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En mars 1953, on décida d'augmenter l'aide aux campagnes, la répartition des investissements de ce premier plan
quinquennal fut revue et la construction de certains ouvrages industriels fut considérée comme prématurée : les
investissements retranchés à l'industrie purent alors être transférés à l'agriculture, à la construction de logements
et à l'accroissement de la production de certains biens de consommation, etc.
Cet épisode de la planification albanaise montre combien les objectifs planifiés n'ont pas alors été considérés
comme quelque chose de "sacro-saint", d'intangible, et que face à des événements imprévisibles, voire à des
erreurs commises dans l'élaboration des directives quinquennales, il peut s'avérer nécessaire de réviser certains
objectifs, de revoir certaines priorités. On assista alors à un redressement des résultats économiques en 1954-
1955, le système de rationnement put être partiellement aboli au terme du quinquennat et l'analphabétisme
liquidé dans l'ensemble de la population âgée de moins de 40 ans.
Principales réalisations du 1er quinquennat :
* le combinat de bois "Nako Spiru" à Elbasan ;
* la centrale hydro-électrique Lénine ;
* une fabrique de ciments à Vlora ;
* une fabrique de tabacs à Shkodër ;
* deux fabriques de coton à Fieri et Rrogozhinë.
LE SECOND PLAN QUINQUENNAL (1956-1960)
Une fois mené à son terme, ce plan devait marquer l'achèvement de la construction de la base économique du
socialisme. L'Albanie se trouvait mieux armée pour concentrer ses efforts sur le développement de l'industrie
lourde et le secteur industriel devait en effet réaliser un formidable bond en avant, durant cette période, pour en
1960 participer pour 57,1 % à la production agricole et industrielle du pays contre 9,8 % en 1938. La production
de chrome augmenta spectaculairement. Ce fut aussi l'époque d'une très fructueuse coopération avec l'Union
soviétique dont l'aide permit une amélioration sensible de l'infrastructure industrielle albanaise. Un projet de
planification à long terme devait même être établi par des experts albanais et soviétiques, qui mettait l'accent,
pour les 10/15 années à venir, sur l'amélioration de l'agriculture afin d'assurer au pays un développement
économique équilibré. La priorité de ce 2eplan quinquennal pour parfaire la construction de la base économique
du socialisme dans tout le pays, fut l'extension et l'achèvement de la collectivisation de l'agriculture à
commencer par les zones de plaine puis par celles des collines. En décembre 1956, on constatait que le nombre
de coopératives avait doublé en moins d'une année. Parallèlement à cette collectivisation, l'Etat dut développer la
mécanisation, accroître la superficie des terres et apporter un appui matériel et financier croissant aux
coopératives agricoles.
C'est en 1958 que l'on assista aux premiers départs de nombreux cadres du parti et spécialistes agricoles,
employés jusque-là dans l'administration d'Etat, pour les campagnes afin d'y travailler dans les coopératives
agricoles et d'y persuader les paysans du bien-fondé de la collectivisation. En 1960, le secteur socialiste était
devenu prépondérant dans l'agriculture : il assurait 50 % de la production de céréales panifiables, 75 % de celle
du coton et 90 % de celle de la betterave sucrière : le fait que les surfaces collectivisées portent alors sur 87 %
des terres cultivées, allait avoir des répercussions importantes sur les rapports économiques et sociaux des
campagnes. Il fut parfois nécessaire de freiner certaines unions de coopératives car, en dépit de l'enthousiasme
ambiant pour cette forme de socialisation, le matériel agricole et l'infrastructure en général n'étaient pas encore
en mesure de satisfaire aux besoins de tels regroupements. Cette collectivisation exigea aussi une amélioration
des conditions de vie matérielles dans les campagnes où furent construites 2 500 écoles supplémentaires, 1 300
maisons de la culture et quelque 30 000 nouvelles habitations. La réalisation de ce 2eplan fut donc rondement
menée puisque dès octobre 1957 le système du rationnement était totalement supprimé et une baisse de prix de
certaines marchandises pouvait à nouveau avoir lieu. Cette fois, c'est à une augmentation des objectifs
initialement prévus que l'on procéda tout en insistant sur la nécessité d'améliorer la qualité de la production. Pour
se faire, la rémunération du travail devait être étroitement liée à la qualité du travail fourni et l'on se livra dans ce
but à une révision des normes de travail et à une nouvelle classification des ouvriers. En 1960, une personne sur
5 allait à l'école et la durée moyenne de vie atteignait 62 ans.
Principales réalisations du 2eplan :
* la centrale hydro-électrique Karl Marx sur la rivière Mati (capacité : 120 millions de KwH par an) ;
* la raffinerie de pétrole de Cerrik (capacité : 150 000 tonnes par an) ;
* de nombreux édifices et bâtiments socio-culturels (Université de Tirana, stade sportif Dinamo de Tirana,
chaîne d'hôtels à Durres, des hôpitaux, des théâtres et cinémas à Berat, Lushnjë, Korcë et Shkodër).