Réunion de territoire Omédit Pays de la Loire Observatoire des antibiotiques 24 février 2015 Dr Pierre Abgueguen Infectiologue Cas clinique n°1 Cas clinique 1 Femme de 49 ans, mari vétérinaire ATCD médicaux : - Diabétique insulino dépendant depuis 15 ans - Colique néphrétique à l'âge de 20 ans Hospitalisée en rhumatologie pour cruralgie depuis 1 jour. La patiente a une sensation de brûlures à la miction, irradiant au flanc gauche et à la fosse lombaire gauche. Le médecin retient le diagnostic de cystite aiguë simple. Cas clinique n°1 Hémodynamique : pouls normal, TA bras droit : 125/74mmHg, FC : 72/min T° = 37.4°C Pas de douleur à l'ébranlement des fosses lombaires Brûlures lors de la miction, urines troubles non sanglantes Bandelette urinaire Leuco ++ nitrites ++ EVA : 0 Cas clinique n°1 Etes vous d’accord avec ce diagnostic de cystite aiguë simple ? Oui Non Cas clinique n°1 Etes vous d’accord avec ce diagnostic de cystite aiguë simple ? Oui Non Cas clinique n°1 Modification de la terminologie Prise en compte des éléments de gravité : - sepsis grave* - choc septique* - indication à un drainage chirurgical ou instrumental des voies urinaires (hors sondage vésical simple) * Prise en charge initiale des états septiques graves de l’adulte et de l’enfant. Rénimation 2007, 16: S1-21 Cas clinique n°1 Facteurs de risque de complications Homme Grossesse Anomalie organique ou fonctionnelle de l’arbre urinaire Insuffisance rénale sévère (clairance créatinine < 30 mL/mn) Immunodépression sévère sujets âgés – > 65 ans « fragile » : > 3 critères de la classification de Fried : • perte de poids involontaire au cours de la dernière année • vitesse de marche lente • faible endurance • faiblesse/fatigue • activité physique réduite – > 75 ans (sauf exception) Le diabète n’est plus considéré comme un facteur de risque Cas clinique n°1 Que proposez-vous à cette patiente avec un diagnostic de cystite ? Devant les antécédents de diabète vous proposez de réaliser un ECBU Vous proposez un traitement en première intention par fluoroquinolones Vous pouvez proposer un traitement par furadantoïne pendant 5 jours Vous pouvez proposer un traitement par Monuril Cas clinique n°1 Que proposez-vous à cette patiente avec un diagnostic de cystite ? Devant les antécédents d’infections urinaires à répétition vous proposez de réaliser un ECBU Vous proposez un traitement en première intention par fluoroquinolones Vous pouvez proposer un traitement par furadantoïne pendant 5 jours Vous pouvez proposer un traitement par Monuril Prise en charge de la Cystite aigüe simple Rationnel du choix antibiotique Taux de résistance acceptable en probabiliste : ◦ ≤ 20 % pour les cystites simples ◦ ≤ 10 % pour les PNA et IU masculines Tolérance Impact écologique Épidémiologie et résistances d’E. coli Épidémiologie et résistances d’E. coli Antibiotique/Antibiotic Amoxicilline ou ampicilline 17199 60,7 2011 n %S 16974 59,3 16970 53,7 17424 55,2 35442 56,9 39827 56,1 60956 56,4 61688 56,2 Amoxicilline + clavulanate 17210 77,3 16962 79,5 16970 80,9 17424 75,8 35601 72,1 38239 72,5 58536 72,0 58536 66,7 83594 72,4 132672 66,3 96,8 8862 97,6 6926 97,5 23730 96,5 28677 95,9 41807 96,3 41770 13743 97,6 8482 99,2 10608 98,7 34962 97,9 39840 97,0 60973 96,8 61701 - 31110 85,2 34562 84,2 56198 84,3 56143 15052 91,6 15925 89,0 17009 87,4 35567 86,1 36430 85,6 60701 85,8 60647 14407 94,0 15936 92,7 16725 91,9 34944 90,6 39837 89,7 54356 90,1 54353 96,3 72485 95,4 119155 91102 96,6 138857 94,8 88288 83,5 138552 90160 85,9 137552 90782 90,5 138814 82,1 16468 85,5 16028 83,4 16050 82,6 34153 81,4 36463 81,7 54476 81,7 54476 16411 96,6 16743 96,1 17004 96,1 32920 95,7 36992 95,8 44511 98,6 48486 80,6 121580 78,9 125267 98,6 n Cefixime 2004 %S 1451 Céphalosporines 