Observer et manipuler à l’aide de faisceaux lumineux focalisés 1 Observer et manipuler à l’aide de faisceaux lumineux focalisés Nano-Optique du solide, Editeur Bernard Jacquier, Traité EGEM, série Microsystèmes, p219 - Lavoisier (2012) ISBN 978-2-7462-1980-9 Hervé RIGNEAULT et Serge MONNERET, équipe MOSAIC, Institut Fresnel UMR CNRS 6133, Marseille 7.1. Introduction Observer à l’aide de la lumière : voilà une idée qui peut paraître bien banale lorsqu’il s’agit d’une scène ou d’un objet macroscopique. Mais quand il s’agit de comprendre les rouages de la vie à des échelles microscopiques, l’approche devient particulièrement pertinente. En effet qui pourrait être moins invasif que la lumière pour observer le fonctionnement intime d’une cellule sans la perturber ? Outre cette innocuité, la lumière offre de plus les possibilités tout aussi essentielles de (1) générer des mécanismes de contraste variés, dont certains peuvent même être spécifiques aux molécules ciblées et (2) offrir une résolution micrométrique voire nanométrique dans certaines conditions. Manipuler à l’aide de la lumière : l’idée est cette fois ci nettement moins banale bien que certains appareils historiques tel le radiomètre de Crookes 1 fonctionnent à partir de forces optiques. Il est en effet possible d’utiliser les photons pour générer des forces capables de faire bouger, sous certaines conditions, des objets macroscopiques. Au niveau microscopique, ces conditions sont beaucoup plus 1 Le radiomètre de Crookes est un exemple où la lumière est capable de faire tourner une roue de pales réfléchissantes d’un côté et absorbantes de l’autre. Son fonctionnement s’opère sous vide et met en jeu de façon non triviale la pression de radiation qui est dissymétrique sur les bords des pales entre les faces réfléchissantes et absorbantes. (voir A.E. Woodruff, ‘The radiometer and how it does not work’, The Physics Teacher 6(4) 358-63 (1968)). 2 Nano-optique souples, et nous verrons qu’il est possible de manipuler des objets nano ou micrométriques relativement facilement. En particulier, les techniques de manipulation optique commencent à prendre place de façon courante dans les laboratoires de biologie, pour contrôler directement la position de cellules vivantes individuelles, ou encore des microbilles de silice ou de polystyrène éventuellement recouvertes de molécules biologiques capable d’activer des réponses cellulaires. Dans tous les cas, ‘observer’ et ‘manipuler’ à des échelles micrométriques nécessite de confiner la lumière spatialement. L’objet le plus simple permettant cela est la lentille optique, spécialement destinée à transformer un faisceau parallèle en un faisceau focalisé. En pratique, parce que l’on travaille dans un large domaine spectral et/ou à l’intérieur d’un champ de vue étendu, on préfèrera utiliser un objectif de microscope pour focaliser les faisceaux laser. Ces objectifs, au prix d’une complexité de fabrication certaine, offrent en effet la possibilité de focaliser ces faisceaux à la limite théorique de diffraction (une notion précisée dans les paragraphes suivants), car ils sont généralement exempts d’aberrations optiques. Ce chapitre a pour vocation première de traiter en détails des propriétés fondamentales des faisceaux laser focalisés. Si l’optique géométrique peut déjà donner une description simpliste de ces propriétés en termes de rayons convergents, nous montrerons que c’est bien l’optique ondulatoire qui révèle toute la richesse de ces champs optiques confinés spatialement. Un tel confinement sera recherché soit pour limiter le volume d’excitation dans un échantillon et ainsi atteindre des résolutions intéressantes (cas typique de la microscopie confocale de fluorescence), soit pour augmenter la densité locale de photons et ainsi favoriser certains phénomènes comme les interactions non linéaires ou les forces optiques. Bien que fortement concentré sur ces aspects fondamentaux, ce chapitre a aussi pour but de s’attarder sur certains systèmes et méthodes optiques particulièrement utilisés en sciences du vivant et basés sur le confinement local de faisceaux laser. En particulier, nous présenterons la microscopie de fluorescence, puis quelques techniques d’ultra-résolution, ainsi que les principales techniques actuelles de micromanipulation appliquées à la biologie. Nous conseillons au lecteur intéressé par l’ensemble des applications des faisceaux focalisés à la biologie de se reporter à des ouvrages plus spécialisés (Pawley 1995; Alberts, Johnson et al. 2002). Ce chapitre est décomposé en deux parties. La première traite des champs optiques focalisés par des systèmes optiques utilisés en microscopie. On s’attache également à présenter comment se construisent les images en microscopie de fluorescence et comment des techniques récentes permettent de dépasser le critère de Rayleigh et d’accéder à une ultra-résolution optique. La deuxième partie traite des forces optiques générées par des faisceaux focalisés, utilisées pour manipuler des microparticules. Observer et manipuler à l’aide de faisceaux lumineux focalisés 3 7.2. Description d’un champ optique focalisé 7.2.1. Montage optique de base - notion de PSF (« Point Spread Function ») Le montage optique auquel nous nous réfèrerons tout au long de ce chapitre est présenté sur la figure 7.1 ; il s’agit du montage de base d’un microscope fonctionnant en régime de faisceau focalisé. Le faisceau incident, généré par un laser, provient d’un point S (source) 1. Il est ensuite rendu parallèle par la lentille LF puis envoyé sur la pupille d’entrée d’un objectif de microscope à l’aide d’un miroir dichroïque MD. Le faisceau est alors focalisé sur l’échantillon au point E par l’objectif. Le signal lumineux émis par l’échantillon (par exemple par diffusion, ou par émission de fluorescence) est collecté par l’objectif puis focalisé à l’aide d’une lentille de tube LT sur un détecteur 2 au point D (détection). L’objectif de microscope est constitué d’un assemblage complexe de lentilles et se caractérise essentiellement par son grandissement 3 G et son ouverture numérique ON. Cette dernière est donnée par ON = n sin θ max où θmax est l’angle maximal que peut prendre un rayon allant vers E (lors de l’excitation) ou provenant de E (lors de la collection) tout en passant par l’objectif (voir figure 7.1) ; n est l’indice du milieu dans lequel est plongé l’objectif. Les points S et D sont alors conjugués du point E respectivement par les systèmes optiques (LF, Obj) et (LT,Obj). L’axe des z est défini suivant l’axe optique du système. Les distances qui séparent les points géométriques considérés (S, D et E) des éléments d’optiques (LF, LT et Obj) sont grandes devant la longueur d’onde. En conséquence, seules des ouvertures angulaires limitées provenant des points E et S pourront être collectées. Nous allons voir que cette limitation est à l’origine de la structure spatiale non ponctuelle du faisceau focalisé en E ainsi que du pouvoir de résolution fini accessible en D. Plus précisément, la source ponctuelle placée en S sera imagée en une tache en E dont la distribution spatiale d’intensité est appelée PSF d’excitation, notée PSFexcit. De la même façon un point émetteur placé en D sera imagé autour de E avec une 1 Expérimentalement ce point peut être l’extrémité d’une fibre monomode, ou un point de focalisation du faisceau obtenu par une lentille placée en amont. 2 On utilise généralement des détecteurs non imageurs de grande sensibilité comme des photomultiplicateurs ou des photodiodes à avalanche. 3 Les objectifs modernes, corrigés des aberrations à l’infini, indiquent un grandissement lorsqu’ils sont couplés avec une lentille de tube dont la focale dépend du constructeur (Leica : 200 mm ; Nikon : 200 mm ; Olympus : 180 mm ; Zeiss : 160 mm). 4 Nano-optique distribution d’intensité appelée PSF de collection, notée PSFcoll(xE,yE). Nous allons décrire dans les paragraphes suivant les structures de ces deux PSF 1. Détecteur D (xD,yD,zD) Trou éventuel (cas de la microscopie confocale) LT Faisceau excitateur LF Signal généré (Fluorescence,….) S (xS,yS,zS) MD Obj xG Echantillon (cellule,…) 2θmax E (xE,yE,zE=0) 0 z Figure 7.1. Schéma optique du montage considéré dans ce chapitre La PSF totale du système prenant en compte à la fois l’excitation et la collection est notée PSFtot (xE,yE) ; elle est égale, dans le cas d’un processus incohérent 2, au produit des PSF d’excitation et de collection : PSFtot (xE,yE)= PSFexcit (xE,yE). PSFcoll(xE,yE). [7.1] 7.2.2. La PSF d’excitation Nous allons décrire ici la structure de la PSF d’excitation au point E, qui concerne essentiellement les caractéristiques du faisceau laser incident sur le système. Par souci de simplicité nous nous limitons ici à l’approximation paraxiale qui considère que les rayons constituant le faisceau s’écartent peu de l’axe optique. Dans ce cas le vecteur d’onde k=(kx,ky,kz) de chacune des ondes planes associées à ces rayons est presque parallèle à l’axe z et les vecteurs d’onde transverses (kx,ky) sont petits devant k = k de telle sorte que 3 : 1 On comprend maintenant la terminologie ‘Point Spread Function’ qui signifie ‘Fonction d’Etalement du Point’. 