Les aînés victimes de mauvais traitements, majoritairement des femmes4,
subissent des violences principalement à leur domicile (75 % des cas rapportés par
Respect Seniors). Les maltraitances les plus fréquemment vécues concernent les
violences psychologiques, les négligences et les abus financiers, malgré des
différences notables entre les sources. Les violences physiques, les plus visibles, et
médicamenteuses sont minoritaires. Les auteurs de violence envers les personnes
âgées sont majoritairement des personnes de leur entourage, particulièrement de
leur famille. Dans 38 % des cas rapportés à Respect Séniors, il s’agit de l’enfant de
la victime. Il apparaît également que les conjoints sont au premier rang des
maltraitants. Dans ces conditions, il est aisément concevable que les victimes
puissent avoir du mal à dénoncer les auteurs de violence, installés dans une
relation de dépendance affective avec leur bourreau.
Facteurs de risque
Les situations de maltraitance des seniors sont rarement le fruit du hasard. Mais les
causes des mauvais traitements sont multiples. On constate la prédominance de
certains facteurs de risque. Ainsi, du point de vue de la personne maltraitée,
l'isolement social et la dépendance des victimes âgées, phénomènes qui
s'expliquent partiellement par la diminution des capacités physiques et le
rétrécissement naturel du réseau social liés au vieillissement, semblent être
propice à l’apparition de la violence. Quant à la précarité de l’état de santé des
aînés, particulièrement les dépendances physiques et/ou psychiques sont des
éléments renforçant leur vulnérabilité et risquant d’occasionner une surcharge de
travail et de stress souvent mal tolérée par l’entourage ou les professionnels. Le
caractère difficile voire agressif de certaines victimes peut également être source
de tension et d’agressivité réciproque de la part des aidants.
Quant aux facteurs de risque liés à l’auteur, « la fragilité psychologique des aidants
proches et/ou familiaux, une dépendance quelconque (alcoolisme ou autre forme
de toxicomanie), des problèmes sociaux ou financiers représentent autant de
facteurs propices au déclenchement de ces situations d’abus ou de négligence »5.
D’autres facteurs indépendants des particularités individuelles mais caractérisant
la relation maltraitant/maltraité interviennent également. Notamment, des
antécédents de violence intrafamiliale, une cohabitation difficile ou une
dépendance financière sont des éléments pouvant augmenter les risques de
maltraitance.
Enfin, l’environnement extérieur, locaux inadaptés aux besoins des personnes
âgées, manque de formation ou d’accompagnement des aidants, peuvent renforcer
les tensions et le basculement vers les mauvais traitements.6
4 Notons néanmoins que la différence entre les sexes apparaît moins significative selon une étude de l’ULg
(Linchet S., Nisen L., (2010) Etude sur le bien-être des personnes de plus de 70 ans en Wallonie, Recherche
commanditée par Respect Seniors menée par le Panel Démographie Familiale en collaboration avec le
service de Médecine générale, p. 114-115) que dans les statistiques de Respect Seniors. Peut-être les
hommes ont-ils moins tendance à en parler et à demander de l’aide.
5 Rosenfeldt M., (2007) La maltraitance envers les personnes âgées à domicile, CEPAG, p. 4.
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