Malformations tricuspidiennes chez le chat : Dysplasie tricuspidienne, maladie d’Ebstein et atrésie tricuspidienne Par le Docteur Jean Philippe CORLOUER Service de Médecine - Cardiologie, CHV FREGIS Des malformations congénitales d’une valve du cœur : la valve tricuspide La dysplasie tricuspidienne est un terme assez général qui regroupe plusieurs sortes de malformations de la valve tricuspide survenant au cours du développement de l’embryon. Ce sont donc des malformations cardiaques congénitales. On en distingue trois formes principales : la dysplasie tricuspidienne au sens strict, la maladie d’Ebstein et l’atrésie tricuspidienne. Dans la maladie d’Ebstein, en plus d’être malformée, la valve tricuspide est déplacée. Dans l’atrésie tricuspidienne, beaucoup plus rare, l’orifice valvulaire n’est pas perforé. Chez le chat, il semble que la fréquence des malformations de la valve tricuspide soit assez proche de celle du chien soit environ 5% des malformations congénitales du cœur. Origine des dysplasies tricuspidiennes chez le chat Chez le chat, aucune étude sur l’origine des malformations tricuspidiennes n’est à ce jour disponible. Dans cette espèce, la maladie d’Ebstein semble incertaine et les cas décrits sont généralement des dysplasies strictes. Il existe des degrés différents de malformation qui vont du simple épaississement de la valve jusqu’à des malformations complexes avec des adhérences aux parois Dysplasie tricuspidienne chez le chat. cardiaques, des implantations anormales, … Dans cet exemple, un feuillet valvulaire Ces malformations valvulaires sont généralement asso- est « soudé » à la paroi du ventricule ciées à une dilatation de l’oreillette droite, plus ou moins (flèche rouge), l’autre feuillet est mal importante et responsable dans les cas les plus marqués formé (flèche verte). L’oreillette droite de l’apparition de troubles du rythme cardiaque. Le (AD) et le ventricule droit (VD) sont dilatés. (AG : oreillette gauche ; VG : ventriventricule droit est dilaté et déformé. cule gauche). Chez le chat, selon les auteurs, la dysplasie tricuspidienne semble pouvoir être associée à diverses autres malformations cardiaques et notamment : communication interventriculaire, dysplasie mitrale, … Prédispositions raciales et sexuelle A ce jour, il n’a pas été mis en évidence de prédisposition raciale pour les malformations tricuspidiennes chez le chat, contrairement à ce qui est décrit chez le chien. Les chats mâles sont plus prédisposés que les femelles (environ 61% de mâles) Quand suspecter une dysplasie tricuspidienne ? Presque un chaton sur deux ne présente pas de symptôme au moment du diagnostic. Les symptômes sont la conséquence de l’installation d’une insuffisance cardiaque droite et/ou de l’apparition de troubles du rythme cardiaque. Selon le degré de gravité, les premiers symptômes peuvent n’apparaître que vers l’âge de un an. Lorsqu’ils existent, ils sont dominés par une intolérance à l’effort,une distension du ventre (ascite), un amaigrissement, des difficultés respiratoires et parfois des syncopes. C’est généralement l’auscultation du cœur, à l’occasion d’une visite pré-vaccinale, qui va permettre de suspecter une anomalie cardiaque : souffle, trouble du rythme, … Quels examens complémentaires faut-il faire ? La consultation de cardiologie va conduire à une suspicion. La confirmation et l’évaluation de la sévérité de la malformation font appel à différents examens en particulier : • un électrocardiogramme, destiné à dépister et identifier les troubles du rythme cardiaque • des radiographies du thorax dans différentes positions, pour identifier certaines déformations de la silhouette cardiaque et d’autres signes associés • une échocardiographie et un examen Doppler pour identifier les lésions valvulaires, en apprécier la gravité et les répercussions sur le fonctionnement du cœur. Quel est le pronostic d’une dysplasie tricuspidienne ? Le pronostic de la dysplasie tricuspidienne chez le chat dépend avant tout de l’importance des malformations et de leurs répercussions sur la fonction cardiaque. Lorsqu’elles sont peu importantes, les chats peuvent vivre dans de bonnes conditions et sans symptôme pendant plusieurs années. Dans les formes sévères, associées à des troubles du rythme cardiaque, … l’espérance de vie peut être inférieure à un an. Existe-t-il un traitement des dysplasies tricuspidiennes du chat ? Le traitement chirurgical, chez le chat, n’est guère envisageable pour des raisons à la fois techniques et économiques. Le traitement est donc essentiellement médical et fait appel à des médicaments qui ont pour but d’améliorer l’efficacité de la fonction cardiaque et de limiter les symptômes existants (ascite, troubles du rythme cardiaque, …) Références 1. CORLOUER JPh – Les cardiopathies - In : Rousselot JF, Corlouer JP et coll. - La cardiologie au quotidien – Guide pratique Vétoquinol – 2010, 156 p 2. CORLOUER JPh – Diagnostic des cardiopathies congénitales : toujours plus précis ? – AFVAC, Strasbourg, 28-30 novembre 2008 Les points importants La dysplasie tricuspidienne est une malformation congénitale d’une valve cardiaque : la valve tricuspide Il existe plusieurs formes de dysplasie tricuspidienne, avec des degrés de gravité variable Beaucoup de chats ne présentent pas de symptôme au moment du diagnostic. L’auscultation attentive du jeune chaton est donc essentielle Le pronostic dépend essentiellement de l’apparition d’une insuffisance cardiaque droite ou d’un trouble du rythme