Université du Maine ‐ Faculté des Sciences L’eau 1/4 L'eau - H2O I - La molécule H2O En utilisant la méthode VSEPR on trouve que cette molécule est tétraédrique avec 2 doublets non liants (type AX2E2, les doublets sont en rouge) Les études spectroscopiques ont montré que la distance d O H 0.96Å ( 1.19Å) avec =104.5° rc La méthode VSEPR a été décrite dans la partie dédiée à la Liaison Chimique. II - Etat physique - Constantes physiques. 1. Eau vapeur : les propriétés de la molécule (déjà décrites dans la liaison chimique) sont essentiellement celles de l'eau vapeur. La vapeur d'eau surchauffée (200-800°C) est un réactif industriel (cracking du pétrole) et un vecteur d'énergie (machines à vapeur, turbines des centrales électriques). 2. Eau liquide -Importance de la liaison hydrogène (cf. liaisons longue distance) Les températures de changement d'état de l'eau caractérisent l'importance des associations intermoléculaires dues à la liaison hydrogène. On rappelle que dans la série des dérivés hydrogénés des non-métaux, les températures d'ébullition (fusion aussi) ainsi que les énergies de liaison des molécules rendent bien compte des conséquences de la variation de la structure électronique des non-métaux (l'électronégativité décroît quand Z augmente). Electronégativité (Pauling) Energie de liaison kJ mol-1 HF H2O NH3 4 3.5 3.0 42 29 8 Dans les dessins ci-contre des liaisons hydrogène, les doublets non-liants ne sont pas représentés, mais il est bien entendu que la liaison hydrogène s'établit entre un hydrogène et le doublet non-liant d'un oxygène de la molécule voisine. La masse volumique de l'eau varie avec la température ( 0.999g.cm 3 à 0°C, maximale à 4°C). 1 Université du Maine ‐ Faculté des Sciences L’eau 2/4 3. Eau solide (glace) : la densité diminue d = 0.916 . On connaît de nombreuses structures cristallines (le motif cristallochimique moyen dérive cependant de la molécule tétraédrique associée à ses voisines par 2 liaisons hydrogène de 1.8 Å à 2.0 Å). Là encore, l'activité des doublets non liants se manifeste en renforçant la cohésion. III - Propriétés chimiques. 1. Réactions d'oxydo-réduction Oxydation de l'eau : c'est l'oxygène qui se fait oxyder H 2 O II F2 2HF O02 H 2 O II Cl2 2HCl Cl02 Réaction catalytique à 400°C (procédé Deacon Shell) J.C. Bünzli ‐ Lausanne Réduction de l'eau : c'est l'hydrogène qui se fait réduire H 2 I O Na Na 2 O H02 2. Réactions d'hydrolyse : c'est l'action des espèces dissociées de l'eau Hydrolyse d'un sel Estérification en milieu acide Al2S3 3H 2 O Al2 O3 3H 2S RCOO R ' H 2 O RCOOH+R 'OH 3. Réactions d'hydratation : formation de composés définis que l'on peut normalement cristalliser. Exemple : CoCl2 CoCl2 , 2H 2 O CoCl2 , 6H 2 O en fait Co Cl2 , H 2 O 4 , 2H 2 O Les hydrates sont des composés définis peu stables thermiquement dont la couleur et les propriétés physiques vont dépendre des complexes réellement formés. (Voir " La liaison chimique - Champ cristallin ") IV - L'eau, molécule polaire. (cf. La liaison chimique - les liaisons longue distance) 1. Activité des doublets non-liants 1 qq ' ), l'énergie 40 r 2 de liaison électrostatique d'un composé ionique plongé dans l'eau est divisée par 87, les forces de répulsion électrostatiques deviennent prédominantes et les ions se dispersent dans l'eau. C'est la dissolution. Solvatation des cations après destruction des liaisons hydrogène, formation de complexes (éléments de transition) Cet aspect a déjà été étudié en Atomistique. Rôle de la constante diélectrique ( / 0 87 ) sur l'énergie de liaison électrostatique ( E 2. Auto-dissociation de l'eau : Milieu aqueux, solvant protonique essentiel (milieu minéral et biologique) : 2H 2 O H3O OH le proton H se fixe sur un des doublets non-liants d'une molécule d'eau qui le transporte sous forme de l'ion hydroxonium tétraédrique H3O Les propriétés du milieu aqueux (acidimétrie, complexes, systèmes redox) ont déjà été largement détaillées en cours 2 Université du Maine ‐ Faculté des Sciences L’eau V - L'eau milieu naturel Constituant essentiel de la matière vivante (>70% du corps humain, >90% des plantes). 1. Différents types d'eau eau de pluie contient des gaz dissous ( CO 2 , SO 2 , NH 3 …) pluies acides ( CO 2 , SO2 d'origine industrielle et automobile) eau de ruissellement, elle contient des sels minéraux et des gaz dissous des suspensions colloïdales (hydroxydes..), des particules (sable, déchets organiques, microbes etc..). 2. Potabilité de l'eau les critères: goût, stérilité, aspect, salinité (dureté) Titre Hydrotimétrique (dureté de l'eau) en °TH: 1 TH 10mg.l1CaCO3 10°TH Eau douce 20°THG 30°TH Eau dure Le Mans et sa région >30°TH CO32 HCO3 SO 42 Cl NO3 , attention aux anions oxydants comme les nitrates provenant des Ca 2 Mg 2 Na K Fe3 activités agricoles et des élevages intensifs. Stérilisation par oxydation avec Cl2 ou NaOCl (goût d'eau de javel), ozone ou par irradiation UV Goût, aspect importance de la décantation et de la filtration. Sels fréquents 3. L'eau et la corrosion Dépôts calcaire : Calcaire CaCO3 déposé par décomposition de l'hydrogénocarbonate de calcium Ca(HCO3 ) 2 , Voir le cours sur la précipitation et la solubilité des sels (dissolution par des solutions acides faibles comme l'acide acétique ou l'acide citrique). tartre CaSO 4 (très dur et isolant thermique formé dans les circuits de chauffage, difficile à décomposer). Corrosion métallique : un métal M est corrodé dès que sa concentration dissous dans l'eau dépasse 106 mole.l1 Par exemple, dans le cas de la formation de la rouille, les équilibres qui conduisent à la corrosion du fer sont les suivants: + Le fer est oxydé en milieu acide par H : Fe 2H Fe H 2 Puis l'oxygène dissous dans l'eau oxyde le fer (+II) en fer (+III): 4Fe 2 O 2 2H 2 O 4Fe OH 3 3 3/4 Université du Maine ‐ Faculté des Sciences L’eau 4/4 Diagramme de corrosion du fer en milieu aqueux. Le diagramme de corrosion du fer ( c 102 M ) montre ainsi que le fer se corrode à l'air en milieu humide : si 4 pH 12 . La corrosion cesse si le résultat est adhérent et oxydé, c'est pour cela que l'on réalise des oxydations chimiques par phosphatation ou par chromatation . 4 Université du Maine - Faculté des Sciences Structure électronique des complexes des éléments de transition 1/12 La structure électronique des complexes des métaux de transition : Relation Géométrie – Propriétés physiques Un complexe est un édifice polyatomique constitué d’un atome ou d’un cation central auquel sont liés des molécules ou ions appelés ligands. Il est caractérisé par sa géométrie qui dépend de son indice de coordination (nombre de liaisons simples formées par l’atome ou l’ion central avec les ligands). Les complexes de métaux de transition, avec leurs sous niveaux nd incomplets, possèdent des propriétés optiques et magnétiques (dia ou paramagnétique) qui dépendront de la nature de la liaison dans le complexe. Exemple : [Cu(NH3)4(H2O)2]2+ présente une coloration bleue soutenue et est paramagnétique (un e- libre) Configuration électronique des éléments de transition de la première série de transition : Z Elément 22 23 24 25 26 27 28 29 30 Ti V Cr Mn Fe Co Ni Cu Zn Configuration réduite [Ar]3d2 4s2 4p0 [Ar]3d3 4s2 4p0 [Ar]3d5 4s1 4p0 [Ar]3d5 4s2 4p0 [Ar]3d6 4s2 4p0 [Ar]3d7 4s2 4p0 [Ar]3d8 4s2 4p0 [Ar]3d10 4s1 4p0 [Ar]3d10 4s2 4p0 Ion stable Ti3+ V3+ Cr3+ Mn2+ Fe3+ Co3+ Ni2+ Cu2+ Zn2+ Configuration de l’ion [Ar]3d1 4s0 4p0 [Ar]3d2 4s0 4p0 [Ar]3d3 4s0 4p0 [Ar]3d5 4s0 4p0 [Ar]3d5 4s0 4p0 [Ar]3d6 4s0 4p0 [Ar]3d8 4s0 4p0 [Ar]3d9 4s0 4p0 [Ar]3d10 4s0 4p0 Ion stable Configuration de l’ion Cr2+ [Ar]3d4 4s0 4p0 Fe2+ Co2+ [Ar]3d6 4s0 4p0 [Ar]3d7 4s0 4p0 Cu+ [Ar]3d10 4s0 4p0 Rappels : Propriétés magnétiques : - Un composé est paramagnétique s’il possède des électrons dont les spins ne sont pas appariés c’est à dire des électrons célibataires ; il est attiré par un champ magnétique. - Un composé est diamagnétique si tous ses électrons sont appariés ; il est repoussé par un champ magnétique. H Pas de champ H H diamagnétisme paramagnétisme Le moment magnétique M, qui est un moment induit, est la résultante du moment de spin ( μ S ) et du moment orbital ( μ L ). Pour un élément de transition engagé dans un complexe , le moment orbital μ L est le plus souvent nul (parce que bloqué). M ne dépend donc que du moment de spin μ S . Le moment magnétique s’exprime par le nombre effectif de magnétons de Bohr (neff) donné par : neff = L n( n 2) avec n =nombre d’électrons célibataires ou encore neff = 2 S ( S 1) où S correspond au spin de l’atome (S = n 1 ). 