3 egénération* Ac. nalidixique 14955 88,9 Norfloxacine/Ofloxacine 14715 91,4 Ciprofloxacine 15019 94,5 Cotrimoxazole 1637 85,6 Nitro-furantoïne 1668 98,2 n 2005 %S n 2006 %S 2007 n %S 2008 n %S n 2009 %S n 2010 %S 96,9 84,0 86,1 90,2 98,7 2012 2013 n %S n %S 91231 51,1 138572 50,6 82003 79,5 78382 98,8 *cefotaxime,ceftriaxone, ceftazidime Escherichia coli : évolution de la sensibilité (%) aux antibiotiques (20042013). Réseau MedQual www.medqual.fr Evolution du pourcentage de résistance (R+I, %) et de sensibilité aux C3G des souches d’Escherichia coli. Réseau MedQual 96,1 84,4 89,5 Cas clinique n°1 Elle est traitée par nitrofurantoïne, mais au bout de 3 jours la persistance des symptômes conduit à réaliser un ECBU. Le laboratoire signale un Proteus mirabilis BMR. Cas clinique n°1 Cas clinique n°1 Quelle attitude avez-vous devant le résultat de cet ECBU ? Vous prenez un avis auprès d’un infectiologue ? Vous prenez un avis auprès de l’un de vos confrères ? Vous appelez le laboratoire de bactériologie pour avoir des précisions ? Vous hospitalisez ou envoyez la patiente aux urgences ? Cas clinique n°1 Quel traitement vous proposez ? Un traitement par amiklin par voie intramusculaire ? Un traitement par monuril Un traitement par ertapenem Vous ne savez pas Épidémiologie et résistances E coli Situations cliniques justifiant ou non la prise en compte du risque d’infection à E. coli producteurs de BLSE Cystite aiguë simple Ce qui est nouveau La place du pivmécillinam (désormais remboursé) SELEXID*. La position de la nitrofurantoïne en troisième intention pour des raisons de rare toxicité (Nitrofurantoïne : Contre-Indication si Clcréat<40ml/min). La position des fluoroquinolones en troisième intention pour des raisons écologiques. Les propositions thérapeutiques en cas de cystite simple documentée à EBLSE après échec d’un traitement probabiliste. Le pivmecillinam Voie orale Forte concentration dans les urines (souvent >200mg/L) Bonne tolérance, utilisation possible en cas d’insuffisance rénale Stabilité vis-à-vis de certaines βlactamases en particulier CTX-M Risque moins important de voire apparaître une résistance que d’autres molécules Effet minime sur le microbiote fécal et vaginal En France ◦ SELEXID 200mg : boite de 12 cp , 6€ en ville 5 jours : 20 cp = 10 €, en fait 2 boites = 12€ 7 jours : 28 cp = 14 €, en fait 3 boites = 18€ Effet minime sur le microbiote fécal et vaginal Prise en charge de la Cystite à risque de complication Cas clinique n°2 Femme de 87 ans, vit en EPAHD On note une allergie au Bactrim L’infirmière constate des urines malodorantes et réalise d’elle-même une bandelette urinaire Celle-ci revient positive à leucocytes ++ et nitrites ++ Cas clinique n°2 Que pensez vous de l’initiative de l’infirmière ? C’est parfaitement justifié et il n’est pas nécessaire d’avoir l’avis préalable du médecin par perte de temps C’est parfaitement justifié mais l’avis du médecin devrait pris avant la réalisation de la bandelette Rien ne justifie la réalisation d’une bandelette urinaire dans cette situation La réalisation de la bandelette dépend des autres comorbidités Cas clinique n°2 Que pensez vous de l’initiative de l’infirmière ? C’est parfaitement justifié et il n’est pas nécessaire d’avoir l’avis préalable du médecin par perte de temps C’est parfaitement justifié mais l’avis du médecin devrait pris avant la réalisation de la bandelette Rien ne justifie la réalisation d’une bandelette urinaire dans cette situation La réalisation de la bandelette dépend des autres comorbidités L’aspect des urines L’aspect macroscopique des urines de même que leurs odeurs ne signent pas forcément la présence de germes et encore moins l’existence d’une infection urinaire symptomatique. La bandelette urinaire