Master 1 SLEC – Méthode et technique d’enquête
L’objet de recherche.
I) Introduction :
Pourquoi parler de méthode ?
Pas de science sans méthode et pas de méthode sans science. Un projet scientifique ne peut se
faire sans une méthode particulière qui met en lumière les réalités du terrain. Inversement la
méthode, en tant que source de recueil de données de terrain ne trouve aucune consistance si
ces données ne sont pas objectivées par les aspects théoriques de la science.
Une recherche s’effectue en plusieurs étapes et nécessite un découpage du travail dans le
temps.
On aura tendance à repérer 4 temps de recherche :
- Construire un objet d’étude ;
- Elaborer une problématique et des hypothèses ;
- Observer et collecter des données ;
- Traiter et interpréter des résultats ;
Ces 4 temps ne représentent pas 4 étapes distinctes ; il y a interrelation entre ces différentes
parties de la recherche. Il faut comprendre que ces étapes ne sont pas indépendantes et
qu’elles fonctionnent plus sur une mode relationnel. De plus, elle s’inscrivent dans une
dynamique, et donc que rien ne s’enchaîne de façon linéaire.
On peut identifier à l’intérieur de ces 4 temps des étapes qui permettront de faire évoluer la
recherche vers la construction et la compréhension d’un fait de façon scientifique. (Schéma en
transparent de Quivy et Van Campenhoudt, « Manuel de recherche en sciences sociales »,
1995) : ce modèle reste dans une perspective très hypothético-déductive ; mais il faut
concevoir que rien n’est totalement déductif et qu’il y a forcément une part d’inductivité
émergente du terrain qui permet de construire l’objet.
Pour G. Bachelard (La formation de l’esprit scientifique, 1980. Paris : Vrin) , le fait
scientifique est conquis, construit et constaté, à l’inverse de l’expérience commune qui se
présente directement face à nous. Ces différentes étapes présentées ici peuvent répondre de
cette construction du fait scientifique.
Il faut tenter de voir ce qui ce cache derrière le sens commun. Déconstruire le sociale qui
s’expose à tous de manière commune (le sens commun) pour le reconstruire de manière plus
scientifique. (En reprenant Bachelard on peut dire qu’une expérience scientifique est une
expérience qui contredit le sens commun).
La construction d’un objet de recherche répond de cette démarche, et représente en tant que
tel une première démarche scientifique. Construire un objet de recherche se réfère
principalement aux deux premiers temps de la recherche.
Dans un premier temps, ce qu’il faut comprendre c’est qu’un objet de recherche est différent
d’un thème de recherche.
Si le thème de recherche définit un champ général d’étude (ex : les femmes et le sport, les
médias et le sport, l’argent dans le sport etc.), l’objet de recherche quant à lui est une
définition plus précise du projet envisagé, avec une problématique construite interrogeant la
façon de traiter le thème.
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En général on peut observer plusieurs écueils dans la construction de son premier objet de
recherche :
- objet trop large
- mal délimité
- mal opérationnalisable (sphère trop intellectuel, qui s’accommode mal de
l’administration de la preuve. Trop théorique ; théorie = refuge)
- a l’inverse objet pas assez formalisé (c’est à dire non insédans une perspective
théorique)
- faiblesse liée à des objets déjà épurés, déjà vus, et donc difficile de se positionner.
.
Ainsi, il s’agit dans un premier temps pour construire son objet d’essayer répondre à 3
critères :
- La recherche doit porter sur un objet limité (géographiquement, historiquement etc…)
- Répondre à une question précise.
- La recherche doit suivre une démarche démonstrative (suite logique des opérations).
Ces critères sont d’autant plus importants pour vous que vous êtes très limités dans le temps
Un 4ème critère est corrélatif au trois précèdent : la faisabilité au niveau empirique. C’est à
dire, l’objet envisagé peut-il permettre un recueil de données plus ou moins facilement ? Est-
ce que le terrain d’enquête est accessible ? Est-ce que des entrées sont envisageables dans le
milieu étudié ? Etc. Ce critère est aussi primordial pour définir un objet de recherche
réalisable.
Donc, concrètement comment va-t-on tenter de construire son objets ? On peut notamment
enviosager la construction de l’objet à partir de :
- la question de départ.
- La revue de littérature
- La problématique / les hypothèses.
II) La question de départ :
Qu’est ce qu’une question de départ ?
La question de départ constitue normalement un premier moyen de mise en œuvre d’une des
dimensions essentielles de la démarche scientifique et de la construction de l’objet, c’est à
dire : la rupture avec les préjugés et les prénotions, donc avec le sens commun.