2 (magnéton de Bohr :moment magnétique associé à une mole d’électrons ; 1B = N. = N he ) 4mc S Université du Maine - Faculté des Sciences Structure électronique des complexes des éléments de transition 1/12 Moment magnétique des éléments de transition n = nbre d’e- célibataires S neff Exemples 1 1/2 1.73 1.95 pour CuSO4,5H2O 2 1 2.83 2.80 pour K3CrF6 3 3/2 3.87 3.71 pour Cr(NH3)6I3 4 2 4.90 4.95 pour K3MnF6 5 5/2 5.92 5.86 pour MnSO4,4H2O Des théories capables de décrire les liaisons dans les composés de coordination, de rationaliser et de prédire leurs propriétés ont été formulées : La théorie de la liaison de valence (1930) La théorie du champ cristallin puis la théorie du champ des ligands (1950-1960) La théorie des orbitales moléculaires I - Théorie de la liaison de valence (Pauling) : Dans cette théorie, la formation d’un complexe met en jeu une réaction entre les ligands (ils apportent des doublets électroniques) et le métal ou l’ion métallique( il possède des orbitales vides) qui permet la formation d’une liaison covalente de coordination. Le modèle utilise l’hybridation des orbitales nd, (n+1)s (n+1)p et (n+1)d de l’ion de transition pour rendre compte des structures et des propriétés magnétiques observées dans les complexes. Le type d’orbitale hybride formée est fonction de la géométrie du complexe : Nombre de coordination 2 4 4 6 Géométrie linéaire tétraédrique carré plan octaédrique Orbitale hybride sp (ou ds) sp3 (ou d3s) dsp2 2 3 d sp (ou sp3d2) Exemple [Cu(NH3)2]+ ou [Ag(NH3)2]+ [Zn(NH3)4]2+ [Ni(CN)4]2[Cr(NH3)6]3+ Exemples sp [Cu(NH3)2]+ Cu+ : [Ar] 3d10 4s0 4p0 4d0 diamagnétique 4p 4s 10 3d NH3 NH3 linéaire sp3 [Zn(NH3)4]2+ Zn2+ : [Ar] 3d10 4s0 4p0 4d0 diamagnétique 4p 4s 10 3d NH3 NH3 NH3 NH3 tétraèdre 2 [Ni(CN)4]2Ni2+ : [Ar] 3d8 4s0 4p0 4d0 dsp 3d8 CN -- 4s - CN CN - 4p CN diamagnétique - plan carré d2sp3 [Cr(NH3)6]3+ Cr3+ : [Ar] 3d3 4s0 4p0 4d0 3d3 NH NH 3 3 4s paramagnétique 3e célibataires neff = 3.87 4p NH3 NH3 NH3 NH3 octaèdre Université du Maine - Faculté des Sciences Structure électronique des complexes des éléments de transition 1/12 Dans certains cas, on est obligé d’admettre que l’orbitale atomique hybride fait intervenir les orbitales atomiques 4d pour respecter la géométrie et le moment magnétique observé. L’ion Fe3+ (3d5) présente les deux types d’hybridation : [Fe(H2O)6]3+ utilisation des orbitales 4d sp3d2 4p 4s 3d5 4d paramagnétique 5 e- célibataires neff = 5.92 4d paramagnétique 1 e- célibataire neff = 1.73 H2O H2O H2O H2O H2O H2O [Fe(CN)6]3- utilisation des orbitales 3d d2sp3 3d5 - - CN CN 4s - - 4p- - CN CN CN CN Conclusion : Cette théorie rend compte des propriétés magnétiques et de la géométrie mais ne permet pas d’expliquer la couleur des complexes. II - Théorie du champ cristallin : Ce modèle est fondé sur une interaction purement électrostatique entre le métal central et les ligands, c’est à dire une interaction ionique (atome central charge positive ; ligand avec doublet libre charge négative). Champ cristallin octaédrique Dans l’atome isolé, les niveaux d’énergie des cinq orbitales 3d sont dégénérés (même énergie). Sous l’effet d’un champ électrique sphérique, les orbitales sont déstabilisées d’une quantité E. Maintenant, si le cation (atome central) est placé au centre d’un environnement octaédrique, les six ligands vont créer un champ électrostatique dont l’influence sur les 5 orbitales d du cation dépendra de l’orientation de celles-ci. Les cinq orbitales d ne sont donc plus équivalentes vis-à-vis des six ligands : il y a levée de dégénérescence . M+ Les orbitales dxy, dyz, dxz sont stabilisées, elles pointent entre les ligands. Un électron occupant une de ces orbitales subit une répulsion moindre par les ligands donc l’énergie de ces orbitales est abaissée . Elles sont appelées t2g. Les orbitales dx 2 y 2 , dz 2 sont déstabilisées, elles sont dirigées directement vers les y x ligands. Un électron occupant une de ces orbitales subit une répulsion plus forte des ligands donc l’énergie de ces orbitales est augmentée. Elles sont appelées eg. E 3dx 2 2 -y 2 3dz 3/5 0 eg 0 -2/5 0 ion complexe en symétrie sphérique ion libre 3d 3dxy 3dxz 3dyz t2g Symétrie octaédrique Influence du champ cristallin octaédrique sur les niveaux d’énergie des orbitales d O représente l’éclatement du champ cristallin octaédrique qui, en terme d’énergie, exprime la séparation des niveaux t2g et eg. Université du Maine - Faculté des Sciences Structure électronique des complexes des éléments de transition 1/12 Exemples de complexes – calculs de l’énergie de stabilisation du champ cristallin ESCC[6] : Pour une configuration générale t2gx egy : ESCC[6] = x (-2/5O) + y (3/5O) - [Cr(NH3)6]3+ - ion Cr3+ : d3 E eg2 0(NH3) ion libre t2g3 Sous l’effet du champ octaédrique des ligands H2O, les électrons tendent à occuper les niveaux les plus bas en respectant la règle de Hund (multiplicité maximale c’est à dire le maximum d’électrons non appariés). L’énergie gagnée après formation du complexe est : ESCC = 3(-2/5o) = -6/5o = -1.2o o = 21600 cm-1 pour 6 ligands H2O Ion complexé - Mn3+ : ion d4 Au delà de 3 électrons d, deux possibilités se présentent : - soit l’électron occupe le niveau d’énergie élevée eg - soit l’électron s’apparie avec un électron de l’une des orbitales t2g. Configuration 1 : [MnF6]3- - ion Mn3+ : d4 E eg2 Sous l’effet du champ octaédrique faible des ligands F-, une levée de dégénérescence des niveaux est observée. Le remplissage électronique se fait en respectant le règle de Hund. 0(F-) ion libre t2g3 ESCC = 3(-2/5o) + 1(3/5o) = -3/5o = -0.6o ion complexé neff = 4.95 soit 4 électrons célibataires Configuration 2 :[Mn(CN)6]3- - ion Mn3+ : d4 E Sous l’effet du champ octaédrique fort des ligands CN-, la eg0 0(CN-) ion libre t2g4 ion complexé règle de Hund n’est plus suivie et les électrons s’apparient dans les orbitales t2g avant de remplir les orbitales eg. Ce mode de remplissage est observé quand l’énergie nécessaire pour apparier 2 électrons (P) dans une orbitale est inférieure à o. Il y a alors modification des propriétés magnétiques : neff = 2.92 soit 2électrons célibataires ESCC = 4(-2/5o) + 1P = -8/5o + P = -1.6 o + P La configuration adoptée par le complexe est celle qui possède l’énergie la plus basse, cela dépendra des importances relatives de o et P. Exemple : Fe2+- ion d6 Configuration 1 : [Fe(H2O)6]2+ (règle de Hund respectée) Configuration 2 : [Fe(CN)6]4(règle de Hund non respectée) E E eg0 eg2 ion libre 0 t2g4 ESCC = 4(-2/5o) + 2(+3/5o) +1P ESCC = -2/5o + P = -0.4o + P ion libre 0 t2g6 ESCC = 6(-2/5o) + 3P ESCC = -12/5o + 3P = -2.4o + 3P Université du Maine - Faculté des Sciences Structure électronique des complexes des éléments de transition 1/12 Pour observer la configuration 1, il faut : ESCC < ESCC soit –0.4o + P < -2.4o + 3P ou encore o < P. La configuration adoptée dépend donc de l’importance relative de o et de P : Si o < P, on observe la configuration 1 et on parle de configuration spin élevé et de champ faible Si o > P, on observe la configuration 2 et on parle de configuration spin faible et de champ fort Pour Fe2+ P = 19200 cm-1 et o = 33800 cm-1 pour [Fe(CN)6]4-. On a o > P, [Fe(CN)6]4- : complexe à champ fort o = 10400 cm-1 pour [Fe(H2O)6]2+. On a o < P, [Fe(H2O)6]2+ : complexe à champ faible [Fe(CN)6] aura la configuration t2g6 eg0. Il ne possède pas d’électron célibataire et est diamagnétique. [Fe(H2O)6]2+ aura la configuration t2g4 eg2. Il possède 4 électrons célibataires et est paramagnétique. 4- Les valeurs de o sont accessibles par l’expérience alors que les énergies d’appariement P sont obtenues par le calcul pour l’ion libre. Energies d’appariement pour l’ion libre* d4 2+ Cr 20500 Ion P (cm-1) d5 3+ 2+ Mn 25200 d6 3+ Mn 23800 2+ Fe 29900 d7 3+ Fe 19200 Co2+ 20800 Co 23600 *Pour l’ion complexé, les valeurs de P sont inférieures de 15 à 30%. Les différentes configurations possibles des électrons d dans les complexes octaédriques ainsi que leur énergie de stabilisation du champ cristallin sont rassemblées dans le tableau suivant. Les éléments les plus stabilisés en coordinence octaédrique sont les éléments d3 et d8 (ESCC = -1.2 o). L’élément d6 présentera facilement une configuration spin faible (donc diamagnétique) dans un champ des ligands fort (ESCC = -2.4 o). Distribution des électrons d dans les complexes octaédriques et énergie de stabilisation du champ cristallin ESCC (unité o) dn 1 2 dxy ion dxz t2g 2+ 3+ 2+ 3+ 3 V , Cr 4 2+ 5 6 dz2 dx2-y2 eg Ti3+, V4+ Ti , V dyz ESCC ecélibataires -0.4 1 -0.8 2 -1.2 3 Champ faible Cr , Mn 3+ 2+ 3+ Mn , Fe Co3+, Fe2+ 2+ 3+ 7 Co , Ni 8 Ni2+, Pt2+ 9 10 2+ Cu , Ag + Cu , Zn 2+ 2+ Champ fort -0.6 4 -1.6 2 0.0 5 -2.0 1 -0.4 4 -2.4 0 3 -1.8 1 -0.8 -1.2 2 -0.6 1 0.0 0 Champ cristallin tétraédrique Dans la coordination tétraédrique, les niveaux d'énergie des orbitales d éclatent à nouveau en 2 niveaux d’énergie e et t2. Cette coordination est liée de près à la géométrie