Situation économique et financière de l`Albanie début 2017

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Situation économique et financière de
l’Albanie début 2017
L’économie albanaise est engagée dans un processus de convergence économique et un ancrage toujours
plus affirmé vers l’Union européenne. L’Albanie a renoué avec une croissance dynamique supérieure à 3 %
pour 2016 malgré la persistance de déséquilibres extérieurs et d’un chômage élevé. Les efforts de
consolidation budgétaire ont permis de corriger la courbe de trajectoire de la dette publique. Le secteur
financier reste handicapé par un taux particulièrement élevé de créances douteuses. La poursuite des
réformes structurelles est indispensable. Des réformes structurelles ont été réalisées (énergie, retraites,
réforme territoriale), mais le climat des affaires reste à améliorer.
L’économie albanaise est engagée dans un processus de convergence
économique dynamique vers l’UE
Pays en autarcie économique jusqu’au début des années 90, le pays connait depuis une période de
transition politique et économique accélérée. Des réformes structurelles sont en cours afin de satisfaire les
conditions nécessaires à son adhésion à l’UE. Membre de l’ALECE, l’Albanie a conclu un accord d’association
et de stabilisation avec l’UE et a obtenu le statut de candidat officiel à l’UE en juin 2014.
L’Albanie reste un des pays les plus pauvres d’Europe mais l’écart de niveau de richesse se réduit
sensiblement. Le PIB nominal de l’Albanie s’établit à 11,5 Md EUR en 2015, pour une population d’environ 2,9
M d’habitants, soit un PIB par habitant de l’ordre de 4 000 EUR. Exprimé en standard de pouvoir d’achat, ce
PIB par habitant est l’un des plus faibles des Balkans, estimé à 30 % de la moyenne européenne en 2014.
Les transferts de la diaspora alimentent l’économie albanaise. Plus d’un million d’albanais serait installé à
l’étranger pour une population de 2,9 M. L’émigration est nourrie par la jeunesse de la population albanaise (les
moins de 25 ans représentent 40 % de la population) et par l’important différentiel de salaires qui perdure avec
les pays voisins. Les albanais sont estimés à près de 700 000 en Grèce et 400 000 en Italie. Les remises des
migrants représentent plus de 7 % du PIB.
L’économie albanaise est dominée par le secteur des services, qui représente près de 51 % de la valeur
ajoutée en 2014 (restauration et hôtellerie notamment) et par le secteur agricole (23 % de la valeur ajoutée
en 2014). Ce dernier est constitué de petites exploitations de subsistance peu compétitives et concentre près
de la moitié des emplois. A noter l’importance de l’industrie extractive dont l’activité irrigue une grande partie
de l’économie. L’Albanie exporte de nombreuses matières premières, notamment du pétrole, du fer et de l’acier,
et des minerais. L’Albanie est le pays disposant des plus importantes réserves de chrome en Europe et le 4 ème
au niveau mondial.
L’économie albanaise a renoué avec une croissance dynamique en 2016
Selon les dernières projections de la Banque mondiale, la croissance s’est portée à 3,2 %, après 2,6 %
en 2015 et 1,8 % en 2014, celle-ci a été tirée par l’investissement privé et la consommation des ménages.
A noter un taux de chômage important de 17,5 % en 2015 ramené à 16 % en 2016, qui touche particulièrement
les jeunes (30 %).
La croissance devrait encore atteindre un rythme supérieur à 3 % en 2017 et 2018. L’activité continuera
de profiter de la vigueur de la consommation intérieure et de la poursuite de l’investissement étranger dans les
infrastructures, notamment dans l’énergie avec la poursuite de la construction du gazoduc Trans adriatique
(TAP) destiné à transporter le gaz azéri jusqu’en Italie, ainsi que celle du complexe hydroélectrique sur la rivière
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Devoll. La remontée des prix des matières premières sur les marchés internationaux devraient également
soutenir les exportations.
L’inflation a atteint 1,4 % en moyenne annuelle en 2016, un taux inférieur à la cible de 3 % que s’est fixée
la Banque centrale d’Albanie. Dans ce contexte, la Banque centrale mène une politique accommodante avec
un abaissement du taux directeur à 1,25 % en mai 2016. La Banque centrale intervient, si nécessaire, sur le
marché des changes pour s’assurer de la stabilité du LEK albanais qui s’apprécie légèrement face à l’EUR
depuis début 2015.
Les exportations nettes ont contribué négativement au PIB en 2016. Les exportations albanaises sont
largement inférieures aux importations (taux de couverture de 42 %). Le déficit commercial de l’Albanie est
substantiel, atteignant 2,5 Md EUR en 2016, soit 24 % du PIB. Il a augmenté de 13 % en 2016 en raison d’une
hausse importante des importations mais reste relativement stable depuis 2010. Le déficit de la balance
commerciale des biens fragilise les comptes extérieurs, étant à l’origine d’un déficit courant élevé (13 % du PIB
en 2016), compensé qu’en partie par les IDE (8,8 % du PIB). A noter néanmoins que le solde de la balance des
services est excédentaire, à hauteur de 3,8 % du PIB en 2016, en raison de l’importance de l’activité du
perfectionnement passif dans le textile, ainsi que de l’essor du tourisme.