2 C’est le cas du contraste de fluorescence par exemple. Pour les processus cohérents cette simple multiplication n’est plus valable. 3 L’équation [7.2] constitue l’approximation paraxiale Observer et manipuler à l’aide de faisceaux lumineux focalisés k z = k 1 − ( k x 2 + k y 2 ) / k 2 ≈ k − ( k x 2 + k y 2 ) / 2k . 5 [7.2] Expression du champ gaussien Considérons en S un faisceau gaussien focalisé polarisé linéairement dont la distribution spatiale de champ électrique est donnée par : E( xS , yS , zS ) = E0 e − xS 2 + yS 2 ωS 2 , [7.3] où E0 est un champ vectoriel constant et ωS est le waist du faisceau focalisé en S. Ce faisceau est imagé 1 par le système optique (LF, Obj) pour donner en E un faisceau focalisé de waist ω0= ωS /G. La distribution en ondes planes du champ est donnée par sa transformée de Fourier spatiale. Ainsi, au point E choisi comme origine des z : xE 2 + y E 2 +∞ − ω0 2 − ( kx2 + k y 2 ) 1 − i ( k x xE + k y y E ) ω02 ˆ (k , k , 0) = = E E e e dx dy E e 0 0 x y E E ∫ 4π 2 ∫ −∞ 4π ω02 4 [7.4] Pour avoir le champ au voisinage de E pour z ≠ 0 , il suffit de faire se propager chacune des ondes planes suivant z Eˆ (k x , k y , z ) = Eˆ (k x , k y , 0)eikz z , [7.5] de telle sorte que 2 E( x E , y E , z ) = ∫ +∞ ∫ Eˆ (k , k x y , 0)e ( i k x xE + k y y E + k z z ) dk x dk y . [7.6] −∞ En injectant [7.4] dans [7.6] et en remplaçant kz par son approximation paraxiale [7.2] nous obtenons 1 Dans notre approximation paraxiale toutes les fréquences spatiales (kx,ky) présentes en z=zE sont collectées par le système optique (LF,Obj) pour former l’image de E en S. 2 Cette expression [7.6] n’est autre que la familière décomposition angulaire d’un champ sur les fréquences spatiales (kx,ky) 6 Nano-optique +∞ −(k ω E( xE , yE , z ) = E0 0 eikz ∫ ∫ e 4π −∞ 2 x + k y 2 )( ω02 4 + iz ) 2 k i ( k x xE + k y y E ) e dk x dk y . [7.7] Expression qui s’intègre 1 pour donner l’expression paraxiale d’un faisceau gaussien E( xE , y E , z ) = Ε0 e e (1 + 2iz / kω0 2 )1/ 2 ikz − ( xE 2 + y E 2 ) ω02 (1+ 2 iz / kω02 ) , [7.8] qui prend une forme plus familière ω − Ε( ρ , z ) = E 0 0 e ω ω ( z) ρ2 2 2 ( z ) i kz −η ( z ) + k ρ / 2 R ( z ) e , [7.9] avec le nouveau jeu de paramètres 2 ρ= xE 2 + y E 2 z0 = Coordonnée transverse kω0 2 2 Distance de Rayleigh ω= ( z ) ω0 1 + z 2 / z0 2 Rayon du faisceau R( z= ) z (1 + z0 2 / z 2 ) Rayon de courbure du front d’onde η ( z ) = arctan z / z0 Correction de phase La dimension transverse du faisceau est généralement définie par la valeur de ρ pour laquelle la valeur du champ a diminué d’un facteur 1/e. On peut montrer que la surface définie par E ( ρ , z ) / E (0, z ) = 1/ e est une hyperboloïde bien approximée pour les grands z par le cône de demi-angle au sommet θ = 2 / kω0 . Ainsi l’ouverture numérique est-elle simplement = ON n= sin θ 2n / kω0 . 1 L’expression [7.7] s’intègre à l’aide des expressions : +∞ ∫ exp(−ax −∞ 2 + ibx = )dx π / a exp(−b 2 / 4a) et +∞ ∫ x exp(−ax −∞ 2 + ibx = )dx ib π exp(−b 2 / 4a ) /(2a 3/ 2 ) Observer et manipuler à l’aide de faisceaux lumineux focalisés 7 Le faisceau gaussien présente encore deux propriétés intéressantes. Tout d’abord il reste plus ou moins collimaté sur une distance 2z0. En z=z0 (appelé distance de Rayleigh), ω ( z0 ) = 2ω0 . De plus si le faisceau gaussien est en phase avec une onde plane en z = −∞ , il est en opposition de phase avec cette même onde plane en z = +∞ . En effet η ( z = +∞) − η ( z = −∞) = π ; ce saut de phase, appelé le saut de phase de Gouy, a des conséquences importantes en microscopie non linéaire (Muller, Squier et al. 1998). La figure 7.2 illustre les principales caractéristiques d’un faisceau gaussien. |E| ρ 1/e ρ z ω(z) θ=2/(kω0) 2z0 Figure 7.2 : Illustration des caractéristiques principales d’un faisceau Gaussien paraxial. Champ longitudinal dans la région focale Afin d’évaluer la composante longitudinale associée à un faisceau gaussien nous appliquons la condition de divergence ∇.E = 0 au champ gaussien polarisé suivant x. ∂ Ez = − ∫ Ex dz ∂ x [7.10] En utilisant l’équation [7.7] nous obtenons ( x2 + y 2 ) − 2 2x keikz ω0 (1+ 2 iz / kω02 ) Ez ( x, y, z ) = −i e dz , 2 ∫ 2 2 kω0 z (1 + 2iz / kω0 ) [7.11] où nous avons omis l’indice E. L’équation [7.11] peut s’intégrer en z=0 pour donner Ez ( x, y, 0) = −i 2x Ex ( x, y, 0) . kω0 2 [7.12] 8 Nano-optique Cette dernière équation indique que le champ longitudinal est déphasé de π/2 par rapport au champ transverse et qu’il est nul sur l’axe optique (en x=0) ; par ailleurs son amplitude est d’autant plus forte que le champ est focalisé (ω0 petit). La figure 7.3 présente des cartographies du module au carré de Ex et Ez pour un champ focalisé par un objectif de microscope d’ouverture numérique ON=1.2 travaillant dans l’eau (indice 1.33). Figure 7.3. Cartographies spatiales des champs Ex et Ez pour un objectif d’ouverture numérique ON=1.2 travaillant dans l’eau (waist ω0=0.3µm) PSF d’excitation Dans le paragraphe 7.2.1 nous avons défini la PSF d’excitation comme la répartition d’intensité en E d’un point source placé en S. Il s’agit en fait du cas du contraste de fluorescence à 1 photon où les fluorophores situés en E sont activés suivant l’intensité du champ d’excitation. Dans ce cas Fluorescence à 1 photon : PSFexcit = (ρ , z) E= (ρ , z) I (ρ , z) 2 De façon plus générale, on place dans la PSF d’excitation (1) le mécanisme capable de générer des émetteurs et (2) comment le système optique va générer spatialement ces émetteurs en E. Ainsi suivant le mécanisme de contraste considéré, la PSF d’excitation va dépendre différemment de E( ρ , z ) . Dans le cas de la fluorescence 2 photons qui dépend du carré de l’intensité locale du champ excitateur I ( ρ , z ) 2 : Fluorescence à 2 photons : PSFexcit (ρ , z) = (ρ , z) E= I 2 (ρ , z) 4 Observer et manipuler à l’aide de faisceaux lumineux focalisés 9 Dans le cas des effets non linéaires comme la génération du second harmonique ou du troisième harmonique nous avons : Second harmonique (SHG) : PSFexcit ( ρ , z ) = E( ρ , z ) 2 Troisième harmonique (THG) 1 : PSFexcit ( ρ , z ) = E( ρ , z )3 Un traitement plus rigoureux Comme nous l’avons vu, la formule [7.9] utilise l’approximation paraxiale qui considère des faisceaux peu ouverts autour de l’axe optique. Dans un objectif de microscope de forte ouverture numérique on peut s’interroger sur la validité de cette approche. En fait il est assez surprenant de constater que le traitement paraxial donne des résultats très bons même dans un régime de forte focalisation. Il est cependant possible de traiter rigoureusement le problème de la focalisation par un système aplanétique. Un tel traitement donne accès à des détails fins du champ vectoriel au voisinage du point focal. Le lecteur intéressé trouvera les détails d’une telle analyse dans les articles (Richards and Wolf 1959; Wolf 1959; Novotny and Hecht 2006). 7.2.3. La PSF de collection Le traitement de la PSF de collection, liée à la lumière « émise » par l’échantillon, est de nature similaire à celui de la PSF d’excitation. Le problème à traiter est celui de la formation de l’image en D d’un point source placé en E (voir figure 7.1) 2. Ce point source présente, par nature, un spectre angulaire très large 3. Comme dans le cas de la PSF d’excitation, nous pouvons suivre une approche dans le cadre de l’approximation paraxiale qui a le mérite de conduire à des équations analytiques. Il existe également une description rigoureuse utilisant la théorie de la focalisation par des systèmes aplanétiques. Approche heuristique 1 Il faudrait en toute rigueur écrire le produit tensoriel E:E à la place de E2 pour le SHG et E:E:E à la place de E3 pour le THG. 2 Ce point source peut être une molécule fluorescente, un diffuseur ou tout autre élément émetteur dont la dimension est très inférieure à la longueur d’onde. 3 On peut s’en persuader à l’aide de la formule [7.6] : si E(x,y,0)=δ(x,y,0) alors sa transformée de Fourier est à support non borné. 