Les Vies en Soi - Théâtre des Doms

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Les Vies en Soi
Voyages extraordinaires dans le monde des objets
Ecrits, fabriqués, et racontés
par Patrick Corillon
Six récits performances
Le projet de Patrick Corillon, Les Vies en soi, est produit et réalisé par la maison de production et de créations
contemporaines pour les arts vivants le CORRIDOR
Patrick Corillon, artiste plasticien est artiste associé au CORRIDOR et représenté par la galerie In Situ-Fabienne Leclerc
à Paris.
Au cours de ses Vies en soi , Patrick Corillon passe les frontières; il puise dans sa propre enfance et mêle des éléments
autobiographiques à la fiction. Si chaque récit explore un thème spécifique, tous parlent de quête d’identité. Il y est
question de voyages – réels et intérieurs –, de rencontres, d’errance d’une ville à l’autre. Ces aventures (im)mobiles
établissent un dialogue entre l’histoire individuelle et le monde.
Patrick Corillon entraîne le spectateur dans une odyssée riche en découvertes plastiques et en questions
philosophiques. Il nous fait redécouvrir la magie d’un simple récit et le plaisir de la manipulation d’objets, renouant
ainsi d’une manière résolument contemporaine avec des formes empruntées à diverses traditions de narration orale
(benshi, kamishibai, cantastories).
Les vies en soi rassemblent six spectacles accompagnés de six livres d’artiste qui développent, chacun à leur manière,
un univers singulier, intime et sensible, érudit et insolite, qui marie culture savante et culture populaire, art conceptuel
et expression plastique enfantine.
Ces spectacles interrogent de façon métaphorique la quête l’identité :
La rivière bien nommée – 60 minutes pour être de son temps
• dans l’inconscient collectif :
Le benshi d’Angers – 60 minutes et des poussières
• dans les histoires de famille
L’ermite ornemental – 60 minutes pour ne rien dire
• dans l’art et la culture
L’appartement à trous – 60 minutes pour parler toutes les langues
• dans l’adversité
Les images flottantes – 60 minutes pour rentrer dans le cadre
• dans l’imaginaire de l’enfance
Le zéro absolu – 60 minutes pour faire le grand écart
• dans la quête de l’absolu
Quatre de ces spectacles sont présentés en juillet 2016 à Avignon dans le cadre de la programmation du
Théâtre des Doms
La rivière bien nommée – 60 minutes pour être de son temps
Patrick Corillon manipule des livres-objets pour incarner un récit de voyage. Réunis autour d’une boîte aux trésors, les spectateurs
écoutent le narrateur raconter sa quête à la recherche des origines de la légende de la rivière bien nommée. Le mécanisme des objets,
les illustrations, la typographie, la musique et la voix sont réunis au service du récit, à la façon des cantastories ou des kamishibai,
ces petits théâtres de papier ambulants où les images servaient aux chanteurs et musiciens de points de départ pour raconter leurs
histoires. Cet art traditionnel, dont on trouve les premières traces dans l’Inde du VIe siècle de notre ère, a traversé les époques et
les frontières jusqu’à la nôtre. La rivière bien nommée est l’occasion pour Patrick Corillon de revisiter cette forme de narration. Il
nous parle de la difficulté d’être vraiment de son époque quand on est imprégné de tant d’histoires qui ont traversé le temps.
© Raoul Lhermitte
Laisse les choses se transformer d’elles-mêmes  ; ne les force pas. Tu es tourné vers le passé, c’est comme ça. Tu ne peux rien y faire. C’est
comme une tartine de confiture : soit elle tombe vers le sol, soit vers la lumière. Toi, t’es tombé tourné vers le passé, vers tes racines. Mais si
tu laisses faire ta tartine, sans y toucher, tu verras qu’avec le temps, la confiture va traverser la mie. Sans que tu fasses quoi que ce soit,
elle va remonter à la surface. Ta tartine restera toujours collée au passé, mais elle pourra tourner les yeux vers le futur.