cubique qui constitue ainsi un point de départ commode pour obtenir le diagramme de dédoublement des orbitales par le champ cristallin pour le complexe ML4. Dans la disposition tétraédrique (on enlève un ligand sur deux des sommets du cube), les ligands ne s’approchent directement d’aucune des orbitales d du métal, mais ils viennent plus près des orbitales dirigées vers le milieu des arêtes du cube (dxy, dyz et dxz) que celles qui sont dirigées vers le centre des faces ( dz 2 et dx 2 y 2 ). Les orbitales déstabilisées sont donc dxy, dyz et dxz , appelées orbitales t2, et les orbitales stabilisées sont dz 2 et dx 2 y2 , appelées orbitales e. xx - zz M n+ E t2 2/5 t - t y y - Ion libre -3/5 t e Symétrie tétraédrique Dédoublement des orbitales d dans un champ tétraédrique Université du Maine - Faculté des Sciences Structure électronique des complexes des éléments de transition 1/12 Le dédoublement t dû au champ cristallin tétraédrique est intrinsèquement plus faible que celui du champ octaédrique, parce qu’il n’y a que deux-tiers des ligands et que leur effet sur les orbitales d est moins direct. On montre que t 4/9 o (4 ligands en champ tétraédrique / 6 ligands en champ octaédrique). Il en résulte que les énergies de dédoublement des orbitales des complexes tétraédriques ne sont en général pas assez élevées pour forcer les électrons à s’apparier, et de ce fait les configurations à spin faible sont rarement observées. Le passage d’une configuration spin élevé à spin faible est possible pour les éléments d3 à d6., mais peu d’exemples de complexes présentent cette possibilité. Exemple de complexes – calculs de l’énergie de stabilisation du champ cristallin ESCC[4] : Pour une configuration générale ex t2y: ESCC[4] = x (-3/5t) + y (2/5t) E E t2 t t2 t e ESCC[4] = 2(-3/5t) – 0 = -1.2t e ESCC[4] = 4(-3/5t) + 3(2/5t ) = -1.2t [VCl4]- – ion V3+ : d2 [CoCl4]2- - ion Co2+ :d7 Distribution des électrons d dans les complexes tétraédriques et énergie de stabilisation du champ cristallin ESCC (unité t) dn 1 2 dz2 ion Ti , V dxy dxz t2 dyz Ti3+, V4+ 2+ dx2-y2 e 3+ ESCC ecélibataires -0.6 1 -1.2 2 Champ faible Cr , Mn 3+ 2+ 3+ 2+ 3 V , Cr 4 2+ 5 3+ Mn , Fe 3+ 2+ 6 Co , Fe 7 Co2+, Ni3+ 2+ 2+ 8 Ni , Pt 9 2+ Cu , Ag 2+ Champ fort -0.8 3 -0.4 4 0.0 5 -0.6 4 -1.2 3 -0.8 2 -0.4 1 -1.8 1 -2.4 0 -2.0 1 -1.6 2 Le tableau précédent rassemble les différentes configurations électroniques pour un champ des ligands tétraédrique. Les éléments les plus stabilisés en coordinence tétraédrique sont les éléments d7 et d2 (ESCC = -1.2 t). L’ion d4 sera le mieux placé pour une configuration spin faible (ESCC = -2.4 t). Université du Maine - Faculté des Sciences Structure électronique des complexes des éléments de transition 1/12 Champ cristallin plan-carré La configuration plan-carré est rencontrée essentiellement pour les éléments d8 (Ni2+,Pd2+,Pt2+). Elle est obtenue à partir d’un complexe octaédrique en éloignant à l’infini les ligands placés selon l’axe Oz. Dans ces conditions, les orbitales dirigées suivant x et y se trouvent déstabilisées alors que les orbitales présentant une orientation selon z se trouvent stabilisées. Le passage de la géométrie octaédrique à la géométrie plan-carré passe par la déformation de l’octaèdre (effet Jahn-Teller : rencontré pour les ions d9 (Cu2+) et d4 (Cr2+ ou Mn3+)) et provoque une nouvelle levée de dégénérescence des orbitales d, conduisant à quatre niveaux d’énergie, comme le montre le schéma ci-dessous. 3dx 2 2 -y E 3dxy P 2 3dz Octaèdre étiré suivant z (effet Jahn-Teller) Octaèdre régulier 3dyz - 3dxz Plan carré Exemple de complexes pour des ions d8 : La figure ci- dessous représente l’éclatement des niveaux d’énergie dans le cas d’un champ faible et d’un champ fort (complexe [Ni(CN)4]2-). Dans le cas d’un champ fort (ligands CN-), les électrons vont occuper les niveaux d’énergie les plus bas car 1 est grand ; le complexe est alors diamagnétique. En principe, il est possible d’obtenir des complexes à spin élevé (champ faible) si l’énergie d’appariement P est supérieure à 1 mais aucun exemple de complexe semble connu. E E 1 1 total total 2 2 3 3 Complexe hypothétique :spin élevé : Spin faible : [Ni(CN)4]2- On définit p comme égal à total (total=1+2+3). D’une manière générale P reste voisin de 1,3 O. Conclusion : La théorie du champ cristallin explique les propriétés magnétiques manifestées par les complexes des éléments d, en accord avec leurs géométries. Le passage d’une configuration spin élevé à spin faible est relié à la force du champ des ligands qui doit passer de champ faible à champ fort. Université du Maine - Faculté des Sciences Structure électronique des complexes des éléments de transition 1/12 2. Théorie du champ cristallin : explication de la couleur On explique la couleurs des complexes des éléments de transition par une transition électronique de type d-d au cours de laquelle un électron passe du niveau t2g au niveau eg pour une géométrie octaédrique. Ces transitions résultent de l’absorption d’un photon de la lumière visible et la couleur observée correspond à la couleur complémentaire de la lumière absorbée. Cas de : Ti(H2O)63+ composé paramagnétique/couleur violette Ti3+est un ion d1 L’absorption d’un photon permet la promotion du seul électron du niveau t2g vers le niveau eg, donc d’un état fondamental du complexe (énergie E0) à un niveau excité (énergie E1) comme en témoigne les schémas cidessous qui permettent de construire le diagramme d’Orgel. La transition d-d consiste au passage d’un électron du niveau t12g-e0g au niveau t02g-e1g et nécessite une énergie o. Une seule bande d’absorption est alors attendue. E E E t2g0 - eg1 eg eg 0 3d 0 t2g 2/5 t2g1 t2g E0SCC=-2/5o état fondamental 1 E SCC=+3/5o état excité 1 ion libre 3/5 0 1 - eg0 0 ion complexé E = E1SCC-E0SCC = o Diagramme d’Orgel Effectivement, le spectre d’absorption de l'ion Ti(H2O)63+ ne présente qu’une bande autour de 510nm (région verte du spectre visible); il apparaît donc, à notre œil, comme présentant la couleur complémentaire (spectre blanc - bande verte = violet rouge). 800 nm % Abs. A 400 nm 3+ Ti(H2O)6 violet rouge 620 nm rouge violet bleu orange 580 nm 430 nm jaune vert 490 nm (nm) 510 (vert) 560 nm Calcul de o: o hc hc où 1 (nombre d’onde en cm-1) Dans S.I (en kJ/mol) : o hc 6.62 10 34 3 10 8 J.m d’où N .o. 1.196.10 5 kJ/mol = 234 kJ/mole (nm ) -1 En unité cm : o 1 510.10 7 19607cm 1 20000 cm-1 avec : 1cm-1 = 11.962 10-3 kJ/mole Soit pour un ligand H2O : o = 19607 / 6 = 3268 cm-1 Lorsqu'il y aura plusieurs électrons célibataires, plusieurs transitions entre les niveaux t2g à eg seront possibles. On verra donc autant de bandes d’absorption sur le spectre , celle d’énergie la plus faible (o le plus petit) correspondant à la plus grande. Cas de l'ion Co2+ : d7 ( spin élevé) La prévision du nombre de bandes d’absorption se fait à l’aide du diagramme d’Orgel. Ce diagramme est construit après avoir déterminé les états excités possibles conduisant au même nombre d’électrons célibataires qu’à l’état fondamental (S=0). On obtient ainsi 3 niveaux d’énergie donc deux transitions d – d permises ce qui entraîne l’apparition de 2 bandes d’absorption sur le spectre : 1 = o pour la transition t2g5 eg2 t2g4 eg3 = 2o pour la transition t2g5 eg2 t2g3 eg4 E 0 t2g5 eg2 t2g4 eg3 état fondamental ESCC = -5(2/5o) + 2(3/5o) ESCC = -0.8o t2g3 eg4 état excité 1 1 E SCC = -4(2/5o) + 3(3/5o) 1 E SCC s = +0.2o état excité 2 2 E SCC = -3(2/5o) + 4(3/5o) 2 E SCC = +1.2o Université du Maine - Faculté des Sciences Structure électronique des complexes des éléments de transition 1/12 % Abs. 2+ Co(H2O)6 rose 1.2 0 E 2 0.2 0 -0.8 0 520 0 Diagramme d’Orgel Expérimentalement, on obtient ∆1 (nm) 1250 Spectre d’absorption 1 1250.10 7 8000cm 1 et ∆ 2 1 520.10 7 19230cm 1 . La valeur de o correspond en général à l’énergie de la bande située à la longueur d’onde la plus élevée (ici 1 = o = 8000 cm-1). L’énergie de la deuxième bande ne correspond pas à la valeur attendue par le diagramme d’Orgel (2 = 19230cm-1 au lieu de 2o = 16000 cm-1). On pourra remarquer que la bande à la longueur d’onde la plus élevée ( = 1250 nm) se trouve dans l’infrarouge et ne peut donc pas être observée sur la plupart des spectromètres classiques. Interprétation des valeurs de , t ou p) Pour un complexe octaédrique, o correspond au champ cristallin exercé par 6 ligands. On peut en déduire la valeur de associée à un ligand X : ∆(X) ∆o . 