10 Nano-optique Une source ponctuelle idéale placée en E comporte toutes les fréquences ˆ (k , k , 0) ≠ 0 quels que soient kx et ky (voir Eq. spatiales ; ainsi rigoureusement E x y [7.6]). Le système optique (Obj ,LT) étant loin 1 de E, toutes les informations contenues dans les ondes évanescentes pour lesquelles k x 2 + k y 2 > k 2 seront k 2 < n 2 k0 2 sin 2 θ max (avec k0 = ω / c ) seront collectées par l’objectif d’ouverture numérique ON = n sin θ max et participeront à la formation de l’image de E au point D. Ces basses fréquences reconstruiront une tache dont la dimension latérale sera donnée par ∆x ≈ 1/ ( nk0 sin θ max / G ) =Gλ / ( 2π ON ) . Cette dernière équation est perdues. Seules les fréquences spatiales vérifiant approximative mais elle montre simplement l’origine de l’extension spatiale de la PSF de collection. Approche rigoureuse et approximation paraxiale Le traitement rigoureux de la PSF de collection (notée PSFcoll ) utilise, comme pour la description d’un champ très focalisé, la théorie de la focalisation par des systèmes aplanétiques et on en trouvera une bonne description dans les articles (Sheppard and Wilson 1982; Enderlein 2000). Il s’agit de traiter comment un dipôle vectoriel µ, placé en E, est imagé en D (figure 7.4). L’exposé détaillé de ce problème sort du cadre de ce chapitre. Néanmoins nous allons donner ici les expressions dans l’approximation paraxiale pour discuter leur sens physique (Novotny and Hecht 2006). Obj LT n xE xD n’ f f’ D µ E ∆x 0 z Figure 7.4. La PSF de collection est définie comme l’image en D d’un point source placé en E. Pour un dipôle orienté suivant l’axe x en E ( μ = µ x x ), c'est-à-dire perpendiculaire à l’axe optique, on peut arriver à une expression analytique du module du champ 1 On veut dire ici à une distance bien plus grande que la longueur d’onde Observer et manipuler à l’aide de faisceaux lumineux focalisés 11 électrique au carré 1 en D si on fait l’approximation d’une ouverture numérique faible et d’une courte focale pour l’objectif de collection ( ON 1 et f f ' ) 2. Les focales de Obj et LT sont respectivement f et f’. Suivant l’axe x on obtient la PSFcoll ( ρ , 0) transverse: µ x 2 ON 4 J1 2π ON ρ / ( Gλ ) PSFcoll ( ρ , 0) E = = ( xD , yD , 0) 2 ε 0 2 nn ' λ 6 G 2 2π ON ρ / ( Gλ ) 2 π4 2 [7.13] où l’origine des z est prise en D, n et n’ sont respectivement les indices dans le plan objet et image, λ la longueur d’onde d’émission du dipôle, G = (nf ') /(n ' f ) le 2 grandissement du système, ρ la coordonnée transverse ( ρ= xD 2 + yD 2 ). La fonction du type ( J1 ( x ) / x ) 2 décrit la forme suivant x de la tache image de S et est connue sous le nom de tache d’Airy 3. La demi-largeur de cette fonction, définie par rapport à la valeur de x où elle s’annule est donnée par ∆x =0.6098 Gλ ON [7.14] Suivant l’axe z on peut également évaluer la PSFcoll (0, z ) avec l’approximation paraxiale ( ON 1 et f f ' ). 2 2 µ x 2 ON 4 sin (π ON z /(2n ' G λ ) ) = E = PSF z z (0, ) (0, 0, ) coll ε 0 2 nn ' λ 6 G 2 (π ON 2 z /(2n ' G 2 λ ) ) 2 π4 2 [7.15] La dépendance axiale est cette fois ci du type ( sin ( x ) / x ) et la demi-largeur de 2 cette fonction, définie par rapport à la valeur de z où elle s’annule, est connue sous le nom de profondeur de champ. Elle est donnée par : 1 On choisit |E|2 car c’est généralement cette quantité qui est détectée. Cette approximation est de type paraxiale, elle n’est pas nécessaire si le traitement reste purement numérique. 3 Cette approximation de type paraxiale est en très bon accord avec les calculs rigoureux. 2 12 Nano-optique ∆z =2n ' G 2λ ON 2 [7.16] Cette profondeur de champ dépend du carré du grandissement et est inversement proportionnelle au carré de l’ouverture numérique, elle sera donc en général beaucoup plus grande que le rayon de la tache d’Airy. La figure 7.5 donne les PSFcoll ( ρ , 0) pour un dipôle orienté perpendiculairement puis parallèlement à l’axe optique. Figure 7.5 PSF de collection dans le plan z=0 (point D de la figure 7.4) lorsque que le dipôle est orienté (a) perpendiculairement (suivant yE) et (b) parallèlement (suivant z) à l’axe optique. ON=1.3, huile d’immersion d’indice 1.518, grossissement 40. Si le dipôle est maintenant orienté suivant l’axe z en E ( μ = µ z z ) on obtient une dépendance en ( J 2 ( x) / x ) qui présente une valeur nulle en x=0 (Figure 7.5 b). On 2 retiendra donc que la PSF de collection dépend fortement de l’orientation du dipôle. Nous avons jusqu’ici toujours considéré un dipôle situé en S sur l’axe optique. En fait il y a toujours conjugaison au sens de l’optique géométrique entre S et D de telle sorte que la tache de diffraction est toujours centrée sur l’image géométrique du dipôle par le système optique (Obj,LT). Il est possible d’obtenir une image un peu plus grande de la PSF de collection si on défocalise légèrement l’image en D. Suivant ce principe, la figure 7.6 donne l’image obtenue de molécules de Cy5 dans un polymère (polyvinyle alcool) lorsqu’on a déplacé de 1µm l’objectif vers l’échantillon (d’après (Patra, Gregor et al. 2004)). On peut apprécier les différentes PSF associées aux différentes orientations des molécules de Cy5 dans l’échantillon. Observer et manipuler à l’aide de faisceaux lumineux focalisés 13 Figure 7.6 Exemple de PSF de collection de molécules individuelles de Cy5 placées dans un polymère (polyvinyle alcool). L’objectif de collection (ON=1.2, G=100) a été déplacé de 1µm vers l’échantillon (d’après (Patra, Gregor et al. 2004)). Si maintenant il y a plusieurs dipôles situés au voisinage de E, la tache de diffraction en D sera la somme des intensités des taches associées à chacun des dipôles émetteurs si ces derniers sont incohérents entre eux (cas de la fluorescence). Dans le cas où ces dipôles sont cohérents entre eux (cas de l’optique non linéaire), il s’agit de sommer en D les champs associés à chacun des dipôles. L’intensité détectée, égale au module du champ au carré peut alors prendre différentes valeurs qui dépendent de l’état d’interférence de ces champs 1. 7.2.4. La limite de résolution Limite de résolution transverse Dans la section 7.2.3 nous avons vu comment un point source placé en S était imagé en une tache en D. Intuitivement on conçoit que si deux points sources sont situés très près l’un de l’autre en S il va être impossible de les séparer en D car les taches de diffraction vont se chevaucher. La figure 7.7 donne une illustration de cette limite de résolution transverse. 1 On peut même avoir un état d’interférence complètement destructif dans le cas de la génération du troisième harmonique (THG) dans un milieu homogène. Il n’y a donc pas d’émission de THG vers l’avant en microscopie dans un milieu homogène ! 14 Nano-optique Obj LT n xE xD n’ f f’ µ D ∆x G∆x z 0 µ E Fig 7.7. Illustration de la limite de résolution transverse, deux points sources séparés de ∆x en E génèrent des PSF de collection séparés de G∆x en D. On considère deux dipôles situés en E, orientés suivant x et séparés de ∆x. Le système (Obj, LT) forme de ces deux points deux PSF de collection séparées de G∆x. Le critère de Abbe formulé en 1873 dans le cadre de l’approximation paraxiale considère que la distance minimale à laquelle on peut détecter ces deux PSF correspond au cas où le maximum d’une PSF est placé sur le premier minimum de l’autre PSF 1. Cette distance est donc simplement donnée par le rayon du disque d’Airy donné par la formule [7.13]. Min [ ∆x ] = 0.6098 λ [7.17] ON Dans le cas où les deux dipôles ne sont plus orientés suivant x on conçoit que la limite de résolution ne peut plus être définie sur ce simple critère 2. Limite de résolution axiale : la microscopie confocale Dans le cas axial il s’agit de considérer deux dipôles placés en E (ici choisis orientés suivant x) séparés de ∆z (Figure 7.8.). Il est intéressant de noter que si on évalue, au voisinage de D, l’intégrale de la PSFcoll dans un plan zD=constante 3 on trouve un résultat qui est indépendant de z. Il s’agit tout simplement de la conservation de l’énergie au cours de la propagation du faisceau provenant du dipôle situé en E. Il est donc impossible de distinguer les deux images des dipôles suivant z si l’on dispose d’un détecteur qui n’est pas limité transversalement dans le plan 1 Ce critère à l’avantage de ne pas dépendre de l’intensité relative des deux dipôles car le maximum d’une PSF est toujours plus grand que le zéro de l’autre ; dans la pratique on est néanmoins toujours limité par le bruit. 