Rapport final - Economie de fonctionnalité

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CHANTIER N° 31
GROUPE D’ETUDE « ECONOMIE DE FONCTIONNALITE »
Rapport final au Ministre d’Etat,
Ministre de l’Energie, de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Aménagement
du Territoire
présenté par
Jean-Martin FOLZ
Président du groupe d’étude
Chefs de projet
Doris Nicklaus
Chargée de mission
Christine Cros
Chef de département
Ministère de l’Ecologie, de l’Energie, du
Développement Durable et
et de l’Aménagement du Territoire
Commissariat Général au Développement
Durable
Service de l’Economie, de l’Evaluation et de
l’Intégration du Dveloppement durable
Agence de l’environnement et de la Maîtrise
de l’Energie
Département éco-conception consommation
durable
Octobre 2008
1
Par lettre en date du 26 décembre 2006 (cf. Annexe 1), Monsieur Jean-Louis Borloo,
Ministre d’Etat, Ministre de l’écologie, de l’énergie, du développement durable et de
l’aménagement du territoire, a confié au groupe d’étude « économie de fonctionnalité » du
Grenelle de l’Environnement la mission de mettre en place « un dispositif susceptible de
lancer une véritable dynamique en matière d’économie de fonctionnalité » définie dans le
relevé de conclusions du Grenelle comme le remplacement de la vente de biens par la vente
de leur usage.
En effet, l’économie de fonctionnalité peut logiquement apparaître comme voie de
développement durable réconciliant croissance économique et environnement. Ainsi, un
producteur qui vend des biens a intérêt à en vendre le plus possible et donc à en raccourcir
la durée de vie (obsolescence programmée) alors que le producteur qui en vend le seul
usage (service) a intérêt à en allonger la durée pour diminuer son coût de production. Dès
lors, la modification de l’origine du bénéfice pour le producteur (le bien dans un cas, la
fonction d’usage dans l’autre) apporte de profondes modifications aux modèles
économiques : maintien de la propriété du support matériel et donc responsabilité élargie du
producteur, modification de l’organisation interne de l’entreprise et facturation en fonction de
l’intensité d’usage. Le passage à l’économie de fonctionnalité peut ainsi ouvrir la voie à une
réduction des consommations de ressources (réduction des flux de matières et d’énergie) et
des impacts environnementaux associés.
I. – Une étude fondée sur l’analyse de quelques cas précis d’application de l’économie
de fonctionnalité
Le groupe d’étude (cf. Annexe 2) a rapidement constaté que la réalité du bénéfice
environnemental de l’économie de fonctionnalité méritait d’être davantage étayée par
l’analyse de quelques exemples précis déjà mis en place dans les entreprises. Une étude a
ainsi été commandée au cabinet de conseil Ernst & Young (cf. Annexe 3) pour évaluer
quantitativement et qualitativement la nature et l’ampleur des bénéfices environnementaux
liées à l’économie de fonctionnalité.
La méthode retenue a été de raisonner à partir de cas concrets reconnus comme
représentatifs de l’économie de fonctionnalité, et de comparer les flux de matière et
d’énergie consommés par l’activité de vente de l’usage du bien (vente de service) aux flux de
matière et d’énergie consommés par une activité dite « de référence » qui correspondrait à la
vente de ce même bien. L’ensemble de ces cas relève d’une activité d’entreprise à
entreprise (« business to business » ou « B to B»). La comparaison de ces deux scénarios a
eu pour objectif d’identifier les gains potentiels pour l’environnement et d’en comprendre
l’origine. L’étude a également eu pour vocation d’identifier les enjeux économiques,
financiers et comptables du passage du modèle d’économie classique à l’économie de
fonctionnalité.
Les évaluations ont été menées selon une logique d’analyse du cycle de vie simplifiée
par rapport aux exigences de la norme ISO 14040 : elles n’ont en effet pas cherché à
évaluer tous les flux, mais se sont focalisées sur les flux de matières, d’énergie et de gaz à
effet de serre. En particulier, les impacts relatifs à la toxicité n’ont pas été évalués.
2
II. – La méthode et les résultats de l’étude micro-économique (cf. Annexe 3)
L’étude a été menée sur 5 entreprises identifiées a priori comme représentatives de la mise
en place d’un système d’économie de fonctionnalité. Il est finalement apparu que trois
d’entre elles entraient effectivement dans le schéma :
 Xerox : entreprise qui, pour une partie minoritaire de son activité, vend un service de
gestion complète des impressions en environnement de bureau en assurant la
rationalisation, la mise à disposition et la maintenance des équipements, le support
aux utilisateurs, la gestion des consommables et la récupération de fin de vie des
équipements d’impression multimarques chez le client ;
 Michelin : entreprise qui, pour une partie minoritaire de son activité, propose un
service d’usage de maintenance des pneus chez ses clients dans le domaine du fret
routier. Elle assure le regonflage, le recreusage, et le rechapage des pneus ainsi que
leur récupération en fin de vie.
 Elis : entreprise qui, pour la majorité de son activité, propose un service de location /
entretien d’articles textiles, l’activité étudiée étant spécifiquement celle de location /
entretien de vêtements de travail.
Pour l’ensemble de ces trois entreprises, l’étude a montré que le système « économie de
fonctionnalité » se traduisait par la réduction des flux de matière et/ou d’énergie. La
prestation de service de Xerox permet de réduire d’environ 1/3 les émissions annuelles de
gaz à effet de serre lors de l’usage par rapport à la solution d’achat de copieur. La prestation
de service de Michelin permet de réduire de manière significative la consommation du
nombre de pneus et les consommations de carburant des camions. La location de vêtements
d’Elis permet de réduire environ de moitié les consommations d’énergie ou émissions de
CO2 par rapport à une solution d’achat de vêtements avec un entretien professionnel interne
et de diviser par dix environ les consommations d’eau. Elle permet aussi de réduire le
nombre de vêtements utilisés.
III. – Les enseignements de l’étude
L’économie de fonctionnalité recouvre des réalités très différentes selon les entreprises. Les
expériences menées par les entreprises étudiées se rejoignent néanmoins toutes sur un
point : l’organisation d’un nouveau modèle économique qui est parti d’une réflexion autour de
la fonction du produit et de sa place dans le processus de l’entreprise cliente. Ces réflexions
ont ensuite débouché sur des modèles économiques différents. C’est ainsi qu’il serait plus
pertinent de parler d’économieS de fonctionnalité.
Ces économies de fonctionnalité se caractérisent par des principes communs qui permettent
des gains environnementaux résultant de moindres consommations de ressources et d’une
réduction des impacts environnementaux associés :
 professionnalisation de la maintenance ;
 modification des caractéristiques techniques du bien ;
 rationalisation de l’utilisation.
Les économies de fonctionnalité résultent d’équilibres différents entre ces principes et des
niveaux de performances choisis pour chacun.
Les risques inhérents à la complexification de la logistique et de la « supply chain » doivent
par ailleurs être envisagés.
3
III.1. - Les impacts environnementaux
On peut identifier plusieurs types d’intérêts environnementaux. :
 Une réduction des flux liés à l’usage du produit grâce à une
professionnalisation de la maintenance. Cette optimisation de la maintenance
pourrait être effectuée par le consommateur du service lorsqu’il détient le produit,
mais l’enjeu économique relatif est dans certains cas trop faible pour qu’il y accorde
un véritable intérêt. Le passage à une gestion externalisée entraîne un changement
d’échelle qui rend possible une optimisation économique en diminuant les coûts. Il
revient au contrat de service de répartir le surplus généré de façon appropriée entre
les deux parties.
Pour l’environnement, cette dimension est particulièrement intéressante
lorsqu’il s’agit d’un produit dont les impacts les plus importants sont liés à la
phase d’utilisation. Il y a un risque d’augmentation de la consommation d’énergie
liée à l’accroissement des déplacements pour raisons de maintenance mais il n’a
pas été confirmé. En effet, l’augmentation des transports a été compensée dans ces
cas par une meilleure rationalisation de la logistique.
 Une recherche d’allongement de la durée de vie des produits pour réduire les
coûts1 de remplacement. Cette recherche est particulièrement intéressante pour
l’environnement lorsque la phase de fabrication est principalement génératrice
d’impacts sur l’environnement. Cependant, l’allongement de la durée de vie génère
une économie de matière sur le cycle de vie, même si cet allongement n’entraîne pas
nécessairement des impacts environnementaux toujours positifs.
 Une optimisation du comportement économique de l’utilisateur grâce à une
meilleure perception du coût global d’un produit (encore dénommé coût de
possession). Le coût global recouvre les coûts d’investissement, d’installation, de
fonctionnement, de maintenance et de gestion de fin de vie des produits. Or dans
une entreprise, ces coûts sont souvent gérés par des entités différentes et qui n’ont
pas les mêmes horizons de temps, ce qui ne permet pas une bonne connaissance
des coûts globaux. Un prestataire de service va mieux révéler ces coûts globaux car
il les intègre nécessairement dans la facturation de son service.
Cette manière d’identifier et de gérer le coût global de manière lissée présente deux
types d’intérêts liés à deux origines :
-
la transparence des coûts globaux conduit souvent à la réévaluation
des coûts liés à l’usage du produit et donc à l’organisation d’une
réduction de ces coûts ;
-
une entreprise ne peut pas toujours raisonner en coût global, même si
c’est plus intéressant économiquement. En effet, elle doit faire face à
des contraintes de financement et ne peut pas toujours engager de
nouveaux investissements même rentables. Pour le client, le passage
à l’achat de la prestation de service lui permet d’assumer les coûts
globaux de manière lissée dans le temps et donc de choisir en
minimisant davantage le coût global.
1
Elle peut se traduire par une plus grande solidité des produits mais aussi par une conception
optimisant la réutilisation et le recyclage des produits une fois qu’ils sont arrivés en fin de vie.
4
 Une réduction du nombre de produits consommés grâce à un meilleur taux
d’usage des produits mis à disposition. Dans un cadre professionnel, cette
réduction résulte soit d’une croissance du nombre d’utilisateurs, soit d’une offre
multiservice (exemple : copieur jouant également un rôle d’imprimante). Ces objets
multi-fonctionnels conduisent à l’intensification d’usage des biens et participent de la
réduction du nombre de produits. La multiplication des services est à double
tranchant : l’addition de plusieurs services pour un même produit permet de réduire le
nombre de supports physiques car un seul produit permet de remplir les fonctions
auparavant réalisées par deux produits, mais si les modules des services associés au
produit ne sont pas facilement séparables une obsolescence du produit peut
s’enclencher précocement en raison du manque de performance d’une seule de ces
fonctions.
Tous ces bénéfices environnementaux ne sont pas nécessairement rassemblés dans le
cadre d’une seule expérience d’économie de fonctionnalité. En revanche, la réduction des
flux de matières et d’énergie liés à l’usage du produit a été systématiquement mise en
évidence pour les trois expériences d’économie de fonctionnalité étudiées.
De façon plus générale, il semble que l’enjeu essentiel de la mise en place de l’économie de
fonctionnalité doive être apprécié en terme de productivité des ressources (produire plus
de valeur ajoutée en utilisant moins de matière et d’énergie)
III.2.- Le modèle économique
Le passage de la vente d’un produit à la vente de l’usage de ce produit sous la forme d’un
service s’accompagne d’une modification de la nature de l’activité : le producteur passe
d’une obligation de vente d’un bien en bon état à une obligation de résultats dans la
durée sur les performances concernant l’utilisation du produit. La proximité des
équipes assurant la maintenance et la conception, au sein de la même entreprise, et leur
partage d’un intérêt économique commun, renforce la réflexion de toute l’entreprise sur le
produit lui-même et son amélioration.
Dans tous les cas étudiés, le retour d’expérience issu de l’activité de service est
considéré comme un élément important pour l’activité de recherche et développement
de l’entreprise, quel que soit son modèle économique (économie de fonctionnalité ou non).
Cela n’entraîne toutefois pas toujours un intérêt environnemental (cf. infra).
Le passage à une prestation de service résulte avant tout d’une recherche d’avantages
concurrentiels et non pas d’une réduction des impacts environnementaux. Ce passage est
d’ailleurs généralement très progressif : on vend le bien, ensuite on le vend en lui associant
un service et on finit par ne plus vendre que le service. L’économie de fonctionnalité peut
être ainsi considérée comme l’aboutissement ultime d’une stratégie de différenciation
poussant progressivement l’entreprise à s’engager vers une garantie de performance.
Le client contribue à la performance du service à travers l’utilisation qu’il fait du bien dont il a
l’usage. Le producteur ayant une obligation de résultat (performance), le contrat de service
doit nécessairement comporter des clauses définissant les conditions d’utilisation
« normales », et précisant les dispositions applicables en cas d’une utilisation anormale.
De même, les conditions de révision des prix doivent être anticipées. Ces conditions sont
indispensables pour assurer la pérennité de la relation contractuelle. La stabilité de la
relation commerciale est habituellement recherchée mais elle joue un rôle déterminant pour
le passage à l’économie de fonctionnalité car un producteur ne s’engagera pas dans une
telle démarche s’il ne dispose pas d’un minimum d’assurances sur la pérennité de la relation.
Pour assurer la réussite de l’économie de fonctionnalité dans l’entreprise, le
producteur doit également accepter des évolutions liées au métier. En effet, les
5
fonctions de production et de maintenance doivent mieux coopérer. La gestion des contrats
de service demande également davantage d’expertise en termes de contrôle de gestion.
Dans les cas étudiés, l’activité relative au service n’était pas suffisamment représentative au
sein de l’activité de l’entreprise, ou depuis trop longtemps ancrée dans les pratiques de
vente pour que des enseignements plus précis aient pu être tirés. Les évolutions
organisationnelles et les difficultés liées à la gestion du changement doivent toutefois être
pleinement prises en compte.
Dans le cadre d’une relation « B to B » le produit et le service associé qui sont
externalisés ne doivent pas appartenir au cœur de métier de l’entreprise cliente afin de
ne pas introduire une dépendance productive. Cependant, il semble que le produit
doive faire l’objet d’un enjeu significatif pour que le client perçoive l’intérêt de
l’externalisation du fonctionnement du bien et de sa maintenance.
IV. – Autres enseignements pour les relations interentreprises
L’économie de fonctionnalité semble avoir un intérêt environnemental particulier pour les
biens pouvant faire l’objet d’une location et d’une régénération comme les huiles de coupe
ou les bains de solvants. Le passage de la vente de ces biens à celle de leur usage permet
non seulement de réduire le risque de diffusion des produits souillés, mais également de
concentrer les processus de dépollution avec des garanties qui pourraient être alors
associées à des installations classées. L’intérêt est, dès lors, double : moindre
consommation de matières et meilleure gestion de la fin de vie des produits. Ce passage
n’est néanmoins intéressant pour l’entreprise utilisatrice que si le coût de l’usage de ces
produits est inférieur au coût de leur achat et de la gestion de leur fin de vie. De fait,
l’augmentation des prix des matières premières peut, à terme, inciter les producteurs à
conserver la propriété de ces produits et conduire les utilisateurs à les louer au lieu de les
acheter. On peut supposer que toute action (internalisation des externalités) et/ou évolution
(augmentation des matières premières vierges) qui conduit à renverser le différentiel de prix
actuel aboutit ipso facto à créer un marché pour la fonction d’usage de ces produits.