Création 2010
Production : le CORRIDOR (Liège)
Avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles , Service du Théâtre et de la Région wallonne
Tournée :
Galerie in Situ/Fabienne Leclerc, Paris (janvier 2011) - Carré, Scène nationale de Chateau Gontier (mai 2011) - Theater aan
het Vrijthof, Maastricht (mai 2011) - Chateau du Pont d'Oye, Habay la Neuve, dans le cadre du Festival des arts du Pont d'Oye
(juin 2011) - Théâtre de la Bastille, Paris, dans le cadre du Festival Hors-série (février 2012) - Musée de la tapisserie, Tournai
(avril 2012) - Kulturhaus Niederanven, Luxembourg, dans le cadre du Fundamental Monodrama Festival (juin 2012) - tournée
CCAS, territoire des 2 Savoies (août 2012) - Festival Bonus du Théâtre de Poche, Hédé (août 2012) - Institut français de
Timisoara, Roumanie (mai 2013) - Centre culturel de Manage (mai 2013) - tournée CCAS, régions Aude-Pyrénées orientales et
Midi-Pyrénées (août 2013) - Marché du livre de Mariemont (octobre 2013) - Théâtre National Luxembourg (juin 2014) Festival Grand Parc en Fête, Bordeaux (juillet 2014) - Festival Découvrez-vous, Bois-de-Villers (octobre 2014) - Maison
des métallos, Paris, dans le cadre la 8e Biennale internationale des Arts de la Marionnette (mai 2015) - Théâtre Le Rideau,
Bruxelles, dans le cadre du RRRR festival (septembre 2015) - Théâtre des Doms, Avignon (juillet 2016) – Kinnekesbond,
Mamer Luxembourg (février 2017)
Le benshi d’Angers – 60 minutes et des poussières
À la manière des benshi* — conteurs japonais qui commentaient les films à l’époque du cinéma muet— Patrick Corillon projette
et commente les pages d’un livre qu’il a lui-même dessiné. Il conte ainsi une histoire intime ponctuée de souvenirs de famille et de
légendes lointaines invitant le spectateur à un voyage poétique et graphique. Le passage du livre à l'écran se fait grâce aux
techniques informatiques les plus contemporaines (images animées interactives), et cherche à donner à son récit le même esprit
d'inquiétante étrangeté qui hantait les premières séances de lanternes magiques ou de cinéma muet.
*Au temps du cinéma muet au Japon, les benshi commentaient les films et jouaient les dialogues des acteurs pour un public largement analphabète
(et donc incapable de lire les intertitres). Sans trop se soucier de suivre le scénario original, les textes étaient souvent improvisés par les benshi. À
partir d'un même film, le benshi pouvait, au gré des séances et selon son humeur, raconter une histoire très différente. Certains d'entre eux étaient
très populaires et souvent plus connus que les réalisateurs ou acteurs des films qu'ils commentaient. Il existe encore quelques rares benshi en
activité de nos jours.
© Raoul Lhermitte
C’est un fil bien résistant que vous avez là. Un fil qui serait bien capable de vous retenir au-dessus du vide. Mais je ne crois pas qu’il
contienne la moindre histoire. Regardez comme il tremble. Il n’y a pas un gramme de vent et il tremble. Il est tout entier dans son
tremblement.
— Mais qu’est-ce que cela veut dire?
— Que vous vous êtes retrouvés dans son tremblement. Rien de plus.
Création 2011
Production : le CORRIDOR (Liège) / coproduction le Fresnoy – studio national des arts contemporains (Tourcoing). Avec le
soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles , Service du Théâtre et de la Région wallonne
Tournée :
Le Fresnoy, Studio National des Arts Contemporains, Tourcoing (juin 2011) - Fondation Cartier, Paris, dans le cadre des Soirées
Nomades (novembre 2011) - Printemps de Septembre, Toulouse (septembre 2012) - Château d'Angers, devant la tenture de
l'apocalypse (novembre 2012) - Centre culturel de Marchin (février 2013) - Centre Wallonie-Bruxelles, Paris (mars 2013) Musée d'Art moderne et contemporain, Strasbourg (mai 2013) - Théâtre de Liège (octobre 2013) - Théâtre National
Luxembourg (juin 2014) - BOZAR, Bruxelles, dans le cadre Les midis du théâtre (décembre 2014) - Théâtre de l’Agora, scène
nationale d’Evry et de l’Essonne (janvier 2015) - Théâtre Le Rideau, Bruxelles, dans le cadre du RRRR festival (septembre
2015) - Théâtre des Doms, Avignon (juillet 2016) .
L’ermite ornemental – 60 minutes pour ne rien dire
Après avoir découvert une exposition de sculptures de Richard Serra, le narrateur est tellement touché par la pureté de ce qu’il
vient de voir que, pour rester sous le charme, il décide de ne plus parler jusqu’à ce que le souvenir des œuvres s’estompe en lui.