étant positive, un ECBU est réalisé Un traitement antibiotique adapté à l’antibiogramme est administré par ◦ Gentamicine 3 mg/kg/j en 1 injection par voie intramusculaire 3 jours de suite Cas clinique n°2 Cas clinique n°2 Que pensez vous du choix du traitement par aminosides à cette posologie ? Ce n’est vraiment pas le premier choix à proposer chez cette patiente C’est une option thérapeutique éventuelle à proposer La posologie doit être adaptée à la clairance de la créatinine La posologie n’est pas à adapter mais c’est l’intervalle entre deux doses qui doit être adapté à la clairance de la créatinine Cas clinique n°2 Que pensez vous du choix du traitement par aminosides à cette posologie ? Ce n’est vraiment pas le premier choix à proposer chez cette patiente C’est une option thérapeutique éventuelle à proposer La posologie doit être adaptée à la clairance de la créatinine La posologie n’est pas à adapter mais c’est l’intervalle entre deux doses qui doit être adapté à la clairance de la créatinine Les aminosides Les traitements en monodose quotidienne sont à privilégier chez la personne âgée, selon les recommandations de l’AFSSAPS. Dans les rares cas ou un aminoside est indiqué, l’estimation de la clairance de la créatinine est indispensable pour déterminer l’espacement des doses La durée du traitement ne doit pas dépasser 3 à 5 jours. IU chez la personne âgée (1/2) Deuxième site d’infection bactérienne communautaire après les infection des voies respiratoires Premier site infection bactérienne nosocomial (42%) Personne âgée : – 20 fois plus fréquentes que chez le sujet jeune – Pronostic potentiellement sévère – Difficultés de diagnostic… Pas ou très peu de recommandations spécifiques chez la personne âgée – Prise en charge souvent complexe 1. Recueil des symptômes difficile à évaluer en fonction des troubles cognitifs/confusion -> signes cliniques souvent absente 2.Colonisation importante 3.Comorbidités/co-infections 4.Sonde urinaire à demeure IU chez la personne âgée (2/2) Analyse pendant six mois de toutes les analyses d’urine effectuées dans deux institutions.. Analyse de chaque cas et évaluation de l’indication des antibiotiques En cas de prescription est analysé ◦ le choix de l’antibiotique selon les guides de référence ◦ la dose la durée du traitement ◦ le suivi pour l’émergence Clostridium Au total 519 prélèvements ont été analysés. 172 patients correspondant aux critères d’inclusion : présence de germes à l’analyse d’urine. Un traitement antibiotique a été donné à 96 des 172 patients 146 patients n’avaient pas les critères suffisants de définition d’une infection urinaire, un antibiotique a néanmoins été prescrit dans 70 cas 69 patients ont reçu un traitement inapproprié Dans 64 cas le traitement était trop long Le risque d’avoir un Clostridium dans les trois mois après le traitement était multiplié par 8,5 chez ceux qui avaient reçu un antibiotique de façon injustifiée. La colonisation urinaire Anciennement la bactériurie asymptomatique C’est la présence d’un micro-organisme dans les urines sans manifestations cliniques associées. Il n’y a pas de seuil de bactériurie sauf chez la femme enceinte. La leucocyturie n’intervient pas dans le diagnostic. Seules 2 situations pour le dépistage en vu du traitement: ◦ La grossesse à partir du 4ième mois ◦ Avant une procédure urologique programmée Cas clinique n°3 Jeune homme 23 ans, étudiant Séjour en Inde pendant 2 mois ◦ Hospitalisé durant son séjour pour diarrhées avec amaigrissement de 10 kg ◦ Va recevoir : de l’ofloxacine, de la ciprofloxacine, du Flagyl et de l’ivermectine Un mois plus tard, il présente de la fièvre avec pollakiurie, une dysurie et une hémospermie Cas clinique n°3 L’examen clinique est sans particularité en dehors d’une