Introduction
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patient en terme d'évolution par rapport à des ECG anciens, qualifiés d'ECG de référence, et si
l’on intègre à la fois l’analyse de signaux et la prise en compte de l'historique clinique du
patient.
La plupart des électrocardiographes modernes aujourd’hui disponibles sur le marché
incluent un module d’interprétation automatique de l’ECG standard à 12 dérivations, et les
plus performants atteignent une précision diagnostique de l’ordre de 80%, comparable à celle
des cardiologues. Cependant, la performance du cardiologue reste supérieure à celle de
l’ordinateur lorsqu’il peut disposer d’un ECG de référence et s’il connaît le contexte clinique
du patient, et le « rôle médical » de l’électrocardiographe interpréteur reste confiné à celui
d’un deuxième avis ou d’un outil de dépistage ou d’épidémiologie. Or, si on est arrivé
aujourd’hui à « imiter » le cardiologue, on est encore très loin d’avoir réussi à extraire la
totalité de l’information véhiculée par le signal électrique cardiaque. Par ailleurs, bien que
l’on ait mis en évidence différents marqueurs du risque de mort subite tels que la présence de
micropotentiels ou d’anomalies de la repolarisation (dispersion et dynamique du QT, …), on
est encore très loin d’avoir mis au point des stratégies décisionnelles permettant d’identifier
avec suffisamment de précision tous les patients à risque de mort subite susceptibles de
bénéficier de thérapies pointues telles que la pose d’un défibrillateur implantable. Le
problème est extrêmement complexe, et ne peut être résolu par des techniques
d’épidémiologie classique à cause du nombre de descripteurs mis en jeu et de l’importance
des aspects dynamiques et de leur corrélation avec le système neurovégétatif.
La valeur diagnostique, pronostique, et d’indication thérapeutique de l’intervalle QT et
de sa dynamique est de plus en plus étudiée, et potentiellement démontrée. Or, s’il est admis
depuis fort longtemps que les variations de QT sont dépendantes de la fréquence, le modèle
de variation qui est sous-jacent demeure toujours inconnu et inexpliqué.
Notre objectif est de chercher à modéliser et à expliquer la signification physiologique
des rapports entre la variabilité de la fréquence cardiaque (appréciée par la mesure de la
variabilité de l'intervalle RR) et la dynamique de la repolarisation ventriculaire représentée
par l’intervalle QT. La première explore le système nerveux autonome seul, et non le cœur, à
travers le marqueur que constitue l’automatisme sinusal auriculaire modulé par le système
neurovégétatif. La dynamique de l’intervalle QT, quant à elle, permet d’explorer à la fois le
fonctionnement des cellules cardiaques ventriculaires et l’impact du système nerveux
autonome sur l’étage ventriculaire. L’information est particulièrement complexe, et c’est cette
complexité qu’il importe d’explorer. Grâce aux enregistrements ambulatoires de type