Mais l’envoûtement dure beaucoup plus longtemps que prévu et, pour pouvoir mener une vie économiquement et socialement
acceptable tout en ne prononçant plus le moindre mot, il se voit contraint de proposer ses services comme ermite ornemental
dans un parc. Commence alors pour le narrateur une série d’aventures qui ne pourront que l’amener à tourner en rond, mais en
produisant à chaque fois des cercles un peu plus larges, jusqu’à l’entraîner autour du monde…
© Raoul Lhermitte
Même si je pouvais toujours m’habiller comme bon me semble durant mon séjour, il n’était plus question de me couper les cheveux, ni la
barbe, ni les ongles des pieds et des mains. Aucun contact avec quiconque ne m’était autorisé. Pour que mes réflexions ne sortent pas de
moi, il m’était interdit d’écrire, sauf des demandes précises qui ne seraient adressées qu’au château; je ne pouvais pas lire non plus, excepté
les consignes qui me seraient déposées dans ma remise. La seule distraction tolérée était de dessiner les fleurs et les arbres du jardin.
Création 2012
Production : le CORRIDOR (Liège) / avec l'aide de la Fédération Wallonie-Bruxelles - Service pluridisciplinaire et intersectoriel
de la Culture et de la Région Wallonne
Tournée : MUDAM, Luxembourg (décembre 2012) - Halles de Schaerbeek, dans le cadre du Festival TROUBLE (avril 2013) - Théâtre
de Liège (octobre 2013) - Théâtre National Luxembourg dans le cadre du Fundamental Monodrama Festival (juin 2014) Théâtre Le Rideau, Bruxelles, dans le cadre du RRRR festival (septembre 2015)
L’appartement à trous – 60 minutes pour parler toutes les langues
Sur une table aux multiples tiroirs, Patrick Corillon raconte des histoires de manière résolument contemporaine. Dans ce récitperformance, il allie les dessins à la narration pour donner vie à des personnages, des paysages s'inspirant de la résistance d'Ossip
Mandelstam quand, pour garder espoir, il racontait des histoires à ses compagnons qui partageaient sa cellule en Union soviétique
. S'il est bien connu que les histoires peuvent nous sauver, y parviennent-elles parce qu'elles ont le pouvoir de nous emmener hors
du monde, ou au contraire parce qu'elles nous donnent la force de nous confronter aux réalités les plus dures ?
©Yves Gabriel
Je suis soumis à tout ce qui m’arrive, soumis à tout ce qu’on me raconte, soumis aux événements historiques. Je ne le suis pas devenu. Je
l’ai toujours été. J’ai toujours cru en la parole d’autrui. C’est ma grand’mère qui me l’a enseigné. Toujours croire ce que les autres nous
disent. «Tu dois faire comme les chats, répétait-elle. Un chat ça écoute ce qu’on lui dit, ça ne juge pas, ça ronronne et ça mène sa vie
intérieure. Et puis, d’un autre côté, quand toi tu auras quelque chose à dire, quelque chose qui te tiendra particulièrement à cœur, tu le
diras à ton chat. Il t’écoutera sans ciller puis il emportera tous tes mots dans sa vie intérieure. C’est comme si tu plaçais tes mots à la
banque. À la différence près qu’une fois déposés, tu ne pourras plus les reprendre; ils fructifieront dans la vie du chat à un taux que tu ne
connais pas. Et quand ton chat mourra, tu l’enterreras, et des fleurs ou des mauvaises herbes lui pousseront dessus. »
Création 2013
Production : le CORRIDOR (Liège)/ coproduction Fundamental Monodrama Festival (Luxembourg).
Avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles , Service du Théâtre et de la Région wallonne
Tournée :
Fundamental Monodrama Festival, Luxembourg (juin 2013) - Laboratoires d'Aubervilliers, Paris (juillet 2013) - au
CORRIDOR, Liège (octobre 2013) - Marché du livre de Mariemont (octobre 2013) -Théâtre Gérard Philippe, Frouard,
dans le cadre du Festival Géo Condé (avril 2014) - Fundamental Monodrama Festival, Luxembourg (juin 2014), Festival
Grand Parc en Fête, Bordeaux (juillet 2014), Festival de l’Arpenteur, Les Adrets en Belledonne/Grenoble (juillet 2014),
Festival Les Francophonies en Limousin, Limoges (septembre & octobre 2014) - Festival Découvrez-vous, Bois-de-Villers
(octobre 2014) -Théâtre Jean Arp, Clamart, dans le cadre de La Nuit de la Marionnette, (novembre 2014) - Théâtre de l’Agora,
scène nationale d’Evry et de l’Essonne (décembre 2014) - Maison des métallos, Paris, dans le cadre la 8e Biennale internationale
des Arts de la Marionnette (mai 2015) – Théâtre de Liège (septembre 2015) - Théâtre Le Rideau, Bruxelles, dans le cadre du
RRRR festival (septembre 2015) - Le Carré, Scène nationale, Château-Gontier (janvier 2016) - Théâtre des Doms, Avignon
(juillet 2016) – La Villette, Paris (janvier 2017)
Les images flottantes – 60 minutes pour rentrer dans le cadre
Le spectacle raconte l’histoire d’un petit garçon transporté dans le monde des images. Il apprendra, grâce à un stage d’initiation à
la peinture au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris, à sortir de lui-même et en quelque sorte à sortir du cadre pour découvrir
le monde. Tout part d’un souvenir, matérialisé par quelques éléments importés dans la salle du musée : un lutrin et quatre boîtes
enfermant de petits objets ayant une grande force symbolique. Dans l’une de ces boîtes, quelques carrés noirs sur lesquels sont
placées des croix blanches. Ces croix, semblables à celles utilisées pour marquer sur les scènes de théâtre la position des
comédiens ou des décors, deviennent un point d’accroche que l’artiste utilise pour capter le regard et dérouler son récit. Le récit
des images flottantes est une véritable déclaration d’amour à la peinture, à travers les yeux d’un enfant. Mais bien plus largement,
une ode au monde de l’enfance, à ses déchirures autant qu’à ses reconstructions.