V. – Enseignements issus d’expériences à destination du consommateur final
L’auto-partage est l’exemple type d’une application de l’économie de fonctionnalité au
consommateur final (« B to C »). Des retours d’expérience concernant ce domaine ont donc
été présentés au groupe d’étude. Ce système consiste en un abonnement des
consommateurs leur permettant de bénéficier de l’usage de voitures. Cet usage est régi par
un système de réservation. Bien qu’il soit difficile de distinguer l’auto-partage de la location
automobile en termes juridiques, les principales différences techniques sont les suivantes :
-
l’obligation d’abonnement pour l’auto-partage, ce qui facilite ensuite les formalités
administratives pour accéder au véhicule ;
la possibilité d’utiliser le véhicule sur une durée très courte (à l’heure), de jour comme
de nuit.
Une étude réalisée par des étudiants de HEC a été présentée au groupe d’étude pour
illustrer d’autres aspects de l’économie de fonctionnalité appliquée aux consommateurs
finaux. Plusieurs expériences récentes ont été exposées : « Zilok », un site internet de prêt
de matériel entre particuliers, « Couches éco’services » un service de mise à disposition du
consommateur de couches pour bébés lavables et propres chaque semaine et de
récupération de couches souillées, ou « Netjets », une société proposant l’usage de jets
6
privés, ce dernier exemple permettant de rappeler que les systèmes de location n’entraînent
pas systématiquement une réduction d’impacts environnementaux.
Les auteurs de l’étude ont également construit des scénarios fictifs où l’usage d’un bien
serait proposé aux consommateurs plutôt que sa détention : location de l’usage de
vêtements, prestation d’un service de « nutrition équilibrée », …
Faute de données quantitatives exploitables, notre groupe d’étude n’a pas pu évaluer les
expériences d’économie de fonctionnalité appliquée aux consommateurs finaux de manière
aussi fine que celles mettant en jeu des relations entre entreprises. A défaut
d’enseignements véritables, plusieurs pistes de réflexion peuvent toutefois être proposées
concernant cette facette de l’économie de fonctionnalité en matière d’impacts
environnementaux et de modèles économiques.
V.1. - Les impacts environnementaux
L’intérêt en termes d’impact environnemental de l’économie de fonctionnalité appliquée aux
consommateurs finaux semble reposer sur les mêmes éléments que ceux dégagés dans les
cas de relations entre entreprises.
 Une réduction des flux liés à l’usage du produit grâce à une
professionnalisation de la maintenance. Pour que le système fonctionne, il faut
que l’usager accède à un produit en état opérationnel. Cela suppose une
maintenance organisée.
Dans le cadre de relations entre entreprises, le groupe d’étude avait constaté, sur la
base des exemples analysés, que l’organisation de la maintenance n’avait pas
entraîné de croissance des transports. S’agissant des services à destination des
consommateurs, le groupe d’étude n’a pas pu conduire d’analyse précise, faute de
données disponibles. Il convient néanmoins de souligner qu’une minimisation des
déplacements induits peut être obtenue lorsque la densité d’usagers est significative
dans la zone où est effectuée la prestation de service et/ou lorsqu’une densité de
prestataires est suffisante dans la zone où les usagers sont présents.
 Une optimisation du comportement économique de l’utilisateur grâce à une
meilleure perception du coût global d’un produit (encore dénommé coût de
possession). Cela est vrai pour les biens représentant un investissement important
et nécessitant des coûts d’entretien significatifs. Les expériences d’auto-partage ont
permis aux utilisateurs de prendre conscience des coûts cachés de la voiture. Cette
prise de conscience explique sans doute, au moins partiellement, les reports modaux
observés en faveur de transports alternatifs à la voiture, voire même une baisse de la
mobilité (une autre partie des reports pouvant s’expliquer par les aléas de
disponibilité des voitures en auto-partage).
 Une réduction du nombre de produits consommés grâce à une diminution du
parc en service, à un meilleur taux d’usage des produits et à un accès plus
rapide au progrès technique. Dans le cas de produits à usage intermittent, ce sont
des prestations temporaires qui sont recherchées. Ainsi, dans de nombreux
exemples d’utilisation commune (voiture, perceuse, le four à raclette…), l’utilisation
apparaît plus intensive que dans le cas d’une possession individuelle du bien. La plus
grande intensité de cet usage entraîne une mise au rebut plus rapide, mais permet
ainsi un renouvellement plus rapide, ce qui permet de bénéficier plus précocément du
progrès technologique. Cette évolution est positive si le progrès technologique
poursuit une logique de réduction des impacts du produit lors de son utilisation. C’est
notamment le cas des voitures pour lesquelles la prise en compte de réglementations
7
européennes successives et de contraintes de coût des carburants, a conduit, grâce
à une forte activité de R&D, à des réductions de consommation de carburant et
d’émissions polluantes à trajet équivalent.
Un risque de dégradation prématurée des produits a néanmoins été identifié, à la suite de
comportements non précautionneux des usagers. Ce risque est généralement pris en
compte dans la relation contractuelle qui lie l’usager et le prestataire. Dans le cas de l’autopartage, les dégradations ne semblent pas être importantes ; en revanche dans le système
« Velib’ », d’importantes dégradations du parc de vélos ont été constatées, dues en partie à
l’usure mais aussi en raison d’actes de vandalisme (stations non protégées).
Par contre, la recherche d’un allongement2 de la durée de vie des produits pour réduire les
coûts de remplacement, identifiée dans le cas des relations interentreprises, n’apparaît pas
nettement dans le cas du service destiné au consommateur final. Il convient tout d’abord de
rappeler que cette ambition n’est pas contradictoire avec la réduction de la durée de vie due
à l’intensification d’usage. En effet, un produit peut être mis au rebut plus tôt (i.e. 5 ans au
lieu de 10 ans pour une voiture) et avoir servi davantage (i.e. 150 000 km au lieu de 100 000
km). Mais il faut constater qu’il n’y a pas aujourd’hui d’expérience permettant de démontrer
un allongement de durée de vie dans le cas de l’économie de fonctionnalité appliquée au « B
to C ». Cela est sans doute dû au fait que ce ne sont pas les producteurs des biens qui ont
mis en place les modèles d’économie de fonctionnalité. Ainsi, pour l’auto-partage, ce ne sont
pas les producteurs d’automobile qui proposent l’accès à la voiture aux usagers, mais des
prestataires intermédiaires. Le producteur n’a donc pas d’intérêt direct à allonger la durée de
vie des voitures.
Ce bénéfice environnemental pourrait toutefois être mieux pris en compte dans le cas de
services destiné au consommateur qui seraient assurés directement par les producteurs de
biens ; il pourrait également être pris en compte dans un modèle avec intermédiation dans le
cas où le nombre d’utilisateurs deviendrait suffisamment significatif pour que ces derniers
constituent un segment de marché à part entière et qu’une offre dédiée puisse donc leur être
proposée.
V.2.- Le modèle économique
L’économie de fonctionnalité appliquée au consommateur semble pouvoir être caractérisée
par trois éléments :
 Le service vendu correspond à une activité de location. Les modèles économiques
observés reposent tous sur une relation entre un prestataire et le consommateur
final, sans associer le producteur alors que celui-ci pourrait pourtant décider de luimême de ne plus vendre ses produits mais d’en délivrer l’usage. Il apparaît ainsi que
l’intermédiaire joue dans le cadre du « B to C » des rôles particuliers (gestion de la
clientèle, adaptation de l’offre aux besoins du client, rôle financier).
 Par rapport aux systèmes classiques de location, la gestion recourt plus largement
aux technologies modernes de l’information, en particulier internet ; cela permet de
réduire les contraintes liées notamment à la réservation de l’usage du bien.
 Les points de mise à disposition des biens doivent être denses, localisés proche du
lieu de vie des consommateurs et convenablement approvisionnés. En effet, ces
derniers sont habitués à utiliser ces biens au moment où ils le souhaitent.
2
Cet allongement peut être obtenu par une plus grande solidité des produits mais aussi par une
conception optimisant la réutilisation et le recyclage des produits, une fois qu’ils sont arrivés en fin de
vie.
8
S’agissant des consommateurs, la décision de passer d’une possession d’un bien à l’usage
d’une fonction semble être guidée par l’intérêt de surmonter une contrainte. Ainsi, le manque
d’espace en milieu urbain associé à un prix élevé du coût du foncier, est une contrainte qui
joue un rôle moteur dans le passage à l’auto-partage. Le manque d’espace dans les
logements des zones urbaines inciterait également au recours à l’utilisation partagée de
matériels volumineux et/ou à faible fréquence d’utilisation.
VI. – Les pistes de recherche à poursuivre et à approfondir
Le groupe a établi l’intérêt environnemental de l’économie de fonctionnalité, sur un plan
micro-économique , dans le cadre de la relation « B to B » et identifié des potentiels dans le
cadre de relations « B to C». Il recommande aux pouvoirs publics de poursuivre le travail de
recherche et d’investigation initié selon trois axes au moins :
-
simuler à l’échelon macro-économique, en y intégrant les relations « B to C » la
possible diffusion de l’économie de fonctionnalité à l’ensemble de secteurs ou soussecteurs d’activité (cf. axe 1) ;
-
préciser le cahier des charges de l’ingénierie des produits supports de la vente de
l’usage (cf. axe 2) ;
-
identifier sur un plan psychologique et social les contraintes nouvelles que susciterait
une généralisation de ce modèle économique : ses performances sont en effet très
étroitement liées aux modalités d’usage des supports du service vendu, et donc aux
comportements des usagers. (cf. axe 3) ;
Ces trois axes sont ainsi détaillés :
Axe 1 : Diffusion de l’économie de fonctionnalité dans certains secteurs et sous secteurs
Il conviendrait de dégager quelles pourraient être, sur un plan économique et
environnemental, les conséquences d’une forme de généralisation de l’économie de
fonctionnalité à différentes échelles : celle d’un secteur, d’un territoire, voire d’une économie
toute entière. Qu’adviendrait-il, sur un plan économique, social et environnemental, s’il
devenait impossible pour les usagers d’acheter certains produits manufacturés comme par
exemple les automobiles. Il semble opportun de pouvoir répondre aux questions suivantes :
-
Quels seraient en premier lieu les secteurs d’activité qui pourraient le plus facilement
se prêter à une substitution de la vente de l’usage de biens à la vente des biens euxmêmes ? Ce type de substitution comporte un risque d’effet rebond : l’amélioration de
la productivité dégage des ressources qui sont alors utilisées par ailleurs. Quelle est
l’exposition des différents secteurs à l’effet rebond ? Existe-t-il des secteurs
particuliers pour lesquels le risque d’effet rebond est moins élevé que pour d’autres ?
Peut-on prévenir ou réduire l’effet rebond ? Si oui, selon quels mécanismes ?
-
Après avoir retenu quelques secteurs d’activité, il conviendrait ensuite de comparer,
par exemple sur une période de vingt ans, les conséquences prévisibles d’un
scénario business as usual, et celles suscitées par un scénario de diffusion, fût-ce
partielle, de l’économie de fonctionnalité.
o
Qu’adviendrait-il en termes de réduction des flux de matières sous-jacents, en
termes de réduction des émissions de CO2 ? Rappelons que seule serait alors
disponible la location-mutualisation de ces objets ; un même et unique objet
serait utilisé par un nombre multiple d’utilisateurs, ne possédant pas
individuellement d’objets équivalents.
o
Quel serait, sur la même période, le bilan en termes de créations-destructions
9
d'emplois (notamment dans le cas d’un déplacement de la production vers la
maintenance localisée), de qualité et de rémunération de ces emplois ?
Quelles seraient les compétences à développer et selon quelles modalités ?
-
Quelles seraient les conséquences d’une montée en puissance, voire d’une
généralisation d’économies de fonctionnalité appliquées à un territoire précis ?
Quelles pourraient être les implications d’une telle mise en oeuvre, notamment en
termes d’économies d’échelle ?
-
Quel est le rôle des intermédiaires systématiquement rencontrés dans les cas
d’économie de fonctionnalité lors de relations « B to C » (systèmes d’information,
différenciation des produits, gestion des financements, gestion de la relation avec la
clientèle,…) ?
Il serait également utile de regarder de près les conditions de mise en œuvre effective de
l’économie de fonctionnalité et les évolutions nécessaires de notre système institutionnel
pour les rendre possibles. L’économie de fonctionnalité orientée vers le consommateur final
est-elle compatible avec les règles actuelles du droit ? Existe-t-il des barrières juridiques ?
Lesquelles ? Peuvent-elles être levées ? Y a-t-il de nouveaux contrats à imaginer ?
L’économie de fonctionnalité entre entreprises est-elle généralisable avec les règles de
comptabilité actuelles ? Quelles évolutions seraient utiles pour en rendre la mise en œuvre
plus facile ?
Axe 2 : Cahier des charges de l’ingénierie des produits supports
L’atteinte de gains environnementaux significatifs grâce à l’introduction d’économies de
fonctionnalité nécessite de bien s’assurer de la maîtrise de sa mise en œuvre. Il conviendrait
donc de préciser le type d’ingénierie requis pour la production des objets supports de la
vente d’usage. La construction d’un modèle général « d’ingénierie » de l’économie de
fonctionnalité passe en particulier par une meilleure connaissance et en conséquence un
meilleur pilotage :
-
de l’éco-conception des produits et donc de la prise en compte de l’intégralité de
leurs impacts tout au long de leur cycle de vie ;
-
de la logistique associée au service, notamment les transports induits, dont on sait
que l’organisation et la gestion influent grandement sur les performances
environnementales globales
Il importe de mieux connaître les technologies de l’information nécessaires à la bonne
fourniture de la fonction.
Axe 3 : Prise en compte des contraintes psychologiques et sociales
Il apparaît nécessaire enfin de mettre en lumière les contraintes nouvelles qui pèseront sur
l’usage et surtout les usagers, et leurs conséquences :
-
Les bénéfices environnementaux que l’on peut attendre d’un passage à l’économie
de fonctionnalité seront pour partie au moins dépendants du comportement des
usagers. Il est alors difficile d’imaginer que l’extension de ce modèle économique ne
s’accompagne pas de l’émergence de contraintes nouvelles. Quelles pourraient-elles
être selon les secteurs retenus ? Quelles atteintes porteraient-elles aux libertés
individuelles ?
-
Dans un monde très contraint sur le plan de la disponibilité des ressources
notamment minérales que l’on pourrait imaginer caractérisé par la mutualisation d’un
grand nombre d’objets, comment pourrait encore s’exercer la fonction de distinction
sociale attachée aujourd’hui aux objets possédés individuellement ?