fièvre à 39°C. TA normale, pouls 85/mn. Biologie avec hyperleucocytose à 14800 GB, CRP à 75 mg/L. La bandelette urinaire est négative en dehors d’une croix de sang. Cas clinique n°3 Quelle est votre hypothèse diagnostique ? Le patient présente une cystite Le patient présente une pyélonéphrite Le patient présente une prostatite Le patient présente une autre pathologie (tropicale ?) Cas clinique n°3 Quelle est votre hypothèse diagnostique ? Le patient présente une cystite Le patient présente une pyélonéphrite Le patient présente une prostatite Le patient présente une autre pathologie (tropicale ?) La bandelette urinaire Chez la femme, bonne valeur prédictive négative ◦ Si BU négative (leucocytes et nitrites ), rechercher en priorité un autre diagnostic Chez l’homme, bonne valeur prédictive positive ◦ Si BU positive (leucocytes + et nitrites +) l’infection urinaire est à confirmer par un ECBU ◦ Une BU négative n’exclut pas le diagnostic d’infection urinaire masculine Cas clinique n°3 Un ECBU est réalisé Il est mis sous céfixime (Oroken) 200 mg matin et soir pour une durée de 2 semaines Cas clinique n°3 Quelle décision devez-vous prendre ? C’est une urgence, le patient doit être hospitalisé et un traitement débuté sans attendre les résultats de l’ECBU. Le traitement sera réadapté secondairement. Ce n’est pas une urgence, la patient va bien, il est pris en charge en ambulatoire et cela peut attendre le résultat de l’antibiogramme. Ce n’est pas une urgence mais le patient est fébrile, on instaure un traitement qui sera réadapté secondairement. Le patient doit être hospitalisé , avoir des hémocultures puis recevoir un traitement selon les résultats de l’ECBU et des hémocultures. Cas clinique n°3 Quelle décision devez-vous prendre ? C’est une urgence, le patient doit être hospitalisé et un traitement débuté sans attendre les résultats de l’ECBU. Le traitement sera réadapté secondairement. Ce n’est pas une urgence, la patient va bien, il est pris en charge en ambulatoire et cela peut attendre le résultat de l’antibiogramme. Ce n’est pas une urgence mais le patient est fébrile, on instaure un traitement qui sera réadapté secondairement. Le patient doit être hospitalisé , avoir des hémocultures puis recevoir un traitement selon les résultats de l’ECBU et des hémocultures. Cas clinique n°3 Concernant le choix du traitement antibiotique ? Le Céfixime est un bon choix, c’est une C3G Les C3G orales ne sont pas recommandées dans les infections urinaires chez l’homme J’utilise une fluoroquinolone en première intention J’utilise le Bactrim® en première intention Cas clinique n°3 Concernant le choix du traitement antibiotique ? Le Céfixime est un bon choix, c’est une C3G Les C3G orales ne sont pas recommandées dans les infections urinaires chez l’homme J’utilise une fluoroquinolone en première intention J’utilise le Bactrim® en première intention Prise en charge de l’ Infection urinaire masculine Les IU chez l’Homme BU + ECBU systématique. Le seuil de bactériurie est à 103 UFC/ml. Hémocultures seulement si fièvre. Pas de dosage PSA recommandé. Une échographie des voies urinaires par voie sus-pubienne si douleurs lombaires et RAU dans les 24h évolution défavorable à 72h : IRM ou echo endorectale ( abcès). Les IU chez l’Homme Ce qui est nouveau Le traitement différé des IU masculines pauci-symptomatiques. La précision des critères d'hospitalisation. Les recommandations spécifiques de traitement en cas d'IU masculine à EBLSE. L'absence d'ECBU de contrôle systématique. Les recommandations complémentaires: d'explorations urologiques 2°épisode ou anomalie des voies urinaires suspectée faire échographie des voies urinaires avec quantification du résidu postmictionnel, une consultation d'urologie +/- débimétrie urinaire