2 C’est en particulier le cas en microscopie non linéaire où le calcul exact de la PSFcollection résulte de la sommation cohérente des dipôles émetteurs et peut être très différente de la fonction d’Airy. 3 Il s’agit donc du flux du vecteur de Poynting exprimant l’intensité mesurée. Observer et manipuler à l’aide de faisceaux lumineux focalisés 15 (xD,yD). Usuellement on appelle ‘microscopie confocale’ un montage qui utilise dans le plan zD=0 un trou permettant ainsi de définir une extension transverse limitée au travers de laquelle le flux est mesuré par le détecteur (situé derrière le trou). Obj xE (n/n’)G2∆z LT n n’ f f’ z µ 0 µ trou confocal E ∆z D Fig 7.8. Illustration de la limite de résolution axiale, deux points sources séparés de ∆z en E génèrent des PSF de collection séparées de (n/n’)G2∆z en D. La dimension du trou confocal permet de définir ainsi le pouvoir de résolution suivant z (Enderlein and Ambrose 1997). On peut avoir une bonne idée de la résolution si on considère un trou confocal très petit qui ne laisse passer que le champ sur l’axe optique (ρ=0). La formule [7.15] nous donne alors directement le flux collecté et on constate cette fois-ci qu’il dépend de z ! Considérons qu’un des deux dipôles soit placé de telle sorte que son image soit située dans le plan du trou confocal en zD. Dans ce cas, la totalité de l’intensité émise puis collectée par (Obj, LT) est détectée derrière le trou confocal. Déplaçons maintenant, au voisinage de E, le deuxième dipôle de ∆z par rapport au premier. L’intensité I2(z) détectée derrière le trou pour ce deuxième dipôle est donnée simplement en utilisant [7.15]. ( sin π ON 2 ∆z /(2n ' G 2 λ ) I2 ( z) ≈ π ON 2 ∆z /(2n ' G 2 λ ) ( ) ) 2 [7.18] Lorsque cette fonction s’annule, on peut assigner la totalité de l’intensité au premier dipôle dont l’image est située dans le plan du trou. Ainsi la distance minimale ∆z entre les deux dipôles dans le plan objet est donnée par : nλ Min [ ∆z ] = 2 ON 2 [7.19] Cette distance définit le pouvoir de résolution axial d’un microscope confocal. Le pouvoir de résolution transverse est donné par [7.17] et vient essentiellement du diamètre de la tache d’Airy correspondant au faisceau excitateur focalisé. En 16 Nano-optique d’autres termes le pouvoir de résolution axial d’un microscope confocal vient de PSFcoll alors que la résolution transverse vient de PSFexcit. A l’aide de ces deux résolutions, un microscope confocal peut réaliser une image tridimensionnelle d’un échantillon 1 (figure 7.9). 5µm (a) (b) Fig 7.9. Rendu tridimensionnel d’images issues d’un microscope confocal ; le contraste provient de la fluorescence endogène des échantillons (autofluorescence) (a) grain de pollen, (b) racine de fougère. 7.3. L’ultra résolution en champ lointain ou comment dépasser le critère de Abbe ? D’après le paragraphe précédent il semble que le critère de Abbe (Abbe 1873), résumé dans les formules [7.17] et [7.19], rende impossible la séparation de deux points sources séparés d’une distance très inférieure à la longueur d’onde. En effet cette information est contenue dans les ondes évanescentes pour lesquelles k x 2 + k y 2 > n 2 k0 2 qui, par nature, ne se propagent pas jusqu’à l’objectif de collection 2. Il est cependant possible d’avoir accès à ces ondes confinées au voisinage de l’objet si on y approche une pointe dont le rôle va être de diffracter ou de collecter les ondes évanescentes. Cette stratégie est celle mise en place dans les techniques de champ proche optique présentées dans le Chapitre III de ce livre. Cependant le champ proche nécessite d’approcher une pointe à quelques nanomètres de l’échantillon et d’en contrôler le déplacement aux mêmes échelles. Il s’agit d’une technique fondamentalement surfacique qui ne peut pas imager l’intérieur d’une cellule par exemple. Le même argument s’applique également aux métamatériaux présentant un indice de réfraction négatif (Pendry 2000) qui sont capables d’imager 1 Il s’agit de scanner l’échantillon avec la PSFtot (Eq. 7.1) En effet dans ce cas kz est un imaginaire pur et le champ est exponentiellement décroissant suivant z. 2 Observer et manipuler à l’aide de faisceaux lumineux focalisés 17 les ondes évanescentes (Smolyaninov, Yu et al. 2007). Dans ce cas encore, l’échantillon à imager doit être placé à une distance nanométrique du métamatériau pour que ce dernier ‘collecte’ les ondes évanescentes. Nous allons voir dans ce paragraphe qu’il est possible d’avoir accès à une résolution nanométrique en champ lointain, c'est-à-dire en utilisant le système présenté sur la figure 7.1, si l’on cherche à imager des molécules qui peuvent être dans deux états, un brillant et un noir. Les développements spectaculaires dans ce domaine sont en train de révolutionner la microscopie optique (Hell 2007). Comment dépasser le critère d’Abbe ? Notons tout d’abord que le critère d’Abbe n’interdit pas de détecter la position (xE,yE) d’une molécule (considérée ici comme une source ponctuelle) avec une précision arbitraire si il n’y a pas de source similaire située à une distance λ/2n. 1 Ce cas est celui de la figure 7.6 où le centre d’une molécule individuelle peut être localisé avec une précision nanométrique. En revanche, le critère d’Abbe interdit la distinction de deux molécules séparées de moins de λ/2n. Cependant rien n’empêche de détecter ces deux sources de manière séquentielle. Par exemple en plaçant la première molécule dans un état brillant A alors que la deuxième est dans un état noir B, puis en inversant les rôles. La mesure successive des coordonnées des deux molécules permet alors de reconstruire une image dont la résolution peut être très inférieure à la longueur d’onde 2. Pour cela, il faut disposer d’un mécanisme permettant une transition optique A→B pour toutes les molécules sauf celles situées au point ri où l’on va mesurer très précisément la position des molécules dans l’état brillant A. Une telle transition peut être réalisée si l’on éclaire l’échantillon avec une répartition d’intensité I ( r ) présentant un minimum d’intensité en ri . Dans le cas d’un processus à un photon, cette transition A→B s’opère avec le taux k AB (r ) = σ I (r ) , où σ est la section efficace du processus. Ce taux k AB doit dépasser ceux de tous les autres processus susceptibles de ramener B→A. C’est le cas par exemple des processus d’émission spontanée s’opérant au taux 1/ τ B où τ B est le temps de vie du niveau B. Ainsi, la condition I (r ) 1/(στ B ) = I s impose l’existence de l’état brillant A à la position ri ± ∆r / 2 . Ce qui est remarquable c’est que ∆r / 2 peut être très inférieur On a ici approximé la formule [7.17] par λ/2n où n est l’indice du milieu dans lequel la source est située. 2 Cette résolution n’a pas de borne inférieure et est seulement limitée par le rapport signal sur bruit avec lequel on repère la position de la molécule dans l’état brillant A. 1 18 Nano-optique N A (t , r ) = N A (0, r )e −σ I ( r )t ce qui montre une dépendance exponentielle entre I ( r ) et le lieu d’existence ∆r de l’état brillant A (voir insert, fig 7.10). ∆r / 2 peut être ainsi réduit à une distance bien inférieure à λ / 2n . En translatant ri sur l’échantillon on obtient alors une à λ / 2n . En effet la déplétion de A→B impose information sur la densité des molécules avec une résolution qui peut être aussi petite que I s est fort. Fig 7.10. Lecture par scanning (STED) et stochastique (PALM) de molécules fluorescentes localisées dans un objet de dimension inférieure à λ/2n. Les molécules ont un état brillant A et un état noir B. Dans le mode scanning STED, l’état A est induit par déplétion non linéaire de la fluorescence par émission stimulée. La lecture s’opère sur un ensemble de molécules. Dans le mode stochastique PALM, l’état A d’une molécule individuelle est induit par photoactivation tandis que les autres molécules restent dans l’état B. La molécule apparaît de manière stochastique puis s’éteint par photo blanchiment. La technique STED (Stimulated Emission Depletion) (Hell and Wichmann 1994) utilise le niveau excité S1 d’un fluorophore comme état A et son niveau fondamental S0 comme état B. La méthode consiste à vider l’état A par émission stimulée. Cette déplétion est réalisée par un faisceau (dit faisceau STED) qui présente un minimum d’intensité en son centre ri. Ainsi la déplétion A→B s’opère partout sauf en ri Observer et manipuler à l’aide de faisceaux lumineux focalisés (Figure 7.11). Il s’agit ensuite de détecter la fluorescence provenant de En utilisant une intensité STED 1 19 ri ± ∆r / 2 . I s = (στ A ) = 3x1025 photons/cm2=10MW/cm2 il −1 est possible d’atteindre une résolution de ∆r=100nm dans les trois directions de l’espace (Figure 7.11 C) en scannant l’échantillon (Figure 7.10). On obtient alors un dispositif optique en champ lointain capable d’atteindre une résolution située bien en dessous du critère d’Abbe ! (A) (B) (C) Figure 7.11 Microscopie STED (A) Etats