10
Conclusion
Les mécanismes économiques mis en jeu par l’économie de fonctionnalité relèvent pour
l’essentiel de l’externalisation d’activités par une entreprise ou de la location de biens par un
consommateur. Le groupe a confirmé les gains environnementaux de ces mécanismes dans
de nombreuses situations. Ces gains reposent sur :
 Une réduction des flux liés à l’usage du produit grâce à une professionnalisation de la
maintenance ;
 Une recherche d’allongement de la durée de vie des produits pour réduire les coûts
de remplacement ;
 Une optimisation du comportement économique de l’utilisateur grâce à une meilleure
perception du coût global d’un produit (encore dénommé coût de possession) ;
 Une réduction du nombre de produits consommés grâce à un meilleur taux d’usage
des produits mis à disposition.
La mise en place d’une démarche d’économie de fonctionnalité s’apprécie ainsi
essentiellement en terme de productivité des ressources.
11
Annexe 1 : Lettre de mission
12
13
Annexe 2 : Composition du groupe de travail
Identité
Jean Martin FOLZ
Dominique BOURG
Organisme
AFEP
Christine CROS
Faculté de
Géosciences et de
l’Environnement de
Lausanne
ADEME
Doris NICKLAUS
MEDAD
Nicolas BOQUET
Muriel Mariotto
AFEP
CERTU
Daniel BRISSAUD
INPG
Nicolas BUCLET
Christian DUTERTRE
UTT
Université Paris
Diderot
Bernard PERRET
CGPE
Walter STAHEL
Institut de la Durée
Frédéric LEHMANN
DGE (MINEFE)
Renaud CRASSOUS
– DOERFLER
CIRED –
AGROPARISTECH
Fonction
Président AFEP
Professeur
Chef de département Ecoconception et consommation
durables
Chargée de mission risques déchets
Directeur environnement AFEP
Management de la mobilité
Professeur de Sciences
Economiques
Directeur du GERME
Directeur – fondateur de l’Institut
de la Durée
Modélisateur
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[email protected]
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01 43 59 65 35
[email protected]
01 47 65 20 61
Doris.nicklaus@developpeme
nt-durable.gouv.fr
[email protected]
Muriel.mariotto@developpeme
nt-durable.gouv.fr
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[email protected]
[email protected]
[email protected]
04 76 82 70 06
bernard.perret@developpeme
nt-durable.gouv.fr
walter_stahel@genevaassocia
tion.org
[email protected]
uv.fr
[email protected]
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01 43 59 71 38
04 72 74 58 36
06 89 86 42 18
01 53 44 93 07
(+33) 1 43 94 73 20
14
Identité
Jean Pierre LE
PESTEUR
Organisme
PIPAME
Fonction
Directeur du pôle
interministériel de prospective
et d’anticipation des mutations
économiques
Xavier NIEL
INSEE
Patrice GREGOIRE
IFEN
Johann VAN NIEL
Henry SAINT BRIS
Rodolphe POIROUX
Université de
Lausanne/UTT
Suez environnement
EDF
Pauline Danel
Laurent Moché
Emmanuel Delannoy
Gilles DELTEIL
Veolia environnement
Veolia environnement
Ligue Roc / FNE
GIE Elis
FrédéricDELETOMBE
GIE Elis
Directeur Industriel
[email protected]
Tél: 06 20 01 43 69
Tél dir : 01 41 25 45 72
Olivier HAULOT
Bénédicte CORBIER
CTI Chaigneau
Michelin
Steelcase
[email protected]
[email protected]
m
[email protected]
02 51 71 71 90
01 45 66 11 09
André MALSCH
Thierry COSTE
Patrick
BENSEMHOUN
Steelcase
Xerox
[email protected]
01 55 84 42 14
Jean DURAND
Xerox
Directeur technico-commercial
Responsable des relations
avec les pouvoirs publics
Manager Sustainable
Dévelopment Initiatives
Steelcase International
Directeur de programme
marketing pour Xerox Global
Services
Directeur Logistique France
Chef de l’unité « pressions et
impacts des activités
humaines et économiques »
Directeur Marketing
Direction du Marketing
Stratégique –
Adjoint au directeur
Chargée de mission
Directeur qualité sécurité
environnement
Adresse électronique
[email protected]
Contact téléphonique
[email protected]
01 41 17 64 76
[email protected]
02 38 79 78 34
[email protected]
06 08 07 18 93
[email protected]
[email protected]
[email protected],
[email protected]
[email protected]
[email protected]
Office: 33 (1) 56 65 05
29
Cell: 33 (6) 14 67 53 03
01 71 75 17 48
+ 33 (0)6 83 55 66 25
06 62 15 31 55
01 41 25 47 19
06 86 57 62 86
[email protected]
15
16
L’économie de fonctionnalité, un plus
pour l’environnement ?
Grenelle – Chantier n° 31
21 octobre 2008
ADEME - MEEDDAT
Grenelle – Chantier 31
Economie de fonctionnalité
21 avril 2008
Ernst & Young et Associés
17
Sommaire
1. Rappel du contexte de l’étude ............................................................... 19
Contexte et objectifs........................................................................................................................................19
Quatre cas d’études concrets..........................................................................................................................19
Limites de l’étude ............................................................................................................................................20
2. Conclusions sur l’intérêt environnemental des scénarios étudiés ....................... 20
Principaux leviers de gains observés ..............................................................................................................21
Impacts potentiellement négatifs.....................................................................................................................22
Focus sur les impacts de la logistique.............................................................................................................22
Détail des conclusions par scénario................................................................................................................23
3. Facteurs clés de succès et freins à la démarche........................................... 24
Caractéristiques communes des cas étudiés..................................................................................................24
Chronologie du passage à l’économie de fonctionnalité .................................................................................25
Avantages perçus ...........................................................................................................................................26
Freins identifiés ...............................................................................................................................................27
Focus sur les aspects humains .......................................................................................................................28
Facteurs clés de succès..................................................................................................................................29
4. Conclusions ...................................................................................... 29
ANNEXE 1 : étude du cas CTI Chaigneau........................................................ 31
ANNEXE 2 : étude du cas Elis..................................................................... 32
ANNEXE 3 : étude du cas Michelin............................................................... 33
ANNEXE 4 : étude du cas Xerox .................................................................. 34
ANNEXE 5 : étude du cas Steelcase ............................................................. 35
18
1. Rappel du contexte de l’étude
Contexte et objectifs
L'économie de fonctionnalité est couramment définie comme la substitution de la mise à
disposition d'un bien par une prestation de services, pour laquelle le chiffre d’affaires est lié à
l’intensité d’usage de ces biens par les clients.
Le développement de cette économie de fonctionnalité est susceptible de favoriser des modes de
consommation plus durables : le fournisseur de biens est tributaire de la fréquence de
remplacement de ses produits et du renouvellement de ses clients, son intérêt commercial étant
basé sur une croissance de la consommation. En devenant prestataire de service et propriétaire
de ses installations, il devient intéressé à la durabilité de ses produits et outils, à la minimisation
de leurs consommations en phase d’utilisation, à la gestion optimale de leur fin de vie. Les
produits et services ne sont plus l’objet de la vente mais deviennent des coûts ; et l’hypothèse
couramment faite est que cette évolution est porteuse de perspectives positives pour
l'environnement.
Toutefois peu d’études évaluent l’impact environnemental de l’économie de fonctionnalité.
L’objectif de la présente étude est d’établir, à partir de l’analyse de quelques cas d’études
concrets, si le passage de la vente d’un produit à la vente d’un service s’accompagne
effectivement d’une réduction des pressions environnementales. Elle cherche également mettre
en évidence les déterminants essentiels de réussite de ce type d’expérience, leurs freins et
leviers potentiels.
Quatre cas d’études concrets
L’étude s’appuie sur 4 cas illustrant l’économie de fonctionnalité :
►
Elis : vente d’un service intégré de location / entretien de tenues de travail dans l’industrie
mécanique, par opposition à un service de blanchisserie industrielle « classique » où l’entreprise
cliente confie régulièrement ses tenues pour leur lavage.
►
Michelin : substitution de la vente de pneumatiques et des services associés par une offre de service
intégrée « Michelin Fleet Solution » d’équipement et d’entretien des pneumatiques sur une flotte de
véhicules Poids Lourd.
►
Xerox : substitution de la vente d’équipements bureautiques par la vente d’un service global
d’impression « à la page »
►
CTI Chaigneau : substitution de la vente de machines de filtration, dans le domaine des vins et
spiritueux, par la vente d’un service d’audit complet du procédé de filtration, l’installation de
solutions dans le respect d’un budget d’exploitation donné, et accompagnement durant l’utilisation du
procédé.
►
Une cinquième entreprise, Steelcase, a effectué la substitution de la vente de mobilier par une
prestation globale d’accompagnement au design des locaux du client. Elle a été étudiée uniquement
sous l’angle qualitatif pour illustrer les avantages et freins éventuels au passage à l’économie de
fonctionnalité.
Le détail de ces 4 cas, plus Steelcase, est présenté en annexe. L’étude a consisté dans un premier
temps à construire avec chacune des entreprises un scénario précis de substitution de la vente
d’un bien par un service, toutes choses étant égales par ailleurs, pour servir de cadre à une étude
critique des avantages et inconvénients de l’économie de fonctionnalité en matière
d’environnement.
© 2008 Propriété d'Ernst & Young et Associés – Confidentiel et ce dans le respect des principes énoncés dans les « Réserves » : Ce rapport, à votre seul
usage interne, est indissociable des éléments de contexte qui ont permis de l’établir.
19
Dans un second temps nous nous sommes focalisés sur les aspects économiques et
organisationnels des scénarios étudiés pour tenter de dégager les facteurs clés de succès de telles
démarches.
Limites de l’étude
Les limites suivantes doivent être gardées en tête à la lecture des conclusions de l’étude :
►
Le périmètre de l’étude est limité à 4 cas concrets. De plus l’un d’entre eux (CTI Chaigneau) se
situe légèrement en marge de l’économie de fonctionnalité. Le groupe de travail devra donc faire
preuve de prudence dans l’extrapolation des résultats à des conclusions plus générales.
►
Les cas étudiés sont ceux de modèles opérationnels ayant démontré leur viabilité économique et
technique. L’étude n’a volontairement pas été étendue à des cas d’échecs ou de renoncement,
considérant le fait que l’économie de fonctionnalité doit d’abord s’appuyer sur un modèle
économique porteur. Certains freins ou facteurs clés de succès peuvent ainsi avoir été omis.
►
Ces quatre cas ne s’adressent qu’à des clients entreprises (« B to B »). L’économie de
fonctionnalité est en effet peu développée dans la consommation grand public
►
Dans le cadre de l’étude des impacts environnementaux sur les 4 cas, nous avons considéré
l’ensemble du cycle de vie depuis la production des matières premières jusqu’à la fin de vie.
Toutefois cette étude ne constitue pas une Analyse de Cycle de Vie (ACV) au sens des normes de
la série ISO 14040.
Notamment, par souci de gain de temps et d’efficacité, l’étape d’inventaire a été réduite aux éléments
qui constituent pour chaque cas, a priori, l’essentiel des impacts concernés (consommation d’énergie
et de matière, émissions de gaz à effet de serre). En particulier, les impacts environnementaux du type
toxicité (sur l’homme, les milieux aqueux, etc.) n’ont pas été évalués en raison de la difficulté
d’obtenir des données dans les délais impartis. En outre, certaines hypothèses simplificatrices ont pu
être prises dans la modélisation pour pallier à l’indisponibilité immédiate de certaines données
(matières premières, mix énergétique, etc.).
Par souci de traçabilité et d’objectivité, l’ensemble des hypothèses de calcul et de modélisation a été
regroupé dans un dossier technique, disponible sur demande sous réserve de l’accord des entreprises
concernées.
2. Conclusions sur l’intérêt environnemental des
scénarios étudiés
Au regard de l’étude environnementale réalisée, l’’économie de fonctionnalité dégage les effets
bénéfiques suivants sur l’environnement :
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usage interne, est indissociable des éléments de contexte qui ont permis de l’établir.
20
Meilleure
conception du
produit
CTI
Chaigne
au
NON
(mais redesign du
procédé)
Optimisation du
parc de produit
Amélioration de
la maintenance
NON
OUI
(gains sur les
consommables)
20% des bénéfices
Utilisation
raisonnée du
produit
(sensibilisation
de l’utilisateur)
OUI
80% des bénéfices
environnementaux
environnementaux
Elis
Michelin
OUI
(vêtements plus
durables)
Environ 30% des bénéfices
environnementaux
A VENIR ?
(en réflexion)
OUI
(mutualisation du
parc entre client)
Environ 50% des bénéfices
environnementaux
NON
OUI
(optimisation du
processus
industriel et
logistique)
Environ 20% des bénéfices
environnementaux
OUI
(gonflage,
rechapage et
recreusage des
pneus)
100% des bénéfices
environnementaux
Xerox
OUI
(Meilleur suivi de
l’état des
machines)
OUI
(Rationalisation
du parc)
Environ 60% des bénéfices
environnementaux
NON
OUI
(meilleure gestion
des consommables
et maintenance
préventive)
Environ 5% des bénéfices
environnementaux
NON
(hors formation à
« l’écoconduite »)
OUI
(sensibilisation à
un usage plus
rationnel)
Environ 35% des bénéfices
environnementaux
Principaux leviers de gains observés
Les principaux leviers de gain environnemental observés sont décrits ci-dessous. Cette liste n’a
pas vocation à être exhaustive. Par ailleurs aucun des cas étudiés ne cumule l’ensemble de ces
avantages environnementaux.
►
Durée de vie optimisée des produits grâce à la conception, à la maintenance et à la sensibilisation
des clients à une utilisation plus respectueuse du produit.
►
Economie d’énergie et d’auxiliaires à l’usage, grâce à l’application de techniques industrielles plus
efficaces, d’une maintenance effectuée par des spécialistes et d’une optimisation des conditions
d’utilisation dans les plages de spécification.
Enfin les entreprises interrogées ont évoqué comme autre levier la possibilité de maîtriser les
filières de fin de vie grâce à la massification des volumes collectés et traités. Pour autant cet
avantage ne transparaît pas clairement dans les résultats de la modélisation des cas. Cela tient au
fait que dans trois cas (CTI Chaigneau, Michelin, Xerox), le transfert de propriété ne modifie
pas a priori les modalités de gestion de la fin de vie qui sont déjà bien établies du fait
notamment des réglementations en vigueur (responsabilité étendue du producteur). Pour Elis,
ces filières sont en cours de mise en place.
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usage interne, est indissociable des éléments de contexte qui ont permis de l’établir.
21
Impacts potentiellement négatifs
Dans certains cas les scénarios d’économie de fonctionnalité peuvent, sans modifier le bilan
positif global, être pénalisés par certains éléments :
►
La substitution d’une consommation d’électricité (chez le client) par une consommation de gaz (chez
le fournisseur, dans le cadre de l’industrialisation du processus) induit des émissions de gaz à effet de
serre supplémentaires dans le contexte français (électricité produite à partir du nucléaire).
