QU'ESTCE
QU'UN ÉTANG ?
Un milieu en équilibre fragile
Souvent d’origine anthropique, c’est un système
complexe et fragile, situé à l’interface des milieux
aquatique et terrestre. L’étang est une phase intermé-
diaire entre une zone en eau et une forêt, son évolution
naturelle tendant systématiquement à l’atterrissement
(à plus ou moins long terme, cela peut prendre des
siècles ou quelques dizaines années !).
Les étangs, comme toutes les zones humides, sont en
régression non seulement à cause de leur dynamique
naturelle d’évolution mais aussi (le plus souvent) à cause
de leur abandon ou leur assèchement volontaire.
Une définition aux contours
fluctuants
Selon les scientifiques et les domaines de compétences,
les critères varient. Pour certains ce sera la surface, pour
d’autres la profondeur ou le caractère imperméable
du fond. D’autres réduisent les étangs aux seuls plans
d’eau d’origine anthropique et au fait qu’ils soient vidan-
geables, ce qui est certes courant mais pas exclusif.
Les définitions que l’on trouve dans les dictionnaires de
langue française vont d’ailleurs dans ce sens. En effet,
le mot "étang" provient du vieux Français "estanc" et
"estanchier" ce dernier signifiant étancher, arrêter l’eau.
Cette définition réduirait donc l’utilisation du terme aux
plans d’eau "barrés" artificiellement par une digue ou
une surélévation des bords, ou surcreusement d’une
dépression naturelle ou drainage d’une région maréca-
geuse…
Source : L. Touchart et al., Géographie de l’étang
(éditions l’Harmattan, 2007)
Après en avoir listé plusieurs, B. Oertli* propose une
définition qui s’appuie sur la seule caractéristique que
l’on retrouve dans toutes les descriptions : "Les mares et
les étangs sont [donc] des pièces d’eau pour lesquelles la
zone aphotique* profonde, typique des lacs, fait défaut.
Cette caractéristique permet aux plantes aquatiques de,
potentiellement, coloniser toute la surface des fonds."
Source : "Mares et étangs, écologie, gestion, aménagement et
valorisation", Presses Polytechniques et Universitaires Romandes
(sous la direction de B. Oertli et P.-A. Frossard), 2013
Dans cet ouvrage, nous ne tiendrons pas compte :
de l’origine, qu’elle soit anthropique ou naturelle ;
du caractère vidangeable qui exclurait bon nombre
d’étangs "modernes".
CARACTÉRISTIQUES,
USAGES ET FONCTIONNEMENT
Le lac de Petétoz (Alpes du
Léman) est en fait un étang de
faible profondeur qui se comble
rapidement. Complètement gelé
en hiver, il abrite néanmoins une
faune diversifiée (amphibiens,
odonates). C’est une destination
de randonnée très prisée l’été.
Anthropique, ce n’est pas systématique !
Si les plus nombreux sont effectivement ceux qui ont
été créés de la main de l’homme, on peut s’interroger
sur le fait qu’un étang datant du XIIe siècle soit encore
considéré comme un plan d’eau artificiel. En effet, celui-ci
a pu évoluer "naturellement" pendant des siècles, offrant
à nos yeux une juxtaposition d’habitats eux-mêmes en
constante évolution en fonction du climat, du régime
hydrique, de la géologie, etc.
Quand la toponymie s’emmêle…
Dans certaines régions, il existe d’autres confusions issues
de la toponymie ou d’usages locaux :
les "mares de huttes" (utilisées pour la chasse au gibier
d’eau), dans le nord de la France, peuvent faire plusieurs
hectares et sont, de fait, des étangs et non des mares !
les étangs des Pyrénées ariégeoises sont couramment
des lacs profonds, naturels (origine glaciaire) ou artificiels
(barrages d’altitude, exemple : l’étang d’Izourt), dont
l’existence remonte parfois à la nuit des
temps comme le prouve la toponymie
locale (Estanys, Estagnous, etc.) ;
Notons aussi l'exemple de l'étang
Saint-Louis, dans le sud de la Drôme, que
l'atterrissement naturel a depuis
longtemps transformé en marais !
* Zone aphotique : dans laquelle la lumière ne pénètre plus et où la photosynthèse ne peut donc se réaliser.
© R. Rousset - Tikopia
© R. Rousset - Tikopia
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