Les efforts de consolidation budgétaire ont permis de corriger la courbe
de trajectoire de la dette publique
La dette publique dépasse 70 % du PIB depuis 2013 et près de 70 % des titres de la dette sont libellées
en EUR. Pour répondre à ses besoins de financement, l’Albanie a sollicité un accord auprès du FMI qui lui
permet de bénéficier de prêts de cette institution, complétés par un soutien budgétaire de la Banque Mondiale
et de l’UE. L’aide financière accordé par le FMI consiste en mécanisme élargi de crédit (EFF) d’une durée de
trois ans (Fév. 2014 - Fév. 2017), pour un montant d’environ 380 M EUR. En contrepartie, le programme préparé
en lien avec le FMI fixe comme priorité la réduction du déficit, la baisse de la dette publique et le règlement des
arriérés de paiement de l’Etat.
Depuis sa prise de fonction en septembre 2013, le gouvernement d’Edi Rama a mené des efforts
substantiels pour réduire les besoins de financements publics. En 2016, le déficit public devrait atteindre
2,3 % du PIB contre 5,2 % en 2014. La dette publique, située à 72,2 % du PIB fin 2016, est désormais engagée
dans une trajectoire descendante. L’objectif du gouvernement est de réduire ce ratio à moins de 64 % du PIB
en 2018. Toutefois, les élections législatives organisées cette année font peser un risque de relâchement des
efforts budgétaires. Par ailleurs, il est fort probable que les autorités albanaises ne sollicitent pas une
reconduction du programme accordé par le FMI qui prend fin en février 2017.
Le secteur financier reste handicapé par un taux particulièrement élevé
de créances douteuses
Composé de 16 banques, le secteur bancaire albanais comprend 14 banques étrangères, qui
représentent 86 % des actifs totaux en 2015 contre 14 % en 1998. Les quatre premiers pays d’origine des
banques étrangères implantées en Albanie sont la Turquie, l’Autriche (Raiffeisen Bank), la Grèce (Tirana Bank,
Alpha Bank Albania, NBG) et l’Italie (Intesa Sanpaolo Bank Albania, Veneto Bank). La Société Générale
possède 6 % des actifs totaux, en 5ème position. Le ratio d’adéquation du capital s’établit à 15,7 % en 2015 bien
au-delà du seuil réglementaire de 12 %. Les rendements des capitaux (RoE) et des actifs (RoA) sont en hausse
en 2015 et s’élèvent à, respectivement, 13,2 % et 1,2 %.
L’État albanais disposant d’un accès limité aux sources de financement extérieur, se repose sur les
banques domestiques. La forte exposition du secteur bancaire à l’État – les bons du trésor albanais
représentant un quart des actifs du secteur bancaire – induit un risque systémique en cas de dégradation de la
situation des finances publiques.
Malgré la politique accommodante menée par la Banque centrale, l’accès au financement reste
particulièrement difficile pour les entreprises. Malgré l’abondance des liquidités – les prêts comptant pour
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56 % des dépôts – et des niveaux de capitalisation supérieurs aux normes de Bâle II, la distribution des crédits
des banques reste pénalisée par le poids des prêts non performants. Le taux des créances douteuses reste
particulièrement élevé et s’établit à 21 % du portefeuille des crédits en août 2016.
D’importantes réformes structurelles restent à mener pour améliorer
l’environnement des affaires
Outre le programme de consolidation financière que le gouvernement s’est engagé à suivre, suite au
programme avec le FMI, les autorités albanaises se sont engagées avec certaines IFIs sur d’importantes
réformes structurelles. Certaines réformes génèreront à moyen terme des économies substantielles pour le
budget. La réforme du secteur de l’électricité s’est traduite par une vaste réorganisation du secteur, un
réajustement des prix payés aux producteurs et une réduction substantielle des pertes financières. La réforme
des retraites a consisté en une hausse progressive de l’âge de départ à la retraite, l’indexation des retraites sur
l’inflation et la mise en place d’une retraite minimum pour les plus démunis. La réforme territoriale qui a
fortement réduit le nombre de collectivités territoriales, devrait diminuer in fine, le coût de fonctionnement de
l’administration territoriale.
Mais des efforts substantiels doivent encore être menés pour améliorer l’environnement des affaires
qui reste pénalisé par la corruption, une criminalité importante et un état de droit défaillant. La réforme
récente sur la justice accordant davantage de garanties sur l’indépendance des juges est une étape à saluer.
La réforme contre l’informalité lancée en septembre 2015 et destinée essentiellement à améliorer les recettes
fiscales de l’Etat a été menée sans concertation avec la communauté d’affaires et ne semble pas avoir, à ce
stade, un fort impact budgétaire. La loi sur les secteurs stratégiques et la loi sur les zones de développement
économique et technologique n’ont pas eu les effets escomptés.
Indicateurs macroéconomiques 2016
PIB (Md EUR)
Population (M d’habitants)
11
Taux de croissance (%)
Taux de chômage (%)
3,2
Taux d’inflation annuel (%)
Taux de change
1,4
Importations de B&S (en % du PIB)
Exportations de B&S (en % du PIB)
41
Solde courant (% du PIB)
Flux d’IDE (en % du PIB)
-13
Solde public (% du PIB)
Dette publique (% du PIB)
- 2,3
Taux de prêts non performants
Crédit (en % du PIB) 2015
41
2,89
16
1€= 136,9 ALL
26
8,8
72,2
21
Sources : FMI, Commission européenne, Ministère des Finances, Institut des statistiques, Banque Centrale
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Rédigé par : Jean-Baptiste Brasseur et Mirela Mata
Revu par : Jean-Marie Demange
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