Elevage Synthèse de document par Anne Wanner Pas de bon lait sans mamelles saines ! Dans une récente publication de recherches du FiBL (Centre de recherche bio suisse), un fil conducteur a été étudié afin de gérer au mieux la santé des mamelles dans les fermes laitières. Les mammites sont les maladies les plus courantes des vaches laitières et responsables de pertes financières. La mise en place d’une collaboration entre éleveurs et vétérinaires permet de mieux gérer les différents facteurs déclencheurs et d’assurer un bon état sanitaires des animaux afin d’éviter l’usage des antibiotiques. Produire du lait sain et élever des vaches aux mamelles saines est un grand défi dans les élevages bio mais aussi une approche éthique face à l’environnement et au consommateur. Les traitements classiques des mammites ont une efficacité limitée dans le temps et les pertes de productions sont conséquentes selon les types de mammites. De plus, les jeunes vaches sont souvent éliminées à cause de ce problème sanitaire alors qu’elles n’ont pas encore atteint leur pleine productivité qui survient vers la 7ème lactation. Plusieurs facteurs peuvent déclencher les mammites chez la vache laitière; on sait que les conditions d’élevage, l’alimentation, les techniques de traite et les relations avec les personnes ont une influence sur cette maladie. Elle est due à l’entrée de bactérie dans la mamelle et il existe différents agents pathogènes sur la même ferme. On distingue les microbes qui se transmettent d’une vache à l’autre (transmission surtout par les manchons trayeurs) et ceux qui arrivent dans la mamelle depuis l’environnement (paille, fumier, etc…). Les microbes qui passent d’une vache à l’autre sont les staphylocoques et certains streptocoques ; ils peuvent provoquer une infection même s’ils sont peu nombreux . Tandis que les streptocoques de l’environnement, escherichia coli, les levures ou les algues provoquent une mammite lorsqu’ils sont en grand nombre. Ces deux groupes de bactéries peuvent néanmoins provoquer des infections aiguës survenant soudainement, chroniques ou subcliniques (cachées). Principaux agents pathogènes Bactéries Virulence Streptococcus agalactiae Très forte Streptocoques Forte Streptocoques environnementaux Faible Staphylocoque doré Forte à faible Escherichia coli Faible Levures et algues Faible Facteurs favorisants Contamination lors de la traite Altération et blessures des sphincters et du trayons Manque d’hygiène et problèmes de sphincters Erreurs et contamination lors de la traite Alimentation et hygiène Souvent après traitement antiobio Propagation Rare Efficacité des antibiotiques Très bonne Moyenne Bonne Fréquente Moyenne mauvaise à Moyenne Moyenne mauvaise à Rare Moyenne mauvaise nulle à rare Une stratégie pour les élevages bio : Dans un concept bio, écologique et éthique, les fermes prennent des mesures préventives pour utiliser le moins possible d’antibiotiques afin de limiter la souffrance des bêtes et des frais afférents à la maladie. L’assainissement « bioconforme » des mammites consiste en une analyse des facteurs qui influencent la santé animale ; si les facteurs déclenchant ne sont pas pris en compte, la guérison ne sera pas durable. L’efficacité de ce concept d’assainissement dépendra de la connaissance des voies de propagation des agents pathogènes au sein d’une étable. Certains germes peuvent être stoppés en prenant des mesures d’hygiène comme le trempage de trayons ou par des modifications d’hygiène des étables. L’utilisation de thérapies alternatives dépend d’une multitude de facteurs (types de germes, évolution des mammites, avancement du processus d’assainissement). Pour une santé mammaire durable, le FiBL propose 6 étapes : 1. Déterminer la santé mammaire du troupeau : ce diagnostic prend en compte la situation présente du troupeau et permettra l’établissement d’un plan d’assainissement. Les problèmes se révèlent après le rassemblement et l’interprétation des données sur l’état général des animaux. On se posera des questions comme le nombre de vaches traités contre les mammites les années précédentes, le nombre de vaches vendues à cause de problèmes mammaires, le nombre de vaches traitées aux antibiotiques lors du tarissement ou le nombre élevé de cellules. 