FRANCE STRATÉGIE 3 SEPTEMBRE 2016
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AVANT-PROPOS
Ce n’est pas parce que les discriminations sur le marché du
travail sont économiquement coûteuses qu’il faut les combattre.
C’est parce que cantonner certains (et surtout certaines) à des
positions secondes contrevient au principe d’égalité et cause de
la souffrance. Quand bien même des écarts de salaire sur le
même poste de travail, un moindre accès à l’emploi ou des
disparités dans le niveau d’éducation bénéficieraient à l’éco-
nomie, cela ne les rendrait pas plus acceptables.
Il se trouve cependant que les discriminations sont économi-
quement pénalisantes, que leur coût pour la collectivité est
élevé, et donc que leur élimination induirait, à terme, un gain
substantiel en croissance et en revenu. Tel est le message
essentiel du travail pionnier présenté ici.
Lorsqu’à la suite du rapport de Jean-Christophe Sciberras sur
les discriminations en entreprise1 il a été demandé à France
Stratégie d’évaluer les gains économiques qu’occasionnerait
leur élimination, notre premier constat a été que ce type d’exer-
cice n’avait jamais été entrepris en France. Les économistes se
sont, depuis plusieurs années, attachés à les repérer et à les
mesurer, non sans difficultés d’ailleurs : les mesures les plus
directes (par testing auprès des entreprises) ne livrent pas de
résultats généraux, les mesures indirectes (par le chiffrage des
écarts inexpliqués) peinent à faire le partage entre ce qui est
dû à un comportement discriminatoire des employeurs et ce
qui relève de dimensions inobservées du comportement des
personnes concernées. Ces difficultés pouvaient paraître assez
grandes pour ne pas aller plus loin.
1 Sciberras J.-C. (2015), Rapport de synthèse des travaux du groupe de dialogue inter-partenaires sur
la lutte contre les discriminations en entreprise, mai.