moléculaires, le faisceau STED vide l’état brillant S1 (B) Le faisceau STED présente un minimum d’intensité dans son centre pour ne laisser qu’un volume de 100 nm de diamètre où la fluorescence est toujours active. (C) exemples d’images confocale et STED d’agrégats de Syntaxine dans des cellules PC12 (d’après Sieber et al., Science 317, 1073, 2007). Dans les techniques PALM (Photo-Activated Localization Microscopy) (Betzig, Patterson et al. 2006) et STORM (Stochastic Optical Reconstruction Microscopy) (Rust, Bates et al. 2006) on utilise des molécules photo-activables qui passent de l’état B à l’état A. Il s’agit alors de pointer la position du centre de la PSFcoll (Figure 7.4) associée à l’émission d’un molécule individuelle avant que celle-ci ne repasse Le temps de vie du niveau fluorescent est de l’ordre de τA=10-9s et la section efficace d’émission stimulée σ=10-16cm2 1 20 Nano-optique dans un état noir B (STORM) où ne photo-blanchisse (PALM). Ce processus de photo-activation est intrinsèquement stochastique (Figure 7.10) et l’image ultrarésolue est construite point par point en intégrant sur des temps relativement longs (de quelques dizaines de minutes à plusieurs heures). La résolution obtenue est de l’ordre de 30nm (Figure 7.12). Champ Large PALM Figure 7.12 : Image en champ large (A) et PALM (B) de cellule COS-7 exprimant la protéine transmembranaire CD63 marquée avec la protéine de fusion photoactivable PA-FP Kaede (d’après Betzig et al., Science, 313, 1642 2006) Après avoir vu que la lumière focalisée permettait de voir à des échelles microniques et même sub-microniques, nous allons maintenant découvrir que cette même lumière peut servir à manipuler des objets. 7.4. Les faisceaux focalisés pour manipuler La manipulation optique de particules par forces optiques s’est considérablement développée au cours des deux dernières décennies. Le champ d’investigation de cette nouvelle technique est très vaste (Ashkin 2000), allant de l’échelle atomique (refroidissement d’atomes par laser, condensation de Bose-Einstein) jusqu’à l’échelle micrométrique avec des applications en physique des colloïdes et en biologie. Ce dernier domaine est particulièrement concerné, puisque les manipulations de cellules individuelles vivantes, d’organelles dans la cellule, ou encore de molécules uniques (moteurs moléculaires) sont maintenant régulièrement effectuées dans certains laboratoires de recherche, tout comme la mesure des forces mécaniques ou élastiques exercées sur des cellules ou des macromolécules individuelles (Hormeno and Arias-Gonzalez 2006). Les photons, bien que de masse nulle, transportent de la quantité de mouvement. En conséquence, un flux de photons, à savoir un faisceau lumineux, est capable de transférer de la quantité de mouvement à la matière, et par là même donne lieu à une Observer et manipuler à l’aide de faisceaux lumineux focalisés 21 force qui, rapportée à l’unité d’aire éclairée, représente une pression appelée pression de radiation. Kepler fut probablement le premier à soupçonner cet effet, au début du 17ème siècle, lorsqu’en observant les queues de comètes il constata que ces dernières sont toujours orientées en opposition au soleil, laissant présager d’une action mécanique de la lumière sur les poussières qui les constituent. La pression de radiation fut ensuite déduite théoriquement par Maxwell en 1871 puis détectée expérimentalement par Lebedev (Lebedev 1901), ainsi que par Nichols et Hull (Nichols and Hull 1903). Les forces optiques sont cependant d’intensité extrêmement faible, comme on peut le montrer dans un cas simple. Sachant que la quantité de mouvement d’un photon est donnée par hν/c, et qu’un faisceau lumineux de puissance P transporte P/hν photons par seconde, on peut en déduire qu’un faisceau lumineux incident de puissance P totalement réfléchi sur un miroir plan parfait va générer, par conservation de la quantité de mouvement, une impulsion par seconde (donc une force) sur le miroir de 2P/c. Pour une puissance P = 1 W, la force obtenue est de l’ordre de 10 nN, typiquement négligeable devant le poids du miroir. Si, maintenant, on considère non plus une onde plane, mais un faisceau laser de puissance 1W focalisé sur une tache de diamètre 1 µm, dans laquelle on place une bille microscopique parfaitement réfléchissante de diamètre également de 1µm et de densité 1, on peut montrer que l’accélération de la bille produite par la force optique sera alors de l’ordre du million de fois celle de la gravité. Ces considérations, extrêmement simplistes, ne peuvent que laisser présager le potentiel de faisceaux laser focalisés pour générer des pressions de radiation suffisantes pour engendrer le mouvement de particules micrométriques (Ashkin 1970) et la possibilité de faire léviter optiquement des particules dans l’air (Ashkin and Dziedzic 1971). Par contre, elles ne peuvent en aucun cas expliquer les propriétés des pinces optiques actuelles. En effet, les pinces optiques permettent non seulement de déplacer des particules, mais aussi de les maintenir à un endroit donné, de façon stable dans le temps. Cette stabilité implique qu’une autre force optique, conservative, appelée force de gradient, soit associée à la pression de radiation qui, rappelons-le, est non conservative et toujours dirigée suivant la direction d’incidence du faisceau. Cette force de gradient, introduite par Arthur Ashkin en 1972, conduit les particules à se diriger vers les zones de plus forte intensité du faisceau lumineux, en créant l’équivalent d’un puit de potentiel harmonique centré sur le piège. La raideur équivalente du « ressort de rappel » associé à ce puit de potentiel dépend du gradient lumineux. Ainsi, pour un faisceau laser focalisé dans un liquide, la force de rappel exercée sur une particule le long de l’axe longitudinal sera toujours nettement plus faible que celle que l’on pourra observer latéralement. En conséquence, la stabilité d’une particule dans un piège optique dépend de l’importance relative de la force « radiative » (due à la pression de radiation) par rapport à la force longitudinale de gradient (voir figure 7.13). En termes d’optique géométrique, les rayons paraxiaux 22 Nano-optique d’un faisceau focalisé contribuent essentiellement à générer la pression de radiation, alors que les rayons très écartés de l’axe optique induisent plutôt la force de gradient. C’est pourquoi un piège stable peut être obtenu par un seul faisceau laser dès lors qu’il est focalisé avec une ouverture numérique capable de créer un gradient lumineux longitudinal suffisamment important pour que le puit de potentiel associé puisse contrer les effets de la force radiative. Dans ce cas, une particule placée au niveau de la tache de focalisation du faisceau peut rester piégée dans cette zone, à condition néanmoins que le puit de potentiel soit plus profond que l’énergie thermique de la particule due au mouvement brownien. Dans les applications pratiques, les ouvertures numériques des faisceaux créant des pièges optiques à gradient sont supérieures à 1. Ces pièges à faisceau unique sont nommés pinces optiques, inventées et utilisées pour la première fois par Ashkin en 1986 pour piéger des objets biologiques (Ashkin, Dziedzic et al. 1986). Il faut noter aussi que dans la plupart des cas, ces pinces sont utilisées en milieu liquide pour lequel le poids des particules piégées est compensé par la poussée d’Archimède. Les effets de la gravité sont donc souvent considérés comme négligeables, expérimentalement comme théoriquement. De plus, le fait de travailler dans des milieux liquides permet aussi d’amortir les déplacements des particules piégées, permettant ainsi d’obtenir une certaine stabilité des conditions de piégeage. Figure 7.13: Compétition entre forces de gradient et de radiation, et zones d’intérêt pour le piégeage optique. La position d’équilibre de la particule est définie dans le plan (si il existe) pour lequel les forces de gradient et de radiation s’équilibrent. Cette position, toujours située au dessus du plan de focalisation (pour lequel la force de gradient est nulle), dépend des caractéristiques de la particule (taille et indice de réfraction). Comme la stabilité, mais aussi l’efficacité du piège optique dépendent d’une compétition entre une force de pression et une force de rappel liée au gradient lumineux, il est essentiel pour assurer la fonctionnalité d’un piège de créer des faisceaux laser focalisés à la limite de diffraction, avec des ouvertures numériques les plus grandes possibles. C’est pourquoi la description théorique complète des Observer et manipuler à l’aide de faisceaux lumineux focalisés 23 interactions entre un faisceau laser focalisé et une particule donnée est essentielle si l’on veut espérer prédire correctement les propriétés du piège optique associé sur cette particule. 