2. Définir les objectifs d’assainissement : cette stratégie permettra de fixer des objectifs mesurables et réalistes pour améliorer la santé des mamelles de préférence par période car il sera plus facile d’atteindre des objectifs . Le premier objectif peut être le nombre de cellules du lait ou le nombre de vaches qui ont plus de 100 000 cellules/ml ou le nombre de traitements. Il s’agit aussi de distinguer les mesures à court, moyen ou long terme. Par ex. à court terme, on peut éliminer des lacunes de traite, à moyen terme, on peut améliorer l’alimentation et à long terme, on peut prévoir des modifications de stabulation. Situation initiale Objectifs à court terme Nbre de cellule élevé Nbre de cellules inf.à Mammites nombreuses 250 000/ml Vaches taries aux Moins de 40% de antibio vaches avec + de 250 000 c./ml Nbre de cellules entre Nbre de cellules inf. à 200 et 300 000/ml 200 000/ml Quelques mammites Moins de 35% des Quelques vaches sont vaches avec + de 100 traitées aux antibio 000c. /ml Nbre de cellules entre 100 et 200 000/ml Mammites isolées Quelques vaches taries aux antibio Cellules inf à 100 000 Mammites rares et très peu d’antibio Nbre de cellules inf. à 100 000/ml Moins de 25% de vaches avec + de 100 000c/ml Utilisation réduite d’antibio et traitements alternatifs Mesures Elucider les causes et réduire les lacunes, traiter les vaches et éliminer celles qui ont des problèmes chroniques Introduire des mesures à court et moyen terme et vérifier l’efficacité, traiter les vaches et éliminer celles qui ont des problèmes chroniques Introduire des mesures à court et moyen terme et vérifier l’efficacité, contrôlr permanent des paramètres à problèmes Analyse des exceptions Contrôle du nbre de cellule Recherche rapide des causes en cas d’augmentation de cellules Objectifs à long terme Utiliser le moins possible d’antibio obtention d’un troupeau en bonne santé traitements alternatifs Maintien du troupeau en bonne santé 3. Identifier et assainir les facteurs favorisants : l’état de santé général de la vache influencera sur le développement de la mammite et celle-ci est en lien avec les conditions dans lesquelles la vache doit produire du lait. Les conditions nécessaires pour une santé mammaire stable demande une vérification régulière des facteurs influençant celle-ci et l ‘élimination des facteurs nuisibles. Des stress sont provoqués par les conditions d’élevage, la hiérarchie dans le troupeau, les relations homme-animal, le climat de l’étable ou les techniques de traite. Des agents pathogènes sont causés par les litières ou les machines à traire et la sélection influence la sensibilité de la vache au développement des mammites. L’alimentation ou l’état sanitaire général ont une action sur l’immunité de l’animal. Facteurs Alimentation Conditions d’élevage Sélection Hygiène de traite Santé Comment procéder ? -Etablir un plan alimentaire adapté Surveillance de l’ état corporel Améliorations Former des lots pour l’affouragement Eviter les changements brusques Garantir un bon fourrage et l’abreuvement Garantir des conditions Réaliser une stabulation adaptées aux bêtes froide et garantir un Surveiller les blessures confort Agir calmement Observer les animaux Définir les buts d’élevage Choisir des taureaux avec Choisir un potentiel de des caractères de santé productivité en lien avec Sélection avec des vaches l’affouragement saines et des rendements Utiliser des vaches saines stables S’assurer de la propreté et Optimiser les réglages et du bon fonctionnement de traire soigneusement la machine à traire Propreté des bêtes et de la mamelle Etablir une liste des Eliminer les vaches vaches problématiques résistantes Résultats Amélioration de la production Moins de maladies, de mammites et de troubles de fécondité Meilleure santé, moins de stress, bêtes calmes Identification précoce des troubles Troupeau uniforme Vaches avec une meilleure longévité et peu de maladies Vaches plus faciles à traire Plus de lait Moins d’infections Elimination des sources infectieuses 4. Les mesures individuelles d’assainissement : Des analyses individuelles de lait peuvent être faite au niveau de chaque quartier ; ces données permettent de répartir des groupes de vaches saines ou « atteintes » et de prévoir les bêtes à traiter et celles à éliminer. L’élimination des vaches à problèmes réduit également la contamination des autres bêtes. Bien