6 La force du ligand détermine la couleur du complexe : Un ligand à champ fort absorbera un photon de petite (couleur jaune / orange) Un ligand à champ faible absorbera un photon de grande (couleur vert / bleu) Couleur de quelques complexes Complexe Couleur du complexe Couleur absorbée abs (nm) [Co(NH3)6]3+ Jaune Violet 380 [Co(NH3)5NCS]2+ Orange Bleu 470 [Co(NH3)5H2O]2+ Rouge Bleu-vert 500 [Co(NH3)5Cl]2+ Pourpre Jaune-vert 530 Trans[Co(NH3)4Cl2]+ Vert Rouge 680 o (cm-1) 26316 21277 20000 18868 14706 Pour cette série de complexes du cobalt III, on peut établir que la force des ligands correspond au classement suivant : NH3 > SCN- > H2O > Cl-. De façon générale, le classement général des ligand selon leur force constitue la série spectrochimique des ligands (classement par force croissante) : - < Br- < Cl- < F- < OH- < C2O42- H2O < EDTA < NH3 < En < NO2- << CN- < CO. Pour un même ligand, on constate que la force du champ cristallin dépend aussi du cation : - elle augmente avec la charge du cation - pour un degré d’oxydation donné, elle augmente avec la période (5d > 4d > 3d) On peut donc construire également une série spectrochimique des cations : MnII < NiII < CoII< FeIII < CrIII < VIII < CoIII < RhIII < RuIII < PdIV < ReIV < PtIV. Ainsi, le passage d’une configuration spin élevé à spin faible sera facilité dans un complexe engageant un cation situé à gauche de la série précédente et un anion (ou molécule) situé à droite de la série des ligands. Remarque : si les orbitales d sont pleines (ions Zn2+, Cu+, Sc3+), les complexes sont incolores car aucune transition d-d ne peut être observée. En exploitant un diagramme d’Orgel pour les géométries tétraédrique et plan-carré, on peut prévoir le nombre de bandes permises. A l’inverse, l’exploitation des spectres optiques permet de déterminer les énergies de dédoublement pour divers complexes et diverses coordinations. Application : La figure suivante montre la relation entre la couleur d’un complexe et les bandes d’absorptions observées dans la gamme de longueurs d’onde 300-900 nm. On peut constater que le remplacement du ligand H2O par le ligand NH3 dans le complexe du cuivre II fait passer la couleur de bleu pâle ( 800 nm) à bleu foncé ( 680 nm) par simple augmentation de la force des ligands (NH3 > H2O). Cette modification de couleur se fait sans changement de géométrie (complexe octaédrique). La même remarque peut être faite pour les complexes octaédriques du cobalt III avec les ligands NH3 et CN-. Université du Maine - Faculté des Sciences Structure électronique des complexes des éléments de transition 1/12 Energie de dédoublement orbital o pour divers complexes et diverses coordinations Complexes octaédriques [Ti(H2O)6]3+ (cm-1) [Ti(F)6]3[V(H2O)6]3+ 2+ [V(H2O)6] 2+ [Cr(H2O)6] 3+ [Cr(H2O)6] 3+ [Cr(NH3)6] 3- 2- [Co(Cl)4] 2- [Co(Br)4] 2- [Co(Cl)4] 2- [Co(NCS)4] 33800 [Ni(en)3]2+ 11600 35000 3+ 21900 3- 20300 [Fe(H2O)6]3+ 17850 [Fe(CN)6]4- 12400 3- [Fe(CN)6] 3- 13900 17400 21600 34150 [Mn(H2O)6] Complexes tétraédriques [VCl4] 10800 17000 26600 3+ [Ni(NH3)6]2+ 20300 3+ [CrCo6] 13700 (cm-1) [Cr(CN)6] [Mn(H2O)6]2+ (cm-1) 10400 Complexes octaédriques [Ni(H2O)6]2+ Complexes octaédriques [Fe(H2O)6]2+ 7800 21000 t (cm-1) 900 3300 [Co(F)6] [Co(H2O)6] 3+ [Co(H2O)6] 9300 18200 [Rh(NH3)6] 34100 3- 19000 [RhBr6] 10100 [Rh(H2O)6] 27700 [Co(NH3)6]3+ 22900 [Ir(Cl)6]3- 3+ 25000 3- 3+ [Co(CN)6] 34800 [Ir(NH3)6] Complexes (cm-1) (cm-1) 3(cm-1) plan-carré [Pd(Cl)4]219150 6200 1450 40000 p (cm-1) 26800 2- 18450 5400 1350 25200 2- 23450 5900 4350 33700 2- 22150 6000 3550 31700 2- 24950 9900 650 35500 [Pd(Br)4] 4700 3+ [Co(NH3)6] [Pd(Cl)4] 2700 [RhCl6] 2+ [Pd(Br)4] 2900 [Cr(en)3] 13000 2+ 8500 [Ni(CN)4] Relation entre les couleurs observées et les spectres d’absorption de quelques complexes d’éléments de transition U.V. Complexe bleu 400 vert 500 jaune 600 rouge 700 I.R. 800 nm Couleur observée [Co(CN)6 ]3 incolore [Co(NH3 )6 ]3 jaune-rouge [Cr (H2O)6 ]3 pourpre [Ti(H2O)6 ]3 pourpre-rouge [Co(H2O)6 ]2 rose [CoCl4 ]2 bleu [Cu(NH3 )4 ]2 bleu [Cu(H2O)6 ]2 bleu pâle [Ni(H2O)6 ]2 vert [Mn(H2O)6 ]2 rose très pâle 3000 4000 5000 6000 8000 9000 Å 7000 300 400 500 600 800 900 nm 700 -3 -1 10 cm 33.3 25.0 20.0 16.7 14.3 12.5 11.1 (la couleur associée à la bande d ’absorption correspond à la couleur dominante de la longueur d ’onde absorbée) Université du Maine - Faculté des Sciences Structure électronique des complexes des éléments de transition 1/12 De la même manière, on peut comprendre le changement de couleur observé lorsqu’on laisse le chlorure de cobalt anhydre au contact d’une atmosphère humide (passage du bleu au rose). Ici le changement de couleur est essentiellement lié à un changement de géométrie. CoCl2 + 6 H2O Ö CoCl2, 6 H2O bleu Ö rose Co2+[CoCl4] 2-+ 12 H2O Ö 2 [Co(H2O)6] 2++ 4 Cl[4] Ö [6] L’hydratation de CoCl2 est un phénomène naturel car, d’une part H2O est un ligand plus fort que Cl- et d’autre part le cobalt II est plus stabilisé en coordinence octaédrique qu’en coordinence tétraédrique. Ce changement de ligand est associé à un changement de géométrie (tétraèdreÕoctaèdre) et à une modification de la couleur. La réversibilité de la réaction a donné lieu à des applications ludiques comme le baromètre (bleu = beau temps et rose = temps pluvieux) ou l’encre invisible. Conclusion : La couleur des complexes d’éléments d est majoritairement expliquée par des transitions d-d. 3. Théorie des orbitales moléculaires : cas d’un complexe octaédrique Le diagramme d’énergie des orbitales moléculaires (O.M.) est construit par recouvrement des orbitales atomiques (O.A.) des ligands et du métal de transition. Dans le cas d’un complexe octaédrique des métaux de la 1ère série de transition, il y a 9 orbitales de valence pour l’ion métallique : les orbitales (3d, 4s, 4p) ou (4s, 4p, 4d). 6 de ces O.A. : d x2 y 2 , d z2 , s, p x , p y , p z ont leur lobes orientés suivant les axes Ox, Oy et Oz c’est à dire dans les directions des liaisons Métal Ligand et par suite conduiront à des liaisons de type . 3 de ces O.A. : d xy , d xz , d yz sont au contraire orientées pour l’établissement de liaisons ou bien ne forment pas de liaisons. Chacun des 6 ligands doit disposer d’une orbitale de type . Ces 6 O.A. individuelles sont alors combinées linéairement pour obtenir 6 O.A. hybrides. Par recouvrement des ces 6 O.A. hybrides avec les 6 O.A. de M, on forme les 6 liaisons M L. On obtient ainsi les orbitales moléculaires liantes et antiliantes. Si le ligand possède des orbitales , on les combine linéairement pour obtenir des orbitales hybrides pouvant se recouvrir avec les O.A. de M. De même, on obtient des O.M. liantes et antiliantes de type . Cas de [Ti(H2O)6]3+ : formation de liaisons L’atome de titane dispose de ses orbitales de valence 3d, 4s et 4p. Chaque molécule d’eau fournit une orbitale de valence de type σ sp3 . La combinaison des orbitales de H2O avec l’orbitale 4s du cation conduit à une O.M. liante : (s) = C1(4s) C2(1 + 2 + 3 + 4 + 5 + 6) Les autres orbitales moléculaires sont obtenues en combinant successivement les 5 O.A. restantes de Ti3+ avec celles des ligands qui se trouvent dans leurs directions. On obtient ainsi : z H2O 1 H2O 2 H2O 5 Ti3+ (p y ) C 3 (4p y ) C 4 (σ 3 σ 5 ) H2O 3 x 4 (p x ) C 3 (4p x ) C 4 (σ 4 σ 2 ) y (p z ) C 3 (4p z ) C 4 (σ 1 σ 6 ) Ψ(σ x 2 y 2 ) C 5 (3d x 2 y 2 ) C 6 (σ 4 σ 2 σ 5 σ 3 ) Ψ(σ z 2 ) C 7 (3d z 2 ) C 8 (2σ 1 2σ 6 σ 4 σ 3 σ 2 σ 5 ) H2O 6 Les fonctions antiliantes * correspondantes s’obtiennent en changeant le signe par le signe -. H2O Ci-dessous sont représentés les recouvrements des orbitales atomiques qui conduisent aux orbitales moléculaires liantes : H2O z z + H2O x + H2O + + + H2O s + H2O + - H2O y H2O + + - z H2O y - - H2O x x x px -+ + py - - y H2O Université du Maine - Faculté des Sciences Structure électronique des complexes des éléments de transition 1/12 H2O z + + - x H2O z z + H2O + H2O - - - -- H2O H2O + y x + H2O H2O y ++ -- + + H2O y H2O x H2O H2O pz ( x 2 y 2 ) ( z 2 ) Le diagramme d’énergie des orbitales moléculaires de [Ti(H2O)6]3+ est présenté ci-dessous . Les six paires d’électrons apportés par les ligands et l’électron de l’ion Ti3+ occupent les OM de plus basse énergie. Le dernier niveau occupé (HOMO) correspond à une orbitale moléculaire triplement dégénérée de type t2g alors que le premier niveau non occupé (LUMO) correspond à une orbitale moléculaire doublement dégénérée de type eg. On comprend facilement que l’absorption d’une énergie lumineuse adéquate (E) permettra de faire passer un électron de l’orbitale moléculaire HOMO à l’orbitale moléculaire LUMO. Ce résultat est tout à fait identique à celui observé dans la théorie du champ cristallin, seule la nature de la liaison est changée. O.A de Ti3+ O.M de Ti(H2O)63+ E px , py , pz s 4p 4s LUMO 3d six O.A de H2O HOMO O.M. anti-liantes z2 , x2-y2 0=20000cm-1 dxy , dxz , dyz O.M. non-liantes px , py , pz z2 , x2-y2 s O.M. liantes HOMO : Highest Occupied Molecular Orbitals LUMO : Lowest Unoccupied Molecular Orbitals Conclusion La