I. L`environnement Africain de 2025 : quelles politiques pour quels

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Thème : Les défis environnementaux : ressources naturelles, agriculture, sécurité alimentaire,
changement climatique
Sous-titre : L’Afrique de 2025 : entre croissance économique et développement durable ?
Introduction
L’Afrique est en pleine transformation. « Le nouveau millénaire marque le début d’une
renaissance politique, économique et environnementale en Afrique » a souligné le rapport
sur l’évolution de l’environnement Africain « Notre environnement, notre richesse » (PNUE,
2006).
La population d’Afrique enregistre une croissance fulgurante, dans un contexte de croissance
économique lente, d’absence de planification et de développement médiocre des
infrastructures, posant de nombreux défis environnementaux. D’ici 2025, il est prévu que la
population de l’Afrique passe à 1 300 millions (Division de la population des Nations Unies,
2005). Alors l’Afrique de 2025 en absence de politique conséquente serait un continent
dégradé, fortement pollué, désertifié, d’insécurité alimentaire et de paupérisation, non viable
et non vivable, pour ne citer que ceux là.
Les liens entre environnement et développement ne sont plus à démontrer. Selon le rapport de
la Commission Brundtland : «Environnement et développement ne sont plus deux défis
distincts mais bien liés inexorablement. Le développement ne peut être maintenu sur une base
de ressources environnementales qui se détériore ; l’environnement ne peut pas être protégé
si la croissance ne tient pas compte des coûts de la destruction environnementale.» (CMED,
1987).
Les ressources environnementales de l’Afrique représentent une part importante de la vision
de développement du continent, en raison de leur énorme potentiel de développement et
d’amélioration du bien-être des populations. De plus, l’Afrique dépend directement des
ressources naturelles pour générer des revenus et satisfaire les besoins de survie.
La problématique de la gestion environnementale en Afrique mérite ainsi qu’on s’y attèle.
Dans la présente dissertation, nous inventons l’Afrique de 2025 à travers une analyse des défis
environnementaux du continent dans le contexte de changement climatique. Notre
développement s’articulera autour de deux axes principaux à savoir l’environnement Africain
de 2025 vu à travers les politiques et les scénarios (I) et les corrélations croissance
économique et développement durable en Afrique (II).
I. L’environnement Africain de 2025 : quelles politiques pour
quels scénarios ?
L’économie Africaine repose sur les ressources naturelles du continent. Par poursuite sans
limite des objectifs de croissance économique, ces ressources sont particulièrement
vulnérables aux changements environnementaux. L’environnement de l’Afrique s’est alors
détérioré ces dernières décennies et malgré les initiatives prises par les gouvernements pour
essayer de freiner et d’inverser cette dégradation, la pauvreté ne cesse d’augmenter.
La question est d’autant plus préoccupante que l’Afrique évolue dans un cercle vicieux de
pauvreté et de sous-développement, et cette situation de vulnérabilité accrue augmente alors la
pression sur l’environnement.
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Plusieurs scénarios sont alors envisageables selon le rapport « Notre Environnement, notre
richesse », (AEO-2), sur l’avenir de l’environnement en Afrique. Quatre scénarios sont
envisageables, chacun appelant à une politiques et à des stratégies spécifiques :
Le scénario des forces commerciales : ce sont elles qui déterminent les relations
socio-économiques et l’avenir de l’Afrique dépend des effets de la mondialisation.
Dans ce scénario, l’économie est de plus en plus privatisée et on assiste à un retrait
progressif du gouvernement comme acteur principal dans le processus de
développement.
Le scénario de réforme des politiques : de fortes politiques sociales et
environnementales tempèrent les prescriptions commerciales. Ce scénario intègre la
réalisation de la nécessité que les gouvernements tiennent compte des retombées
négatives du changement. Les considérations socioéconomiques et politiques peuvent
encourager les gouvernements à adopter des mesures expéditives pour favoriser les
citoyens plutôt que d’attendre que le marché agisse pour corriger ces méfaits. Par
conséquent, la réforme des politiques s’oriente vers la construction du développement
au travers d’interventions positives et proactives.