sûr, on tiendra compte de critères en cas d’élimination comme le nombre de traitements (plus de 2 par lactation), du nombre de cellules de trois échantillons laitiers, de l’échec du tarissement, du nombre de quartiers atteints, du type de pathogène responsable et d’autres troubles de santé (fertilité, métabolisme). Un tarissement correct est très important pour la santé mammaire. Il faut tenir compte de l’alimentation de la vache durant cette période : si la production est haute (plus de 20l.), une augmentation de la proportion des fourrages grossiers en fin de lactation permet de la diminuer. Une suralimentation à cette période provoque une surcharge du métabolisme et la faiblesse du système immunitaire. Le tarissement devrait être fait au minimum 6 à 8 semaines avant le vêlage. Pour le faire sans utilisation d’antibiotiques, il faut que la vache ait une mamelle saine, sans présence de pathogènes, que les trayons soient sains et les sphincters fermés et que l’alimentation soit adaptée à la période du tarissement. Des alternatives existent : le trempage de trayons provoquant une fermeture du sphincter doit être répétée plusieurs fois. En homéopathie, le processus de régénération des tissus mammaires est favorisé par des médicaments « organo-centrés » comme Silicea, Phytolacca, Conium ou des « constitutionnels » comme Calcium carbonicum ou Pulsatilla. 5. Le suivi de troupeau : pour maintenir un troupeau sain, une phase de suivi doit se poursuivre en partenariat avec le vétérinaire. Les erreurs (affouragement, traite) doivent être corrigées avant de causer des dommages. Les traitements de routine effectués par l’éleveur lui-même et les rencontres avec le vétérinaire permettent de mettre en place un concept de suivi dans la mesure où les personnes impliquées sont ouvertes à la discussion, à la critique et la remise en question 6. Les thérapies sans antibiotiques : Thérapies Traite Action Possibilités, limites Evacue les bactéries et Amélioration de l’état, toxines diminution de la fièvre et des douleurs Compresses froides Atténuent l’inflammation Aide seulement en cas de douleur Compresses et frictions Réactivation Favorise l’irrigation chaudes d’inflammation chronique sanguine, réactive le processus de guérison encas de foyers inflammatoires Administré par : L’éleveur L’éleveur L’éleveur Plantes externe à Acupuncture Homéopathie usage Pénétration des matières Peut activer actives par la peau l’inflammation par irritation ou l’atténuer par drainage Régulation des flux En cas de troubles d’énergie selon la fonctionnels (rétention médecine chinoise de lait ou mammites aiguës) Régulation des défenses Mammites sans corporelles endommagement des tissus mammaires Auto-guérison L’éleveur vétérinaire et le et le Vétérinaire L’éleveur vétérinaire L’homéopathie et l’acupuncture soutiennent les forces d’auto-guérison des bêtes et les traitements phytothérapeutiques permettent de compléter l’approche globale par un effet local sur le processus de la maladie. La thérapie sans antibiotiques des mammites chroniques est plus difficile que celles des inflammations aiguës. En plus de ce traitement, on peut appliquer des pommades qui stimulent l’irrigation sanguine et qui peuvent réactiver l’inflammation. L’avantage de l’homéopathie réside dans l’absence de résidus et donc aucun délai d’attente. Mais cette médecine suppose aussi des vaches en état de réagir car elle ne combat pas les agents pathogènes mais active les forces d’auto-guérison de l’animal ; il n’y a pas de chance d’auto-guérison si on ne modifie pas le milieu environnant. Les mammites visibles ou aiguës semblent plus faciles à traiter que les mammites chroniques. En effet, les traitements des infections chroniques à staphylocoques ou à streptocoques n’ont pas des taux de guérison satisfaisant. En conclusion, j’ajouterais que la plus importante des thérapies dans le cas des mammites aiguës est la traite fréquente du quartier atteint. La traite évacue par rinçage les bactéries et des poisons secrétés mais elle améliore souvent l’état général de la vache ; sa fièvre baisse et l’appétit lui revient. En même temps, on peut refroidir un quartier avec des compresses d’eau vinaigrée. Ces techniques sont simples, accessibles et économes. Extrait du bulletin des professionnels de la biodynamie N°2, juillet 2008