►
L’optimisation du procédé industriel peut conduire à l’ajout d’outils de production, générant un
« surcoût environnemental » en termes de consommation de matières premières. Toutefois, ces outils
étant amortis sur une très longue période, ils ne pénalisent que marginalement le bilan
environnemental.
►
Dans certains cas, des modifications plus radicales de procédés / d’équipements induites par le
modèle d’économie de fonctionnalité sont susceptibles de générer des transferts de pollution (ex :
choix du polyester plutôt que du coton par Elis, et conséquence possible en termes de toxicologie
pour l’homme). Ces transferts n’ont pas été modélisés dans le cadre de cette étude.
Nous avions par ailleurs émis l’idée que les clients, qui n’ont plus la propriété ni la charge du
maintien en condition des biens, pourraient être moins attentifs et dégrader plus rapidement les
produits. Ce fait n’a pas été directement observé par les entreprises étudiées.
Focus sur les impacts de la logistique
Par nature, le modèle d’économie de fonctionnalité nécessite de développer une approche de
service, avec une plus grande proximité au client, qui pourrait a priori accroître le besoin de
transports. Ce développement d’activités logistiques liées au support client (par opposition à la
logistique amont, lors de la fabrication et la livraison du produit) pourrait nuire au bilan
environnemental global du modèle.
Toutefois les résultats obtenus au travers des 4 études de cas n’ont pas confirmé cette approche,
pour les raisons suivantes :
►
Il apparaît que dans les cas étudiés, les impacts environnementaux générés par les phases logistiques
sont marginaux au regard des autres phases du cycle de vie du produit.
►
Par ailleurs, les modèles observés ne conduisent pas nécessairement à un accroissement des impacts
environnementaux. En effet on observe que les sociétés n’ont pas développé historiquement de
service logistique ad hoc pour les activités liées à l’économie de fonctionnalité : il s’agit plutôt d’une
adaptation. Cette logistique adaptée a aussi été optimisée du fait du cumul avec des activités
complémentaires, ou d’une meilleure planification des transports : les rondes de maintenance
préventive et les tournées des clients organisées se substituent à une approche antérieure plus
réactive.
Au global, il ressort des études de cas que les modifications induites par le modèle de
l’économie de fonctionnalité sur l’organisation de la logistique / support client ne sont pas de
nature à pénaliser le bilan positif global de cette solution.
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usage interne, est indissociable des éléments de contexte qui ont permis de l’établir.
22
Détail des conclusions par scénario3
CTI Chaigneau
Le scénario 2 est nettement favorable sur le plan environnemental du fait de la prédominance de la
phase d'utilisation des machines (consommation d’eau, d’énergie et de médias filtrants) par rapport à
la phase de production (production et expédition des matières premières nécessaires à la fabrication
des machines, l’assemblage ayant été négligé).
Les gains générés par la solution optimisée représentent : 30% de gaz consommé en moins, 18%
d'eau consommée en moins et 83% de médias filtrants utilisés en moins en poids total.
Elis
Suite à l’étude menée, il ressort que le scénario en économie de la fonctionnalité montre un gain
environnemental significatif par rapport au scénario de référence (blanchisserie) : ces bénéfices
s’expliquent essentiellement par l'optimisation de la durée de vie des tenues, rendue possible par
l’éco-conception des vêtements, le choix d’un textile plus résistant et plus léger (synthétique
plutôt que coton), une meilleure gestion du trousseau de vêtements, etc.
Le gain environnemental du scénario 2 par rapport à un scénario plus "artisanal" (lavage des
tenues à domicile) est moins significatif, notamment en raison de facteurs plus subjectifs qui
interviennent en défaveur du scénario 2. En particulier, dans le cas du scénario « artisanal », le
principe de dotation induit la mise à disposition d’un nombre de tenues plus limité, présentant
un avantage environnemental. En contrepartie, ceci génère une usure prématurée des vêtements
et l’utilisation de tenues détériorées.
Dans tous les cas, le choix du textile des tenues est apparu comme déterminant au regard des
impacts environnementaux étudiés. Cela s’explique par une répartition homogène des impacts
entre la phase de production des tenues et la phase d’entretien.
Michelin
Les gains environnementaux sont de manière écrasante supérieure aux inconvénients, notamment à l'aide
de l'économie de carburant qui est générée par un meilleur usage du produit (maintenance).
A noter que seuls les impacts liés à un taux de recreusage supérieur et à une moindre
consommation de carburant ont pu être modélisés avec les données disponibles. L'étude d'ACV
Michelin mentionne en outre des gains liés à un meilleur taux de rechapage (non étayé pas des
données de terrain) ainsi qu'une meilleure qualité de rechapage conduisant à une durée de vie
supérieure et une moindre consommation dans le scénario 2.
La présente étude ne tient pas compte des impacts liés aux particules d'usures de pneu. Cet
impact, au regard des données d'ACV de Michelin, n'a toutefois pas de chance d'être significatif
et reste en faveur du scénario 2.
Xerox
L'économie de fonctionnalité telle qu'elle est mise en place par Xerox est susceptible de générer
des bénéfices environnementaux importants, notamment en terme de consommation énergétique
et d'émissions de gaz à effet de serre.
Ces bénéfices sont liés au fait que l'économie de fonctionnalité pousse Xerox à mettre en place
un nombre de copieurs d’équipements d’impression rationalisé en fonction des besoins réels des
utilisateurs, évitant ainsi la mise à disposition d’équipements superflus dont les consommations
de veille (et les émissions de GES associées) constituent un impact majeur.
Le modèle d’économie de fonctionnalité dans les services d’impression permet également de
diminuer les consommations de papier, grâce aux actions de conduite du changement réalisées
3
Par convention le « scénario 1 » désignera la situation de référence et le « scénario 2 » désignera la situation en
économie de fonctionnalité.
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usage interne, est indissociable des éléments de contexte qui ont permis de l’établir.
23
par le prestataire, contraint dans ce modèle à une obligation de résultat quant à la diminution du
volume de copiesdes impressions. Cet accompagnement consiste à promouvoir des pratiques
d’impression respectueuses de l’environnement (recto/verso, noir & blanc plutôt que couleur,
etc.) et à mettre à disposition des services de dématérialisation (archivage électronique, scan,
etc.). La consommation de papier est à l'origine d’impacts significatifs d'après notre analyse (y
compris en termes de consommations énergétiques et d'émissions de CO2).
3. Facteurs clés de succès et freins à la démarche
Caractéristiques communes des cas étudiés
Dans tous les cas analysés de basculement dans le modèle d’économie de fonctionnalité, la
caractéristique principale identifiée consiste en une focalisation des entreprises autour de la
fonction rendue par le produit, et non autour du produit en lui-même. Cette nuance induit des
conséquences notables sur le business model :
►
La recherche d’optimisation de la fonction se traduit généralement par une meilleure qualité du
produit et un positionnement marketing davantage « premium ».
►
La focalisation sur la fonction conduit à élargir le regard de l’entreprise sur le produit, et à
s’intéresser aux étapes d’utilisation et de fin de vie du produit. Cela peut engendrer une
organisation différente de l’entreprise, avec un pôle logistique / support client plus développé.
►
Enfin, cette approche induit généralement une projection dans la durée susceptible d’influencer les
processus de conception et l’organisation de l’entreprise : l’optimisation de la fonction du produit
peut générer un prix de vente plus important, qu’il s’agit de justifier par un usage plus durable du
produit, à moindre coût (maintenance, consommables, etc.).
Il ressort également de notre étude que l’offre de service – par sa capacité à isoler puis
transférer une fonction non centrale du client, via son externalisation – permet d’optimiser
un processus industriel (une « fonction ») ne faisant pas partie de la chaîne principale de
valeur du client (dans le cas de CTI Chaigneau, le processus de filtration fait certes partie du
process principal mais n’est pas directement le cœur de métier du client). La « fonction »
(impression, fourniture de tenues de travail ou de pneus) n’étant plus morcelée entre différents
acteurs, le passage à l’économie de fonctionnalité permet de révéler son coût complet et de
mettre en évidence les gains possibles sur l’ensemble de la chaîne (de la conception du produit
jusqu’à son utilisation et sa fin de vie). L’optimisation de la « fonction » peut alors être
maximisée et générer un gain économique notable. Dans les cas étudiés l’optimisation
économique de la « fonction » se traduit par un gain environnemental : allongement de la durée
de vie des produits, réduction de la consommation de matières premières et d’énergie, etc.
Dans tous les cas étudiés, la recherche d’optimisation économique est renforcée par un
glissement contractuel qui s’opère lors du passage à l’économie de fonctionnalité : on assiste
généralement au basculement d’une obligation de moyens (pour un fournisseur) vers une
obligation de résultats (pour un prestataire de service). Le client profite également de cette
nouvelle relation contractuelle pour élargir son champ d’exigences à des postes de coûts
« connexes » à la fonction externalisée. Par exemple, Xerox prend en charge des objectifs de
réduction de consommation dans le cadre du « full service ».
Les produits vendus comportent une composante de maintenance importante, qui préexiste
aux scénarios d’économie de fonctionnalité. A savoir que CTI Chaigneau, Michelin ou Xerox
délivraient déjà des prestations de service pour accompagner l’usage du produit avant le passage
aux scénarios de l’étude. Ces prestations ont pu, grâce à l’économie de fonctionnalité, être
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usage interne, est indissociable des éléments de contexte qui ont permis de l’établir.
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renforcées et associées plus directement au produit. Dans le cas d’Elis, le service est fondement
même de l’activité de la société.
Dans tous les cas, étant données les problématiques nouvelles d’amortissement et d’organisation
propres au modèle de l’économie de la fonctionnalité, les entreprises étudiées insistent sur la
nécessité – mais aussi l’opportunité, parfois explicitement recherchée – d’une certaine stabilité
des relations commerciales, indépendamment de la durée de vie intrinsèque des produits : en
moyenne une durée de contrat de 3-4 ans minimum est observée.
Chronologie du passage à l’économie de fonctionnalité
Michelin et Xerox sont des entreprises reconnues pour la qualité des produits vendus, et qui ont
naturellement développé une gamme de services associés. Le modèle d’économie de
fonctionnalité est développé dans le triple but de répondre à une attente client, de renforcer
la relation de proximité avec le client et de sortir du dialogue centré sur la baisse des prix
d’achats, en valorisant le savoir-faire technologique de l’entreprise tant sur la conception que
sur la gestion ou la maintenance des produits. Dans le cas de Michelin en particulier, la solution
de vente au kilomètre, créée dans les années 1920 pour gérer le placement de produits « en
test », a généré une demande de clients souhaitant étendre ce modèle pour ne plus avoir à gérer
leurs pneumatiques.
Dans le cas d’Elis, la société est traditionnellement une société de service. La prédominance de
plus en plus forte des prestations « intégrées » (location / entretien) s’explique entre autres par
la volonté de pérenniser et d’optimiser l’activité historique (le nettoyage de linge) dans un
contexte défavorable aux blanchisseurs « simples » et d’apporter un avantage concurrentiel à
l’entreprise en proposant un service étendu à ses clients, plus avantageux économiquement pour
eux.
Pour le cas de CTI Chaigneau, l’entreprise n’est pas encore complètement passée à un modèle
de facturation à l’intensité d’usage (on pourrait imaginer à terme une facturation « à l’hectolitre
filtré », mais cette étape n’a pas été franchie). En cela elle n’entre pas totalement dans les
critères de l’économie de fonctionnalité. Toutefois on peut noter que la réalisation d’une
prestation d’audit du procédé peut s’apparenter au premier pas vers l’économie de
fonctionnalité. L’idée d’un changement de modèle économique séduit CTI Chaigneau car cela
pourrait lui permettre de mieux rétribuer son savoir-faire.
On observe également que pour certaines entreprises le passage à l’économie de fonctionnalité
permet de développer une approche « multi-services » facilitée par la proximité au client et le
cadre organisationnel et juridique mis en place entre les parties (ex : prestations de formations
ou services complémentaires tels que distribution d’eau, etc. pour Elis). Cette démarche, qui se
justifie par la volonté d’accroître le chiffre d’affaires sans modification notable des charges
imputables au client, s’inscrit dans la tendance du regroupement des services de « Facility
Management » opéré par l’industrie.
Enfin, l’étude des liens entre amélioration de la performance environnementale du produit et
modèle de l’économie de fonctionnalité conduit aux résultats suivants :
►
L’environnement, et a fortiori l’éco-conception, ne semble pas constituer à l’origine, et pour les
sociétés interrogées, un moteur de la démarche.
►
Préalablement au basculement dans le modèle d’économie de fonctionnalité, le questionnement
autour de la fonction ainsi que la volonté de proposer un gain économique au client ont en
revanche conduit à des plus-values environnementales, comme une durée de vie accrue ou la
réduction des consommables.
►
Sur les cas étudiés, hormis Elis, on observe que la conception des produits n’a pas été revisitée pour
être adaptée spécifiquement à l’offre de services. Dans le cas de Xerox, il est cependant difficile de
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usage interne, est indissociable des éléments de contexte qui ont permis de l’établir.
25
retracer aujourd’hui l’évolution parallèle de la conception des produits (standardisation progressive
des pièces/ensembles et augmentation du contenu en pièces/ensembles récupérés sur des machines
ayant déjà fonctionné) et du mode de commercialisation (location, puis leasing, puis maintenant vente
de service).
On ne peut donc pas conclure nettement que le passage à l’économie de fonctionnalité conduit à
reconcevoir ses produits de manière plus écologique. Néanmoins les entreprises interrogées
mettent en avant que la proximité au client générée par ce type de contrats permet de recueillir
plus facilement des données d’usage et donc d’alimenter la conception des produits pour les
optimiser. Il y a donc des interactions entre conception du produit et passage à l’économie
de fonctionnalité, mais il reste difficile d’en établir la chronologie.
Il est cependant intéressant de noter que le contexte actuel – renchérissement des matières
premières et de l’énergie, attentes fortes des parties prenantes sur la performance
environnementale des produits et recherche d’image « verte » par les entreprises – facilite le
développement du modèle d’économie de fonctionnalité chez les entreprises étudiées.
Avantages perçus
Outre les gains environnementaux, les principaux avantages liés à l’économie de fonctionnalité
relevés lors de cette étude sont les suivants :
Point de vue de l’offre
Point de vue de la demande
► Proximité du client et meilleure compréhension de ses
besoins.
► Enrichissement des discussions commerciales avec le
client, où la place du prix d’achat est relativisée.
► Dans certains cas, suppression de l’intermédiaire
Relation
commerciale
distributeur.
► Elargissement des offres vendues, par la possibilité
► Flexibilité accrue et meilleure réactivité
du fournisseur.
► Obligations de résultats pour le
fournisseur.
d’intégrer différents produits et services de l’entreprise
dans un « package » unique centré sur la fonction
vendue.
► Inscription de la relation client / fournisseur dans une démarche de plus long terme, plus sereine
(allongement de la durée d’engagement contractuel et fidélisation accrue).