Le scénario du monde retranché : le monde ne tient pas compte du besoin impératif
de réformes en faveur de l’environnement, l’élite minoritaire se retranche dans des
enclaves protégées et la plupart des gens connaissent de grosses difficultés et vivent
dans la pauvreté.
Le scénario des Grandes transitions vise à adapter les aspects positifs des autres
scénarios pour renforcer les trois piliers du développement durable : l’environnement,
la société et l’économie. Ce scénario estime que ni les Forces du marché, ni la
Réforme des politiques ne suffisent pour redresser les méfaits causés par la croissance
économique à l’environnement, mais il constate le besoin de faire évoluer un nouveau
paradigme de développement dans lequel la durabilité de l’environnement n’est pas
compromise. Ce dernier scénario s’appuie sur des visions d’un futur durable et
souhaitable au plan de l’environnement.
En effet, « La crise de l’environnement, la crise du développement, la crise de l’énergie : ce
n’est qu’une seule et même chose. » (CMED 1987). Pour toutes les ressources naturelles, une
approche basée sur les corrélations peut s’avérer être une stratégie précieuse pour améliorer la
gestion et la gouvernance et garantir les bénéfices du développement.
Au fur et à mesure de la croissance des populations côtières, les pressions provenant des
activités humaines terrestres et marines s’amplifient, provoquant la perte des ressources
vivantes et la destruction des habitats, qui ont des répercussions sur les opportunités de survie
et exacerbent la pauvreté. Les causes principales de cette dégradation, hormis les catastrophes
naturelles, sont la pauvreté et les pressions du développement économique à des échelles tant
locales que mondiales. Les gains économiques (dont un grand nombre ne procurent que des
avantages à court terme) sont réalisés aux dépens de l’intégrité des écosystèmes et des
communautés vulnérables qui en dépendent (PNUE, 2006).
En somme, il faut dire que les gouvernements africains doivent s’engager dans la résolution
des problèmes environnementaux tout en intégrant les priorités de développement du
continent.
II. Croissance économique et développement durable en Afrique
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L’Afrique est un continent pauvre ou la majorité de sa population vit dans la misère. Dans ce
contexte de paupérisation et de misère la croissance économique et le développement durable
peuvent-ils faire bon ménage dans la vision du développement du continent africain.
Comment concilier des objectifs de croissance économique et de développement durable en
Afrique ?
En effet, pour couvrir leurs besoins vitaux, les populations pauvres sont contraintes à une
destruction irréversible de leurs ressources. La pauvreté peut signifier alors dégradation
accrue de l'environnement. C’est plus que clair que quand la survie est en jeu, les
préoccupations quant à la préservation de l'écosystème local à long terme sont reléguées au
second plan.
La croissance économique et le développement durable se présentent comme étant deux
éléments de contradiction. En effet, la notion de développement durable est apparue en 1987
dans le rapport Brundtland et elle semble, dans une première approche, entrer en
contradiction, au moins partielle, avec la recherche d'une croissance économique soutenue. Le
développement durable peut se définir comme le mode de développement qui permet de
répondre aux besoins essentiels des êtres humains d'aujourd'hui, notamment des plus démunis,
sans compromettre la possibilité pour les générations futures de faire face à leurs propres
besoins. De l’autre coté, la question de la disponibilité des ressources naturelles suppose qu'on
distingue les ressources non renouvelables et les ressources renouvelables. L'épuisement des
ressources non renouvelables en prive définitivement les générations futures et exige que peu
à peu, nous apprenions à nous en passer.
La prise en compte des dégradations de l'environnement est aussi une des dimensions
majeures du développement durable. Le processus semble déjà en partie irréversible et devrait
bouleverser les équilibres écologiques et humains dans de nombreuses régions du monde,
conduisant des millions d'hommes à devoir migrer des zones menacées vers des terres
d'accueil. On imagine sans peine les bouleversements politiques que de tels mouvements de
population risquent d'engendrer.