©Marie-Claire Saille
Les intuitions de ma mère s’étaient avérées excellentes. Je sentais s’éveiller en moi le destin d’un véritable amateur éclairé de peinture, c’està-dire quelqu’un capable de montrer du doigt les images les plus impressionnantes sans avoir besoin de les toucher. Mon premier exercice
pratique débuta un dimanche. Pendant que mon père, allongé dans son fauteuil, plongeait dans ce qu’il appelait “sa sieste sacrée”, je
contemplais ses traits devenus soudain immobiles. Puis je tendais mon doigt vers lui et, tout en essayant de le tenir à une distance
respectueuse – c’est-à-dire juste à quelques millimètres de sa peau –, je passais en revue les contours de son visage en murmurant : “ Je ne
te touche pas, je ne te touche pas”
Création 2015
Production : le CORRIDOR (Liège) / Avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles , Service du Théâtre et de la Région
wallonne
Tournée :
Musée d’Art moderne de la Ville de Paris (septembre 2015) – le CORRIDOR, Liège (octobre-novembre 2015) – FRAC Nord
Pas de Calais, Dunkerque (mai 2016) – Mu.ZEE, Ostende (mai 2016) - MUDAM, Luxembourg (juillet 2016) - Théâtre des
Doms, Avignon (juillet 2016) – L’onde, Vélizy Villacoublay (janvier 2017) - Théâtre le 140, Bruxelles (février 2017)
Le zéro absolu – 60 minutes pour faire le grand écart
(En construction)
Ce projet initié par la Diagonale Paris (Paris Sarclay) et le CNRS (Laboratoire de Physique des Solides - Université Paris Sud) est
issu d’une collaboration avec Julien Bobroff, chercheur en physique quantique et expert en supraconductivité (laboratoire la
Physique autrement). L’idée à l’origine du projet est de concevoir une traduction visuelle et plastique, pour un public non averti,
de ce que sont la recherche fondamentale, la physique quantique et, plus précisément, le zéro absolu. La création est prévue pour
mars 2017.
La proposition artistique amenée par Patrick Corillon n’est pas d’illustrer à proprement parler cette traduction mais plutôt de
trouver son équivalence dans ses expressions artistiques. À travers son récit, l’artiste invite le spectateur à partir à la recherche de
soi et du sens, à la limite de l’absurde. Il l’emmène dans la quête d’un absolu dont on sait qu’il ne sera jamais atteint.
.
©Raoul Lhermitte
Je lui ai demandé comment il s’y prenait pour arriver à si bien nous faire ressentir la force de nos destinées dans le grand mouvement de
l’Univers. Le poids de ma question ne semblait pas du tout l’écraser. Il m’a répondu : « Mais tout simplement parce qu’il n’y a ni
destinée ni grand mouvement de l’Univers. Il n’y a aucun sens à la vie. Il n’y a pas de loi de la Nature. Je ne décris que ce que je vois, je
ne prête aucune intention. » Peut-être devais-je accepter moi aussi de voir ma vie se résumer au fait de placer tous mes rêves et mes espoirs
dans des situations vides de sens ?
Création 2017
Production : le CORRIDOR (Liège) / Coproduction
: CNRS, FNAGP
Avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles / Service du Théâtre et de la Région
wallonne
Création
L’onde, Vélizy Villacoublay (mars 2017)
Les modalités de présentation des « vies en soi »
Ces spectacles de petite forme, légers et autonomes techniquement, ont la spécificité d’être conçus pour des jauges
ne dépassant pas 120 personnes et pour tous les publics y compris les enfants accompagnés à partir de 9 ans.