Aspects
comptables et
financiers
► Lissage des revenus (pour le fournisseur) et des charges (pour le client) dans le temps.
► Mise en valeur des avantages produits, du savoir-faire
de l’entreprise et des services associés.
► Optimisation de la présence chez le client permettant
Produit /
services
d’effectuer un ensemble de services à un coût optimisé
(ex : entretien du linge et remplissage des fontaines à
eau).
► Informations plus précises sur l’utilisation des produits,
► Le client peut se concentrer sur son
cœur de métier et piloter les activités
sous-traitées avec une vue
d’ensemble et en maîtrisant les coûts.
qui alimentent l’innovation et se répercutent sur
l’ensemble des produits de l’entreprise (optimisation de
la fonction au fil de l’eau).
► L’économie de fonctionnalité pousse les différents
Organisation
départements de l’entreprise à travailler davantage
ensemble, et constitue donc un levier de gestion en
transverse, tout comme la qualité par exemple
(Steelcase).
► Dans certains cas, transfert du
personnel associé à la fonction au
fournisseur de service, dont l’activité
n’entrait pas dans le cœur de métier.
Simplification de la gestion RH.
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usage interne, est indissociable des éléments de contexte qui ont permis de l’établir.
26
Freins identifiés
Point de vue de l’offre
► Complexité juridique et administrative des contrats, qui
Relation
commerciale
doivent anticiper les différentes situations possibles rencontrées
tout au long de l’exécution des prestations. Plus généralement le
suivi et la gestion des contrats demande une organisation
administrative plus lourde (Michelin), dont la valeur ajoutée n’est
pas nécessairement perçue par le client.
Point de vue de la
demande
► Réticences à perdre la
maîtrise d’une étape de
son process et à la confier
à un sous-traitant unique
dont elle deviendra plus
fortement dépendante.
► Nécessité de revoir la manière de mesurer la rentabilité (celle d’un
Structure de
coût / de prix
service et non plus celle d’un produit), et donc de disposer des
informations appropriées et du savoir-faire pour comprendre
où se situent les leviers de valeur ajoutée (CTI, Michelin).
► Risque accru concernant la solvabilité du client : le fournisseur de
► Moindre lisibilité du détail
des coûts, réticence au
changement.
service avance la trésorerie (fourniture du matériel) et ne se
rémunère que sur la durée du contrat.
► Nécessité de maintenir dans son bilan les actifs nécessaires à la
Aspects
comptables et
financiers
prestation. L’acquisition initiale de ces actifs nécessite un
financement supplémentaire qui devra être trouvé soit par une
augmentation de capital, soit par un recours plus important à
l’endettement. Les limites de ratios d’endettement couramment
pratiqués peuvent constituer un frein pour certaines structures
financières lors du glissement vers l’économie de la fonctionnalité.
En termes comptables, ces nouveaux stocks de « produits finis
mais non destinés à la vente » peuvent également représenter
une difficulté.
► En phase de transition d’un mode de rémunération basé sur la
vente d’un bien à la vente d’un service, nouvelle rythmicité de
versement, plus étalée dans le temps. Cette modification va
augmenter le besoin en fond de roulement, qui devra trouver un
financement pour que l’entreprise puisse conserver une trésorerie
constante pendant cette phase de transition.
Produits /
services
► Glissement vers des obligations de résultats, plus contraignantes
pour l’entreprise, pouvant conduire à des pénalités en cas de non
respects des engagements contractuels.
► Nécessité de faire évoluer le métier de l’entreprise, qui devient
Organisation
prestataire de service au lieu de vendre des produits. Ce
changement impacte de nombreuses fonctions de
l’entreprise (conception, production, force de vente, distribution)
qui doivent remettre en cause leurs méthodes, leurs pratiques et
la manière de mesurer leur performance, ce qui peut présenter
des difficultés techniques et organisationnelles, et occasionner
une certaine résistance au changement.
► Des changements sont
également occasionnés
chez le client du fait de
l’externalisation. Certaines
fonctions sont à repenser.
► Lorsque l’économie « traditionnelle » n’est pas remplacée par le
modèle de fonctionnalité, deux organisations de vente en viennent
à coexister avec des objectifs et un reporting différents.
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27
Focus sur les aspects humains
Contexte et limites méthodologiques
L’économie de fonctionnalité est vue comme un glissement d’une prestation « industrielle »
vers une prestation de services. En termes sociaux, cela peut couramment signifier en théorie
des emplois moins délocalisables, de meilleure qualification, voire en nombre plus élevé. En
effet la littérature abonde sur les avantages du passage au service dans nos économies
occidentales, et plus particulièrement du transfert des emplois de production vers des emplois de
maintenance, de recyclage, ou de gestion (administrative, comptable,…).
Il convient toutefois de rappeler que dans bien des cas l’économie de fonctionnalité
s’accompagne d’un transfert des emplois du client vers le fournisseur, et que toute démarche de
quantification se doit de considérer l’ensemble des postes concernés. En outre, les transferts
sont parfois plus complexes car ils impliquent les distributeurs, ou les emplois auxiliaires
(exemples : garagistes indépendants pour la maintenance des flottes de véhicules dans le cas
Michelin, « dépanneurs » informatiques dans le cas Xerox,…).
Les transferts d’emplois sont également étalés dans le temps, donc difficiles à isoler : dans
aucun des cas considérés on observe des reprise nettes de personnels individuels, mais plutôt de
« fractions d’équivalents temps plein ». Enfin le passage à l’économie de fonctionnalité
concernant, pour les entreprises étudiées (hors Elis), une partie encore mineure de l’activité, il
est difficile d’en isoler précisément les impacts sur les emplois, notamment industriels, des
autres facteurs clés comme l’évolution du volume d’activité global, les gains de productivité
réalisés de manière indépendante, etc.
Compte tenu de toutes les réserves précédentes, il nous est impossible de conclure de manière
définitive sur l’intérêt de l’économie de fonctionnalité en termes sociaux sur la seule étude de
cas particuliers. Toutefois, afin de nourrir une réflexion plus globale, nous avons réalisé une
étude qualitative sur le cas de Michelin. Ce cas nous paraissait le plus favorable pour l’étude car
on y observe des changements rapides de modèle économique sur des contrats de tailles
significatives.
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28
Etude qualitative du cas Michelin
Le cas de Michelin Fleet Solution suscite les observations suivantes :
►
Selon les experts de MFS, la quantité de travail fournie reste globalement identique. En effet l’entretien des
pneumatiques, dans le cas de l’économie « traditionnelle », est généralement réalisé par des employés du transporteur.
Ces emplois de « mécaniciens » ne sont pas en général spécialisés, et le temps passé sur l’entretien des pneumatiques est
loin de représenter 100% de l’activité. Dans le cadre de MFS, ces fractions d’ETP sont remplacées par du travail de
techniciens spécialisés qui se déplacent sur plusieurs flottes. Leur niveau de spécialisation, ainsi que leurs outils plus
performants, permettent un soin plus rationalisé et plus fréquent des pneumatiques. Il est toutefois impossible aujourd’hui
de déterminer clairement dans quel sens évolue le montant total d’heures consacrées à l’entretien des pneumatiques.
►
Sous l’angle qualitatif en revanche, la spécialisation des métiers permet de créer de la valeur et des emplois plus riches et
plus qualifiés (par exemple, la tâche de montage-démontage des pneus s’enrichit d’une expertise sur l’usure dissymétrique
ou anormale, etc.).
►
Il n’est pas possible aujourd’hui de quantifier l’impact de MFS sur les emplois industriels de Michelin pour les raisons
évoquées précédemment.
►
La solution MFS a généré la création d’emplois de « back-office », notamment pour la gestion des contrats et les systèmes
d’information associés. Il est à noter toutefois que ces créations s’accompagnent de gains de productivité chez le client :
suivi des pneus facilité, fonction d’achat recentrée, moins d’actes de facturation, etc. La solution peut parfois également
éliminer un intermédiaire distributeur. Le bilan quantitatif global sur les emplois de « gestion » ne peut donc être dressé
clairement.
Par ailleurs une réflexion de fond, difficile, est en cours chez Michelin pour parvenir à
quantifier plus clairement ces équilibres afin d’offrir une vision au plus juste des gains et des
coûts.
Facteurs clés de succès
Le retour d’expérience des entreprises qui ont fait l’objet des études de cas fait apparaître trois
facteurs-clés de succès fréquemment cités :
►
Construire rapidement une expertise en matière de contrôle de gestion afin de maîtriser l’analyse des coûts et le
positionnement prix, l’expérience montrant que les premiers contrats ne sont pas forcément rentables.
►
Disposer d’une bonne maîtrise des clauses de révision et de rupture de contrat, en particulier pour transcrire sur le plan
contractuel les risques de variations éventuelles des coûts variables subis (matière première, énergie, etc.).
►
Imposer une durée de contrat suffisamment longue pour pouvoir constater et tirer les bénéfices de l’optimisation mise en
œuvre pour la fonction.
4. Conclusions
1.
Dans les quatre cas étudiés, on observe une nette plus-value environnementale des
solutions associées à l’économie de fonctionnalité.
2.
Dans l’ensemble des cas, les caractéristiques suivantes sont réunies pour le basculement
dans le modèle de l’économie de fonctionnalité :
►
Le fournisseur s’est concentré sur la fonction associée au produit, et non simplement sur le produit lui-même.
►
Cette fonction apparaît « transférable » aux yeux du client, car ne faisant pas partie de son cœur de métier.
►
Le choix stratégique de privilégier la fonction s’accompagne d’une approche qui privilégie la durée, aussi bien pour la
relation client (accompagnement accru du client en phase d’utilisation du produit) que pour la relation au produit
(allongement de la durée du vie du produit, réflexion sur la gestion en fin de vie).
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usage interne, est indissociable des éléments de contexte qui ont permis de l’établir.
29
3.
Les clients des entreprises étudiées transfèrent un processus dans son intégralité à un
spécialiste qui peut identifier et optimiser le coût complet de ce processus. Cette optimisation
se traduit par des gains économiques qui sont corrélés à des gains environnementaux
(consommation de matière et d’énergie).
4.
Même si les démarches d’économie de fonctionnalité sont menées en parallèle de
réflexions sur l’éco-conception, on ne peut pas dégager clairement sur les cas étudiés de
lien de cause à effet dans un sens ni dans l’autre.
5. Les cas étudiés permettent de dresser le « portrait-type » de l’entreprise susceptible de
passer en économie de fonctionnalité :
►
L’entreprise dispose d’un savoir-faire avancé sur un processus assez éloigné du cœur de métier de ses clients.
►
Ses produits peuvent aller de consommables à valeur ajoutée réduite, à des équipements industriels de haute technicité,
mais leur usage peut être facilement qualifié (conditions d’usage) et mesuré (intensité d’usage). Dans tous les cas, les
produits génèrent des coûts d’exploitation significatifs au regard du prix d’achat.
►
Elle propose déjà des services, notamment d’entretien, de maintenance ou de récupération en fin de vie des produits
vendus.
►
Elle souhaite mettre en valeur les avantages économiques de ses produits et services sur l’ensemble du cycle de vie.
Exemple type : les produits de l’entreprise, associés à un usage et une maintenance optimisés, ont un coût global moindre
pour le client sur le cycle d’utilisation et de fin de vie mais sont plus chers à l’achat (« premium qualité »).
►
Le secteur d’activité de l’entreprise permet des contrats de durée assez longue (3-4 ans au moins) et laisse ouverte la
possibilité d’un monopole du fournisseur chez son client.
►
L’entreprise dispose de capacités d’endettement suffisantes (ou est susceptible de procéder à une augmentation de capital)
pour absorber l’investissement initial permettant d’acquérir les actifs mis à disposition du client, et de financier la transition
vers un mode de rémunération différent.
6.
On serait tenté de conclure que le passage à l’économie de fonctionnalité se limite à
transférer à un spécialiste l’exécution d’une fonction non stratégique pour l’entreprise cliente, et
que ce transfert permet de dégager des gains de productivité. Toutefois, il est nécessaire de
rajouter que ce transfert permet également de professionnaliser la fonction de maintenance, de
dégager un surcroît d’usage des produits et de contribuer à faire progresser la conception des
produits vers une meilleure adéquation à l’usage qui lui est destiné.
L’intérêt de l’économie de fonctionnalité se trouve dès lors renforcé, dans une perspective de
raréfaction des matières premières et de l’énergie à bon marché, et revient à réinstaurer une
utilisation durable des produits
.
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usage interne, est indissociable des éléments de contexte qui ont permis de l’établir.
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ANNEXE 1 : étude du cas CTI Chaigneau
CTI Chaigneau
Présentation générale :
Chaigneau SAS a été créée en 2000, spécialisée dans la fabrication de matériels de conditionnement,de
négoce de produits chimiques et médias filtrants pour les industriels des boissons (cidre, vin, etc.).
CTI (Chaigneau Techniques Industrielles) fut ensuite créée, en 2006, par scission de la société mère,
Initialement axée sur la vente de matériel en marque propre, la société s'est tournée vers une activité
d'ingénierie, d'audit des process industriels, de vente et de négoce de matériel dans le domaine des
techniques séparatives pour les industries agro-alimentaires.L'activité de négoce de produit chimique se
développant sous une nouvelle identité PROCHIMIA, à fin de séparer les compétences par métier.
CTI ne propose pas encore à ses clients de services facturés à l'intensité d'usage (exemple : à l'hectolitre
filtré). Ceci est toutefois envisagé.
Présence sur le marché :
CTI est une PME de 13 salariés et vend divers types de prestations allant de la vente "simple" de matériel à
un service complet incluant l'audit et l'amélioration des procédés de filtration, la préconisation de matériel et
de médias filtrants, la formation des opérateurs à l'utilisation et à la maintenance des appareils. Le chiffre
d'affaire de la PME était de près de 4 millions d'euros en 2007.
Principaux leviers d'efficacité environnementale :
La redéfinition des procédés peut permettre des gains environnementaux notamment dans les domaines
suivants :
- Réduction de la consommation énergétique du système
- Réduction de la consommation d'eau du système
- Réduction de la consommation de médias filtrants et autres auxiliaires de production (chimiques).
- Diminution de la quantité de produit noble gâchée lors du premier passage dans le filtre après régénération
ou stérilisation.
- Valorisation optimum des produits nobles par réincorporation des freintes (avinage, purges, chasses…..)
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ANNEXE 2 : étude du cas Elis
ELIS
Présentation générale :
Elis a commencé son métier de collecteur/blanchisseur/distributeur à la fin du XIXe siècle. Il est devenu dans
les années 2000 l'un des premiers opérateurs multiservices en France
Présence sur le marché :
Elis est un leader sur le marché français et est présent sur le marché européen des services de propreté
(habillement professionnel, linge de collectivités, linge de santé, sanitaires…)
Elis a généré en 2006 un chiffre d'affaires de MEUR 939.
La location-entretien a été proposée dès le début des activités.
Principaux leviers d'efficacité environnementale :
Amélioration de la durée de vie du linge et mutualisation pour une réduction de la consommation de textiles.
