La perfection - Etunix

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La perfection
Par :
Sophie Guénette-L et Camille Dupont
Thème :
La perfection
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© Association Québécoise de Philosophie pour Enfants, UQAC, 2009
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La perfection
Par :
Sophie Guénette-L et Camille Dupont
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C’était une autre de ces belles journées d’août. Hugues et Lucien étaient encore une fois
assis tranquillement à jouer aux échecs sur la terrasse de leur résidence. Leurs petits
enfants étaient là aussi, jouant et criant au fond de la cours. «C’est une journée parfaite !
» dit Hugues, le visage tourné vers le soleil. Lucien lâcha un léger soupir et dit
simplement : «Rien n’est parfait mon bon ami». Hugues avait apprit à connaître le sens
de l’humour de Lucien. Cependant, ce jour-là, il répondit à sa remarque.
− S'il y a de l’imperfection, il doit y avoir le contraire également, alors moi, je crois que
la perfection existe, dit Hugues. Le terme imperfection veut dire que le sujet n'est pas
parfait; nous sous-entendons donc que la perfection existe, car sinon, ce terme
n'existerait pas.
− Je ne suis pas d’accord. Je crois qu'aucun manque ne peut être parfaitement comblé.
La perfection est, selon moi, inatteignable. Il existe tant de manque à combler et il y a
toujours place à l’amélioration, dit Lucien.
− Tu crois que la perfection n’existe pas ? Alors, elle serait seulement un concept;
quelque chose d’abstrait et d’inventé? Il doit bien y avoir quelque chose de parfait et
qui existe réellement. La perfection représente quoi pour toi ?
− Je crois que la perfection est le niveau le plus élevé que quelque chose peut atteindre;
sa plus haute valeur. Le niveau où il ne manque plus rien à cet élément pour être
accompli. C’est pour ça que je crois qu’elle est inatteignable. Tu vois vraiment une
chose qui pourrait être considérée comme parfaite ?
− Selon cette définition, la perfection doit être plutôt rare, mais je vois bien quelque
chose qui répond à ces critères.
− Vraiment ? Et qu’est-ce que c’est ? demanda Lucien septique.
− La vérité. Une vérité ne peut être plus vraie ? Alors une vérité est parfaite.
Lucien ne répondit rien. Les deux hommes se turent un moment, réfléchissant tous les
deux.
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− Pourtant, quand on pense à la perfection, ce n’est pas vraiment ce que l’on voit ;
comme quand nous disons que quelqu’un est parfait, ou encore qu’une journée est
parfaite. Voulons-nous seulement dire qu’elle n’a pas de défaut ? Et est-ce vraiment
possible que quelqu’un ou quelque chose soit dépourvue de défaut ? demanda
Hugues de plus en plus incertain de ce que la perfection représentait pour lui.
− Je suis d’accord avec toi là-dessus, avoua Lucien. La perfection est considérée comme
un idéal. Et pour répondre à ta question, je ne suis pas sur si certaines choses n’ont
aucun défaut. Vois-tu, un idéal, ou encore quelque chose de parfait, suppose que ça
ne pourrait être mieux. Mais comme je te l’ai dit, je ne crois pas que c’est possible. Je
crois que l’on peut se contenter de beaucoup de choses et même en être très satisfait,
mais ce serait fou de croire que cela est parfait.
− Peut-être que la perfection dépend seulement de comment on voit les choses. Même
si on dit que rien n’est parfait, es-tu d’accord pour dire qu’il y a des choses plus
proches de la perfection que d’autres ?
− Je suis d’accord, répondit Lucien un peu perdu.
− Je crois qu’une chose est ce qu’elle est, point. C’est la façon que l’on a de la voir qui
change son degré de perfection. Puisque que nous avons tous des idéaux différents,
donc moins de critères à remplir pour l’atteindre.
Hugues prit une pause pour voir si son compagnon le suivait toujours, puis reprit :
− Si on reprend l’exemple de la journée, tu pourrais vivre la même journée qu’une
autre personne et la trouver très banale, alors que cette autre personne l’aurait
adorée. Tout cela est dû au fait que vous n’avez pas les mêmes désirs.
− Si on suit ton raisonnement mon cher Hugues, cela voudrait dire que si quelqu’un
avait des désirs très simples, il pourrait trouver plus facilement des choses parfaites?
− En quelque sorte, oui. La perfection est l’absence de manque non comblé; alors une
personne qui n’aurait pas de désirs pourrait être plus facilement satisfaite.
− Plus facilement comblé, oui, dit Lucien, mais est-ce qu’elle trouverait plus de choses
parfaites?
− Surement, dit simplement Hugues, un peu perdu lui aussi.
− De plus, est-ce qu’une personne peut vivre sans désir? Pourrait-elle vivre sans rêver
ou espérer quelque chose de meilleur, une meilleure situation ? Ou même plus
simplement, par exemple, obtenir tel ou tel chose ou encore, désirer des choses plus
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banales, comme tu dis, comme vouloir manger ou faire quelque chose en
particulier?
− Selon ce que tu dis, probablement pas, dit Hugues, mais qu’est-ce qu’un désir? Est-ce
de vouloir des choses banales ou une chose plus grosse, plus importante?
− Peut-être que le terme désirer peut être vu de plusieurs manières, comme plusieurs
autres choses.
− Ou de comment on définit les termes! Je crois finalement que c’est dû au fait que les
définitions du langage ne permettent pas de bien définir les concepts de départ.
− Avons-nous seulement définit le terme de départ : la perfection, dit Lucien?
− Je pense avoir lu quelque part que perfection vient du latin et veut dire : ce qui est
fait jusqu'au bout, totalement.
− Donc, la perfection peut être bonne ou mauvaise, en autant que le sujet observé est
complété totalement, comme un meurtre parfait !
− Et si seulement une propriété de ce sujet est complétée totalement, cela fait-il que ce
sujet est imparfait ? demanda Hugues.
− Non, mais qu’il est en partie parfait et en partie imparfait.
Finalement, les deux amis reprirent leur partie d’échecs alors que leurs petits enfants
continuaient de jouer dans la cour.
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