Chacun d’eux fonctionne de manière indépendante, si bien qu’il est possible de les présenter séparément ou dans leur
ensemble, en plusieurs étapes (sur une saison) ou en décentralisation dans différents lieux, qu’il s’agisse d’une petite
salle de théâtre, d’un festival, ou de tout autre lieu plus intime comme une bibliothèque, un musée, un salon, un
appartement.
Les prolongements du spectacle
Patrick Corillon travaille sur plusieurs supports qui se complètent et s’interrogent mutuellement. Ses créations se
déploient donc sous différentes formes, généralement couplées. Ainsi, les performances peuvent être accompagnées
d’un livre d’artiste, d’une exposition, d’une conférence « le livre en main » et d’animations.
Dans chaque récit-performance, Patrick Corillon nous entraîne dans des histoires imaginaires aux rebondissements
multiples tout en nous instruisant de façon ludique. Ces récits performances se poursuivent par des actions de
médiation qui amènent à rencontrer le public différemment selon des thématiques particulières et des formes
adaptées à chaque participant (enfants, adolescents, adultes, en groupe ou individuel).
L’une des préoccupations du CORRIDOR depuis sa fondation en 2004 (d’où le nom choisi) est de créer des ponts qui
relient les diversités, que ce soient des gens, des disciplines ou des structures. Ainsi, les activités pédagogiques
peuvent être développées de manière à prolonger le spectacle dans d’autres lieux dédiés à la culture. Les activités
mises en place renforcent l’identité de chaque lieu tout en leur permettant de construire un projet commun. Par
exemple : associer l’art contemporain avec l’art populaire, la grande histoire avec l’histoire intime, le public initié avec
le public non-initié, les enfants avec les adultes, etc.
Ces constructions de réseaux permettent de réfléchir et d’élargir l’accès à des projets artistiques. Ces partenariats
offrent la possibilité de diversifier le public, de le faire circuler et de lui permettre d’accéder à la « grande culture ». Le
spectacle peut dès lors être prolongé par un atelier, une activité en bibliothèque (les livres édités à l’occasion des
récits-performances peuvent y être accessibles) ou encore par une exposition et une action de médiation avec les
musées ou toute autre structure intéressée.
Les spectacles de Patrick Corillon sont accompagnés de livres d’artistes (les éditions du CORRIDOR) qui complètent
les interventions d’art vivant. Les livres créés par Patrick Corillon, comme les spectacles, adoptent des formes
narratives insolites. Le récit se développe à la façon d’une spirale, partant de faits intimes pour déboucher
progressivement sur le monde. Les séquences s’emboîtent les unes dans les autres. Peu à peu se révèlent les secrets
qui permettent de décrypter l’architecture symbolique du propos. La mise en page, les différents papiers, pliages et
principes de couture artisanale sont emblématiques des circonvolutions des récits. Plusieurs histoires se font écho,
comme dans une mise en abyme.
Performances et livres se croisent, dialoguent entre eux sans pour autant perdre leur spécificité propre. Chaque chose
peut se voir, se lire de façon indépendante. Le livre est pour le spectateur, une façon de garder trace du spectacle ou
de prolonger le récit lorsqu’il rentre chez lui.
La biographie
Patrick Corillon vit et travaille à Paris et à Liège; il est représenté par la Galerie In Situ (Paris). Il a exposé à la
Documenta IX en 1992, à la Biennale de Sao-Paulo en 1994, de Lyon en 1995, de Sydney en 2002 et de Bruxelles en
2008.
Son travail a été montré dans les musées comme la Tate Gallery, le Royal College of Art à Londres, le Centre
Georges Pompidou à Paris, le Palais des Beaux-Arts de Bruxelles et de Charleroi en Belgique, la Fondation De Appel
et Witte de Witt et le Gemeente Museum de La Haye aux Pays-Bas, la Fondation Gulbenkian à Lisbonne, etc ainsi
que dans les galeries suivantes : la galerie des Archives (Paris), Marconi (Milan), Massimo Minini (Brescia), Albert
Baronian (Bruxelles), Modulo (Lisbonne), Produtzenten (Hambourg), Yvon Lambert (Paris), Tania Rumpff
(Haarlem).
Il a réalisé des commandes publiques pour : la Manufacture des Gobelins, le Palais Royal de Belgique, le Tramway de
Paris et celui de Nantes, la place Goldoni à Paris, le Parlement Bruxellois, le Ministère de l’Éducation de la
Communauté Flamande, le Métro de Toulouse, la Collégiale Sainte-Waudru à Mons, les Villes de Sittard, Maastricht
et Amstelveen au Pays-Bas, l’Université de Metz, le Théâtre des Abesses à Paris, le Théâtre de Liège, etc. Des projets
spécifiques pour la Fondation Cartier, Nina Ricci, Kenzo, Novotel, Coca-Cola, Fondation Miro, etc.