théorie des OM permet d’expliquer la couleur des complexes d’éléments d et la modification des propriétés magnétiques en relation avec la différence d’énergie E entre les niveaux des orbitales moléculaires HOMO et LUMO. Conclusion Générale La couleur des complexes des éléments d est expliquée par des transitions électroniques (d-d) entre niveaux d’énergie. Les propriétés magnétiques, spin élevé ou spin faible, sont dues respectivement au respect ou au non respect de la règle de Hund pour le remplissage des niveaux d’énergie par les électrons du cation seul - Théorie du champ des ligands - ou par l’ensemble des électrons de valence du cation et des ligands - Théorie des OM -. Un complexe incolore est toujours diamagnétique Un complexe paramagnétique est toujours coloré Remarque Les transitions d-d n’expliquent pas la couleur soutenue de KMnO4 (violet), K2CrO4 (jaune) et de bien d’autres composés. La couleur du permanganate de potassium est due à l’ion [MnO4]- (géométrie tétraédrique). Cette couleur n’est pas due à une transition d-d, car MnVII est un ion d0, mais à un transfert de charge (TC) d’un électron du ligand O2- vers le cation MnVII. Ceci est la deuxième explication de la couleur des composés engageant des éléments de transition. Université du Maine - Faculté des Sciences Le Fer Le fer Etat fondamental: 3d6, 4s2 on attend donc les ions Fe2+ (3d6) et Fe3+ (3d5) C'est le 4ème élément en terme d'abondance terrestre (O > Si > Al > Fe), 4.7% en masse. Les ions libres sont très paramagnétiques - spin élevé (champ faible): 4e- pour Fe2+ et 5e- pour Fe3+ Rayons ioniques : r(Fe3+) = 0.645 Å et r(Fe2+) = 0.78 Å ; donc Fe3+ est plus polarisant que Fe2+ . Les liaisons seront plus covalentes avec Fe3+ car le rapport q/r2 est plus grand. I - Propriétés du métal (propriétés voisines pour Co et Ni). a. Propriétés physiques Fer 906 C 1401 C Fer Cubique I 2.86 1.24 a(Å) rM(Å) 1539 C Fer Cubique I 2.93 1.27 c.f.c. 3.65 1.29 Fer liquide Propriétés magnétiques : A T>TC=768°C A T<768°C le fer est paramagnétique le fer est ferromagnétique (s=1,8B/mol) Masse volumique : =7.87 g.cm-3 (2.7 g.cm-3 pour Al) Résistivité =9.7 .cm (pour Al : 2.63 .cm et pour Cu : 1.72 .cm ), c'est un conducteur électrique moyen. b. Propriétés chimiques Très réactif : si le fer est en poudre . Le fer pyrophorique (réduction de l'oxyde par H2) brûle spontanément à l'air. Moins réactif : à l'état massif. Combustion avec les oxydants forts: O2, F2, Cl2 degré +III (Fe2O3, FeF3, FeCl3) Fe 3 2 F2 FeF3 à froid, l'attaque s'arrête par passivation Fe à 600°C, réaction exothermique 3 2 Cl 2 FeCl 3 Combustion avec les oxydants faibles: I2,.. degré +II Fe I2 FeI2 Avec les non-métaux : la réaction est plus douce Soufre à la flamme Fe(lim aille) S FeIIS FeS S FeII S 2I pyrite (type NaCl) Azote (N2 ou NH3) composés d'insertion qui durcissent le fer et augmentent sa résistance à l'abrasion (FeNx) Carbone 3Fe C Fe 3 C (cémentite) ou T 1100C 3Fe 2CO Fe 3 C CO 2 Voir le diagramme Fe-C (perlite = acier eutectoïde 0.8% en C) 1/21 Université du Maine - Faculté des Sciences Le Fer 0.5% C 0.18% C 1540°C Fer Cubique I a0 =2.93 Å 0.10% C Diagramme Fer - Carbone (en % poids) +L 1 2 3 4 5 6 7 Liquide L 1492°C 1401°C +L Fer Cubique F a0 =3.63 Å Fe3C +L 1130°C 2%C Austénite 4.3 % C Austénite + Ledeburite + Cémentite 906°C Fe3C + Ledeburite 0 723°C Cémentite + Perlite 1 2 3 4 5 6 7 % poids C Fe Aciers Fe3 C : 6.67% C Ferrite + Perlite 0.8% C Eutectoïde Ledeburite 0.025% C Eutectoïde Perlite Fer Cubique I a0 =2.86 Å Fontes II - Le fer aux degrés +II et +III en solution a. Le fer +II : les sels sont facilement oxydables à l'air car E0=0.77 Volt Le caractère réducteur de Fe2+ augmente avec la formation de complexes: E0(Fe3+/Fe2+)=0.44 Volt en milieu H3PO4 car il y a formation du complexe (FeHPO4)+.; Il faut doser les solutions de Fe2+ avant utilisation. Le sel de Mohr, (NH4)2Fe(SO4)2, 6H2O permet de doser MnO4-, Cr2O72-, Ce4+, NO3-, H2O2 (tous les oxydants tels que Eox>0.77 + 0.2 Volt). Quelques réactions: Milieu basique (pH<10) I 2 ( sol) 2Fe(OH) 2 2OH Milieu acide (inverse) 2 I 2Fe 3 I2 Milieu acide : 3Fe 2 N V O 3 4H NIIO(g) 3Fe 3 2H 2 O 3 II N O(g) Fe 8Fe(OH) 2 NO 3 6H 2 O b. Le fer +III : faible caractère oxydant application réduite : (Fe3+ oxyde l'ion iodure I- en I2) 2/21 2 I 2Fe(OH) 3 2Fe 2 Fe 2 NIIIO 2 2H Milieu basique H2 O NH 3 ( sol) Fe(OH) 3 OH Université du Maine - Faculté des Sciences Le Fer c. Les complexes : influence du champ cristallin Fe 2 orthophénantroline FeIIICl 4 rouge bleu, E 0 1.10 Volt . L'orthophénantroline ferreuse est utilisée comme indicateur redox. [4] tétraédrique FeIII (CN) 36 [6] octaédrique, ferricyanure Fe II (CN) 64 [6] octaédrique, ferrocyanure K FeII [Fe III (CN) 36 ] bleu de Turnball (soluble) II 4 FeIII 4 [Fe (CN) 6 ] 3 bleu de Prusse (insoluble) Fe 3 orthophénantroline III K Fe [Fe II (CN) 64 ] E 0 (FeIII (CN) 36 / FeII (CN) 64 ) 0.36 Volt bleu de Prusse (soluble) La structure cristalline du ferrocyanure ferrique : K IFeIII [FeII (CN) 64 ] (bleu de Prusse soluble), dérive de celle de K 2PtCl 6 . Des informations complémentaires sur cet arrangement sont disponibles. III - La corrosion du fer 1. En milieu aqueux. En milieu aqueux, on trouve les espèces suivantes : Fe0, FeII et FeIII E0(Fe2+/Fe)= -0.44 Volt Fe est un réducteur 0 3+ 2+ E (Fe / Fe )= 0.77 Volt Fe2+ est oxydable par O2 O2 En milieu acide dilué : Fe 2 Fe 3 ; par exemple avec HNO3 dilué (mais passivation avec HNO3 concentré En milieu alcalin (NaOH) : Fe2+ ions ferrates (II) solubles( FeO 22 : Fe II ) Fe3+ ions ferrates (VI) ( FeO 24 : Fe VI ). Ces ions s'obtiennent en milieu oxydant, par oxydation anodique (ou par Cl2) de suspension d'oxydes ou par fusion du fer dans KNO3. Ils ont un caractère oxydant ( E 0 (FeO 24 / Fe 3 ) 1.9 Volt à pH=0). Ils oxydent NH3 en N2, Cr3+ en CrO 24 . Ils se décomposent en milieu neutre ou acide : 2FeO 24 10H 2Fe 3 3 2 O 2 5H 2 O a. Mise en évidence de la corrosion. Les propriétés redox du milieu aqueux se déduisent du diagramme potentiel-pH dont la construction est détaillée dans le document annexe. Données du tracé : E 0 (Fe 2 / Fe) 0.44 Volt ; E 0 (Fe 3 / Fe 2 ) 0.77 Volt et pK s (Fe(OH) 2 ) 15.1 ; pK s (Fe(OH) 3 ) 37 et pK s 18.3 pour Fe(OH) 2 HFeO 2 H 2 Fe 2e Fe L'oxydation du fer suit le schéma suivant : 2H 2e Fe 2H 1 2 O2 2H 2e Fe 2 3H2 O 2Fe 2 1 2 O2 H2 2 Fe puis l'oxygène oxyde Fe2+ Fe(OH)3 Fe2O3 . H2 H2 O Fe(OH) 3 1.0 Volt 1e 3H 0.0 Volt 5H2 O 2Fe(OH) 3 4H 3/21 Université du Maine - Faculté des Sciences Le Fer Le diagramme de POURBAIX tracé pour c=10-6 M donne le diagramme théorique de passivation, corrosion et immunité : Corrosion Immunité Passivation domine des espèces solubles domaine du métal domaine des espèces précipitées. Diagramme E = f(pH) -2 c = 10 M Domaines d'immunité, de passivité et de corrosion du fer Eb+0.4 1.2 1.2 Eb {4} Fe3+ 0.8 0.8 (Volt) EE (Volt) {5} 0.4 0.4 Ea 0.0 0.0 -0.4 -0.4 Fe(OH)Passivité 3 {9} Ea-0.2 {7} Fe(OH )2 {1} Fe -0.8 -0.8 Corrosion {2} Immunité 0 0 1.2 {6} 2+ Fe Corrosion Eb 2 2 4 4 6 6 pH pH 8 8 10 10 12 12 14 14 Diagramme E = f(pH) -6 c = 10 M Eb+0.4 {4} Fe3+ 0.8 E (Volt) {5} 0.4 0.0 Fe 2+ Fe(OH)3 {6} Ea {7} Ea-0.2 -0.4 {9} {8} Fe(OH )2 {10} HFeO - {1} -0.8 {2} Fe 0 2 4 2 {3} 6 pH 8 10 12 14 Pour passiver un métal, il faut le faire réagir avec un oxydant (oxydation anodique: protection anodique pour 8<pH<13). En fait la couche d'oxyde formée ne protège pas correctement le métal et l'attaque se poursuit (mauvaise étanchéité et mauvaise adhérence de la couche d'oxyde). Ce n'est pas une bonne méthode de protection pour le fer. Conclusion : Le fer se corrode pour donner de la rouille à 4 pH 12. b. Moyens de protection du métal : Protection cathodique : On maintient le métal dans son domaine d'immunité quel que soit le pH; pour cela, on relie le fer au pôle - d'une batterie ( E 1.0 Volt ) ou on utilise une électrode sacrificielle (réactive) ayant un potentiel inférieur au couple Fe2+/Fe (par exemple en Zinc E0(Zn2+/Zn)=-0.76 Volt ou surtout en magnésium E0(Mg2+/Mg)=-2.48 Volt). C'est l'électrode de magnésium qui se fait alors attaquer et le fer reste intact. 4/21 Université du Maine - Faculté des Sciences Le Fer Corrélat : Galvanisation : immersion du fer dans un bain de zinc liquide (très utilisé) Galvanoplastie : dépôt d'un métal par électrolyse puis passivation du métal par chromatation (cas du zinc et du cadmium); pour Cr et Ni il faut déposer sur du cuivre. Protection en milieu basique (10<pH<13): parkerisation. E On dépose sur du fer une couche de phosphates par immersion des pièces dans un bain basique et chaud de phosphates (Na3PO4+NaOH). Il se forme FePO4 + des phosphates de Mn, Co…. 