"L`insuffisance rénale a progressé, de manière alarmante, en quinze

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ÉVÈNEMENT
Santé-MAG N°25 - Décembre 2013
Maitre-assistante au service néphro-
logie du CHU Beni-Messous, le Dr.
Khellaf a une longue expérience dans
sa spécialité. Elle s’occupe, particuliè-
rement, des cas de maladies orphelines,
qui ont un retentissement sur le rein..
Santé mag: Y a-t-il une corrélation
entre l’HTA et l'atteinte rénale?
Dr. Khellaf: Il existe une corrélation
certaine entre l’HTA et l’insusance
rénale. L’hypertension artérielle peut en
être une cause et une conséquence. En
eet, elle est une cause potentielle d’in-
susance rénale chronique, puisqu’elle
est à l’origine de 30% des cas d’insuf-
fisance rénale terminale. D’autre part,
80% des personnes, atteintes d’insuf-
fisance rénale chronique, décèlent une
HTA, au cours de leur maladie.
Quels sont les symptômes d'un tel ta-
bleau clinique ?
Pour les personnes atteintes d’HTA
chronique, plus la pression artérielle
augmente, plus leur fonction se dé-
grade. Cela peut provoquer une sclé-
rose progressive des vaisseaux du rein
et donc, une insusance rénale chro-
nique. Sachez qu’un hypertendu a entre
2 et 10 fois plus de risques de dévelop-
per une insusance rénale qu’un sujet
qui ne l’est pas. Un suivi régulier de
la fonction rénale (au moins, une fois
par an), ainsi qu’un albustix, à chaque
consultation, peut déceler et prendre
en charge, précocement, le patient, au
stade de micro-albuminurie.
A l’inverse, lors d’une aection rénale,
le rein n’élimine plus correctement le
sel. Ce qui entraîne un rétrécissement
du diamètre des vaisseaux et donc,
une élévation de la pression artérielle.
Lorsque HTA et insusance rénale sont
mêlées, la dégradation de la fonction
rénale s’accélère et la capacité d’élimi-
nation de l’eau et du sel diminue: oli-
gurie ou anurie, avec surcharge hydro-
sodée (HTA, OAP). On peut, également,
détecter une hyperactivité du système
nerveux sympathique et du système
rénine-angiotensine.
L'atteinte rénale est-elle, dans ces cas-
là, réversible ?
Si l’atteinte rénale est résumée à une
protéinurie isolée, une hygiène de vie,
associée à un bloqueur du système
rénine angiotensine(ARAII), ou un
inhibiteur de l’enzyme de conversion
(IEC), sont prescrits en première inten-
tion. Dans ce cas là, on peut espérer
une diminution, voire une disparition
de cette protéinurie, puisqu'ils ont un
eet néphroprotecteur et anti-protéi-
"L’insuffisance rénale a progressé,
de manière alarmante, en quinze ans"
Propos recueillis par Rania Hamdi
Dr. Ghalia Khellaf,
néphrologue au CHU Beni-Messous, à Santé Mag:
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ÉVÈNEMENT
Santé-MAG
N°25 - Décembre 2013
nurique, en dehors de leur action anti-
hypertensive. Mais, si on constate que
l’insusance rénale et l’HTA cohabitent
déjà, des traitements médicamenteux
existent, pour essayer de ralentir, seu-
lement, la progression de cette insuf-
fisance rénale, qui est, dans ce cas-là,
irréversible.
Les bloqueurs du système rénine-an-
giotensine restent le premier choix,
en combinaison avec les diurétiques
de l’anse, ou les thiazidiques (selon le
niveau de filtration glomérulaire). On
doit, sans doute, compléter ce traite-
ment avec des bêtabloquants et/ou
des alphas bloquants et des vasodila-
tateurs périphériques, afin de contrôler,
au mieux, la pression artérielle. Enfin,
en complément de ce suivi médicamen-
teux, un régime pauvre en sel s’impose,
ainsi qu’une perte pondérale, en cas
d’obésité et l’arrêt de la consommation
de tabac.
Il semblerait que les kystes rénaux
sont, de plus en plus, fréquents; ou, du
moins, de plus en plus diagnostiqués, à
la faveur d'un examen échographique.
Quels sont les types connus ?
La présence de kystes dans le paren-
chyme rénal n'est pas synonyme de po-
lykystose rénale, ou de maladie géné-
tique. Au contraire les kystes rénaux les
plus fréquents sont acquis. Il s'agit dans
l'immense majorité des cas de kystes,
dit simples, du rein.
"Les kystes simples" sont le type le plus
commun des kystes, qui se développent
dans plus de 50% des personnes, qui
ont 50 ans, ou plus. Il existe de nom-
breuses causes de kystes rénaux acquis.
Les kystes simples du rein: Ce sont des
kystes de découverte fortuite, sur une
échographie, ou un scanner. Ils sont,
rarement, symptomatiques et seuls les
kystes volumineux parlent. Avant de dire
qu'un kyste simple du rein est respon-
sable d'une HTA, ou d'une hématurie, il
faut éliminer toutes les autres causes de
ces manifestations cliniques. Ces kystes
sont, le plus souvent, solitaires. Leur fré-
quence augmente avec l'âge et le sexe
masculin (25% des hommes de plus de
70 ans ont, au moins, un kyste dans le
parenchyme rénal, en échographie). La
prévalence serait plus importante chez
les hypertendus. Le diagnostic repose
sur l'échographie rénale. En pratique un
kyste simple du rein c'est banal, c'est
bénin et c'est asymptomatique.
