les defis du management : retrospective et prospective

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LES DEFIS DU MANAGEMENT :
RETROSPECTIVE ET PROSPECTIVE
Luc BOYER,
Juin 2007
Ce texte est en partie tirée des ouvrages suivants: Boyer L., Management des hommes,
Editions d’Organisation, Paris 2006 ; Boyer L., 50 ans de Management des
organisations, Editions d’Organisation, Paris 2005 ; Boyer L. et Scouarnec A., Les
nouveaux Marchands, EMS, Caen, 1999
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INTRODUCTION
Toutes les fois que les hommes on pourrait dire d’une façon plus générale les êtres vivants se
trouvent réunis, ils commencent à « s’organiser », c’est à dire à mettre en place un certain ordre, une
structure, des procédures, des règles de vie en commun.
Chaque groupe d’hommes, et cela est plus particulièrement vrai dans le monde du travail, va ainsi
caractériser de façon spécifique son fonctionnement social.
L’histoire de l’Organisation –celle du Management*-se confond ainsi avec celle de l’homme.
Nous allons rapidement la parcourir ensemble en l’éclairant de diverses façons, au gré des inventions
ou innovations, découvrant que nous avons agi plus par sédimentation, ajouts d’expérience que par
véritables ruptures (celles là sont très rares) L’avenir s’est toujours construit à partir du passé avec son
lot de hasard, de nécessité et de volonté.
Des hommes de tout profil et de toute origine ont façonné les grands courants de la pensée
organisationnelle et les modèles qui se sont imposés dans la gestion des Institutions. Aux philosophes,
militaires, religieux, scientifiques, se sont ajoutés les entrepreneurs ou managers, les ingénieurs ou
consultants, les enseignants ou chercheurs, les politiques ou syndicalistes.
Tous ont, plus ou moins, été confrontés de façon caricaturale au dilemme classique :
- mettre en place une organisation pour atteindre les objectifs de l’entreprise
- définir une stratégie en fonction de ce que l’organisation peut réellement apporter.
*Nous utiliserons, par la suite, indifféremment le terme d’Organisation et de Management
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RETROSPECTIVE
L’organisation et le management pendant l’antiquité
Pendant la longue période de l’Antiquité, l’agriculture resta
prédominante : si l’industrie existe, elle est limitée à trois produits
principaux : les outils, les vêtements et la poterie. Il n’existe aucune
force motrice hors celle de l’homme employée en abondance et à bas
prix. Les mines et les grands chantiers relèvent d’entreprises d’Etat.
L’exemple de l’Egypte est éclairant : en Egypte, l’influence des crues du
Nil a favorisé très tôt l’émergence des terres cultivables et l’allocation de
l’eau nécessaire. L’un des traits fondamentaux de cette civilisation était
l’absolutisme étatique : le pharaon (et son administration) était le
fondement du système, avec une légitimité à la fois religieuse, politique
et économique.
L’administration gérait le territoire et les gouverneurs des nômes (les
districts), fonctionnaires à la fois judiciaires et administratifs,
défendaient les intérêts du pouvoir central. Depuis l’époque la plus
ancienne, l’administration a toujours été fortement centralisée et
hiérarchisée.
Ce schéma sera bouleversé pendant le Nouvel Empire qui remplacera les
gouverneurs et la vieille noblesse par un corps de fonctionnaires royaux.
Une importante armée royale est mise sur pied et son veloppement est
à l’origine d’une ingérence de plus en plus vive dans les affaires de
l’Etat. Le clergé suivit la même évolution.
Une des toutes premières écoles d’administration pour les fonctionnaires
sera créée avec, comme programme, l’apprentissage de l’écriture, des
principes et des lois régissant la nation. Tout fonctionnaire devait avoir
été élève de cette école dans laquelle il apprenait notamment, qu’en
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Egypte, tout devait être justifié par un écrit pour avoir une valeur légale
ou officielle.
L’ensemble des moyens de production était la propriété de l’Etat : si la
propriété individuelle n’était pas inconnue, la terre était au pharaon. A
certaines époques, le roi était, de plus, propriétaire de tous les métiers :
chacune des administrations possédait ses propres artisans et ses propres
ouvriers, répartis en équipes à la te desquelles se trouvait un chef. Ce
principe de forte hiérarchisation se traduisait par la production
périodique d’inventaires, de cadastres, de déclarations et de
recensements mettant en évidence une gestion financière élaborée
(comme on peut en juger en lisant les tablettes funéraires retrouvées) Il
en allait de même de la gestion des terres du clergé.
