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I/ CHAGALL ET LA BIBLE
1/Présentation de l’exposition
Le Musée d’art et d’histoire du Judaïsme présente, du 2 mars au 5 juin 2011, une exposition
intitulée « Chagall et la Bible ». Depuis la magnifique série de gouaches réalisée par l’artiste à son
retour d’un voyage effectué en 1931 dans la Palestine sous mandat britannique, en passant par les
différents états de gravure où le motif se précise, jusqu’aux gravures définitives rehaussées à la main,
c’est le processus de création des illustrations de Marc Chagall pour la Bible, de 1930 à 1956, qu’il
s’agit de retracer.
La présentation des œuvres met en évidence la prééminence du texte biblique dans
l’imaginaire de l’artiste, l’empreinte du texte hébraïque dans ses souvenirs au travers notamment des
symboles essentiels du judaïsme, ainsi que la volonté de Chagall de faire passer à travers les grandes
œuvres bibliques un message universel de paix et d’amour.
Avec une absolue liberté, le peintre aborde, tisse et croise lectures juives et chrétiennes : apôtre
du dialogue judéo-chrétien, Chagall reprend la figure d’un Jésus juif et intègre références juives et
chrétiennes aux programmes artistiques destinés à des lieux de culte catholiques et protestants. Les
sections « Interpréter la Bible » et « La Bible en Lumière » rappellent que, inlassablement, Chagall
creuse son sillon avec un langage qui prend naissance dans le judaïsme mais regarde vers le
christianisme dans l’espoir de ramener ce dernier à ses sources. L’artiste se voit tel un prophète, un
voyant, un ange peintre.
Cette exposition est réalisée grâce à un partenariat exceptionnel avec le Musée national Marc
Chagall de Nice.
2/ Déroulé de l’exposition
Illustrer la Bible : A la demande d’Ambroise Vollard, marchand d’art et éditeur de livres d’artistes,
Marc Chagall s’attèle en 1931 à la réalisation d’une centaine d’eaux-fortes pour illustrer la Bible.
L’artiste peint quarante gouaches préparatoires destinées aux livres de la Genèse et de l’Exode en
1930 et 1931, et commence sa suite gravée en 1931. Il achève ce travail avec l’éditeur Tériade en
1956. Tirée à 275 exemplaires, cette édition comprend 105 planches gravées à l’eau-forte et à la
pointe sèche, réparties en deux volumes. Cent exemplaires supplémentaires sont rehaussés à la main
par l’artiste. La suite de gravures rehaussées à la gouache montrée dans l’exposition est celle que
Chagall a dédicacée à sa seconde épouse, Valentine Brodsky.
Sur les traces des ancêtres : Chagall, à peine la commande de Vollard confirmée, entreprend un
voyage dans la Palestine sous mandat britannique en 1931. Fasciné par les lieux bibliques, l’artiste
y réalise un ensemble de peintures, qu’il appellera plus tard des « notes ». Il retient de la production
des artistes de l’école d’art de Bezalel* (à Jérusalem), la massivité et le dépouillement des silhouettes,
inspirées des Bédouins, pour élaborer un nouveau type de figures bibliques.
Interpréter la Bible : avec les compositions bibliques, réalisées dès le début des années 1940,
l’artiste se pose non plus en illustrateur du texte sacré – comme ce fut le cas dans les eaux-fortes –,
mais en interprète. Il mêle et tisse souvenirs d’enfances et évènements contemporains, légendes yiddish
et références bibliques. Il présente ainsi la Bible comme une grille de lecture possible pour le temps
présent, en s’accordant le statut de voyant, d’ange, de prophète.
La Bible en Lumière Dans les années 1950 et jusqu’à la fin de sa vie, Chagall reçoit des commandes
diverses pour des décorations et des vitraux de lieux de culte catholiques, protestants ou juif. Avec
la conviction qu’en tant qu’artiste il peut et doit délivrer un message de paix entre les nations et entre
les religions, il vogue à l’aise, libre de chaines, entre les croyances et les religions.