Recours plus sytématique aux textiles synthétiques, plus robuste, plus léger et moins consommateurs d'eau
(étape de fabrication).
Réduction de la consommation d'eau, d'énergie et de détergent nécessaires à l'entretien du linge.
Les services d'Elis pour des vêtements professionnels
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ANNEXE 3 : étude du cas Michelin
Michelin - "Michelin Fleet Solution"
Présentation générale :
Michelin s’est engagé dans une démarche Performance et Responsabilité notamment dans le but de limiter
l’impact environnemental de ses produits et de ses sites, avec un objectif de développement durable.
Depuis 1920, en France et au Royaume-Uni, le service Entretien est une référence en matière d'exploitation
des potentialités du pneumatique.
Il se déploie en Europe depuis 2002 sous l’appellation Michelin Fleet Solutions.
Il consiste en la prise en charge, par Michelin, de la gestion du parc de pneumatiques de grosses flottes poids
lourds pour optimiser leur performance (moindre consommation de carburant et de pneumatiques) dans le
cadre d’une facturation des kilomètres parcourus.
Données de volumétrie :
Michelin Fleet Solutions est le leader européen de l’approche intégrée pneu et services avec environ 50% de
parts de marché.
Michelin Fleet Solutions c’est plus de 250 Millions d’Euros de CA, plus de 500 contrats signés, et plus de
270.000 véhicules sous contrats en Europe.
Principaux leviers de gains environnemantaux :
Efficacité énergétique (utilisation de pneus basse résistance au roulement, surveillance de la pression et
utilisation du recreusage, qui permet d'utiliser le pneu dans une phase de moindre consommation).
Allongement de la durée de vie du pneumatique, notamment par les opérations de recreusage et de
Les 4 vies du pneumatique :
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ANNEXE 4 : étude du cas Xerox
XEROX
Présentation générale :
Xerox est un fournisseur de solutions d'impressions, qui conçoit et met à disposition des équipements auprès
de ses clients, de l'imprimante particulière à l'outil de reprographie sophistiqué, en passant par l'équipement
multi-fonctions (scan, fax, photocopie, imprimante, etc.).
Progressivement, Xerox a glissé vers l'économie de la fonctionnalité, jusqu'à désormais proposer un service Xerox Office Services (XOS) - de rachat du parc de machine existant, et de fourniture de solutions
d'impression facturés à la page. Cette prestation s'accompagne de différents services comme la
rationalisation du parc, l'optimisation des équipements, la conduite du changement des utilisateurs pour
évoluer vers des pratiques plus responsables...
Présence sur le marché :
Xerox est un leader sur le marché des solutions documentaires, et génère un chiffre d'affaire de 17.2 milliards
d'USD (sur un marché total de 117 milliards de dollars) dans 160 pays.
72% de ses revenus proviennent aujourd'hui des solutions "après-vente et financement", qui incluent les
contrats de maintenance ainsi que les loyers de leasing opérationnel.
Bien que très récent, le service XOS représente aujourd'hui environ entre 3 et 5% (selon les régions) du
chiffre d'affaire total de Xerox, mais est en forte croissance.
Principaux leviers d'efficacité environnementale :
Le principal impact des équipements d'impression Xerox se situe au niveau de la consommation d'énergie (et
des émissions de gaz à effet de serre associées). Un autre impact important se situe sur la consommation de
matières : consommables (cartouche d'encre, toner, etc.), matières utilisés pour la fabrication des machines,
etc.
Les métiers de Xerox sont par ailleurs très liés à la consommation de papier, qui est à l'origine d'importants
enjeux environnementaux. Toutefois, c'est l'utilisateur de l'équipement qui est responsable de la
consommation de papier, Xerox ne pouvant avoir qu'un rôle de conseil et d'accompagnement.
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ANNEXE 5 : étude du cas Steelcase
STEELCASE
Présentation générale :
Steelcase a été fondé aux Etats-Unis, dans le Michigan, en 1914, pour réaliser du mobilier de bureau
métallique. En 1919 sont créées les Forges de Strasbourg. Une joint-venture entre ces deux entreprises
intervient en 1974, et permet à cette occasion à la branche française d'acquérir un savoir-faire en matière
d'aménagement d'espaces tertiaires.
En 1999, Steelcase International a initié une démarche d'éco-conception faisant intervenir l'intégralité de
l'entreprise de manière transverse. L'optique de cette démarche est d'offrir au client une prestation de
services globale (reconception de l'espace de travail) plutôt que simplement du mobilier.
Présence sur le marché :
Steelcase Monde est le leader de l'industrie des meubles de bureau, et a généré 3.1 milliards de dollars de
CA en 2006. Le chiffre d'affaire total a présenté une croissance de 12% entre 2006 et 2007.
Steelcase est organisé en deux entités: Steelcase North America pour 70% du CA, et Steelcase International
réalisant 30% du chiffre d'affaire dans le reste du monde.
Principaux leviers d'efficacité environnementale :
Eco-conception: conception de produits en matériaux faciles à recycler, optimisation du volume des
emballages dès la conception du produit
Partenariats avec les clients permettant de conserver des éléments anciens (moindre consommation de
matière).
Prestation du service de reprise du mobilier en fin de vie, avec recyclage ou remise sur le marché.
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usage interne, est indissociable des éléments de contexte qui ont permis de l’établir.
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Annexe 4 : Lettre de l’INSEE sur les services
37
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40
Annexe 5 : Lettre de l’IFEN de présentation de la matrice nationale des comptes de
l’environnement NAMEA
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42
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Annexe 6 : Compte-rendu des réunions plénières
Compte Rendu I – Réunion du 27 février 2008 – Réunion de lancement du groupe
d’étude « économie de fonctionnalité »
Etaient présents
Jean Martin FOLZ – président AFEP – président du groupe d’études
Dominique BOURG – professeur à la faculté de Géosciences de l’Environnement de
Lausanne – co-président du groupe d’études
Christine Cros – Chef de département Ecoconception et consommation durables – ADEME –
chef de projet du groupe d’études
Doris NICKLAUS – chargée de mission risques – déchets – MEDAD / D4E – chef de projet
du groupe d’études
Nicolas BOQUET - Directeur environnement AFEP
Stéphane LE POCHAT – ADEME – département écoconception et consommation durables
Daniel BRISSAUD – INPG - Professuer
Christian DUTERTRE - Université Paris Diderot – Professeur de Sciences Economiques
Directeur du GERME
Bernard PERRET - CGPE
Frédéric LEHMANN - DGE (MINEFE)
Xavier NIEL – INSEE
Patrice GREGOIRE - IFEN - Chef de l’unité « pressions et impacts des activités humaines
et économiques
Johann VAN NIEL – Doctorant - Université de Lausanne/UTT
Laurent Moché - Veolia environnement
Rodolphe POIROUX – EDF
Gilles DELTEIL - GIE Elis - Directeur qualité sécurité environnement
Olivier HAULOT - CTI Chaigneau - Directeur technico-commercial
Bénédicte CORBIER – Michelin - Responsable des relations avec les pouvoirs publics
Jean DURAND – Xerox - Directeur Logistique France
Etaient excusés :
Nicolas BUCLET – UTT
Walter STAHEL- Institut de la Durée – Directeur et fondateur de l’institut de la durée
Jean Pierre LE PESTEUR - PIPAME - Directeur du pôle interministériel de prospective et
d’anticipation des mutations économiques
Henry SAINT BRIS - Suez environnement - Responsable environnement
André MALSCH – Steelcase - Manager Sustainable Dévelopment Initiatives
Thierry COSTE – Steelcase - Steelcase International
Ordre du jour –
Présentation des membres du groupe d’études
Présentation de l’objectif du groupe d’études (J.M. Folz)
Présentation de l’étude « retour d’expériences » (D. Bourg)
Discussions sur la démarche du groupe d’études
Les entreprises racontent leurs expériences (Bénédicte Corbier pour Michelin,
Gilles Delteil pour GIE ELIS, Olivier HAULOT pour CTI Chaigneau, Jean
DURAND pour Xerox)
6. conclusions – rappel calendrier – rappel des principales décisions
1.
2.
3.
4.
5.
45
Point 1 – présentation des membres du groupe d’études
Points 2 et 3 – présentation de l’objectif du groupe d’études et présentation de
l’études (J.M. Folz)
Rappel des différents éléments de la lettre de mission adressée par le ministre d’Etat au
président du groupe d’études (voir PJ 1) et délimitation du cadre de travail.
-
-
-
Nécessité d’avoir, au préalable, des résultats quantifiés sur les réels bénéfices
environnementaux de la mise en place de l’économie de fonctionnalité (comparaison
entre deux situations : situation de production /vente « classique », situation de
production / vente relevant de l’économie de fonctionnalité).
A partir de cette étude, et dans le cas où il existe de réels bénéfices
environnementaux, réflexion à amorcer sur la pertinence de l’extension de ce concept
à certaines branches d’activités
Sur la base des deux premiers points, le cas échéant, identification des branches
d’activités les plus pertinentes pour la mise en place à plus grande échelle de
l’expérience de fonctionnalité (critères de choix ?) – Est-il possible à l’heure actuelle
d’identifier des branches d’activités économiques pour lesquelles le passage à une
économie de fonctionnalité engendreraient des bénéfices :environnementaux
particulièrement élevés ? [approche en terme de flux de matières ?]
Point 4 - Eléments dont disposent les membres du groupe de travail qui pourraient
être versés au dossier
Johann Van Niel (UTT) fait état des résultats de la thèse d’Oxana Monte concernant la
réduction des impacts sur l’environnement lors du passage de la vente d’un bien à la vente
de service. Elle établit que lorsque l’objectif n’est pas explicitement une réduction des
impacts, l’intérêt environnemental n’est pas évident.
Patrice Grégoire (IFEN) précise que des outils qui permettront d’apporter des éléments de
réponse à ce type de question sont en développement mais ils ne sont pas opérationnels
aujourd’hui. NAMEA est un croisement d’inventaire de pressions physiques et branches
d’activités économiques. Le croisement des flux physiques et monétaires s’appuie sur le
tableau des entrées intermédiaires de la comptabilité nationale.
Patrice Grégoire précise que la consommation de matière entre 1970 et 2004 a cru moins
rapidement que la richesse produite. Il y a un découplage réel mais il n’est que relatif et non
absolu.
Xavier NIEL (INSEE) souligne les difficultés d’appréhender la tertiarisation : certaines fois, la
tertiarisation correspond à une activité simplement externalisée (l’activité est la même). En
termes d’impact environnemental ou d’emplois, le bilan est neutre alors qu’elle apparaît
comme tertiarisée dans les statistiques. La consommation des services de consommation
finale (coiffeurs, par exemple) a plutôt diminué.
Xavier NIEL précise qu’une étude récente de l’INSEE montre que la réalité de l’économie
des services est parfois très éloignée de ce que suggèrent les statistiques en terme de
glissement de notre économie vers une économie de services.
Bernard PERRET (CGPE) pense important de capitaliser sur la littérature abondante qui
existe autour des enjeux globaux liés à la tertiarisation.
46
Il est demandé à l’UTT, l’IFEN, l’INSEE et au CGPE de transmettre les éléments dont ils
disposent aux chefs de projet.
Points 5 - validation de l’approche
Jean Martin FOLZ (Président) conclut que le point d’ancrage des réflexions du groupe sera
les résultats de l’étude « retour d’expériences ». Le groupe de travail partira de l’analyse de
cas particuliers pour repérer les gains environnementaux potentiels, les facteurs clés de
réussite de cette expérience (effet seuil, taille de l’entreprise, la situation de marché, les
implications financières, comptables, …), les implications en terme socio-organisationnels,
… et les difficultés à surmonter pour réussir dans la démarche pour identifier des « tendaces
lourdes » conditionnant les réussites des expériences d’économie de fonctionnalité.
Point 6 - Partages d’expériences
-
présentation de Michelin (power point sur extranelle)
présentation de GIE ELIS
présentation de CTI Chaigneau (power point sur extranelle)
présentation orale de XEROX
A partir de ces présentations d’expériences d’économie de fonctionnalité un certain nombre
de constats peuvent déjà être faits :
 le point de départ de l’engagement dans l’économie de fonctionnalité n’est
généralement pas le souci de préserver l’environnement – Il obéit à des
considérations économiques : modification dans l’approvisionnement en
ressources qui se raréfient et qui deviennent de plus en plus coûteuses
(caoutchouc pour Michelin, eau propre pour CTI Chaigneau) et/ou la
nécessité stratégique de trouver de nouveaux marchés dans lesquels coupler
un produit à des services notamment de maintenance devient source
d’avantages compétitifs (Xerox, pour les photocopies, Michelin pour les
pneus)
 le caractère intégré de la démarche – il se manifeste par la prise en compte à
l’amont des besoins du client afin de trouver la « meilleure solution » (atteinte
d’une « performance »), au cours du processus de production et de mise à
disposition du service (optimisation de la logistique : optimisation des
transports, par exemple),
 l’importance des facteurs « identification du besoin » et « professionnalisation
de la maintenance » dans son efficacité économique (et/ou écologique ?)
.[ex : Michelin, GIE Elis]
 L’importance de la contractualisation avec le client et notamment la durée du
contrat : dans une logique B to C, une durée trop importante peut être un
obstacle à l’économie de fonctionnalité (problème du délai maximum à
respecter).
 Le rapport à la propriété (particulièrement vrai pour Xerox mais qui n’est pas
directement lié, dans ce cas précis, à la mise en place de l’économie de
fonctionnalité – Xerox récupérant de toute façon son matériel que cette
entreprise vende la machine ou la mette à disposition)
Rodolphe Poiroux (EDF) rappelle que de nombreux points relevés dans ces retours
d’expériences sont partagées avec le projet actuel d’EDF de vendre une performance (une
certaine température) plutôt que des kWh (étude du besoin du client, caractéristiques liées à
la contractualisation, …)
47
Patrice Grégoire rappelle l’importance de l’existence des effets rebonds de la consommation
qui peuvent réduire à néant les éventuels gains environnementaux engendrés par le
passage de la vente d’un bien précis à un service quand ce passage est l’occasion de
vendre une série de services annexes eux-mêmes générateurs d’impacts
environnementaux. Evaluer les impacts environnementaux du seul passage de la vente d’un
produit à la vente de l’usage de ce produit peut ainsi se révéler réducteur (nécessité d’une
approche plus systémique ?)
