BAC BLANC DE FRANÇAIS. Correction proposée pour la question de corpus.
A quoi tient la force argumentative de chacun des textes du corpus ?
Le corpus est compo de quatre textes, trois assez « évidents » et attendus pour l’argumentation
puisqu’issus de la pensée classique avec un article célébrissime des Pensées de Pascal, et deux autres illustrant le
goût argumentatif propre au mouvement des Lumières : Voltaire pour un extrait du Mondain et Diderot le meneur
des Encyclopédistes ici avec un extrait du Neveu de Rameau. Le quatrième texte, théorique, est extrait de Notes et
contre-notes une anthologie voulue par Ionesco pour commenter le théâtre avant-gardiste en général ainsi que son
propre théâtre.
Comment ces différents textes s’y prennent-ils chacun à leur façon pour tous s’inscrire dans une démarche
argumentative ? A quoi tient leur force argumentative ?
On pourra opérer une distinction à partir de l’alternative convaincre/persuader : certains textes comme les
textes A et C entendent convaincre quand les textes B et D misent eux davantage sur la persuasion de leur
destinataire.
Convaincre passe par la revendication d’une marche, avec un objectif affiché et un modus operandi thodique :
le texte de Pascal, se présente comme un article d’encyclopédie, et sa forme explicative se reconnaît aisément à
l’emploi de paragraphes en prose, ainsi qu’à la volonté d’universaliser le propos : du « je » du début l’on passe à un
« on » globalisant, et la volonté de faire valoir un raisonnement se retrouve dans le champ lexical de la pensée
(« raison », « considérer », « réflexion ») ou encore dans le soin apporté aux liens logiques (présence de conjonctions
telles que « de sorte que » ou d’adverbes , ici d’opposition : « cependant »). Diderot lui, veut convaincre à travers
MOI, en se fondant sur un schéma argumentatif clair : la thèse (« il faut être d’honnêtes gens »), les arguments (« il
est impossible d’être malheureux » en ayant fait le bien, ou encore l’honnête homme s’élève au –dessus de son sort)
et les exemples (notamment celui de Voltaire, évoqué pour l’épisode Calas, ou surtout l’exemple développé de
l’honnête homme de Carthagène ayant secouru sa famille).
Mais convaincre n’est pas toujours une garantie d’argumentation réussie. Ainsi faut-il en passer des fois par lart de
la persuasion, plus oblique et subtil. Le texte B mise sur la versification entraînante, expressive (nombreuses
questions oratoires et exclamations visant à « veiller » le lecteur), et très rythmée (Voltaire aime à marteler ses
affirmations, à coups d’énumérations ou d’anaphores comme avec le « et » à valeur d’insistance de début d’extrait).
Le texte D préfère à une argumentation méthodique l’art du court circuit : logique, avec le syllogisme (tout ce texte
n’est quun syllogisme) et visuel (avec la façon de bâtir une image, grâce aux verbes d’action, au sens visuel
convoqué par l’impératif liminaire « regardez » et la pratique intensive de la répétition (répétition du verbe
« comprendre », de ladjectif « utile « ) ; créer un refrain dans l’oreille du lecteur doit suffire à entraîner son
assentiment, et lui imposer une image en mouvement doit forcer son implication dans le propos.
Nos quatre textes posent ici la question du bonheur, et veulent proposer une réflexion sur ce topos, mais
certains passent par un discours qui affiche une mécanique logique quand d’autres préfèrent susciter des images et
miser sur le rythme, moins convaincants mais davantage persuasifs. On aurait pu aussi ajouter la fin du conte
philosophique Candide, où le personnage éponyme, parvenu au terme de sa quête initiative peut enfin déterminer à
quoi doit ressembler son bonheur, en l’occurrence, à un jardin à cultiver.
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