Comme nous l’avions observé au § 1.2, une chaine ultime d’un ensemble
inductif a nécessairement un plus grand élément, qui est maximal dans X.
Par conséquent, la démonstration du lemme de Zorn se ramène à celle du
2.0.2 Lemme. Tout ensemble ordonné Xadmet une chaine ultime.
Démonstration. Pour toute chaine continuable C⊂X, choisissons une fois
pour toutes un majorant strict de C, que nous notons m(C). Nous introduisons
à nouveau un peu de vocabulaire personnel :
2.0.3 Définition.
1. Pour C⊂Xune chaine, on dit qu’un sous-ensemble strict I⊂Cen
est un début si tous les éléments de CrIsont supérieurs à tous les
éléments de I. Si en outre I6=C, ce début est dit strict.
2. Une chaine C⊂Xest dite bonne quand, pour tout début strict Ide C,
m(I)appartient à Cet est le plus petit élément de CrI.
Nous allons montrer maintenant que si C1et C2sont deux bonnes chaines
de X, alors l’une est un début de l’autre. Considérons les x∈C1∩C2tels
que {y∈C1∪C2;y < x} ⊂ C1∩C2; notons C∗l’ensemble qu’ils forment. La
définition de C∗assure qu’il s’agit d’un début à la fois des chaines C1et C2; par
conséquent, si C∗coïncide avec C1ou C2, la chaine en question est un début
de l’autre. Il ne reste alors plus qu’à montrer qu’il est impossible que C∗soit
distinct à la fois de C1et C2. En effet, dans un tel cas C∗serait un début strict
de C1et de C2, et donc, puisque ces chaines sont bonnes, m(C∗)serait dans
chacune des Ci, et serait le plus petit élément de chaque CirC∗. Mais alors,
en revenant à la définition de C∗, on pourrait en déduire que m(C∗)∈C∗, une
contradiction.
Considérons alors l’ensemble ¯
C⊂Xdéfini comme la réunion de toutes les
bonnes chaines de X, i.e. ¯
Cest l’ensemble des points de Xqui appartiennent
à une bonne chaine au moins. Comme, de deux bonnes chaines, l’une est le
début de l’autre, on en déduit que ¯
Cest une chaine (2). Montrons que la chaine
¯
Cest bonne. Soit Iun début strict de ¯
C. Soit j∈¯
CrI; par définition de ¯
C,
il existe une bonne chaine de Xcontenant j: considérons une telle chaine J.
On observe alors que I J: en effet, pour tout h∈I, on sait que happartient
à au moins une bonne chaine H; et comme Het Jsont deux bonnes chaines,
l’une est le début de l’autre, et donc dans tous les cas h∈J(3). Puisque I J,
que Iest un début de ¯
C, et que J⊂¯
C(par définition de ¯
C), on voit que I
est un début strict de J; et puisque Jest une bonne chaine, il s’ensuit que
m(I)∈J⊂¯
C, ce qui prouve bien que la chaine ¯
Cest bonne.
(2). Je détaille l’argument : soient x, y ∈¯
C.x, resp. y, appartient au moins à une bonne
chaine Cx, resp. Cy. Mais une de ces deux bonnes chaines est un début de l’autre — disons
pour fixer les idées que Cxest une début de Cy—, de sorte que xet ysont deux éléments de
la même chaine Cy, et sont donc comparables.
(3). Ici on utilise que h < j ∈J.
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