7.4.1. Les forces optiques et leurs modèles L’analyse des forces optiques exercées sur une particule relève de la théorie de l’électromagnétisme, qui traite de façon générale de l’interaction d’un faisceau lumineux avec la matière. Ces interactions peuvent être séparées en deux familles : les effets de réflexion et de réfraction au niveau de la surface de la particule d’une part, et les effets de diffraction liés au réarrangement du front d’onde après l’interaction du faisceau avec la particule, d’autre part. Ces deux familles sont d’origine fondamentalement différentes. Ainsi, les phénomènes de réflexion/diffraction sont essentiellement liés à l’indice de réfraction de la particule, alors que la diffraction ne dépend surtout de sa géométrie. Lorsque la particule est beaucoup plus petite que la longueur d’onde du faisceau, la perturbation du front d’onde est minime et la particule peut être considérée comme un simple dipôle induit, soumis aux lois classiques de l’électrostatique (approximation dipolaire). A l’opposé, lorsque la particule est très grande devant la longueur d’onde du faisceau, les lois de l’optique géométrique peuvent être utilisées pour estimer la composante de réflexion/réfraction, alors que les effets dus à la diffraction sont négligeables. Ces deux familles de modèles couvrent en fait des domaines d’applications qui ne correspondent pas du tout aux applications les plus courantes des pinces optiques, qui sont liées à la manipulation de microbilles, de bactéries ou de cellules biologiques qui ont des tailles caractéristiques de l’ordre de la longueur d’onde des faisceaux utilisés. Pour ces applications, la modélisation des forces optiques mises en jeu requiert d’estimer à la fois les composantes de diffraction et celles de réflexion/réfraction. Ceci nécessite de résoudre les équations de Maxwell pour le système faisceau/particule considéré, ce qui est particulièrement difficile lorsque le faisceau est gaussien et focalisé à la limite de diffraction avec une très grande ouverture numérique, ou lorsque la particule est de forme arbitraire. 7.4.1.1. Modèles reposant sur l’approximation dipolaire (Harada and Asakura 1996) Considérons un faisceau lumineux paraxial de lumière polarisée rectiligne de longueur d’onde λ qui illumine une particule diélectrique transparente sphérique de rayon a. Si a est très petit devant λ, la particule voit un champ électrique harmonique instantané uniforme qui lui donne un moment dipolaire, responsable de l’émission d’ondes dans toutes les directions de l’espace. Ces ondes émises 24 Nano-optique modifient la direction du flux d’énergie du système, induisant une modification de la quantité de mouvement de la particule, et donc une force radiative donnée par : 2 8 n m2 − 1 Frad (r ) = π k 4 a 6 m 2 I (r ) zˆ , c m +2 3 [7.20] où I(r) est la distribution d’intensité du faisceau, m le rapport ni/nm avec ni l’indice de réfraction de la particule et nm celui du milieu environnant, k le nombre d’onde moyen du faisceau et faisceau incident. z le vecteur unitaire dirigé suivant l’axe optique du La particule polarisée subit aussi la force de Lorentz agissant sur les dipôles induits, qui n’est autre que la force de gradient introduite plus haut : 2π nm2 a 3 m 2 − 1 Fgrad (r ) = 2 ∇I ( r ) . c m +2 [7.21] Bien que ce modèle ne soit valide que pour les particules nettement plus petites que la longueur d’onde (atomes, protéines, virus), il permet de renseigner quelques comportements typiques des forces optiques. En particulier, la valeur de m dans l’équation ci-dessus donne le signe de la force de gradient. Si m est supérieur à 1 (particules de haut indice par rapport au milieu environnant), la force est dirigée suivant le gradient, donc la particule est attirée vers le maximum d’intensité lumineuse. Dans le cas des particules de faible indice de réfraction, l’effet est inverse, ce qui nécessite de piéger ces particules avec des faisceaux non gaussiens « creux » ou annulaires (de type « doughnuts »). Les équations précédentes montrent aussi que la force de radiation varie avec le volume au carré de la particule, alors que celle de gradient ne dépend que linéairement de ce même volume. Ces deux forces sont par ailleurs proportionnelles à la puissance laser incidente. En sachant que la force optique radiative due à l’absorption est aussi proportionnelle au volume et dirigée selon l’incidence moyenne du faisceau (Nieminen, Knoner et al. 2007), on peut en déduire qu’il est plutôt facile de piéger des petites particules transparentes, mais que la difficulté augmente rapidement en cas d’absorption car dans ce cas la force de gradient est rapidement plus faible que les deux composantes radiatives. Cependant, même pour des particules transparentes, le piégeage a des limites pour les particules de faibles diamètres, qui sont soumises à l’énergie cinétique d’origine thermique kB.T (où kB est la constante de Boltzmann et T la température absolue). Cette énergie, responsable du mouvement brownien, peut excéder l’énergie limite du puit de potentiel équivalent lié au piège optique lorsque la particule devient très petite, y Observer et manipuler à l’aide de faisceaux lumineux focalisés 25 compris pour des puissances laser proches des puissances maximales acceptées par ces particules. Ainsi, dans le cas ultime du piégeage d’atomes, ces derniers sont placés dans le vide et à très basse température afin de minimiser au mieux leur énergie cinétique d’origine thermique. En effet, la manipulation optique de très petites particules a été étendue aux atomes pour lesquels la pression de radiation peut devenir très importante, dans le cas où la longueur d’onde du laser utilisé est au voisinage de résonances atomiques spécifiques et engendre ainsi de grandes sections efficaces d’absorption (Ashkin 1978). Dans ces conditions, l’atome absorbe puis réémet spontanément la lumière de façon isotrope, générant un transfert de quantité de mouvement important. Ainsi, on peut accélérer comme refroidir des atomes (C. Cohen-Tannoudji, S. Chu et W.D. Phillips, prix Nobel 1997), jusqu’à atteindre la condensation de Bose-Einstein (E.A. Cornell, W. Ketterle, C.E. Wieman, prix Nobel 2001). A contrario, la réalisation de pièges atomiques stables impose d'utiliser une fréquence optique très éloignée de toute résonance, de façon à minimiser la force de radiation (O'Hara, Granade et al. 1999). Le lecteur intéressé aura un bon aperçu de l’application des forces optiques à la manipulation d’atomes en lisant (Ashkin 2000). 7.4.1.2. Modèles reposant sur l’optique géométrique Pour les particules grandes devant la longueur d’onde, le modèle proposé par Ashkin, à partir d’un formalisme initialement développé par Roosen (Roosen and Slansky 1979), repose sur les lois fondamentales de l’optique géométrique, à savoir les lois de Snell-Descartes appliquées lors des réflexions/réfractions multiples de rayons lumineux sur une particule sphérique. Ainsi, on montre qu’une onde plane incidente sur une sphère diélectrique transparente produit une force, que l’on peut là encore décrire en deux composantes. La première, F⁄⁄ , est dirigée suivant la direction d’incidence de l’onde plane, alors que la seconde, F⊥, est orthogonale à cette direction : T 2 [ cos(2θ − 2r ) + R cos 2θ ] n P θ 1 cos 2 + − R , 1 + R 2 + 2 R cos 2r c F⁄⁄ = m T 2 [sin(2θ − 2r ) + R sin 2θ ] nm P F⊥ = R sin 2θ − , 1 + R 2 + 2 R cos 2r c [7.22] [7.23] où R et T sont les coefficients de réflexion et de transmission en amplitude de l’onde plane sur la particule, θ et r sont les angles d’incidence et de réfraction de l’onde plane sur la bille (Ashkin 1992). 