L’Egypte antique a eu un rôle majeur dans l’élaboration de la pensée
managériale dans la mesure elle a illustré, pour la première fois (dès
3000 ans avant Jésus-Christ), la trilogie « planification-organisation-
contrôle) dans une définition de fonction qui a fait la preuve de son
efficacité dans les grands travaux.
On a pu observer, par ailleurs, que, deux mille ans avant sus-Christ, le
roi Hammourabi(Babylone) a fait mention de la notion de salaire
minimum. Le concept de responsabilité-culpabilité était la règle (ainsi,
par exemple, on coupait la main du chirurgien maladroit)
Sous le règne de Nabuchodonosor, on utilisait des techniques de contrôle
de la production en échange de salaires variables et stimulants.
L’organisation et le management sous l’ère romaine.
La première royauté romaine fut construite sur les restes de l’Etrurie qui
avait développé une économie pastorale les entreprises domestiques
regroupaient, autour du père de famille, sa femme, ses enfants et
quelques esclaves.
L’expansion économique et militaire de Rome a totalement modifié le
schéma ancien de répartition des terres. Au départ, les nouvelles terres
conquises étaient distribuées aux vétérans, sous forme de colonies (du
latin colere, cultiver), ce qui répondait à la fois à des objectifs
stratégiques et à des intérêts alimentaires. Mais, rapidement, la
concentration des propriétés (en raison d’une distribution non équitable),
leur mode d’exploitation par une main d’oeuvre servile obtenue à bas
prix et la ruine des petits propriétaires ont favorisé le développement de
latifundia (vastes propriétés) qui deviendront l’un des traits
caractéristiques de la civilisation romaine.
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Souvent, les Romains vainqueurs se livrèrent à une exploitation brutale
des vaincus. L’immense patrimoine immobilier pris sur l’ennemi
devenait ager publicus, propriété de l’Etat. Celui-ci conservait
généralement les entreprises à valeur stratégique (les mines par exemple)
et les faisait exploiter en régie directe par des esclaves. Les terres de
culture étaient divisées selon deux modes de production :
les unes, les moins nombreuses, étaient données, en pleine propriété, à
titre individuel ou à titre de colonie à des Romains,
les autres, étaient donné en bail (contre redevances) à ceux qui
étaient, le plus souvent, les anciens propriétaires du sol.
La conquête militaire a ainsi totalement transformé leur condition
juridique de liberté en dépendance. Bien plus, Rome imposait parfois
aux pays conquis une réglementation économique à son profit exclusif :
par exemple, en Gaule narbonnaise, elle a longtemps interdit la culture
de la vigne et de l’olivier pour protéger la production romaine.
Ces schémas furent rompus quand l’empereur concentra tous les pouvoirs
entre ses mains, avec pour souci principal de trouver les moyens de gérer
efficacement l’immense empire qu’il cherchait à constituer. Sa puissance
militaire était renforcée par une puissante organisation administrative.
En raison de l’importance des communications, des corps spéciaux tels
que le service de la poste impériale furent créés. L’essor industriel reste
le fait le moins remarquable de cette civilisation. Même s’ils furent réels,
les progrès techniques restèrent faibles, préférant souvent employer des
esclaves plutôt que d’avoir recours à des innovations. Quand une
exploitation industrielle existe, elle est surtout de type artisanal et
fabrique des produits de bas de gamme destinés à l’exportation.
Deux siècles de pax romana en Gaule n’eurent pas pour conséquence de
créer la concentration agricole qu’on aurait pu imaginer : le nombre des
hameaux se développent plus que celui des villas-villages, un prolétariat
intérieur se constitue avec les paysans à la campagne et les esclaves dans
les villes. Un système de type féodal se met déjà en place, dissolvant
politique pour certains, usurpation de pouvoir pour d’autres.
On dispose pour suivre l’évolution de cette époque de nombreux
témoignages d’auteurs qui, parfois entrent dans le détail de la gestion :
ainsi Caton (200 ans avant Jésus-Christ) qui décrit avec précision les
fonctions d’agent de maîtrise.
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