
Éthique
LAENNEC N°3/2014
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Pennec S, Monnier A, Pontone S,
Aubry R “End-of-life medical
decisions in France: a death
certificate follow-up survey
5 years after the 2005 act of
parliament on patients’ rights
and end of life”, BMC Palliative
care, 2012; 11: 25.
Reconnaître l’importance du respect des souhaits du patient
La capacité d’anticipation vis-à-vis de la fin de vie n’est pas
une pure création juridique déconnectée des réalités hu-
maines. De nombreux patients, se sachant atteints d’une
maladie grave, incurable et mortelle à plus moins brève
échéance, adoptent des comportements particuliers leur
permettant de faire face à la fin de leur vie. Certains pren-
nent des dispositions personnelles, prévoient l’organisation
de leurs obsèques. D’autres désirent transmettre à leurs
proches des recommandations ou des souvenirs. D’autres
encore se proposent de réaliser un projet personnel qui leur
tient à cœur…
Le législateur a transposé cette capacité à prendre des dis-
positions ou à exprimer des volontés de nature privée et
intime dans le cadre médical. De fait, la question de la
volonté du patient est un élément central du processus dé-
cisionnel dans un modèle de relation médecin-malade où le
paternalisme n’est plus la référence. Mais cette place plus
grande attribuée au principe d’autonomie induit naturel-
lement la question du respect de la volonté du patient
lorsque celui-ci ne peut plus communiquer. Un autre
champ s’ouvre alors : celui de la volonté par anticipation
qui met en jeu la capacité d’une personne à énoncer – pour
une situation future plus ou moins connue – des volontés,
voire des décisions sur telle ou telle option thérapeutique
en situation de fin de vie.
Souligner l’impact des décisions de limitations de traitement
dans le processus de fin de vie
Selon une étude publiée dans BMC Palliative care (4), la fin
de vie est prévisible en France pour 83 % des patients ; 82 %
d’entre eux auront à prendre des décisions relatives à leur
santé : poursuite ou arrêt de traitements curatifs, traite-
ments de support (alimentation artificielle, transfusion san-
guine…), transfert en réanimation, moyens de soulagement
de la souffrance, lieu de soin. La médecine permet aujour-
d’hui à de nombreux patients atteints de maladies chro-
niques, graves et mortelles, de connaître une espérance de
vie prolongée grâce à divers traitement spécifiques ou de
support – ni futiles ni disproportionnés. La qualité de vie
ainsi obtenue est très variable mais le patient en est seul