0 Pb3O4 / PbO 0.5 Volt Protection par revêtement externe : peintures… FeO / Fe -0.4 Volt Cas du minium de plomb Pb3O4. Il agit comme un oxydant vis à vis du fer (E0(Pb3O4/PbO)= 0.5 Volt à pH=8) et donne PbO+ FeO ce qui forme une couche protectrice avant la première couche de peinture c. Accélération de la corrosion du métal : e Par formation d'une pile électrochimique : + - si on relie le fer à un métal plus oxydant comme le Cuivre (E0(Cu2+/Cu)=0.34 Volt); le fer est sévèrement attaqué. Fe Cu il faut proscrire les associations Fe-Cu. (cf. Annexes) 2. Corrosion du fer par voie sèche Sous l'action de la température et de l'oxygène: A T<590°C: le fer est recouvert successivement d'une couche de Fe3O4 et d'une couche externe de Fe2O3 A T>590°C : le fer est recouvert successivement de couches de Fe0, Fe3O4 et enfin à l'extérieur de Fe2O3 Fe2O3 Fe2O3 Fe3O4 Fe3O4 FeO Fe Fe T<590°C T>590°C La réaction de dismutation : 4FeO Fe 3 O 4 Fe a une vitesse faible à température ambiante (FeO est alors "stable" à 25°C); FeO est non-stœchiométrique (wüstite Fe0.94O) - (voir IV-a). On réalise des protections par formation de couches de Fe3O4 (bronzage des fers et aciers) par immersion dans des mélanges de nitrates alcalins fondus (canons de fusils). 5/21 Université du Maine - Faculté des Sciences Le Fer IV - Le fer aux degrés +II et +III dans l'état solide: FeO, Fe2O3, Fe3O4 a. FeO (Wustite) Fe2+ C'est un oxyde lacunaire (en théorie, il ne peut exister à T<590°C), en fait on l'obtient par décomposition thermique sous vide de l'oxalate : FeC 2 O 4 FeO CO CO 2 . FeO est non stœchiométrique. Le cristal parfait aurait une structure NaCl (a=4.32 Å), en fait c'est Fe0.94O et a=4.28 Å. Il y a un déficit de 6% en Fe2+ (6% de lacunes ). Ce sont des défauts de Schottky (par opposition aux défauts de Frenkel : lacunes + intersticiels). 2xFe 2 2xFe 3 2xe xFe 2 2xe x 2xFe 2 2xFe 3 x Fe2+ O2- Fe2+ O2- Fe3+ O2- Fe2+ O2- Fe2+ O2- Fe3+ O2- Fe2+ O2- Fe2+ O2- Fe2+ O2- O2- La disparition d'un ion Fe2+ s'accompagne de la formation de 2 ions Fe3+ et d'une lacune . On a donc : Fe1-xxO (x=0.06). Mais si l'on considère les espèces du fer qui participent, la vraie formule de l'oxyde lacunaire FeO est : FeII13 x FeIII 2 x x O . On peut suivre la croissance de FeO à partir de la surface d'un cristal de fer . La présence de lacunes facilite l'oxydation par voie sèche comme vous le montre ce lien. b. Fe3O4 La magnétite (oxyde noir) est en fait un oxyde mixte de FerII et FerIII qu'on peut écrire : "FeO,Fe2O3". Structure de type spinelle AB2O4, a=8.41 Å et Z=8, réseau cfc d'ions O2- (32O) 32 sites [6] B occupe la moitié des sites octaédriques 64 sites [4] A occupe 1/8 des sites tétraédriques BB) O 4 comme dans ZnFe2O4 On parle de : spinelle direct si on a A ( 4 6 spinelle inverse si on a B AB) O 4 comme dans NiFe2O4 ou Fe(NiFe)O4. ( 4 6 Fe3O4 est un spinelle inverse : FeIII(FeIIFeIII)O4 Remarque : Fe2+ est plus stabilisé en champ octaédrique qu'en champ tétraédrique (alors qu'il n'y a aucune stabilisation possible pour Fe3+ quel que soit le champ, voir le chapitre sur le Champcristallin). C'est pourquoi la structure spinelle inverse est favorisée pour Fe3O4. Ferrimagnétique pour T<Tc=578°C s=4B/mol Le ferrimagnétisme s'explique par un couplage anti-parallèle entre les sites [4] et [6] : c'est un ferrimagnétisme de spin. s 6 4 Fe3 Fe2 Fe3 Fe 2 4 B c. Fe2O3 il existe plusieurs variétés -Fe2O3 : hématite rouge (type corindon -Al2O3 ) C'est la variété stable (caractère acide avec les oxyde basiques MgFe2O4 mais caractère basique avec les acides Fe3++H2O. Oxyde stable jusqu'à 1500K puis réduction : 3Fe 2 O 3 2Fe 3 O 4 Composé anti-ferromagnétique imparfait (composante ferromagnétique): TN=675K Structure : réseau hexagonal compact d'ions O2- avec 2/3 des sites [6] occupés. Solide réactif si préparé par déshydratation de Fe(OH)3 à basse température (dissolution dans les acides). Si préparé à haute température ou chauffé à 1000°C solide peu réactif. 6/21 1 2 O2 (voir diag. Ellingham). Université du Maine - Faculté des Sciences Le Fer -Fe2O3 : c'est une variété métastable. S'obtient par oxydation de la magnétite: 2Fe 3 O 4 1 2 O2 3 Fe 2 O 3 Structure cubique F de type spinelle (a=8.3 Å ) II III .333 Fe III O 4 Fe III O 4 3 Fe III 8 O12 Fe 2 O 3 Fe 2 2 Fe 2 Fe 0. 666 0 a 8.41 1 4 O3 a 8.3 C'est donc un spinelle lacunaire C'est un ferrimagnétique fort (TC=575°C, valeur expérimentale exp 2.4 B ) 2Fe 2 2Fe 3 2e 1 2 O2 2Fe 2 2e O 2 1 2 O2 2Fe 3 O 2 Les propriétés dérivent de celles du spinelle car : III III III Fe Fe1III.666 0.333 O 4 Fe 2 O 3 Fe III 8 O12 Fe 8 3 O 4 Fe 2.666 O 4 A B2 théorique 6 4 1.666 Fe3 Fe3 0.666 Fe2 0.666 5 B 3.33 B . La formule réelle étant -Fe2O3 s 3 4 3.33 B 2.5 B V - La métallurgie du fer a. Sources des minerais E 0 (Fe 2 / Fe ) 0.44 Volt et E 0 (Fe 3 / Fe 2 ) 0.77 Volt Le fer a un comportement réducteur, il existe donc rarement à l'état natif. On le trouve donc sous forme oxydée (Fe2+ ou Fe3+). Pour la métallurgie, le minerai doit avoir une teneur > 30% en fer. Principaux minerais : Oxydes Fe2O3 hématite rouge Fe3O4 magnétite noire (Suède) 2Fe2O3, 3H20 limonite (minette de lorraine) Fe2O3, H20 goethite Carbonates FeCO3 siderose Sulfures FeS2 pyrite b. Aspects industriels. Préparation de la fonte : le haut-fourneau Réduction des oxydes par CO Matières premières : Minerais Coke Fondants Air chaud Produits obtenus Fonte liquide oxydes de fer hydratés ou non, ferrailles coke métallurgique (grande résistance à l'écrasement, blocs de 10 à 15cm) pour éliminer la gangue du minerai par formation du laitier qui se sépare de la fonte par différence de densité : Si la gangue est acide (SiO2 ou Al2O3), on ajoute CaCO3 sous forme de castine. Si la gangue est basique (calcaire) on ajoute de l'argile (SiO2 + Al2O3). formation de silicate de Calcium (CaSiO3 , ou d'oxydes mixtes comme CaAl2O4). introduit à la base du haut-fourneau (vers 800°C); cet air est suroxygéné et souvent on ajoute du fuel qui par crackage thermique fournit H2 (autre réducteur possible pour Fe2O3 . à 1500-1600°C (alliage fer-carbone avec 2.0<%C<6.7 essentiellement sous forme de cémentite Fe3C ) 7/21 Université du Maine - Faculté des Sciences Laitier Le Fer au-dessus de la fonte : silicate double de Calcium et Aluminium + oxyde de fer et MgO à la sortie du "gueulard" (T 300°C), essentiellement CO+CO2+N2+H2. Ces gaz sont dépoussiérés (suppression des oxydes et du carbone) puis envoyés vers les cowpers (tours de 35 à 45m de haut, 8 à 10m de diamètre remplies de briques réfractaires qui récupèrent la chaleur produite par la combustion du CO avec l'oxygène). Ensuite on envoie de l'air froid sur les briques chaudes pour alimenter le haut-fourneau. Fonctionnement du haut-fourneau : Réduction des oxydes de fer et des autres oxydes métalliques par CO Gaz de haut fourneau Production du CO C O2 C CO 2 CO 2 H 94 kcal / mol exothermique {1} CO H 41 kcal / mol endothermique A haute température (T>700°C), l'équilibre {2} est déplacé vers la droite. Réduction des oxydes de fer 150°C 500°C {2} déshydratation 2Fe 2 O 3 CO 2Fe 3 O 4 CO 2 Fe 3 O 4 CO 600-900°C 3FeO CO 2 H 0 {4} H 0 {5} FeO CO Fe CO 2 H 0 {6} Au niveau du ventre (1300-1500°C) se produit l'étape de cémentation (carburation du fer) 3Fe C Fe 3 C {7} Bilan : les oxydes de fer ont formé la fonte à 1500°C (quelques impuretés) et la gangue le laitier. Remplissage minerai, coke, Gueular 200° Gaz Fe2O3Fe3 800° Fe3O4 Cuv 1000° CO2+C 1300° Ventr FeO 3Fe+2CO Fe3C Air chaud 1900° laitie Coulée du font Creus 8/21 Coulée de la Université du Maine - Faculté des Sciences Le Fer Caractéristiques moyennes d'un haut-fourneau : Production 4 M t/an Consommation et production pour 1 tonne de fonte: Minerai Coke400kg Laitier Gaz400 m3 2 à 3 tonnes 300-500 kg Un haut-fourneau moderne fait 100m de haut, 14m de diamètre et produit 10000t/jour. Caractéristiques moyenne d'une fonte, du laitier et du gaz (au gueulard) : Fonte (%poids) 93 Fer 4 C 1 Mn 0.5 à 2 Si 0.1 à 2 P 0.05 S Laitier (%poids) 38 CaO 36 SiO2 15 Al2O3 5 à 6 MgO 1 à 2 Fe2O3 0.3 à 1 Mn Gaz (% volume) 56 N2 28 CO 13 CO2 3 H2 Affinage de la fonte : les aciers . Oxydation de la fonte par O2 Le fer pur ne possède que peu d'applications industrielles en raison de sa sensibilité à la corrosion et à ses faibles propriétés mécaniques. Les aciers - alliages de fer-carbone ( %C<1.8% ) - sont très utilisés avec des additifs comme Mn, Co, Ni, W, Mo et P, Si, C. On opère à partir de fonte liquide dans un convertisseur à 1500°C par apport d'oxygène (procédé BESSEMER et THOMAS) ou par addition de ferrailles rouillées (procédé MARTIN). C CO, Mn, Si silicates de fer et manganèse (scorie) P phosphate de Ca (addition de CaO) Durée de l'opération 20mn Dès que le fer commence à s'oxyder, on le recarbure par addition de fonte au carbone (SPIEGEL) pour