Ses œuvres sont dans les collections publiques du Centre Pompidou, du FNAC, de la Caisse des Dépôts et
Consignations, des FRAC Pays de Loire, PACA, Bourgogne, Languedoc-Roussillon, Limousin, Alsace, Picardie... en
France; des Musées d’Art Contemporain d’Anvers, de Gand, d’Ixelles, de la Communauté Française... en Belgique.
Depuis 2006, Patrick Corillon est artiste associé de la maison de production le CORRIDOR et y développe des
spectacles d’art vivant où le livre, la manipulation d’objets et la musique ont toujours une place importante : son
projet le Diable abandonné a pris la forme de trois livres, publiés aux Éditions MeMo (Nantes), et de trois spectacles.
Une création musicale et plastique Oskar Serti va au Concert a été créée au Klangforum à la Concert House de Vienne.
Les aveugles, un opéra hybride autour du texte de Maeterlinck a été créé par Patrick Corillon et le jeune compositeur
Daan Janssens à la demande de LOD à Gand. En 2010-2011, il a été artiste invité au Fresnoy. Ces trois dernières
années, il crée les vies en soi un projet de plusieurs performances en solitaire destinées tant au théâtre qu’aux musées et
aux bibliothèques: la rivière bien nommée - 60 minutes pour être de son temps, le benshi d’Angers - 60 minutes et des poussières,
l’ermite ornemental - 60 minutes pour ne rien dire, l’appartement à trous - 60 minutes pour parler toutes les langues, Les images
flottantes - 60 minutes pour rentrer dans le cadre et, pour 2017, Le zéro absolu - 60 minutes pour faire le grand écart.
Fin 2016, il crée en compagnie de LOD, la maison vague, fantaisie visuelle et musicale au Francophonies de Limousin
2016.
A propos de l’œuvre de Patrick Corillon
Conteur et troubadour des temps modernes, Patrick Corillon a des affinités avec Borges et le poète portugais Fernando Pessoa qui n'a eu
de cesse de propager des personnages fictifs, des amis, des connaissances, engendrés par le texte, en leur construisant des vies propres et en
entretenant avec eux d'étroites relations. « ... Je me souviens d'avoir construit mentalement apparence extérieure, comportement, caractère et
histoire — plusieurs personnages imaginaires qui étaient pour moi aussi visibles et qui m'appartenaient autant que les choses nées de ce
que nous appelons, parfois abusivement, la vie réelle. »
Ainsi Patrick Corillon a lui-même créé une dizaine de personnages qui évoluent d'exposition en exposition à travers d'infimes bribes de
leurs biographies. A l'origine, il ne dévoilait pas leur identité, c'était au spectateur de compléter leurs initiales en imaginant un nom
propre. Depuis 1988, l'artiste bouleverse les données en sortant d'emblée de l'anonymat des personnages fictifs d'une autre époque, aux
noms à consonance étrangère : Oskar Serti, écrivain hongrois, né en 1881 et mort en 1959, le professeur Wierzel, scientifique, Marina
Morovna, poète… À l'instar d'un grand reporter, Patrick Corillon joue sur la figure de l'artiste qui voyage pour réaliser des expositions
et relate des épisodes de situations aventureuses propres à chacun des personnages invités. Image de l'art comme aventure, comme risque.
Référence aux mondes que l'on se crée dans l'enfance.
Mais pourquoi convoquer la fiction dans cette architecture de jeux de rôles ? Peut-être d'abord comme moyen de réagir à /in situ, en
maintenant le spectateur dans un suspens à la Hitchcock. Impossible de présager de la suite. D'étape en étape, les personnages
rebondissent et connaissent des rôles différents, pouvant être abordés à n'importe quel moment ou endroit, comme dans les séries TV, les
bandes dessinées d'Hergé dont les héros n'imposent aucune lecture chronologique. Métaphore non sans saveur de l'oeuvre. Une oeuvre qui,
à l'opposé des stratégies du monde d'aujourd'hui, ne se dévoile que progressivement, pudiquement, sans livrer la moindre image. Une
oeuvre ouverte, au sens qu'Umberto Eco donne à ce mot, une oeuvre qui n'en finit pas, un hypertexte qui s'ouvre à l'infini. Mais une
oeuvre à côté de laquelle on peut passer sans la voir tant elle se fond dans le contexte où elle apparaît et où la lecture, le texte, devient le
code d'accès obligatoire à son apparition.
