Ch6. S"6v+%s, V. S"6v+%s
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Si nous avonschoisi cescas si particuliers, c’est que lesdifcultés
méthodologiques qu’ils posent sont telles qu’ellesobligentà envisagerles
processus de communication endehors dumodèle de latransmission,
età concevoirla communication au sein desinteractionshumains-
dauphinscomme étant structurée par un malentendu. C’est ce quenous
tenteronsde montrerdanslapremièrepartie, à partirde témoignages
de rencontresenchantées. Ilest ensuiteintéressantde comparercette
structureinteractionnelle avec d’autresmodèlesde mécompréhension :la
mésentente(Rancière, 1995)etle différend(Lyotard, 1983)5.Lesnotions
de mésentente etde différend – tellequ’ellesontété développéeset
utilisées parleurs auteurs – engagentà développerla discussion dans
de nouvellesdirections:lapolitiqueoùlepeuple(au sens platoniciendu
terme)nepeut prendrelaparole, faute de partagerl’idiome dudominant
(Rancières,1995), d’unepart,l’impossibilité de direle génocide oud’en
transmettresimplementl’expérience (Lyotard, 1983,Coquio,1999),
d’autrepart. Eneffet,e malentenduetle différendsont traités parcesdeux
auteurs enrapport avec laquestion dugénocide ;laraison enest que,
tout commeles situationsde communication inter-espèce, ces situations
demandent une appréhension différente de larelation entre code commun
etcommunication.L’analyse de situationsde communication inter-espèce
nous sert donc à mettre enévidence des structuresde communication
qui, enfait, dépassentlargementce cadrerestreint. En nous référant
aux questionnements plus philosophiquesde la communication que
proposentlesnotionsde mésentente etde différend, l’objectif est de
montrer quelemalentendu posede factounequestion politique, parce
qu’il est enrapport avec l’hégémonie etle contrôle.Sices situations,
quoiquetrèsdifférentes parailleurs,peuventêtrerapprochées sur leplan
de leur structureinteractionnelle, il est envisageable de les rapprocher
également sur leplande l’analyse ducontrôle etde lapathologiequi
enest issue.Danslesinteractionshumains-dauphins,les tentatives pour
contrôler,parla force, le comportementdesanimaux, apparaissent
comme des tentativesde solution (Watzlawicketal,1974),responsables
de pathologieset sourcesde violence.Dansles situationshumaines
décrites, de mêmeque danslesinteractions quotidiennes qu’analysent
les thérapeutes, des pathologies proviennentdu refus d’accepterle fait
que, d’une certainemanière, la communication est toujours structurée
par un malentendu. Il nous sembleque cetteperspectiveoffre des pistes
méthodologiquesintéressantes ; ellepermetégalementde se désengager
de laviolence symboliqueimplicitement présente danslesmodèlesde la
communication commetransmission d’un message.
5Ilest remarquableque, lorsquelemalendendu,le différendoulamésententesont
évoquésdanslalittérature, lesanimaux nesontjamaisbien loin.
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