Le kyste hydatique rénal est une loca-
lisation, rare, de l'hydatidose. Le dia-
gnostic est facile, quand on y pense.
L'hypokaliémie chronique: Toute
cause d'hypokaliémie (baisse du taux
de potassium dans le sang), prolongée
et profonde, peut être responsable de
l'apparition de multiples kystes dans le
rein. Ils sont petits et asymptomatiques.
La prise de lithium: la prise, prolongée,
de lithium peut être responsable d'une
néphropathie tubulo-interstitielle, qui
se compliquera de la présence de mul-
tiples kystes, dans le parenchyme rénal.
Ils sont très bien mis en évidence par
l'IRM rénale. Ils sont asymptomatiques
et leur histoire naturelle est inconnue.
La multikystose acquise, associée à
l'insusance rénale, ou multikystose
acquise du dialysé (MKAD).
Les kystes rénaux congénitaux ont une
spécificité autre, puisqu’ils surviennent,
d’abord, dans un contexte familial (chez
des familles consanguines, à un âge
jeune ou adulte, selon le gène respon-
sable) et c’est un domaine très pointu,
à soumettre au néphrologue, ou à des
pédiatres, quand il s’agit d’enfants
Comment déterminer une forme sévère
des kystes rénaux et quel est le schéma
thérapeutique à suivre ?
Il existe des cancers kystiques, mais
l'échographie révèle des atypies, parois
épaisses, irrégulières, contenus hétéro-
gènes, surtout s’il y a des symptômes
associés tel que: l’hématurie, douleurs,
fièvre, nausées. Il faut, alors consulter,
un urologue, pour pousser les investiga-
tions radiologiques: uroTDM ou uroIRM,
pour confirmer le diagnostic de cancer
kystique. Un geste chirurgical s’impose,
alors.
Globalement, de par votre expérience,
pensez vous que les atteintes rénales
sont plus fréquentes que par le passé et
pour quelles raisons ?
Ma réponse est oui, mais pas seulement,
dans notre pays, puisque l'insusance
rénale est en forte croissance, dans le
monde.
C’une épidémie silencieuse, qui pro-
gresse de façon alarmante et concerne
des millions d'êtres humains, autour
du globe. Le nombre d’insusances
rénales chroniques terminales (IRCT),
en Algérie, était à 124 par million d'ha-
bitants (pmh), en 1997, quand j’ai com-
mencé ma spécialité. Il a presque qua-
druplé en 15 ans, puisque en 2012, on
compte, environ, 486 IRCT (pmh) ce
chire reste très inférieur à ceux: des
USA (1 446 pmh), du Japon (1 726 pmh),
de la France (866pmh) et va continuer
à croître, dans notre pays, de 6 à 8% par
an, inférieure à celui des USA (+ 10%/
an) et supérieure à celui de la France et
de la Tunisie (4%).
Cette évolution se caractérise par la di-
minution des néphropathies primitives
et l’augmentation, considérable, de la
fréquence des néphropathies vascu-
laires (HTA) et diabétiques, qui repré-
sentent plus de 49% des causes d’IRCT.
Cette augmentation alarmante suit
l'épidémie du diabète de type 2 (gras
de la maturité).
Il y a 154 millions de diabétiques, de par
le monde; un chire qui doublera dans
les vingt ans à venir et surtout dans
les pays pauvres, où l'on s'attend à at-
teindre 286 millions de diabétiques, en
2025. La néphropathie diabétique est la
cause numéro un d'insusance rénale.
Il est donc urgent, selon mon avis de
lancer des programmes, simples, de dé-
pistage en Algérie, un programme-pi-
lote, visant à détecter la présence d'al-
bumine dans les urines (un des signes
cardinaux de la maladie rénale). Il faut,
également, mettre en œuvre des pro-
grammes de prévention, contre l'hyper-
tension, le diabète et l'obésité, qui sont
autant de facteurs de risque, aboutis-
sant à la maladie rénale chronique
Un kyste rénal est une sorte de poche
sur le rein contenant du liquide. Sa
formation est assez fréquente en
vieillissant. Les kystes sont souvent
bénins (kyste simple) et ne néces-
sitent aucun traitement ou suivi
particulier.
Dans certaines maladies rénales
génétiques telles que la polykys-
tose rénale type récessif (PKR) ou
la polykystose rénale type dominant
(PKD), du fait de l'abondance et
de la grosseur des kystes, les reins
polykystiques peuvent prendre un
volume considérable. Le diagnostic
repose principalement sur l'échogra-
phie qui révèle les kystes. Une écho-
graphie négative après l'âge de 30
ans permet d'éliminer le diagnostic
de PKD.
Avoir des kystes dans le rein ne signi-
fie donc pas que l’on a une maladie
héréditaire. On peut même dire qu’il
est banal pour un adulte d’avoir un
ou deux kystes dans un rein
Kyste rénal
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