Plaques émaillées, bornes, tableaux d'information, cartels… Patrick Corillon investit l'écriture standard propre à ces lieux. Un style
administratif, officiel, scientifique, celui de l'étude des comportements et émettant des hypothèses, celui qui enregistre la mémoire du monde
et la commémore. C'est une manière contemporaine et juste d'envisager le lieu. Le lieu comme fiction de tous les possibles avec un ancrage
dans la réalité. Une attitude qui prend sa source dans l'art conceptuel nonobstant l'analyse sociologique ou le statement, en réintroduisant
un aspect jubilatoire.
Loin d'être des canulars ou des supercheries destinés à déstabiliser, les anecdotes, les moments les plus insignifiants de la vie quotidienne
des différents personnages que livre Patrick Corillon s'ancrent toujours dans les lieux où ils prennent naissance. La fiction est pour
l'artiste un postulat de la réalité, non une fuite du réel mais une stratégie pour s'en approcher au plus près. Une méthode d'investigation.
« Le langage possède et est possédé », note Georges Steiner, par la dynamique de la fiction. Parler, que ce soit à soi-même ou à autrui,
c'est, au sens le plus immédiat et le plus rigoureux de cette banalité insondable, inventer, et réinventer l'être et le monde. Une vérité
formulée est d'un point de vue ontologique et logique, « une fiction vraie », l'étymologie de « fictio » nous renvoyant tout de suite à
«création 2 ». Chaque texte, comme chaque langue ou forme de langage parle du monde à sa façon. Patrick Corillon rappelle qu'il n'y
pas de langage sans fiction, comme il n'y pas de perception sans langage. Les mots permettent de révéler le monde, de l'organiser, de le faire
exister, de le voir. Une mise à distance du réel comme le sont ses personnages, intermédiaires qui agissent non à sa place mais comme
« loupe » sur la réalité, comme il le dit lui-même. Des points de vue. La fiction comme oeuvre et l'oeuvre comme fiction est un chemin pour
se rapprocher, pour parler du réel ou de la fiction devenue réalité. Pouvoir passer de l'un à l'autre, de la deuxième à la troisième dimension
comme chez Mary Poppins. Patrick Corillon renvoie mine de rien le spectateur à son rôle actif de lecteur de l'art contemporain depuis
Duchamp. Celui d'acteur qui donne vie à l'oeuvre. Le texte est envisagé, à l'instar d'une salle de cinéma ou de théâtre, comme un
dispositif immédiat pour rentrer vierge et disponible dans l'histoire. À l'inverse du mouvement du monde contemporain qui déverse une
suite infinie d'images célibataires et précaires, des images péremptoires, Patrick Corillon formule à chaque fois un écran d'images mentales
pour tout un chacun avec ses anecdotes. Rendre visible l'invisible, faire son propre cinéma, voilà ce à quoi l'artiste nous convoque. Mais à
qui sait lire, à qui sait voir. A suivre…
Jérôme Sans
1. Fernando Pessoa, Sur les Hétéronymes, éditions Unes, Le Muy, page 23.
2 Georges Steiner, Réelles Présences, éditions Gallimard, 1989, Paris, page 80.
le CORRIDOR
Maison de production et de création artistique, le CORRIDOR développe une démarche axée sur des questions
philosophiques et politiques, ancrées dans l’histoire et l’actualité du monde, de ses cultures et de ses sciences. En créant
des ponts entre l’art vivant, l’art plastique et la musique, il connecte ceux-ci avec d’autres formes telles la pensée, la
grande histoire/la grande culture, la philosophie et la science. Considérant l’œuvre d’art vivant non pas comme un
produit fini mais comme un des éléments faisant partie d’une chaine, il propose d’amener le public à l’art à travers
différentes activités dans lesquelles tout est interconnecté. Ces actions sont considérées comme un outil au service
d’un propos et non au service d’un esthétisme.
Mu par la nécessité de raconter de nouvelles histoires et de restaurer des propos existentiels et philosophiques,
universels à la condition humaine, le CORRIDOR porte un intérêt croissant aux formes artistiques où la question du
théâtre est mise de côté. Mais où la théâtralité s’immisce, pour donner lieu à des conférences scientifiques poétiques,
des œuvres plastiques mises en scène, des contes scéniques, des documentaires dessinés, des laboratoires d’idées.
Mu également par la nécessité de mettre à nu les processus de création, le CORRIDOR permet au spectateur, par la mise
en place de dispositifs de rencontres et de médiations, de s’emparer de ces moyens pour devenir à son tour créateur
et/ou acteur plutôt que consommateur passif.