En quoi il est utile de formuler une question de départ ?Quel est l’intérêt de bien travailler sa
question de départ ?
Tout d’abord, cela permet de :
- formaliser quelque peu les idées qu’on a en tête
- préciser son objectif de recherche
- éviter de se disperser
- essayer de suivre une ligne directrice pour la suite.
- C’est aussi un premier pas vers la rupture avec le sens commun et donc aussi vers une
problématique.
- Ensuite c’est utile pour la suite de la recherche puisque ça orientera aussi les lectures
de travail. En ciblant un objet plus précis, cela limite aussi les lectures. Enfin, les
hypothèses formulées se présenteront comme des propositions de réponse à la question
de départ.
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Remarque 1 : Il faut savoir que la question fixée au départ est malléable, elle n’est pas
définitivement posée. Elle évoluera avec les lectures et les premiers entretiens. Elle évoluera
aussi avec la problématique pour finalement être définitive.
Remarque 2 : Au départ, tant que la problématique est provisoire, beaucoup de question sont
posés. Si ce questionnement est important et riche, il faut tenter de sélectionner les questions
les plus pertinentes ou retravailler certaines d’entre elles.
Comment cibler la question à se poser ? Comment construire sa question de recherche ? (en
tant que trame, fil conducteur de la recherche).
L’ensemble des qualités attendues pour une bonne question de départ se résume dans un
premier temps au fait que cette question doit pouvoir être traitée.
Comment construire une question et quelles sont les qualités nécessaires et utiles pour faire
une bonne question ?
Tout d’abord les qualités :
- Les qualités de clarté : concernent essentiellement la précision et la concision de la
formulation de la question de départ. C à d essayer de formuler une question précise
dont le sens ne porte pas à confusion.
Pour voir si la question est claire et précise, la formuler devant un public, un groupe et voir si
le sens que chacun donne à la question converge ; si tel est le cas on verra alors que la
question est assez claire pour être comprise par différentes personnes.
Quelques « mauvais » exemples (cf poly)
- Les qualités de faisabilité : portent essentiellement sur le caractère réaliste ou non du
travail que la question de départ laisse entrevoir. Le chercheur, lorsqu’il pose sa
question, doit s’assurer que ses connaissances, mais aussi les ressources dont il
dispose (temps, argent, moyens logistiques) lui permettent d’apporter à la question
posée des éléments de réponse valables.
Quelques « mauvais » exemples (cf poly)
- Les qualités de pertinence : concernent essentiellement le registre (descriptif,
explicatif, normatif, prédictif…) dont relève la question de départ.
On remarquera ici plusieurs aspects relevant de la pertinence d’une question :
Tout d’abord une question de départ devra éviter toute connotation morale. Elle
cherchera non à juger mais bien à comprendre.
Une question de départ doit être une question « ouverte », ce qui signifie que plusieurs
réponses différentes doivent pouvoir être envisagées a priori et que l’on n’est pas sûr
d’une réponse toute faite.
Une question de départ abordera ce qui existe ou de ce qui a existé et non celle de ce
qui n’existe pas encore. Elle n’étudiera pas le changement sans s’appuyer sur
l’examen du fonctionnement. La porté d’un travail en science humaine ne peut
permettre de prédire de manière formelle l’évolution des activités humaines, sa portée
est plus de saisir les contraintes et logiques qui déterminent une situation, elle met à la
lumière certains enjeux etc., donc en cela elle interpelle directement l’avenir et
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acquiert une dimension prospective, mais il ne s’agit pas de prévision au sens strict du
terme.
Une question de départ visera à mieux comprendre les phénomènes étudiés et pas
seulement à les décrire. (met en avant des processus, c à d pas toujours visible). Non
pas que la description ne soit pas du domaine des sciences sociales mais il faut qu’elle
soit construite à partir de critères qui permettent de rompre avec le sens commun, et
qu’elle ne soit pas une simple liste descriptive non construite.
Quelques « mauvais » exemples (cf poly)
III) La revue de littérature et les usages de la bibliographie.
Tout d’abord, pourquoi lire ?
- prendre des informations sur son sujet et aussi de situer par aux autres (faire « l’état de la
question ») pour ne pas arriver naïf face au terrain et tenir compte de ce qui a déjà été fait.
- se poser des questions, soit des nouvelles, soit de préciser celle qu’on a déjà.
- rompre avec les prénotions que l’on peut avoir et donc de ne pas arriver sur le terrain avec
des fausses idées, ou des idées du sens commun qui ne feront pas avancer
- enfin, une fois que l’on aura quelques données, cela permet aussi de rendre intelligible (de
théoriser) certaines données de terrain et donc de leur donner une signification plus
scientifique. Les données ne parlent pas toute seules, il faut les interroger, les faire parler.
