Résumé
Introduction :
Au cours de l’infection par le virus de l’immunodéficience humaine de type 1 (VIH-1) on
observe une augmentation progressive de l’expression des molécules inhibitrices du système
immunitaire (IL-10, PD-L1 et IDO) principalement par les cellules présentatrices d’antigènes (CPA)
telles que les cellules dendritiques (DCs). Ces molécules agissent négativement sur la réponse
immunitaire anti-VIH et sont associées à la persistance du virus et à l’évolution de la maladie vers le
stade SIDA. Une des protéines virales impliquée dans ce mécanisme est la protéine Tat. En plus de
son rôle direct dans la transactivation du génome viral, Tat est sécrétée par les cellules infectées et
se retrouve à des concentrations de l’ordre du nanomolaire dans le sérum des patients. Dans la
circulation, Tat interagit avec les cellules immunitaires et module l’expression de nombreux facteurs
incluant des facteurs immunosuppressifs. Les travaux précédents du laboratoire, ont montré que Tat
agit au niveau membranaire, par son domaine N-terminal 1-45, afin de stimuler l’expression des
cytokines pro-inflammatoires TNF-α, et immunosuppressives IL-10 par les monocytes et les
macrophages humains. Plus récemment, la recherche du récepteur membranaire recruté par Tat a
permis de mettre en évidence l’implication du TLR4/MD2 dans l’interaction avec Tat.
Objectifs :
Mon projet de thèse qui s’inscrit dans la continuité des travaux du laboratoire a pour objectif
1) de caractériser davantage le rôle du TLR4 comme récepteurs de Tat en utilisant une approche
basée sur des modèles murins invalidés (KO) pour le TLR4 ou ses partenaires moléculaires (CD14,
MD2, MyD88, TRIF) 2) d’étudier l’effet de la protéine Tat et de son interaction avec le TLR4 sur la
modulation de la fonction des DCs incluant : la production de cytokines, la maturation, l’expression
des facteurs immunosuppressifs et la capacité à activer/inhiber les lymphocytes T.
Résultats :
L’utilisation du modèle de souris KO nous a permis de confirmer le rôle central du TLR4/MD2
comme récepteur de la protéine Tat ainsi que de mieux comprendre le mécanisme moléculaire mis
en jeu par Tat pour induire la production de l’IL-10 et du TNF-α impliquant le TLR4 mais également
les cofacteurs CD14 et MD2 ainsi que l’activation des deux voies de signalisation MyD88 et TRIF
dépendantes.
L’étude des effets de l’interaction Tat-TLR4 sur la modulation de la réponse immunitaire des
DCs nous a permis de montrer que i) Tat induit la production des cytokines pro-inflammatoires IL-6,
IL-12 et des IFN-α et IFN-γ en plus de l’IL-10 et du TNF-α ; ii) Tat induit la maturation des DCs en
augmentant l’expression de CD83, CD80, CD86 ; iii) Tat stimule l’expression des facteurs
immunosuppressifs IL-10, PD-L1 et IDO associées à une inhibition de la prolifération des LT ; iv)
l’ensemble de ces effets sont abolis ou inhibés en bloquant l’interaction Tat-TLR4.
Conclusions :
Nos résultats suggèrent que le VIH-1, par l’intermédiaire de sa protéine Tat, détourne le TLR4
à la surface des CPA pour induire la production de facteurs pro-inflammatoires et stimuler
l’expression des molécules immunosuppressives directement associées à la perte de fonction du
système immunitaire. Il n’est donc pas exclu que Tat, à cause de son expression précoce, contribue à
instaurer un état immunosuppressif très tôt après l’infection et serait aussi impliquée dans
l’affaiblissement du système immunitaire et la persistance virale.