La spécificité des actions proposées par le corridor est de placer l’art vivant au centre de ses pratiques, tout en intégrant
d’autres domaines :
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domaine de l’art : art plastique, film d’animation, musique et graphisme.
domaine du savoir : science, philosophie et pédagogie.
Cette spécificité permet de tisser des liens entre différents lieux liés à la culture, à la science, à la vie citoyenne :
musées, bibliothèques, théâtres, écoles, hôpitaux, lieux publics extérieurs (parcs, rues, places). Agissant comme une
sorte de catalyseur, le corridor renforce dès lors, grâce à ses projets transversaux, la construction d’un projet commun
tout en permettant à chaque structure partenaire de garder son autonomie.
Le CORRIDOR, depuis sa création (2004) envisage le projet d’art vivant comme matière à penser et à construire d’autres
façons de voir, de s’engager, de tisser des liens. Il utilise la stratégie du contrepied pour placer le spectateur dans un
inconfort joyeux qui lui permet de penser librement :
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sortir de l’anthropocentrisme qui oppose les mondes
s’éloigner de la tyrannie de la réalité qui nous empêche de rêver (et donc de créer et prendre en main notre destin)
en redonnant de l’importance aux histoires
se détacher de l’urgence de l’actualité pour s’arrêter et penser
encourager des situations d’intelligence collective
Dans cette optique, une œuvre d’art vivant peut donner lieu à une rencontre après la représentation, un atelier
philosophique, une conférence, une activité en bibliothèque, une édition ou des formations. L’idée mise en évidence à
travers ces démarches est de créer des projets vivants se déployant sous différents formats : de la grande forme à des
formes plus légères et autonomes, adaptables à différents lieux et permettant par ce fait, de rencontrer différemment le
public.
Pour toutes ces raisons, le CORRIDOR, fabrique de spectacles, est aussi une maison d’éditions, un lieu de résidences
d’artistes, une plateforme de rencontres des publics et, ponctuellement, un lieu de représentations de petites formes.
Extraits de presse
(…)Mystification ou histoire vraie, le conte se déroule sans qu'on ne sache vraiment distinguer le vrai du faux: il
semble qu'il y ait une part de récit personnel dans l'histoire, mais orné de merveilleux. … Comme le livre, la rivière
est un symbole d'abîme révélateur. C'est dans les histoires et le chant populaires que Patrick Corillon aime à chercher
la vérité historique.
La rivière bien nommée a le charme de la mélancolie, il révèle en particulier les frontières de l'être que le mythe et la
poésie, adossés à l'expérience personnelle, permettent d'enjamber.
Leila Elyaakabi,
La Galerie du spectacle, le magazine du Théâtre et de la Marionnette,
8 mai 2015
(…) Ses performances "contées", une spécialité "inouïe", un ovni culturel inépuisable sont à voir au moins une fois
dans une vie de " curieux culturel ". …Il enchantera ceux qui aiment le mélange des genres et recherchent une
"performance" un peu folle, mêlant le plus vieux de tous les arts, la parole, le conte et l’autre très vieil art…plastique.
Pas de retour toutefois à l’art des cavernes ou à Homère, encore que… il aime se balader comme Ulysse dans le
grand monde… actuel et son monde intérieur. Corillon se raconte et nous raconte en jonglant avec les mythes, les
sensations, les non-sens à la française mais aussi avec de grands livres d’images étalés contenant des mots qu’il
extirpe du livre et brandit comiquement!
Christian Jade,
RTBF.be,
septembre 2015
( …) Car chez lui, rien n'est jamais plus vrai que l'imaginaire et rien n'est jamais plus incroyable que la réalité. … Mais
Patrick Corillon ne se contente pas d'être un (excellent) conteur. Il accompagne son récit de tout un univers visuel
qu'il manipule à l'aide de petits mécanismes aussi simples qu'ingénieux: dessins, objets, photographies surgissent de
dessous la table et deviennent personnages, décors, animaux, forêt, rivière… En pleine lumière, Patrick Corillon
s'adresse directement à ses spectateurs. Sur le visage de ceux-ci, on voit se dessiner des sourires, des oh! et des ah!
d'une enfance retrouvée. Sous une apparence simplissime, cet Appartement à trous est parfaitement construit et
maîtrisé.
Jean-Marie Wynants,
Le Soir,
24 juillet 2013
Les contacts :
le CORRIDOR
Tél : +32 (0)4 227 77 92
E-Mail : [email protected]
Sites : www.lecorridor.be
www.leseditionsducorridor.net
www.corillon.net
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