26 Nano-optique En sommant ces deux composantes pour chacune des ondes planes formant le faisceau réel incident sur la particule, on obtiendra une composante parallèle égale à la force de pression de radiation, et une composante perpendiculaire égale à la force de gradient. Ces forces dépendent de la polarisation de la lumière par l’intermédiaire des coefficients R et T. Ce modèle ne prend en compte aucun effet lié à la diffraction, et n’est donc valide que pour de très grandes particules, telles certaines cellules biologiques. Néanmoins il a permis le développement du piège à faisceau unique pour les particules micrométriques, fonctionnant grâce à la force de gradient, et communément appelé pince optique aujourd’hui. 7.4.1.3. Les modèles électromagnétiques rigoureux Les modèles permettant de résoudre correctement les équations de Maxwell au niveau du système complet particule/faisceau focalisé sont toujours en développement, car toujours plus rigoureux au niveau des approximations ou hypothèses suivies. Il est en effet extrêmement difficile de résoudre rigoureusement ces équations avec des conditions aux limites appropriées, pour des faisceaux laser gaussiens extrêmement focalisés. Les premiers travaux relatifs à la diffraction d’une onde plane par une particule sphérique homogène sont ceux de Mie et Debye, qui se sont basés sur une théorie existante donnée par Lorentz. On arrive alors à une théorie de Lorenz-Mie fondamentalement correcte, valide pour des indices de réfraction, des tailles de particules sphériques et des longueurs d’onde arbitraires. Une telle limitation à une onde plane incidente simplifie alors considérablement les choses, puisque dans ce cas les directions du flux lumineux et du flux de quantité de mouvement sont identiques, ce qui permet d’écrire ce dernier flux sous forme d’un vecteur dont seule la composante longitudinale est différente de zéro, par raison de symétrie. Par contre, si ces directions ne coïncident plus, par exemple à cause d’une distribution lumineuse non uniforme, il faut écrire le flux de quantité de mouvement à partir du tenseur des contraintes de Maxwell d’ordre 3. En conséquence, même s’il existe actuellement de nombreux codes de calculs électromagnétiques disponibles pour calculer la diffraction de la lumière sur des particules, on ne peut pas espérer les utiliser pour modéliser les pinces optiques sans faire de modifications conséquentes pour s’adapter aux faisceaux focalisés. Les premiers travaux complets allant dans ce sens sont ceux de Gouesbet et al., qui par une théorie de Lorenz Mie généralisée décrivent l’interaction entre un faisceau arbitraire et une sphère homogène constituée d’un matériau isotrope, plongé dans un milieu environnant supposé transparent (Gouesbet, Maheu et al. 1988). Dans ce formalisme, les champs électromagnétiques incident et diffusé sont Observer et manipuler à l’aide de faisceaux lumineux focalisés 27 développés en ondes partielles (Gouesbet, Lock et al. 1995), ce qui permet de ramener la connaissance de ces champs à celle d’un double ensemble infini de nombres complexes appelés coefficients de forme du faisceau (Gouesbet and Gréhan 1998). Ces coefficients peuvent être déterminés numériquement grâce à une approximation dite localisée (Grehan, Maheu et al. 1986), étendue au cas général d’une onde incidente désaxée (Gouesbet, Grehan et al. 1990) et justifiée théoriquement de façon rigoureuse. Ainsi, les différentes composantes de la force optique issues de la théorie de Lorenz-Mie généralisée sont données par : nm 2P C (r ) xˆ + Cpr,y (r ) yˆ + Cpr,z (r ) zˆ , = F (r ) 2 pr,x c πω0 où les coefficients [7.23] Cpr,i sont les sections efficaces de pression de radiation déterminées par (Gouesbet, Maheu et al. 1988). Cependant, ces intégrations numériques sont très gourmandes en temps de calcul, ce qui a probablement limité l’utilisation pratique de la théorie de LorenzMie généralisée jusqu’à maintenant. A noter cependant les deux articles de Nahmias et al. qui ont repris ce formalisme pour éditer des abaques permettant d’évaluer les forces axiales et latérales exercées par un faisceau laser focalisé sur des particules diélectriques transparentes sphériques (Nahmias and Odde 2002; Nahmias, Gao et al. 2004). Ces abaques sont présentés en vue d’être utilisés spécifiquement par les utilisateurs de pinces optiques, sur une grande plage d’utilisation (diamètre des particules sphériques, longueur d’onde du faisceau gaussien, matériaux utilisés). Néanmoins, le développement de modèles permettant de prendre en compte des faisceaux extrêmement focalisés, et/ou des particules de formes non sphériques ou non isotropes, est toujours d’actualité. 7.4.2. Les forces optiques concrètement. Limites et contraintes associées. En résumé, les forces optiques sont de faible intensité, ce qui limite en pratique leurs domaines d’utilisation. Pour les particules trop petites, la limite vient de la diffusion brownienne (voir plus haut). En ce qui concerne les molécules, leur piégeage direct est d’autant plus compliqué qu’à cette diffusion brownienne s’ajoute un effet d'absorption dû à leurs niveaux d’énergies internes vibrationnelle et rotationnelle qui complique sérieusement les conditions de piégeage hors-résonance utilisées avec succès pour le piégeage atomique. A l’autre extrémité, c'est-à-dire pour les grosses particules, la limitation provient cette fois de la gravité qui devient trop importante pour être contenue par les forces optiques. Par contre, entre ces deux limites, les forces optiques sont en adéquation remarquable avec les forces mises en jeu en biologie, au niveau des interactions moléculaires. C’est ce qui explique en 28 Nano-optique grande partie leur intérêt, et donc le développement des pinces optiques dans ce domaine. Dans le cas de la manipulation de cellules biologiques individuelles vivantes, une autre limitation est à prendre en compte, liée à la phototoxicité. Les densités de puissance obtenues en focalisant un faisceau laser de quelques milliwatts à la limite de diffraction avec de grandes ouvertures numériques peuvent très vite devenir gigantesques et détériorer les cellules. C’est pourquoi les longueurs d’onde utilisées en biologie sont situées dans le proche infrarouge (830nm ou 1064 nm typiquement), qui correspond à un domaine de transparence de la plupart des cellules. Par contre, il semble admis que l’eau, à la longueur d’onde de 1µm, subit un échauffement local autour de la pince optique de l’ordre de 10 K/W, sachant qu’une variation de son environnement d’un degré peut modifier dans certains cas la réponse d’une cellule. Le tableau 7.1 donne un ordre de grandeur des forces optiques applicables avec quelques montages typiques de pinces optiques, extraites de la littérature pour différents domaines d’applications. Ce tableau ne donne qu’un aperçu, néanmoins suffisant pour apprécier la diversité des manipulations optiques effectuées jusqu’à présent. Exemples d’applications Physique des colloïdes Dynamique des moteurs moléculaires Mécanique moléculaire, mesure de rigidité de macromolécules Adhésion cellulaire, mobilité Mécanique cellulaire Objets d’intérêt Arrangements de billes de silice ou polystyrène de diamètre < 1µm Moteurs moléculaires se déplaçant le long de chaînes polymères ADN, ARN, autres macromolécules. Bactéries, cellules Cellules individuelles Forces optiques typiques mises en jeu 25 fN (démonstration) 0-1 pN (forces inter-particules) 5-7 pN (kinésine sur microtubule) 10-80 pN (ADN) 60-120 pN (titine) 25-30 pN (mycoplasma mobile) 50-600 pN (adhésion membranaire) 200-600 pN (globules rouges) Tableau 7.1 : Forces optiques typiques mises en jeu dans quelques applications choisies des pinces optiques. Très souvent dans ces expériences, les forces optiques sont exercées ou mesurées à l’aide de microbilles de polystyrène ou silice sur lesquelles les objets d’intérêt sont fixés. Ces billes ont un double intérêt : elles permettent d’obtenir un niveau de force suffisant grâce à leur indice de réfraction élevé et leur volume micrométrique ; elles offrent aussi la possibilité de calibrer précisément les forces exercées. Utilisation de modes exotiques de faisceaux laser Observer et manipuler à l’aide de faisceaux lumineux focalisés 29 L’absence de diffraction conduisant à des « lignes de focalisation », ainsi que la petite taille de la région centrale des faisceaux de Bessel offrent des avantages pour la manipulation optique et le guidage précis d’atomes (Arlt, Dholakia et al. 2001), de même qu’ils permettent de stocker un ensemble de particules par empilement les unes sur les autres dans le faisceau (Arlt, Garces-Chavez et al. 2001). L’utilisation de faisceaux laser exotiques est aussi à la base d’un nouvel axe de développement actuel du piégeage optique, concernant la mise en rotation de particules. En effet, il ne faut pas oublier que la lumière peut non seulement échanger de la quantité de mouvement avec la matière, mais aussi du moment cinétique. Une lumière polarisée circulairement transporte un moment cinétique de ± par photon, permettant la réalisation de micro-machines actionnées par la lumière (Friese, Rubinsztein et al. 2001). Cependant, cette technique n’est possible que si les particules piégées sont biréfringentes ou absorbantes. C’est pourquoi on préfère utiliser les faisceaux de Laguerre-Gauss qui présentent un moment cinétique orbital intrinsèque distinct du moment cinétique lié à