Conclusions
Monsieur FOLZ rappelle la date des deux réunions plénières auxquelles est convié
l’ensemble des membres du groupe d’études. (P.J.6)
Cinq actions sont à engager avant la prochaine plénière, dans un délai à évaluer
conjointement entre chaque acteur en charge et les chefs de projet (Christine Cros, Doris
Nicklaus) ;
1. Diffuser aux membres du groupe d’étude la note de 4 pages de l’INSEE sur la
tertiarisation de l’économie (responsable : INSEE)
2. Identifier, à partir des bases de données INSEE/IFEN s’il y a ou non corrélation entre
la progression du secteur tertiaire dans l’économie et les impacts environnementaux
(responsables : INSEE/IFEN + échanges avec les chefs de projet) ;
3. Identifier l’existence de bases de données fiables concernant l’auto-partage et son
impact environnemental en vue de la mettre à disposition du groupe d’étude
(responsables : IFEN + M. Johann Van Niel)
4. Vérifier qu’il n’y a plus de référence à l’interdiction d’utilisation de matériel recyclé /
réutilisé dans le code des marchés publics (responsable : Christine Cros)
5. Identifier, au besoin des acteurs complémentaires (ONG, association de
consommation, entreprises, …) dont la participation au comité de pilotage élargi peut
être profitable : soumettre ces propositions pour validation aux présidents / viceprésident du groupe d’étude (responsables : Dominique Bourg / Christine Cros / Doris
Nicklaus / tout autre membre du comité de pilotage élargi).
48
Compte Rendu II – Réunion du 11 juin 2008
Jean Martin Folz (président)
Dominique Bourg (co-président)
Christine Cros (chef de projet)
Doris Nicklaus (chef de projet)
Nicolas Boquet (AFEP)
Muriel Mariotto (CERTU)
Daniel Brissaud (INPG)
Nicolas Buclet (UTT)
Bernard Perret (CGPE)
Walter Stahel (Institut de la Durée)
Renaud Crassous-Doerfler (CIRED –
AGROPARISTECH)
Jean Pierre Le Pesteur (PIPAME)
Patrice Grégoire (IFEN)
Johann Van Niel (UTT/Université de
Lausanne)
Henry St Bris (Suez Environnement)
Rodolphe Poiroux (EDF)
Laurene Chenevat (veolia environnement)
Emmanuel Delanoy (FNE)
Gilles Delteil (Gie Elis)
Frédéric Deletombe (Gie Elis)
Bénédicte Corbier (Michelin)
Patrick Bensenhoum (Xerox)
Sébastien Maltaverne (Ernst et Young)
Eric Mugnier (Ernst et Young)
I - Introduction
1. Etat des lieux des travaux
J.M. Folz présente brièvement l’état des lieux des travaux du groupe d’études sur l’économie
de fonctionnalité. Il rappelle qu’il a paru indispensable de s’assurer des bienfaits
environnementaux de l’économie de fonctionnalité avant d’envisager une extension d’un tel
modèle à des pans entiers de l’économie. A ce titre, une étude auprès de 4 entreprises ayant
mis en place une telle démarche a été lancée au mois de février. Elle a pour objectif de :
 montrer dans quelle mesure le passage de la vente d’un bien à la vente de l’usage de
ce bien était source de gains environnementaux.
 Dégager les facteurs clés de succès conditionnant la réussite de ce type de
démarche et les freins à lever.
Le groupe est aujourd’hui invité à formuler ses remarques sur les conclusions de cette étude,
avant d’élargir ses réflexions à un niveau plus macroéconomique et d’y intégrer le B to C.
2. Calendrier
Deux réunions plénières au MEEDDAT : le 9 juillet à 14.30, le 19 septembre à 9.30
Rapport intermédiaire : mi-juillet 2008
Rapport final : septembre 2008
3. Accueil des nouveaux participants :
3 nouvelles personnes ont intégré le groupe d’études sur l’économie de fonctionnalité (Muriel
MARIOTTO (CERTU) ; Emmanuel DELANNOY (FNE), Renaud CRASSOUS-DOERFLER
(CIRED, AGRO PARIS TECH)
II – Présentation de l’étude par Ernst et Young (cf. annexe I)
Les principales conclusions (cf. annexe 1)
1. Des gains environnementaux principalement en termes de consommation d’énergie
et de matières (donc de Gaz à effet de serre) grâce notamment à une optimisation de
la durée de vie des produits et de leur maintenance ;
2. Des avantages économiques pour le producteur à l’amont (proximité du client,
stratégie de différenciation par une offre multi-services, …) et à l’aval pour le client
49
(stratégie d’externalisation permettant à l’entreprise cliente de se concentrer sur son
cœur de métier) ;
3. Des freins tant à l’aval (acceptabilité du risque de dépendance du client) qu’à l’amont
(contraintes socio-organisationnelles, juridiques et administratives, financières, …).
L’étude amène à dresser le portrait robot d’une entreprise susceptible de passer à
l’économie de fonctionnalité. C’est une entreprise :
 disposant d’un savoir-faire vendant déjà des services associés autour du produit
(stratégie de différenciation) capable de négocier des contrats de durée longue ;
 qui vend des produits/services qui peuvent être facilement qualifiés (conditions
d’usage) et mesurés (intensité d’usage) et générant des coûts d’exploitations
significatifs par rapport au prix d’achat ;
 qui a atteint la taille critique permettant de financer les importants actifs induits par le
passage à l’économie de fonctionnalité.
III – Echanges avec le groupe
1. Economie de fonctionnalité et impacts environnementaux
a) Le cas des biens catalytiques
Selon W. Stahel, le passage à l’économie de fonctionnalité induit des bénéfices
environnementaux via la conception des biens. Cette conception ne se limite pas à la seule
augmentation de la durée de vie des produits mais s’accompagne d’impacts
environnementaux moindres. C’est sur les biens « catalytiques » (les solvants, les huiles de
moteur, les composés organiques volatils (COV)) que ces bénéfices environnementaux sont
particulièrement visibles.
Le passage de la vente d’huiles à la vente de leur usage permet de récupérer des biens
« pollués » (mais non usés) pour les traiter et en refaire des biens identiques aux ressources
vierges. L’intérêt est double :
 l’identification des pollueurs : le client qui ne « rend pas » les molécules pollués est
identifié (on sait qui a pollué et en quelle quantité) ;
 une activité de re-raffinage confiée à des professionnels qui récupère les molécules
polluées, les transforme pour en faire des ressources vierges (économie de matière +
activité de « dépollution » systématisée et professionnalisée).
b) les impacts environnementaux et l’intensité d’usage
Patrice Grégoire (IFEN) fait remarquer que pour de nombreux biens durables, l’économie de
fonctionnalité s’accompagne d’une augmentation de l’intensité d’usage. Ainsi, nous
disposons tous chez nous de nombreux biens durables que nous n’utilisons
qu’épisodiquement et qui souvent vieillissent prématurément. La mutualisation de ces biens
via l’économie de fonctionnalité, en augmentant l’intensité de leur usage, permet de réduire
les quantités produites (réduction des flux de matières) et les impacts environnementaux
associés à cette production, et un renouvellement plus rapide du parc de biens (exemple des
automobiles pour l’autopartage : l’intensité d’usage s’accompagne d’un renouvellement
rapide du parc automobile qui peut dès lors intégrer les derniers progrès technologiques
(moindre consommation d’essence par exemple)).
c) internalisation des externalités / économies d’échelle
50
Renaud Crassous remet en question l’intérêt environnemental potentiel des économies de
fonctionnalité dans la mesure où les nuisances sociales environnementales sont liées à des
effets externes négatifs sur l’environnement et que l’économie de fonctionnalité ne propose
pas de schéma d’internalisation. Christine Cros reconnaît que les enjeux environnementaux
ne sont pas là ceux qui sont discutés dans d’autres Comités opérationnels du Grenelle, mais
que toutefois le passage à l’économie de fonctionnalité a un intérêt environnemental. La
professionnalisation du service permet de faire un changement d’échelle dans l’intérêt de
l’optimisation de la maintenance : ce qui était auparavant marginal peut devenir significatif et
expliquer pourquoi les opérateurs le font sans incitation externe.
2. Le cas particulier du B to B
W. Stahel précise que l’économie de fonctionnalité appliquée au B to C se heurte à des
réalités sociales et culturelles très différentes au B to B.
3. L’importance des sciences et technologies dans l’économie de fonctionnalité
Le passage de la vente d’un bien à la vente d’un service amène le producteur en amont à
mettre à disposition de l’usager tous les outils pour que la fonction soit optimisée et ceci tout
au long du cycle de vie du produit (développement et conception, approvisionnement en
composants et matières premières, opérations de production, livraison, utilisation et service
au client, récupération chez le client en fin de vie, refabrication, retraitement des
composants, recyclage des matériaux).
Christine Cros rappelle les éventuels effets pervers qui peuvent accompagner la vente d’un
service en prenant l’exemple du téléphone portable. Les échanges au sein du groupe
d’études font apparaître que deux éléments caractérisent ce secteur :
 la notion de multifonctionnalité - A la fonctionnalité de téléphonie s’ajoute aujourd’hui
toute une panoplie de fonctions accessoires qui ne sont parfois que très rarement
utilisées.
 Ces fonctions accessoires sont le support de vente de nouveaux services (télé,
internet, …) qui permettent aux opérateurs d’augmenter le chiffre d’affaires par client
(ce qui, dans un contexte de stagnation du nombre de clients est le seul élément qui
permet une augmentation du chiffre d’affaires). Ainsi, si la multifonctionnalité peut au
sein d’un même appareil être une voie intéressante en termes d’écoconception via la
réduction des flux de matières, elle s’accompagne dans le cas particulier du
téléphone portable d’un remplacement accéléré du parc de téléphones sans pour
autant réduire la production d’autres produits qui remplissent souvent les
fonctionnalités « annexes » du téléphone portable de façon plus efficace.
4. Encadrement réglementaire et contractuel
En Allemagne, il est interdit de vendre un produit intégrant des parties déjà utilisées (si
celles-ci n’ont pas fait l’objet d’une nouvelle transformation dans le cadre par exemple
d’opérations de recyclage). Dès lors, le développement de l’économie de fonctionnalité doit
s’accompagner par une évolution de la réglementation.
GIE Elis fait remarquer que les entreprises qui s’engagent dans l’économie de fonctionnalité
sont des entreprises de grande taille et qui de fait sont soumises à la réglementation stricte
(installations classées) des unités industrielles dépassant un certain seuil d’activité. De ce
fait, ces installations génèrent moins d’impacts environnementaux par unité d’activité que les
petites unités artisanales.
Murièle MARIOTTO s’interroge sur les clauses de contractualisation permettant aux
entreprises qui se sont engagées dans l’économie de fonctionnalité d’éviter les effets pervers
liés au fait que l’entreprise qui vend une fonction reste propriétaire du bien loué
51
(déresponsabilisation du client qui n’étant plus propriétaire du bien n’en prend plus soin, un
des effets pervers du Vélib).
Xerox et Gie Elis précisent l’existence d’incitations contractuelles visant à garantir l’usage du
bien en bon père de famille. C’est ainsi que Xerox intègre une ligne budgétaire
supplémentaire liée à la « gestion de la casse ». L’entreprise cliente a tout intérêt à
minimiser cette ligne budgétaire.
ELIS a mis en place un système de contrôle systématique au retour du linge dont l’objectif
est destiné à identifier les dérives d’utilisation.
5. Autres points
Xerox précise qu’il est important, quand on parle d’importance relative de l’économie de
fonctionnalité, de distinguer ce qui se passe à l’intérieur d’une entreprise (comme Xerox) de
ce qui se passe sur un segment de marché bien précis.
Certains participants pensent qu’il serait intéressant de compléter cette étude avec un échec.
Nicolas Buclet se propose d’envoyer une étude sur l’échec du carpet leasing.
EDF (M. Rodolphe) précise qu’il y a lieu d’ajouter, au portrait robot de l’entreprise
s’engageant dans l’économie de fonctionnalité l’aspect « champion de process ».
IV – Les suites à donner –
Le passage du microéconomique au macroéconomique reste difficile. Il est particulièrement
dangereux de généraliser les observations effectuées dans le cadre de cette étude sur 4
entreprises à l’ensemble des entreprises d’un secteur. S’il s’avère clair que l’économie de
fonctionnalité s’accompagne d’une réduction substantielle de flux de matière et d’économie
d’énergie, il est pour l’instant difficile d’apprécier les conséquences économiques,
environnementales et sociales qu’auraient la généralisation de l’économie de fonctionnalité à
l’ensemble des entreprises d’une branche d’activité donnée. Quelles sont les branches
d’activités pour lesquelles un tel basculement est le plus pertinent ? Quelles seraient les
conséquences en terme d’économie d’énergie et de réduction des flux de matières ?
D’émissions de gaz à effet de serre) ? Quelles seraient les conséquences en termes de
redistributions d’activités (entre entreprises d’un même secteur ? De secteurs différents ? En
termes de créations d’emplois ?
Date limite
Contenu des activités
Responsable
Pour le 27 juin (au plus tard) Projet
de
rapport Christine Cros et Doris
intermédiaire
Nicklaus
Pour le 2 / 3 juillet (au plus Centralisation des retours des Christine Cros et Doris
tard)
membres du comité de Nicklaus
pilotage restreint
Pour le 3 / 4 juillet au plus Envoi du rapport provisoire Christine Cros et Doris
tard
aux membres du groupe de Nicklaus
travail du chantier 31
9 juillet
Réunion plénière du groupe d’études – MEEDDAT – 14.30 –
18.00 19 septembre
Réunion plénière du groupe d’études – MEEDDAT – 9.30 –
12.00 -
52
Compte Rendu III – Réunion du 09 juillet 2009
Présents
Jean Martin Folz (président)
Johann Van Niel (UTT/Université de Lausanne)
Christine Cros (Chef de projet)
Patrice Grégoire (IFEN)
Doris Nicklaus (Chef de projet)
Pauline Danel (Veolia environnement)
Dominique Bourg (Université de Lausanne) Laurent Moché (Veolia environnement)
Nicolas Boquet (AFEP)
Emmanuel Delannoy
Daniel Brissaud
Gilles Delteil
Nicolas Buclet
Frédéric Deletombe
Ordre du jour
 Discussions du projet de rapport intermédiaire du groupe d’études
 Les travaux restant à conduire, leur calendrier
Introduction
J.M. Folz rappelle brièvement que le groupe d’études doit aujourd’hui discuter de la version
du projet de rapport intermédiaire qui sera transmis à Monsieur le Ministre d’Etat Jean Louis
Borloo. Les différentes propositions de modifications apportées par les participants ont été
reportées dans un tableau et seront soumis à débat. Les principales propositions ont été
classées en quatre catégories :
=> Des propositions générales se rapportant à l’ensemble du document en général :
quelques compléments d’informations doivent être apportés sur la méthodologie qui a été
suivie dans l’étude pour la comparaison entre le modèle de l’activité « classique » (parfois
fictive) et le modèle de l’activité « économie de fonctionnalité » des entreprises étudiées.
L’origine des données demande également à être clarifiée. Enfin, l’axiome de départ selon
lesquelles un producteur dès lors qu’il reste propriétaire de l’équipement et le met à
disposition sous forme de prestation à l’usager sera incité à économiser la matière et à écoconcevoir son produit demande a être prouvé car il n’est pas évident. En effet, la nécessité
pour le propriétaire-loueur de vendre une performance le pousse à faire une maintenance
préventive mais peut également le conduire à mettre à disposition des clients le matériel le
plus récent surtout quand le matériel « plus vieux » a un marché d’occasion dynamique.