arriver à l'acier désiré (en général fonte au manganèse). Acier extra-doux Acier doux Acier dur Fonte aciérée Composition moyenne d'un acier : Fe C Si Mn P et S C<0.25 0.25<C<0.7 0.7<C<1.7 1.7<C<2.5 98.8 0.05 à 1.7 0 à 0.3 0.3 à 0.6 <0.05 % % % % % % % % % Les aciers spéciaux. On utilise des fours "électriques" (chauffage à l'arc ou par induction). On part de fonte pure (minerai de Suède) ou d'un acier et on ajoute les autres composants avant de procéder à la fusion. Acier inox 18/8 Aciers de coupe Aciers à Mn 18% Cr et 8% Ni W, Cr, V Mn 9/21 résistant à la corrosion outillage, coupe rapide résistant au choc, à l'abrasion. Université du Maine - Faculté des Sciences Le Fer c. Aspects théoriques de la réduction des oxydes par CO Utilisation du diagramme d'Ellingham : des explications complémentaires sont disponibles en Annexes 0 200 -200 400 600 800 1000 1200 1400 1600 1800 T(°C) Diagramme d'Ellingham Fe3O4 Température minimale de réduction par le Carbone Fe2O3 CO2 FeO C -400 Cr2O3 CO2 MnO Fe SiO2 CO -600 G 0 T (kJ/mole) C CO Cr Mn -800 Si 400 600 800 1000 1200 1400 1600 1800 2000 T(K) Les oxydes de fer et les oxydes de carbone Toutes les droites représentatives des oxydes ont une pente positive sauf celle conduisant à la formation de CO CO possède un caractère réducteur vis à vis des oxydes de fer. On voit donc que CO est la forme prépondérante des oxydes de carbone à haute température puisque G 0T diminue quand T augmente. CO est donc un oxyde plus réducteur que FeO, Fe2O3 et Fe3O4 (de même pour MnO). Dans l'affinage de la fonte : L'addition de O2 (à T=1500-1600°C) sur une fonte oxydera d'abord le métal le plus réducteur : C, Si, Mn,…puis Fe C est plus réducteur que les métaux Fe, Si, Mn,… au delà des points de rencontre des droites G 0T , à température élevée : MO C M CO Domaine d'existence des oxydes de carbone : -100 Diagramme de BOUDOUARD T (K) vs CO T (K) vs CO2 T (K) vs CO/CO2 -200 CO -400 C -500 980 K G0T (kj/mole) CO2 -300 -600 0 500 1000 10/21 T(K) 1500 2000 2500 Université du Maine - Faculté des Sciences Le Fer d'après le diagramme d'Ellingham du carbone, 3 équilibres peuvent exister (valeurs en kJ/mole). C O2 CO 2 G10 399.13 2.48 * 10 3 T 2CO O 2 2CO 2 G 02 565.4 0.174 T 2C O 2 2CO G 03 220.9 0.179 T Les trois droites se coupent à T=980 K Pour T<980 K, il y a dismutation de CO : 2CO CO 2 C Equilibre de BOUDOUARD La fraction de CO est plus importante quand la température T est plus élevée. L'équilibre de BOUDOUARD avec G 04 G 03 G10 172.2 0.177 T , G 04 diminue si T augmente 0 P PCO PCO 2 , (R=8.314 J/K/mole) et P = Pression de référence (1 atm) 1.0 à l'équilibre G 04 RT Log K p donc G 04 RT 172200 177 8.314 * T 8.314 0.8 pCO/(pCO+pCO2) Log K p On peut donc tracer la courbe traduisant l'équilibre de BOUDOUARD: Log K p 20712 21.3 T 1 at m ( pCO ) 2 Kp avec pCO2 * P 0 P= 2CO 0.5 atm P= CO 2 C 0.6 CO2 CO 0.4 0.2 En fait on trace pCO/P pour une pression totale P donnée. 0.0 600 800 1000 1200 1400 1600 1800 T °K Exemple: p CO p CO2 0.5 atm à T=900 K, K p exp( 23.01 21.3 ) 0.18 et p CO 0.223 atm et p CO2 0.277 atm p CO p CO2 0.805 et p CO P 0.446 CO2 est stable à basse température en présence de carbone CO est stable à haute température en présence de carbone Conclusion : Domaine d'existence des oxydes de fer : K G10 532 .6 0.1420 * T kJ / mole {1} K2 G 02 559 .9 0.1728 * T kJ / mole {2} K G 03 547 .6 0.1815 * T kJ / mole {3} 1 2Fe O 2 2FeO 3 2 Fe O 2 12 Fe 3 O 4 4 3 Fe 3 O 2 2 3 Fe 2 O 3 Tous ces équilibres sont monovariants : v = n+2- , donc si T=Cste alors P=Cste et inversement : K P0 où pO2 P 0 est la pression de référence. D'après le diagramme d'Ellingham, on voit que les droites se coupent donc tous les oxydes ne sont pas stables quelle que soit la température. à T<863 K : FeO est instable (dismutation) et le diagramme précédent doit être modifié en tenant compte de l'équilibres {4} suivant : K 4 4Fe 3 O 4 O 2 6Fe 2 O 3 G 04 9 G 03 8G 02 449 .0 0.2511 * T 11/21 kJ / mole {4} Université du Maine - Faculté des Sciences 3 2 Fe Le Fer K 2 O 2 12 Fe 3 O 4 G 02 559 .9 0.1728 * T {2} kJ / mole à T>863 K : il faut tenir tenant compte de l'équilibres {5} suivant : K 5 6FeO O 2 2Fe 3 O 4 G 05 4G 02 3G10 641 .8 0.2677 * T kJ / mole {5} On obtient ainsi le diagramme suivant pour pO2=1 atm. C'est le diagramme de CHAUDRON A T<863 K : 4FeO Fe Fe 3 O 4 , donc FeO est thermodynamiquement instable à basse température. g 100 G0T - (kJ/mole) 0 T (K) vs FeO {1} T (K) vs Fe3O4 {2} T (K) vs Fe3O4 {5} T (K) vs Fe2O3 {4} Fe2O3 -100 Fe3O4 -200 FeO -300 863 K -400 Fe -500 1000 1500 T(K) 2000 Réduction des oxydes de fer par l'oxyde de carbone : A T>1000 K, le réducteur est CO gaz. 3 Fe 2 O 3 CO 2 Fe 3 O 4 CO 2 Réduction de Fe2O3 Réaction totale si T>500 K, car K p p CO 2 p CO G 0T 1 , (à l'équilibre G 0T RT * LogK p et K p(500 ) exp( G 0500 RT ) 10 8 0 0 G 0CO 3GFe G 0CO car G 0T 58.18 0.0385 * T 2 GFe O O 3 4 2 2 3 en kJ / mole ) Réduction de Fe3O4 Si T<863 K 1 4 Fe 3 O 4 CO 3 4 Fe CO 2 G 0T 2.74 6.3 * 10 4 * T , cet équilibre est déplacé vers la droite par une diminution de température Fe 3 O 4 CO Si T>863 K 3 FeO CO 2 G 0T 38.2 0.0488 * T cet équilibre est déplacé vers la droite par une augmentation de température puis FeO CO Fe CO 2 G 0T 16.4 0.0165 * T cet équilibre est déplacé vers la droite par une diminution de température Le résultat global de la réduction se lit sur le diagramme p CO f (T ) p CO p CO 2 (superposition du diagramme de CHAUDRON et de BOUDOUARD). 12/21 Université du Maine - Faculté des Sciences Le Fer Pour T donné, l'équilibre est atteint pour un rapport pCO/P donné. Si on maintient ce rapport et si on modifie T, l'équilibre est modifié avec disparition d'une phase. Diagramme de Chaudron 1,0 1 at P= da ns l CO /P {1} Fe p pCO/(pCO+pCO2) 0,8 m eg az pCO/(pCO+pCO2) = f(T) 0,6 0,4 {2} FeO CO2 CO 0,2 Fe304 {5} 0,0 600 800 1000 1200 1400 1600 1800 T °K Exemple : à 800 K, l'équilibre 1 4 Fe 3 O 4 CO 3 4 Fe CO 2 est atteint pour p CO 0.42 P A pCO/P=Cste , si on augmente T alors G 0T augmente et l'équilibre est déplacé vers la gauche, le fer est consommé pour donner Fe3O4 (devenu l'espèce stable). Par contre, si on augmente pCO/P à T=Cste , on favorise la formation de Fe. Conclusion : En fait, en raison de la vitesse notable du courant gazeux (CO presque pur en bas du haut-fourneau et de la formation de CO par contact avec le coke), la composition réelle de la phase gazeuse est plus riche que prévue en CO et suit la courbe pointillée indiquée sur le diagramme. La réduction des oxydes peut alors s'effectuer à des températures inférieures à celles prévues en théorie: Par exemple: Fe3O4 est réduit en Fe dès 800 K 13/21 Université du Maine - Faculté des Sciences Le Fer Annexes I. Le Diagramme potentiel-pH du Fer II. Le couple Fer-Cuivre et la corrosion III. Croissance de FeO IV. Le rôle des lacunes dans l’oxydation du Fer V. Utilisation du Diagramme d’Ellingham – Compléments 14/21 Université du Maine - Faculté des Sciences Le Fer I - Diagramme potentiel-pH du fer Les diagrammes de POURBAIX (ou diagrammes potentiel-pH) permettent de suivre l’évolution du système redox avec le pH (et la précipitation éventuelle des phases). On cherche les droites sur lesquelles [Ox]=[Red], au-dessus de la droite la forme oxydée prédomine . On trace ici le diagramme potentiel pH du fer pour c=10-2mole.l-1. Etude des équilibres de précipitation : Fer (+II) Fe 2 2OH K s 10 15.1 [Fe 2 ] [OH ] 2 [Fe 2 ] Fe(OH) 2 2 Ks [Fe ] Fe(OH)2 2 [H ] d' où log[Fe K 2e 2 K 2e [H ] 2 donc pH1 6.45 12 log c ] 2pH 12.9 Si [Fe2+]=10-2mole.l-1 , le premier grain de Fe(OH)2 apparaît à pH1=7.45 (6.45 pour [Fe2+]=1 M ). On peut aussi tenir compte de l'équilibre de redissolution de Fe(OH)2 : Fe(OH) 2 HFeO 2 H ; K 10 18.3 [HFeO 2 ] [H ] ; d' où log[HFeO 2 ] pH 18.3 donc pH 2 18.3 log c Si [Fe2+]=10-2mole.l-1 , le dernier grain de Fe(OH)2 se redissout en formant HFeO 2 à pH2=16.3 ce qui n'est pas visible sur le diagramme (mais à pH2=12.3 si c=10-6mole.l-1 comme dans le cas du diagramme de corrosion du fer). Fer (+III) Fe(OH)3 Fe(OH) 3 [Fe 3 ] Fe 3 3OH K s 10 38 [Fe 3 ] [OH ] 3 [Fe 3 ] Ks K 2e 3 [H ] d' où log[Fe 3 K 2e [H ] 3 donc pH 3 1.333 ] 3pH 4 Si [Fe3+]=10-2mole.l-1 , le premier grain de Fe(OH)3 apparaît à pH3=2 (1.33 pour [Fe3+]=1 M ) Fe3+ 2.0 Fe(OH)3 Fe2+ 7.45 16.3 Fe(OH)2 pH HFeO2- Etude des potentiels dans les intervalles de pH : Fe2+/Fe , Fe(OH)2 /Fe , HFeO2-/Fe pH pH1 (pH1 7.45) Couple Fe 2 / Fe : E1 E 0 Fe2 / Fe 0.059 log[Fe 2 ] 2 Fe 2 2e Fe E 0 Fe2 / Fe 0.44 Volt sur la droite [Fe 2 ] c 0.059 log c (on trace pour c 0.01 mole.l 1 ) 2 E1 0.499 Volt E1 0.44 pH1 pH pH2 (pH2 16.3) 0 E2 EFe ( OH) 2 / Fe avec [Fe2 ] 0 EFe ( OH) 2 / Fe E0 Couple Fe(OH)2 / Fes : Fe(OH)2 2e 2H Fes 2H2O [Fe(OH)2 ] [H ]2 