Il faudra refonder la croissance dans le cadre du développement durable en Afrique. La
solution est donc d'inscrire la croissance économique dans une stratégie de développement
durable. Diverses voies s'ouvrent et le choix entre elles n'est évidemment pas idéologiquement
neutre. On peut imaginer des réponses sur le terrain économique en faisant confiance au
marché et à l'innovation. Mais l'intervention politique de la puissance publique semble
également nécessaire pour faire face à l'urgence de l'enjeu.
Le progrès technique peut en effet apporter sa pierre à la résolution des problèmes. L’Afrique
se doit de bénéficier sans délai des technologies occidentales. Ces transferts lui feraient
franchir rapidement des étapes vers des modes de production plus écologiques et limiteraient
l'impact de leur croissance rapide sur l'environnement. Cela supposerait une coopération
internationale pour l'instant peu pratique. L'autre instrument économique est ce que les
économistes appellent « l'internalisation des externalités négatives ». Il s'agit d'intégrer dans le
calcul économique de l'entreprise le coût des conséquences externes négatives que son activité
génère. Cela suppose d'attribuer un « coût » à la pollution, à la gestion des déchets, à
l'épuisement des ressources, et de faire entrer ce coût dans les charges de l'entreprise. Cela
l'amène à chercher à réduire ces externalités. Les écotaxes, les droits limités d'émission de
CO2, font partie de ces instruments qui peuvent aussi s'appliquer au consommateur et se
transformer en incitations positives.
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Conclusion
La difficulté de concilier croissance économique et développement durable s'exprime chaque
jour un peu plus. Cela conduit certains courants de pensée à prôner la décroissance. Mais
prôner la décroissance en Afrique semble planifiée sa fin. La nécessité d'une transformation
radicale de notre rapport à l'environnement et de nos modes de consommation et de
production peut conduire à l'optimisme.
L’UA à travers le NEPAD doit poursuivre ses actions en faveur du renforcement de la
capacité de l’Afrique à mettre en œuvre les politiques de développement durable en
investissant dans le développement des ressources humaines et dans l’éducation et la
sensibilisation du public, en renforçant les institutions et en améliorant la coordination, en
soutenant le développement des systèmes d’information, en mobilisant et en renforçant le rôle
des communautés scientifiques et techniques et en promouvant une coopération et le partage
de l’expertise sud-sud (NEPAD, 2003).
Pour que les actions aboutissent à des résultats utiles, les Africains doivent se préparer à
prendre des décisions audacieuses et à faire preuve d’un engagement politique authentique
envers le bien-être des populations, l’éradication de la pauvreté et l’utilisation durable des
ressources. Les politiques environnementales doivent être complétées par des politiques et des
programmes abordant les questions de pauvreté et d’équité, de technologie, de recherchedéveloppement, de commerce et d’investissement et du développement des infrastructures.
L’interdépendance environnementale, économique et politique exige également une
coopération régionale, qui renforce et partage les ressources pour le bien commun, sans
opposer les intérêts d’une Nation à ceux d’une autre. Le renforcement de la planification
environnementale nationale, avec l’inclusion de tous les partenaires constitue une priorité. Il
s’agit notamment d’intégrer les problèmes des ressources naturelles à toutes les initiatives de
développement, de sorte à en permettre une utilisation efficace, performante et équitable et
une évaluation pertinente de leur contribution à un développement durable.
En prenant des mesures fermes pour protéger les biens et services environnementaux et saisir
les opportunités que présentent les changements de l’économie mondiale, le 21ème siècle
pourra devenir effectivement le siècle de l’Afrique, un siècle de prospérité, de paix à long
terme et de développement durable.
Références
UNEP, 1999. Global Environment Outlook-2000. United Nations Environment Programme,
Nairobi. http://www.grida.no/geo2000/english/index.htm
United Nations Population Division (2005).World Population Prospects: The 2004 Revision
Population Database. United Nations, New York. http://esa.un.org/unpp
WCED, 1987. Our Common Future. World Commission on Environment and Development.
Oxford University Press, Oxford
PNUE, AMCEN, AEO-2, 2006. Notre Environnement, Notre Richesse, Synthèse, 36p.
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