Dans ce cas, il n’est pas sûr que le passage de la vente d’un bien à la vente de l’usage de ce
bien s’accompagne d’un allongement de la durée de vie des biens (et d’un nombre moins
élevé de biens sur le marché).
=> Des modifications plus spécifiques à un point particulier. Chaque proposition sera
débattue au fur et à mesure de la lecture du document.
=> Des propositions concernant des pistes d’actions publiques. Dominique Bourg et Johann
Van Niel ont transmis une liste d’actions qui permettrait de promouvoir l’économie de
fonctionnalité. Jean Martin Folz suggère que l’ensemble de la liste fasse l’objet d’une
réflexion plus approfondie d’ici le 19 septembre afin que certaines suggestions puissent être
réintégrées dans le rapport final du groupe d’études. Christine Cros rappelle qu’il est
important que ces propositions se rapportent vraiment au mandat du groupe qui est celui de
favoriser le passage de la vente d’un bien à la vente de l’usage de ce bien quand ce
passage est source de gain environnemental.
=> Des propositions de thèmes de recherche à soumettre à l’Agence Nationale de la
Recherche. A l’heure actuelle, quelques idées ont déjà été proposées (cf. ci-dessous) mais
celles-ci demandent à être approfondies afin de pouvoir être réintégrer dans le rapport final.
1. Que se passe-t-il au cas où un secteur d'activités entier, avec débouchés directs sur
les particuliers, passait à l'économie de fonctionnalité : quelles seraient les
conséquences prévisibles en termes de réduction des flux de matières sous-jacents, de
53
créations-destructions d'emplois, de qualité de ces emplois, etc.
2. Relations entre économie de fonctionnalité et éco-conception (liens et contradictions
possibles entre durée et autres paramètres environnementaux). Les processus à l’œuvre
sur certains types de marchés de biens d’équpements (hélicoptères, téléphone portable,
automobile) ont-ils bien une vertu en terme d'écoconception globale sur un cycle d'usage
donnant lieu à plusieurs changements d’utilisateurs.
3. Possibilité pour le modèle d’économie de fonctionnalité de ne pas être exclusivement
fondé sur un modèle purement marchand. Afin de répondre à certains besoins
(logement, mobilité…) des formes de coordination plus complexes entre acteurs privés et
publics pourraient se montrer plus efficaces
4. Quels modèles « économiques » pour évaluer les impacts environnementaux, les
business modèles et trouver les conditions d’implémentation qui garantissent les gains
environnementaux, quels modèles d’ingénierie pour concevoir et produire des systèmes
basés sur l’économie de fonctionnalité soutenables
J.M. Folz demande ainsi à tous les participants ayant fait des propositions sur ces deux
derniers points de faire parvenir pour le 5 septembre 2008 aux chefs de projet leurs
réflexions afin de laisser un temps suffisant pour permettre aux autres membres du groupe
d’études de réagir (12 septembre) et aux chefs de projet d’en faire la synthèse pour la
réunion plénière.
Il restera alors au groupe d’études d’intégrer dans leurs réflexions les enjeux de l’économie
de fonctionnalité dans le cadre d’une activité d’entreprises vers le consommateur final
(business to consumer). Deux interventions sont déjà prévues en ce sens le 19 septembre :
elles concernent toutes les deux l’autopartage (intervention du CERTU sur l’autopartage en
France, et de MOBILITY en Suisse).
Christine Cros et Nicklaus Doris se chargent de relancer les élèves de HEC ayant travaillé
sur le business model de l’économie de fonctionnalité (domaines abordés : alimentation,
textile/habillement/ logement/transport/ …) Dans le cas où cette demande resterait sans
réponse, J.M. Folz se chargera de contacter directement HEC.
54
Compte Rendu IV – Réunion du 19 septembre 2008
Jean Martin Folz (président)
Dominique Bourg (UNIL)
Christine Cros (chef de projet)
Doris Nicklaus (chef de projet)
Nicolas Boquet (AFEP)
Muriel Mariotto (CERTU)
Daniel Brissaud (INPG)
Pauline DANEL (Veolia environnement)
Nicolas Buclet (UTT)
Patrice Grégoire (MEEDDAT/SOS(IFEN))
Johann Van Niel (UTT/Université de
Lausanne)
I - Introduction
Emmanuel DELANNOY (Ligue Roc (FNE))
Contaldi Nunzia (INSPIRE)
Bernard Perret (CGEDD)
FAIVRE-TAVIGNOT Bénédicte (HEC)
Jean Pierre Le Pesteur (PIPAME)
Henry St Bris (Suez Environnement)
Gilles Delteil (Gie Elis)
Patrick Bensenloum (Xerox)
Jean Durand (Xerox)
Bruno PIREYN (HEC)
COMBE Violette (HEC)
Caroline RICHARD (HEC)
Catherine Rousseau (HEC)
Anne de BETHENCOURT (fondation Nicolas
Hulot)
Ordre du jour
Etat des lieux du chantier 31 – objectifs de la réunion
Deux expériences d’économie de fonctionnalité dans les transports (France (CERTU) –
Suisse (Mobility)
L’économie de fonctionnalité : un business modèle d’avenir ?
Propositions de recherche ANR
Conclusions / calendrier à venir
I – Etat des lieux du chantier 31 – objectifs de la réunion
J.M. Folz fait le point sur l’état des lieux des travaux du groupe d’études. Le rapport
provisoire a été transmis mi juillet au ministre d’état Jean Louis Borloo. Il demande
aujourd’hui à être complété par deux points :
 les travaux se sont jusqu’ici focalisés sur le modèle de l’économie de fonctionnalité
dans le cadre du B to B (entreprise à entreprise). Or, il paraît pertinent de réfléchir à
la faisabilité et à la pertinence de ce modèle économique dans le cadre du B to C
(entreprise à consommateur).
 Les travaux du groupe d’étude centrés sur l’analyse microéconomique (retour
d’expérience de cas d’entreprises) ont mis en évidence que ce modèle pouvait être
intéressant sur le plan environnemental compte tenu de ces impacts en terme de
productivité des ressources. Néanmoins, ces résultats encourageants à un niveau
microéconomique, demandent à être analysés à un niveau plus général (niveau
macroéconomique).
Ce sont ces deux points qui sont aujourd’hui à l’ordre du jour.
II – Présentation d’un cas d’économie de fonctionnalité de B to C dans les transports :
l’autopartage (cf. Présentation jointe power point – M. Mariotto – CERTU)
Les points essentiels :
 Le développement de l’autopartage permet globalement de réduire le nombre de
kilomètres parcourus dans l’année, compte tenu du transfert modal qu’il induit, ainsi
que les nuisances qui en découlent4.
 l’autopartage permet d’augmenter le taux d’utilisation du parc automobile qui,
renouvelé plus rapidement, permet de profiter des derniers progrès technologiques
4
L’autopartage permet entre autres de réduire le nombre de véhicules en circulation (d’où diminution de l’espace
exclusivement alloué à l’usage de la voiture, moins de pollutions dues à la fabrication des véhicules et à la
gestion de leur fin de vie, …)
55
(le parc moyen « autopartage », composé de voitures plus petites et plus récentes,
est plus performant en terme de gaz à effet de serre et de consommation d’essence
que le parc moyen national).
Les résultats des bilans en terme d’émissions de GES sont très variables selon les pays
montrant ainsi leur extrême dépendance des spécificités locales et des méthodes
d’évaluation mises en œuvre. Les bénéfices environnementaux de ce type de démarche sont
ainsi difficilement extrapolables à d’autres pays caractérisés par des densités de population,
des pratiques de déplacement, des infrastructures, … différentes. Si on souhaite connaître
les gains environnementaux dégagés par la mise en place de ce type de démarche en
France, une évaluation nationale avec benchmarking sur les méthodes préalable pourrait
contribuer à l’avancée de la réflexion.
III – L’économie de fonctionnalité : un business model d’avenir ? (cf. power
point)(HEC)
Cette étude très prospective s’interroge sur les modes de consommation qui pourraient, d’ici
2025, être fonctionnalisés (c’est-à-dire être l’objet d’une vente de la fonction plutôt que d’une
vente de bien) en privilégiant une approche fondée sur les types de « business model ».
3 exemples sont présentés :
 La restauration : « Proposer aux habitants d’un quartier un abonnement à un service
de nutrition « saine, équilibrée et responsable » à emporter ou livré à domicile dans
des emballages réutilisables, comme alternative à l’achat de denrées alimentaires » ;
 L’habillement : location d’une garde robe ;
 Les objets d’usage occasionnels : location des objets d’usage occasionnel.
L’analyse présente cherche à montrer que la mise en place d’une démarche d’économie de
fonctionnalité s’inscrit dans un scénario de « win win ».
Les points clés :
 la vente de l’usage du bien est, dans l’absolu, généralisable à de nombreux secteurs
dans le cadre du B to C
 Néanmoins, des difficultés spécifiques au B to C peuvent constituer de sérieux freins
à la mise en place d’une démarche de fonctionnalité :
 la logistique induite. Celle-ci n’a pas été mise en évidence dans l’étude sur les
retours d’expériences menés dans la première phase des travaux du groupe
d’études. Néanmoins, la généralisation de la vente de l’usage suppose une
proximité avec le client ; lorsque cette proximité n’existe, la démarche perd
son intérêt environnemental en raison des déplacements supplémentaires
induits (ex : « je n’achète pas les vêtements je les loue mais comme c’est
moins cher j’en change plus souvent et fait des kilomètres en plus pour
changer la garde robe »).
 la relation contractuelle : l’absence de propriété peut déresponsabiliser le
client et entraîner un usage « accéléré » des produits mis à sa disposition.
Ceci suppose la mise en place de garanties contractuelles visant à ce que le
client utilise le bien en « bon père de famille ».
 le scénario gagnant-gagnant peut dans certains cas poser le problème de
l’effet rebond et de ses impacts induits. A titre d’exemple, le recours à la
location pour les équipements d’usage occasionnels peut s’accompagner d’un
véritable gain financier pour le consommateur. Le budget ainsi dégagé risque
fort de stimumer un autre acte de consommation, générateur d’impacts
environnementaux peut-être supérieurs aux impacts évités via la
mutualisation du bien.
Le schéma de B to C semble pouvoir être caractérisé par trois éléments :
 il s’agit d’un système de location ;
 par rapport aux systèmes de location classiques, la gestion est optimisée grâce à
internet ;
56
 pour que cela soit attractif pour le consommateur qui est habitué au confort de
posséder les biens et donc à en disposer quand il le souhaite, il faut que le réseau de
points de distribution des objets loués soit dense. Cela permet également que la
logistique induite n’entraîne pas de croissance des déplacements clients qui auraient
un effet sur l’environnement. Il faut que le point de dépôt soit en bas de l’immeuble,
au coin de la rue…
IV – Les projets de recherche
Dominique Bourg informe le groupe d’études des contacts pris avec l’ANR. Un programme
de recherche anciennement intitulé PRECODD et aujourd’hui nommé ECOTECH a déjà
intégré dans ses thèmes de recherche l’économie de fonctionnalité. A l’heure actuelle, un
nouvel appel à projet est en cours de finalisation. Les propositions du groupe d’études vont
donc pouvoir être intégrées à l’amont de ce nouvel appel à projet. Des contacts personnels
ont été pris entre D. Bourg et Monsieur Freyssinet, directeur du programme de recherche
d’ECOTECH. Les propositions de recherche seront donc à transmettre à D. Bourg qui
pourra les intégrer dans la définition des principaux axes de recherche d’ECOTECH.
Quelques pistes :
1. Aide à la mise en oeuvre de stratégies d’économies de fonctionnalité respectueuses
de l’environnement. Si l’économie de fonctionnalité peut être vertueuse pour
l’environnement, elle ne l’est pas systématiquement. Pour assurer ces gains et
maximiser les profits il s’agit de donner aux ingénieurs les outils et méthodes
nécessaires à une mise en oeuvre efficace, en particulier pour l’organisation de la
chaîne de l’offre et la définition de produits physiques éco-conçus.
 L’organisation de la chaîne de l’offre tout particulièrement de la logistique
permet-elle un gain environnemental réel et conséquent ? En particulier sur la
consommation d’énergie et la récupération des matières ? Quelles sont les
organisations préférables pour l’environnement ?
 Comment garantir que les produits physiques utilisés dans l’économie de
fonctionnalité soient éco-conçus ? Comment l’allongement de la durée de vie
des produits peut elle être compatible avec les évolutions technologiques
(fonctionnalités nouvelles, performances supérieures, technologies plus
propres, …) ?
2. Etudier et modéliser les effets du passage d’un secteur d’activités entier (par exemple
l’automobile) avec débouchés directs pour les particuliers à l’économie de
fonctionnalité. La modélisation doit intégrer à la fois les impacts environnementaux
(en termes de réduction des émissions de GES, des flux de matières sous-jacents,
…). Quel serait le bilan économique, notamment en termes de créations /
destructions d’emplois avec un déplacement de la production vers la maintenance
localisée ? Et en terme de qualité de ces emplois ?
3. Approche centrée sur le consommateur : approche sociologique de l’absence
d’appropriation par les utilisateurs de produits - pour quels types de biens la
propriété est-elle indissociable du « bien être » ?
4. Approche anthropologique : quels seraient les effets d’une généralisation de
l’économie de fonctionnalité sur les rapports sociaux, la liberté des individus, les
comportements ? Y a-t-il de nouveaux contrats à imaginer ?
5. L’économie de fonctionnalité dans le cadre du B to C est-elle compatible avec les
règles du droit actuelles ? Existe-t-il des barrières juridiques ? Lesquelles ? Peuventelles être levées ? Comment ?
6. L’économie de fonctionnalité et l’effet rebond : existe-t-il des secteurs particuliers
pour lesquels le risque d’effet rebond est moins élevé que pour d’autres ?
7. Dans quels secteurs la mise en place de l’économie de fonctionnalité paraît-elle la
plus pertinente compte tenu des impacts environnementaux liés à la phase
d’utilisation et à la gestion de fin de vie du produit ?
57
8. Economie de fonctionnalité et territoires.
Les personnes souhaitant proposer des thèmes de recherche sont priées de les adresser à
Dominique Bourg avec copie aux deux chefs de projet avant le 30 septembre.
V - CALENDRIER DES TRAVAUX A VENIR
Les chefs de projet adressent au cours de la semaine 40 un projet de rapport final du groupe
d’études. Dominique Bourg adresse pour le 2 octobre au plus tard les axes thématiques de
recherche proposés à l’ANR dans le cadre du programme de recherche ECOTECH et qui
seront intégrés dans la partie VI du rapport.
Les membres du groupe d’études se chargeront de transmettre leurs propositions de
modifications de ce rapport au cours de la semaine 41.
Le projet de rapport et les propositions seront discutées lors de la réunion du 15 octobre, à
14.30 –
Dans le cas où le rapport final provisoire aboutirait facilement à une version consensuelle,
J.M. Folz se réserve la possibilité d’annuler la réunion du 15 octobre .
58
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