0.059 0.059 0 log EFe 0.059pH E0 2 log[Fe2 ] ( OH)2 / Fe Fe / Fe 2 [Fes ] 2 Ks K 2e [H ]2 Fe 2 / Fe 0.059 0.059 (2pK e pK s ) 0.44 (28 15.1) 0.06 Volt 2 2 E 2 0.06 0.059pH (indépendant de c ) 15/21 1 3 log c Université du Maine - Faculté des Sciences pH pH2 (pH2 16.3) E3 E0 HFeO 2 / Fe Le Fer Couple HFeO2 / Fes : HFeO 2 3e 2H Fes 2H2O 0.059 [HFeO 2 ] [H ]3 0.059 log E0 0.0885 pH log c HFeO 2 / Fe 2 [Fes ] 2 à pH pH2 18.3 log c on a : E2 E3 E0 soit HFeO 2 / Fe 0.480 Volt donc E3 0.480 0.0885 pH 0.0295 log c Fe3+/Fe2+ , Fe(OH)3 /Fe2+ , Fe(OH)3 /Fe(OH)2 et Fe(OH)3 /, HFeO2Couple Fe3 / Fe2 ; pH pH3 (pH3 2) E5 E0 Fe 3 / Fe 2 0.059 log [Fe3 ] [Fe2 ] Fe3 e Fe2 E0 Fe3 / Fe 2 avec [Fe3 ] [Fe2 ] c ; sur la frontière (droite) Fe3 / Fe2 on a :[Fe3 ] [Fe2 ] c E5 E0 Fe3 / Fe2 2 ( A.N. c 0.01 mole.l1) et log Fe( OH)3 / Fe E 6 E0 Fe3 / Fe 2 2 [Fe3 ] [Fe2 ] 0 0.77 Volt (indépendant de c ) pH3 pH pH1 (pH3 2 ; pH1 7.45) Couple Fe(OH)3 / Fe2 ; E 6 E0 0.77 Volt 0.059 log 0.059 log donc E0 Fe( OH)3 / Fe 2 [H ]3 [Fe 3 [Fe [Fe 2 ] ] E0 Fe 3 / Fe 2 2 ] 0.177pH 0.059 log[Fe2 ] E0 Fe( OH)3 / Fe 2 mais [Fe3 ] Fe(OH)3 e 3H Fe2 3H2O K s(Fe( OH)3 ) K 3e [H ]3 0.059pK s 0.177pK e 0.77 0.059 * 38 0.177 * 14 1.006 Volt E6 1.006 0.177pH 0.059 log[Fe2 ] sur la frontière (droite) Fe(OH)3 / Fe2 : [Fe2 ] c E6 1.006 0.177pH 0.059 log c pH1 pH pH 2 (pH1 7.45 ; pH 2 16.3) Couple Fe(OH) 3 / Fe(OH) 2 : Fe(OH) 3 e H Fe(OH) 2 H 2 O Fe(OH) 3 [Fe 3 ] 0 0 . 059 log 0 . 059 pH E 0 . 059 log 3 2 Fe / Fe 3 / Fe( OH)2 Fe(OH) 2 [Fe 2 ] 0 E 7 E Fe ( OH) 0 avec [Fe 3 ] 0 E7 EFe ( OH) 0 EFe ( OH) 3 3 K s(Fe(OH)3 ) K 3e / Fe( OH)2 / Fe( OH)2 [H ] 3 et [Fe 2 ] 0.059pH E0 Fe3 / Fe2 E0 Fe3 / Fe 2 E7 0.245 0.059 pH K s(Fe(OH)2 ) K 2e K s(Fe(OH) ) K 2e 3 0.059 log [H ]3 3 2 Ke K s(Fe(OH)2 ) [H ] 0.059 (pK s(Fe(OH)2 ) K s(Fe(OH)3 ) pK e ) 0.77 0.059 (15.1 38 14) 0.245 Volt (indépendant de c ) pH pH2 ( pH2 16.3) Couple Fe(OH)3 / HFeO2 E8 E0 Fe( OH)3 / HFeO 2 [H ] 2 0.059 log c : Fe(OH)3 e HFeO2 H2O à pH pH2 on a : E8 E7 soit E8 0.835 Volt E8 0.835 0.059 log c Les droites {4} et {9} correspondent aux pH de précipitation des hydroxydes et la droite {10} correspond à la redissolution de Fe(OH)2 pour former HFeO2-. 16/21 Université du Maine - Faculté des Sciences Le Fer H+/H2 et O2/H2O Couple H / H2 : 2H 2e H2( g) E0 H / H2 0 Volt Ea E0 0.059 (log[H ] log p1H/22( g) ) H / H2 0 Ea 0.059 pH (si pH2( g) 1atm) O2( g) 4e 4H 2H2O E0O Couple O2 / H2O : Eb E0O 2 / H2 O 2 / H2 O 1.229 Volt 0.059 (log[H ]4 log p1O/22( g) ) E0O / H O 0.059 pH 2 2 4 ( si pO 2( g) 1atm) Eb 1.229 0.059 pH Pour des raisons cinétiques : Eb+0.4 Volt zone de stabilité de l’eau Ea-0.2 Volt Diagramme potentiel pH du fer (c=10-2mole.l-1). Diagramme E = f(pH) c = 10-2 M Eb+0.4 1.2 Eb {4} Fe3+ 0.8 E (Volt) {5} 0.4 Fe(OH)3 Ea 0.0 -0.4 {6} Fe2+ {9} Ea-0.2 {7} Fe(OH )2 {1} Fe -0.8 0 2 {2} 4 6 pH 8 10 12 14 Diagramme de corrosion du fer (c=10-6mole.l-1). 1.2 Eb Diagramme E = f(pH) -6 c = 10 M Eb+0.4 {4} 3+ Fe 0.8 E (Volt) {5} 0.4 0.0 Fe 2+ Fe(OH)3 {6} Ea {7} Ea-0.2 -0.4 {9} {8} Fe(OH )2 {10} HFeO - {1} -0.8 {2} Fe 0 2 4 2 {3} 6 pH 8 17/21 10 12 14 Université du Maine - Faculté des Sciences Le Fer II - Corrosion accélérée du fer par couplage électrochimique fer-cuivre Un métal M est corrodé dès que sa concentration dissous dans l'eau dépasse 10-6 mole.l-1 Par exemple, dans le cas de la formation de la rouille Fe(OH)3, les équilibres qui conduisent à la corrosion du fer sont les suivants: Le fer est d'abord oxydé en milieu acide par H+ (l'eau naturelle à un pH voisin de 6): Fe 2H Fe 2 H2 Puis l'oxygène dissous dans l'eau oxyde le fer (+II) en fer (+III) car E (0O 4Fe 2 2 / H2O ) 1.23 Volt : O 2 2H 2 O 4Fe(OH) 3 La formation de la rouille passe donc par la formation de Fe2+. Dans le cas de l'association des métaux comme le fer et le cuivre (boulon ou vis de cuivre fixé sur une plaque de fer), la formation de rouille se trouve accélérée car on fabrique une pile en les mettant en contact (comme le montrent les valeurs des potentiels standards des 2 métaux: E0 0.44 Volt pôle - E0 0.34 Volt pole + (Fe2 / Fe ) ( Cu2 / Cu) La formation de Fe2+ est assurée par un transfert électronique vers le cuivre : Fe Fe 2 2 e à l'anode (-) à la cathode (+) Cu et 1 2 2 O2 2e {1} {2} Cu H 2 O 2OH {3} La réaction {2} élimine les traces de corrosion du cuivre qui reste donc intact. Cependant la réaction {1} devient la réaction : {1'} Fe 12 O 2 H 2 O Fe(OH) 2 et se poursuit par l'oxydation par l'oxygène de l'air : 4Fe(OH) 2 O 2 2H 2 O 4Fe(OH) 3 {4} Comme la rouille formée est poreuse, l'attaque se poursuit; la capture par le cuivre des électrons libérés par l'oxydation du fer en fer(II) accélère le processus en favorisant la formation de Fe2+. Il faut donc proscrire les associations fer - cuivre dans les matériaux exposé à un milieu non protégé (il y a toujours des traces de vapeur d'eau). 18/21 Université du Maine - Faculté des Sciences Le Fer III - Croissance de FeO O2 Fe ox yd e 1 - Cristal de fer avant oxydation m et O O 4 - Migration de fer vers la surface (donc de lacunes en sens inverse) 2+ 6 - La couche d ’oxyde s ’épaissit, des ions Fe migrent de l ’intérieur de la couche vers la surface, les lacunes correspondantes migrant en sens inverse. 2 - Adsorption d ’oxygène Fe2+ O2- 2- O 2e 2e 5- L ’oxydation du fer est rendue possible par l ’existence de lacunes dans l ’état solide 3 - Migration de fer et formation d ’oxyde en surface (création de lacunes dans le métal) IV - Le rôle des lacunes dans l’oxydation du Fer Direction de croissance de FeO Croissance de l ’oxyde FeO sur une face d ’un cristal de Fer On peut remarquer que le paramètre de maille de FeO dérive directement de celui de Fe par la relation aFeO= aFe2 19/21 Université du Maine - Faculté des Sciences Le Fer V - Utilisation du diagramme d'Ellingham On représente l'enthalpie libre G 0T de formation des oxydes pour une mole d'oxygène pO 2 1 atm . La réaction est K 2 M(s) O 2 (g) 2 MO(s) K 1 avec G 0T H0T TS 0T et G T G 0T RT LogK pO 2 Corrélat : Si G T 0 , la réaction évolue dans le sens de la flèche de manière spontanée (sinon c'est l'inverse) G T 0 et G 0T RT Log K RT Log pO 2 (donc pour pO 2 1 atm on a A l'équilibre (MO + M + O2) : G 0T 0 ) représente la température pour laquelle l'oxyde est en équilibre avec O2 pour P=1 atm. . Les "droites" G 0T f (T ) représentent donc les enthalpies libres de formation des oxydes. On accède au tracé à partir des relations : G 0T H0T TS 0T 0 200 400 600 800 1000 1200 1400 HgO 0 1600 1800 T(°C) Ag2O CuO pO2=1atm Ag Fe2O3 Fe3O4 Hg (kJ/mole) -200 -400 Cu CO2 C C Cr Cr2O3 CO2 MnO SiO2 MgO CO Al2O3 Mn CaO Fe CO 0 T -600 G FeO -800 Si -1000 Al Mg -1200 Diagramme d'Ellingham des principaux métaux Ca 400 600 800 1000 1200 1400 1600 1800 2000 T(K) Exemple : On prévoit que dans l'état solide sous pO 2 1 atm , Al est plus réducteur que Cr (l'enthalpie de formation de l'oxyde d'aluminium est plus faible que celle de Cr203). Par conséquent le diagramme d'Ellingham renseigne sur les propriétés redox dans l'état solide pour les oxydes. On peut prévoir que : 4 3 Cr 2 4 3 Cr O 2 2 3 Cr2 O 3 3 Al 2 O 3 4 3 Al O 2 G1 G 2 et G 0T G 02 G10 0 2 3 Al 2 O 3 4 3 Al 2 3 Cr2 O 3 Conclusion : Cr203 est un meilleur oxydant que Al203 Al est un meilleur réducteur que Cr Le réducteur du couple le plus réducteur réduira l'oxyde du couple le plus oxydant. 20/21 Université du Maine - Faculté des Sciences Application 1 : Le Fer Peux-t-on fondre de l'aluminium dans un creuset de silice (SiO2) ? Non, car le couple SiO2/Si est plus oxydant que le couple Al203 /Al; le métal Al va réduire la silice du creuset (attaque) et s'oxydera en donnant de l'alumine. La fusion de l'aluminium peut être réalisée dans un creuset de MgO si T<1600°C (température à laquelle se coupent les droites des systèmes MgO/Mg et Al203 /Al); cela est aisément réalisable car Tf(Al)=660°C. Application 2 : Pour un oxyde donné, on peut calculer, à une température donnée, la pression d'oxygène en équilibre avec l'oxyde et le métal ou pour une pression donnée la température de l'équilibre. D'après le diagramme on voit que : 2 Ag 2 0 pO 2 1atm pour T ≈200°C Ag2O est donc instable si T augmente). 2Hg O 2 2Hg0 pO 2 1atm pour T470°C. 2Cu O 2 2Cu0 pO 2 1atm pour T1400°C. 4 Ag O 2 On peut donc facilement déduire si un oxyde est stable (ou instable) à une température donnée. Pour connaître la pression d'oxygène en équilibre avec les solides (M et MO) à une température T donnée, il suffit de tracer sur le diagramme d'Ellingham la droite RT Log pO 2 . A la température T on a G 0T RT Log pO 2 (à l'équilibre) donc pO 2 exp( G 0T RT ) avec R=8.314 J/ K/ mole. Exemple : SiO2 à 1000°C. 0 alors G1000 710 kJ / mole et pO 2 exp( 710 * 10 3 ) exp( 85.4) 8.2 * 10 38 8.314 * 1000 21/21