation
La régionalisation correspond à la mise en place au niveau régional d’accords commerciaux
privilégiés entre pays faisant partie d’une même zone, ce qui permet de bénéficier des principes du
libre-échange à l’intérieur de la zone concernée tout en gardant une proximité qui rend les échanges
plus efficaces.
Les accords de régionalisation varient selon la volonté commerciale des pays :
la création d’une zone de libre-échange permet de supprimer les barrières tarifaires
au sein de la zone, mais chaque pays partenaire peut continuer à avoir une politique
commerciale qui lui est propre vis-à-vis des pays extérieurs à la zone ;
le Marché commun correspond à une volonté plus avancée de régionalisation avec la
mise en œuvre d’une politique commerciale unique pour les pays tiers.
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Les étapes de la régionalisation des échanges :
Un exemple d’intégration régionale : l’ALENA :
Définissez l’ALENA et caractérisez son degré d’intégration économique.
Analyser l’évolution du commerce de marchandises de l’ALENA.
A votre avis, le régionalisme s’oppose-t-il au multilatéralisme ? Justifiez votre réponse
en vous appuyant sur l’exemple de l’ALENA.
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Définissez l’ALENA et caractérisez son degré d’intégration économique.
ALENA : accord de libre-échange nord-américain conclu en 1992 entre les États-Unis, le Canada et le
Mexique. Il s’agit d’une zone de libre-échange uniquement, puisqu’il n’y a pas de tarif extérieur
commun appliqué vis-à-vis des pays non membres de l’ALENA.
Analysez l’évolution du commerce de marchandises de l’ALENA.
Depuis la constitution de l’ALENA, on remarque une très nette augmentation des exportations
intrarégionales, puisqu’elles sont devenues majoritaires à la fin des années 1990 et représentent
aujourd’hui 56,1 % des exportations totales de la zone.
Les importations intrarégionales se sont aussi amplifiées, mais la tendance est moins forte que pour
les exportations et elles ne représentent qu’à peine 40 % des importations totales de la zone. La
constitution de l’ALENA a donc amplifié les échanges intrazones, sans pour autant freiner les
échanges totaux de la zone puisque les exportations totales de la zone ont été multipliées par 2
entre 1990 et 2003 et les importations par 2,4.
32. À votre avis, le régionalisme s’oppose-t-il au multilatéralisme ? Justifiez votre
réponse en vous appuyant sur l’exemple de l’ALENA.
Compte tenu des deux questions précédentes, on peut en conclure que la régionalisation des
échanges ne nuit pas à l’essor du multilatéralisme promu d’abord par le GATT puis par l’OMC.
En effet, en analysant les échanges de marchandises de l’ALENA, on constate que la part des
exportations et des importations (sauf pour 2003) intrarégionales ne cessent de progresser, mais que
cela n’empêche pas les échanges totaux et extrarégionaux de progresser en valeur et de rester très
supérieurs aux échanges intrarégionaux, en particulier pour les importations. Ainsi, les exportations
totales de marchandises de la zone représentaient 1 200 milliards de dollars en 2003, contre
600 milliards en 1990, et les exportations extrarégionales s’élevaient à 550 milliards de dollars en
2003, contre 350 milliards en 1990. De même, les importations totales de la zone s’élevaient à 1 700
milliards de dollars en 2003, dont 1 050 milliards pour les importations extrarégionales (contre
500 milliards d’importations extrarégionales en 1990).
La constitution de l’ALENA n’a pas réduit ses échanges avec les pays tiers. Au contraire, ils demeurent
largement majoritaires pour les importations, alors que, pour les exportations, depuis 1998, ce sont
les échanges intra-ALENA qui dominent, sans empêcher une progression en valeur des exportations
extrarégionales.
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B. Une zone d’échanges privilégiée : l’Union européenne
Manuel page 132 et 133
L’Union européenne s’est progressivement construite pour aboutir à une intégration économique
régionale importante. Cette intégration est construite autour de trois axes :
un Marché unique, initié en 1957 avec le traité de Rome et finalisé avec la signature
de l’Acte unique européen en 1986. Il regroupe actuellement 27 pays et applique le
principe de la libre circulation des marchandises, des personnes et des capitaux. Une
politique commerciale unique est appliquée aux pays extérieurs à l’UE et les
politiques fiscales et sociales sont en voie d’harmonisation ;
une monnaie unique, l’euro, pour 17 pays de la zone ; cette « zone euro » applique
une politique monétaire unique ;
des politiques communes élaborées dans divers domaines comme l’agriculture,
l’emploi ou la recherche.
L’Union européenne est une zone d’échange particulièrement dynamique. Le Marché unique
représente près de 460 millions de consommateurs et une part importante des échanges
commerciaux des pays européens s’effectue à l’intérieur de ce marché.
Pour la France, les exportations à destination de la zone européenne en 2009 représentaient ainsi
respectivement 53 % des exportations et 51 % des importations totales. Ces échanges sont de plus
privilégiés avec les pays limitrophes (Allemagne, Italie, Espagne et Belgique).
C. Un déséquilibre dans les échanges
Le mécanisme de la régionalisation, en favorisant la création de zones d’échanges privilégiés,
s’oppose à la vision d’une économie globale. L’Union européenne, par exemple, pratique le libre-
échange à l’intérieur du Marché unique, mais met souvent en place des mesures protectionnistes
envers les pays extérieurs à la zone. Les négociations avec les États-Unis dans le domaine agricole
sont par exemple source de tensions fréquentes : le conflit sur la règlementation européenne des
OGM, qui limite fortement les importations des produits agricoles américains, est ainsi qualifié de
très discriminatoire par les États-Unis.
La création de zones d’échanges privilégiés est donc à la fois une application du libre-échange au
niveau régional et une restriction de celui-ci au niveau mondial.
Conclusion :
Le commerce international s’est développé sur les bases du libre-échange qui a permis la croissance
économique.
Pour autant, certains pays ou zone géographiques, mettent en place des mesures protectionnistes, à
des degrés divers, justifiées par le soutien ou le développement de leur économie.
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