Les lectures, en plus de votre propre analyse, servent aussi ce but.
Attention à la boulimie livresque. Il ne s’agit pas de faire une revue de littérature exhaustive
sur un sujet mais bien de faire une revue de lecture des ouvrages, articles etc. les plus
pertinents sur le sujet. Il faut donc faire une lecture active et inquiète.
Concernant la bibliographie on retiendra trois points :
- le statut des sources bibliographie
- la recherche de sources.
- les règles de présentation de la littérature.
1) Le statut des sources bibliographiques.
Il existe différents registres de production :
- Les productions scientifiques à caractère théorique : on les utilise et les mobilise
généralement pour comprendre son terrain. Il est intéressant de mobilisez ce type de
lecture au moment où on tente de construire sa problématique, puisqu’on tente de
s’inscrire plus ou moins dans un courant théorique. Cela sert aussi à reconstruire de
manière intelligible ses données empiriques.
- Les analyses à caractère scientifique sur le sujet : Ces lectures sont intéressantes pour
plusieurs raisons.
Sur un aspect purement matériel, elles sont plus courtes et vous font gagner du temps.
Ensuite, elles sont très utiles lors de la phase d’exploration (revue de littérature)
puisqu’elles vous renseignent sur des travaux connexes au votre, et donc sur ce qui à
déjà était fait ou non.
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enfin, elles permettront de poser et de situer votre problème en comparaison de ce qui
est déjà fait. C’est donc intéressant puisque vous pouvez les discuter, les contester, les
améliorer etc. Il faut cependant réfléchir au champ scientifique de référence
(marketing, économie, sociologie, histoire etc.)
- Les productions ou publications qui émanent du terrain lui-même : ce que donne à
percevoir l’univers à l’étude de lui-même (quelles représentations, quelles
orientations, quelles positions etc.). Ici il ne s’agit pas de prendre ces lectures pour
« argent comptant » mais bien d’en faire une lecture scientifique, et une mise à
distance de cette autoproduction pour ainsi interroger son objet.
- Les productions du sens commun : souvent la presse, qui est la façon dont l’opinion
perçoit l’univers ou le terrain en question. Là aussi vous devez discuter le sens
commun. Pour que le travail critique puisse se faire convenablement, il faut
s’interroger systématiquement sur sa provenance, la source, et son statut : une
statistique vous est donnée, qui l’a produite, qui a intérêt à la produire etc. (par
exemple pour les licenciés ou les pratiquants, quelles institutions proposent quelles
statistiques, dans quel but, avec quels critères etc.)
2) La recherche des sources.
Souvent au début d’une recherche on ne sait pas vraiment où chercher et comment chercher.
Plusieurs sources sont disponibles pour circonscrire ses lectures.
Sources écrites :
1. A vocation de publication :
Ouvrages (FNAC, etc.)
Publications généralistes : presses, magazines grand public (L’équipe etc.).
Publications spécialisées : presses, magazines spécialisés (Revue Natation, Vélo Mag
etc.)
Publications scientifiques : revues scientifiques ou périodique spécialisé que ce soit en
sport, en sciences sociales, en histoire) Ex : STAPS, Sport Management Review,
International Journal of History of sport etc. En général chaque discipline dépouille le
contenu d’une revue. Permet ainsi d’avoir une idée rapide du contenu et de s’y référer
ou non. On trouve souvent ce type de revue sur les bases de données : comme par
exemple : http://www.sportdoc.unicaen.fr/heracles/. Environ 98 000 références.
Permet une recherche thématique, par auteurs etc., différents critères qui permettent de
sélectionner ce qu’on veut pour faire une recherche efficace.
2. A vocation d’information :
Thèse (répertoire des thèses, fichier central des thèses).
Les Actes de colloques (en général communication assez courte, peut être intéressant)
Revue interne et professionnelle (produit par le milieu. Ex : la lettre du médecin).
Documents d’archives (littérature grise) : A noter que les branches professionnelles
ont souvent leur propre service de documentation. En général, chaque institution
dispose de ses archives et il convient alors de chercher à quelle institution notre objet
de recherche s’adresse. Par exemple si il n’y a rien sur la reconversion des sportifs de
haut niveau, on peut se demander qui a vocation à traiter cette question : le ministère
des sports, les fédé, les directions territoriales, la région etc. mais aussi peut interroger
l’INSEE, l’ANPE etc.
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