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Nonobstant les changements de gouvernements et de stratégies de développement pour la Tunisie, les
orientations dans le domaine de développement économique restent en faveur des processus
d'accroissement du rôle du secteur privé dans l'investissement et d'intégration de l'économie tunisienne
dans l'économie mondiale, comme axes fondamentaux pour la relance de l’activité économique
générale.
Les dernières années, plusieurs réformes au niveau du cadre juridique, telles que la promulgation du
code des investissements, le PPP et la réforme fiscale ont été menées par l’Etat en concert avec le
secteur privé. Néanmoins, il n'existe actuellement en Tunisie aucun forum institutionnalisé pour
faciliter un dialogue public-privé, au sein duquel des reformes économiques seraient priorisées
conjointement et le suivi de leur mise en œuvre assuré. Dans le passé, le dialogue public-privé était
mené par le gouvernement et l'UTICA, mais depuis la révolution plusieurs autres acteurs se sont
introduits sur la scène économique et le système actuel reste ad hoc et peu transparent. Récemment,
certaines initiatives ont néanmoins été lancées qui pourraient servir comme inspiration pour un
système plus structuré et permanent. Il s'agit notamment du "contrat social" entre le gouvernement,
l'UTICA et l'UGTT, ainsi que le Conseil UE-Tunisie pour l'entrepreneuriat, qui est un forum de
discussion et d’échange entre les hommes et femmes d'affaires Tunisiens et Européens sur les
problématiques relatives à l’entreprise en Tunisie.
1.3. Cadre de coopération avec l’UE
Suite à la signature de l'Accord d'Association en 1995, une zone de libre-échange entre l'UE et la
Tunisie a été mise en place en 2008, éliminant ainsi toute protection tarifaire sur le commerce de
produits industriels. L'instauration de cette zone de libre-échange a été accompagnée par des
programmes de "mise à niveau" des entreprises tunisiennes (i.e. vis-à-vis leurs homologues
européenne, au cours de laquelle les entreprises tunisiennes ont été appelées à faire preuve d'une
grande capacité de flexibilité et d'adaptation.
Si les droits de douane ont donc disparu, le commerce entre la Tunisie et l'UE est toujours caractérisé
par la présence de barrières non-tarifaires au commerce, dues essentiellement à l'existence de normes
de sécurité non-harmonisées, et de différents systèmes de contrôle de la conformité des produits à ces
normes. Par ailleurs, les entreprises exportatrices tunisiennes font face à un consommateur européen
de plus en plus exigeant en termes de qualité des services et des produits. Afin de répondre à ces
exigences, la coopération européenne a prévu depuis 2008, d'une part, un appui en vue de la
conclusion à moyen terme d'accords de reconnaissance mutuelle dans le domaine de l'évaluation de la
conformité (ACAA) dans les secteurs prioritaires (notamment électrique, mécanique, produits de
construction) et, d'autre part, la promotion accrue de la compétitivité des entreprises par le biais
d'actions de qualité et de coaching technique et non technique.
Suite à la révolution de 2011, l'UE et la Tunisie ont jugé que les conditions étaient réunies pour que
ces deux partenaires passent à un niveau supérieur et plus stratégique d'approfondissement de leurs
relations et d’intégration, compte tenu d’ambitions réciproques plus élevées. Ainsi, les deux parties ont
conclus, le 19 novembre 2012, un accord politique sur un Partenariat Privilégié doté d'un nouveau plan
d'action.
Ce nouveau statut traduit la volonté des deux parties de s’inscrire dans une dynamique de
rapprochement qui dépasse les frontières du libre-échange. Dans le domaine de la coopération
économique et commerciale, le Partenariat Privilégié envisage notamment une intégration économique
et sociale élargie avec l'Union européenne permettant d’édifier un Espace Economique Commun. Cet
axe vise un rapprochement progressif de la législation tunisienne avec l'acquis de l'Union européenne.
La Tunisie et l'Union européenne détermineront ensemble les secteurs sur lesquels l'effort de
rapprochement se portera de manière prioritaire. Dans la perspective du développement des liens
commerciaux et économiques, il est déjà prévu de négocier un accord de libre-échange complet et
approfondi (ALECA) entre la Tunisie et l'Union européenne, qui couvrira les domaines de l'agriculture
et des services. Enfin, un accord sur l
'investissement est prévu, entraînant une ouverture
réciproque et une meilleure protection des investissements.