l’état de polarisation de la lumière. Avec de tels faisceaux, le contrôle de la rotation des particules piégées est relativement simple et ne dépend plus directement de leur morphologie (Paterson, MacDonald et al. 2001). Distance de travail Une limitation importante des pinces optiques à faisceau unique est que la zone de piégeage stable est limitée aux environs immédiats du point de focalisation. Avec les ouvertures numériques nécessaires à la réalisation du piégeage, ceci implique qu'en pratique la distance de travail est de l'ordre de 100 µm seulement. Une alternative consiste à utiliser des objectifs d'ouverture numérique faible (environ 0.1) qui produisent un effet de guidage laser le long de l'axe optique (la force de gradient transversale est suffisante pour maintenir la particule sur cet axe). La combinaison de deux faisceaux de guidage contra-propagatifs permet de réaliser des pièges stables par l’équilibrage des forces de radiation de chacun des faisceaux, et ceci sur des distances pouvant approcher le millimètre. Le système a été étendu à l'emploi de fibres optiques (Constable, Kim et al. 1993); il semble particulièrement adapté au piégeage de particules dans un environnement microfluidique. Problème de calibration La recherche de méthodes fiables et simples d'utilisation de calibration des forces optiques est toujours d'actualité. En effet, les valeurs typiques de ces forces, souvent de quelques pN, sont comparables aux forces liées aux fluctuations du milieu dans lequel est plongée la particule piégée. En conséquence, la quasi-totalité des mesures effectuées jusqu'ici concernent des microbilles sphériques, pour lesquelles il est possible d'évaluer la force de viscosité qui relie la bille au milieu environnant, 30 Nano-optique souvent liquide. On peut alors définir les équations dynamiques régissant le mouvement d'une bille piégée dans un piège optique, et définir des méthodes expérimentales de caractérisation du puit de potentiel équivalent (raideur du ressort équivalent dans le modèle harmonique), ou de la force limite d'extraction du piège optique. Le lecteur intéressé par ces aspects pourra se reporter à (Capitanio RSI 2002) pour obtenir une description des principales approches suivies. Outre les difficultés de mesurer les effets des forces optiques sur la particule piégée, une complication supplémentaire est liée à l'évaluation de la puissance optique injectée sur l'échantillon à travers l'objectif de microscope. En effet, lorsque l'ouverture numérique devient importante, cette mesure devient délicate et nécessite des procédures particulières (Viana, Rocha et al. 2006). 7.4.3. Les principales techniques de pinces optiques Les pinces optiques « conventionnelles » La pince optique que l’on peut de nos jours qualifier de « conventionnelle » est celle qui repose sur le piégeage par un faisceau unique fortement focalisé, grâce à la force de gradient qui agit comme force de rappel autour de la position d’équilibre de la particule piégée. La mise en place d’une telle pince sur un microscope est relativement aisée, puisqu’il suffit de disposer d’un objectif ayant une ouverture numérique suffisamment grande (généralement supérieure à 1.2), ainsi que de la possibilité d’injecter un faisceau laser dans cet objectif (souvent par un des ports de sortie du microscope). Le montage classique est donc équivalent à celui donné sur la figure 7.1, dans laquelle on ne prend en compte que la mise en place du faisceau laser incident. Pour des applications en biologie, les longueurs d’onde utilisées sont situées dans le proche infrarouge (850 nm ou 1 µm) de façon à minimiser leur absorption dans les milieux biologiques. Les puissances injectées pour réaliser les pièges sont typiquement de quelques mW à quelques dizaines de mW par piège, généralement obtenues avec des sources laser continues. Les pièges multiples La manipulation simultanée de plusieurs particules piégées fait partie des intérêts exprimés par les biologistes souhaitant par exemple mettre en interaction plusieurs cellules de façon contrôlée à la fois dans le temps et dans l’espace, ou encore par certains physiciens s’intéressant aux interactions entre différentes particules colloïdales placées dans un ensemble organisé. Plusieurs voies ont été explorées (figure 7.14). La méthode la plus immédiate consiste à partager une pince optique conventionnelle unique entre les particules à Observer et manipuler à l’aide de faisceaux lumineux focalisés 31 piéger, par balayage du faisceau laser focalisé (figure 7.14-2). Si le balayage est suffisamment rapide devant la fréquence caractéristique du mouvement brownien des particules, il est alors possible de créer en moyenne un ensemble de pièges. Ainsi, avec des miroirs piézoélectriques il est possible de piéger des particules de diamètre 1 µm dans des suspensions aussi peu visqueuses que l’eau (Mio, Gong et al. 2000). Cette méthode est cependant limitée au piégeage de particules multiples dans un plan perpendiculaire à l’axe optique, le balayage rapide n’étant généralement permis que dans des directions latérales. Figure 7.14: les trois principales méthodes pour obtenir des pinces optiques multiples. 1 : multiplication des sources, 2 : distribution temporelle par balayage d’une pince unique, 3 : génération de faisceaux multiples par diffraction. L’autre grande méthode pour obtenir des positions multiples de piégeage, mais cette fois dans le volume d’un échantillon, est le recours à des éléments diffractants tels les hologrammes de phase. On parle alors de pinces optiques holographiques (Dufresne and Grier 1998), qui ont permis de piéger jusqu’à 400 particules colloïdales simultanément (Grier 2003). Il s’agit ici de créer par diffraction un ensemble de faisceaux indépendants orientés de façon à créer chacun un piège optique après leur passage à travers l’objectif de microscope à grande ouverture (figure 7.14-3). L’adressage du volume se fait soit par un calcul direct de la structure diffractante au moyen d’algorithmes de calculs d’hologrammes spécifiques, soit par l’ajout de lentilles de phase (lentilles de Fresnel) sur les hologrammes de phase ou sous-unités spatiales d’hologrammes de phase dans le cas où plusieurs plans sont adressés simultanément, ce qui ne nécessite alors aucun calcul spécifique à l’aspect tridimensionnel (Belloni and Monneret 2007). Actuellement, l'association d'algorithmes de calculs perfectionnés et rapides, avec des modulateurs de phase dynamiques à cristaux liquides, permettent de réaliser des réseaux de pinces optiques holographiques, non seulement dynamiques mais totalement interactifs, en temps réel (Leach, Wulff et al. 2006). On peut noter enfin la possibilité de multiplier les sources laser (figure 7.14-1), en employant les cavités laser à émission verticale (VCSELs) pour la manipulation 32 Nano-optique simultanée d’objets, y compris selon des motifs relativement dynamiques (Flynn, Birkbeck et al. 2002). 7.5. Conclusion Observer et manipuler avec des faisceaux focalisés sont deux ambitions aujourd’hui possibles à l’aide des outils théoriques et technologiques présentés dans ce chapitre. Il est bien évident que notre présentation, même si elle s’appuie sur des concepts physiques fondamentaux, ne représente qu’une ‘photographie’ de l’état de l’art en 2008 et que ce domaine est et restera en perpétuelle évolution. Il y a fort à parier que les prochaines avancées permettront une meilleure description des forces optiques, que de nouvelles applications verront le jour et que le critère de résolution d’Abbe sera contourné de façon journalière dans de nombreux microscopes commerciaux. Cependant il est remarquable de constater qu’il ne s’agit que du problème de focalisation de la lumière par une lentille… Ce verre à feu, dont fait référence pour la première fois Aristophane en 423 av. J.-C. dans sa pièce Les Nuées, n’allait pas seulement embraser les brindilles… 7.6. Bibliographie Abbe, E. (1873). "Beiträge zur Theorie des Mikroskops und der mikroskopischen Wahrnehmung." Arch. Mikroskop. Anat. 9: 413-420. Alberts, B., A. Johnson, et al. (2002). Molecular Biology of the Cell, Garland Science Publishing. Arlt, J., K. Dholakia, et al. (2001). "Optical dipole traps and atomic waveguides based on Bessel light beams." Physical Review A 63: 063602. Arlt, J., V. Garces-Chavez, et al. (2001). "Optical micromanipulation using a Bessel light beam." Optics Communications 197(4-6): 239-245. Ashkin, A. (1970). "Acceleration and trapping of particles by radiation pressure." Physical Review Letters 24(4): 156-159. Ashkin, A. (1978). 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