A LIRE : Le magazine de l'économie innovante : EcoFutur
Fossiles. La France possède la deuxième zone économique exclusive (ZEE) du monde, cet espace
maritime sur lequel un Etat côtier est souverain pour explorer et exploiter des ressources. Onze
millions de kilomètres carrés de mers et océans se trouvent sous juridiction française, surtout là où on
ne s’y attend pas : au voisinage du Brésil et de l’Australie par exemple. De ces énergies « bleues »,
on a commencé par exploiter les « noires », c’est-à-dire celles fossiles et carbonées que sont le
pétrole et le gaz. Aujourd’hui, la technologie permet même d’extraire du gaz naturel, de le purifier et
de le liquéfier sur une plateforme offshore, avant de l’expédier par bateau ou par gazoduc sous-
marin. C’est l’objectif des mégaprojets Bonaparte (avec GDF Suez) ou Ichthys (avec Total) au large de
l’Australie.
L’Institut français du pétrole et des énergies nouvelles le confirme : les dépenses d’exploration-
production en mer s’envolent, après la pause de 2010 qui a suivi la marée noire de Deepwater
Horizon, dans le golfe du Mexique. Parmi les zones les plus prometteuses : les fonds atlantiques
présalifères du Brésil, les eaux mozambicaines, les poches de gaz naturel repérées au large de la
Crète, les découvertes de Guyane - en attente de confirmation -, et bien sûr l’Arctique, au grand dam
des écologistes. Ces hydrocarbures, plus difficiles d’accès, coûteront plus cher à extraire. Les
gisements ne seront donc exploités qu’à la faveur d’un prix du baril élevé. Encore plus qu’aujourd’hui.
« Il y a encore cinq ans, les grands patrons du secteur à qui je parlais d’énergies marines
renouvelables balayaient le sujet d’un revers de la main. Cette fois, on y est », exulte Jean-François Le
Grand, président du conseil général de la Manche, dont le département va accueillir une usine de
pales d’éoliennes (Alstom à Cherbourg). « La maturité n’est pas du tout la même d’une énergie à
l’autre », prévient toutefois Frédéric Hendrick, vice-président « offshore » d’Alstom Wind, qui insiste
aussi sur les coûts de maintenance.
En mer, le vent est l’énergie renouvelable la plus mûre. La France a lancé un premier appel d’offres
pour 3 gigawatts (l’équivalent de deux réacteurs nucléaires de type EPR), et en prépare un second.
L’association européenne des professionnels de l’éolien (l’EWEA) pronostique un parc installé en 2020
de 40 GW, contre 3 GW en 2010. Mais si on sait brasser du vent, on peut aussi le faire avec des
courants marins. Et les éoliennes sous-marines existent : elles s’appellent hydroliennes (lire page IV).
Entre les deux, il y a la surface : c’est le terrain de jeu des centrales houlomotrices. Les plus connues
sont ces gros boudins flottants, sortes de boas des mers, qui actionnent des pistons en se déformant
au gré des vagues. A observer au large du Portugal ou des îles Orcades, au nord de l’Ecosse. Dans les
eaux françaises, l’utilisation de la houle pour fabriquer de l’électricité représenterait 40 TWh par an,